La Planète des Singes - L’Affrontement : Nos premières impressions

Date : 27 / 04 / 2014 à 18h05
Sources :

Unification


En ce vendredi 25 avril, il nous a été donné d’assister en exclusivité à des extraits de La Planète des Singes : l’Affrontement, le tout présenté par Andy Serkis lui-même. Amoureux du film, investi à l’extrême dans sa création, l’acteur anglais s’est montré des plus chaleureux et a pu nous en dire pas mal sur l’histoire et le contexte de la suite de La Planète des Singes : les Origines, le pouvoir de la motion capture à laquelle sa carrière est intimement liée et surtout sur César, le leader des singes auquel Serkis prête ses expressions, ses mouvements et aussi sa voix. Et quelle voix.

Le film se déroule donc 10 ans après les événements des Origines et s’interroge sur le comment de l’unification de tous les singes. On y verra au début la communauté des primates vivre paisiblement dans la forêt de Muir Woods non loin de San Francisco. Nous passerons les 20 premières minutes du film parmi eux, sans aucun humain, les singes pensant que ceux-ci se sont tout simplement éteints. César règne sur sa communauté comme un chef pacifique et charismatique. Serkis utilise le terme « d’utopie » pour parler de la vie des singes. On les voit en famille, César a lui-même une femme et des enfants. Une image d’une nouvelle bande-annonce dévoilée à la fin de la séance montre même que les singes s’organisent des cérémonies de mariage entre eux.
Cette utopie se retrouvera soudainement brisée un jour ou des humains, lutant pour leur survie, cherchent à réactiver un barrage hydraulique, situé hélas en plein territoire des singes. César sera tiraillé entre la paix qu’il cherche à préserver et l’affrontement qui paraît inévitable.

Cependant, Andy Serkis tient à nous préciser que le film pose surtout la question d’une éventuelle union et cohabitation entre les humains et leurs cousins génétiques. Si le premier extrait a pu nous montrer la tension entre les deux clans (les singes chassent un groupe humain de leur forêt), quelques autres ont pu nous montré des « oasis de tendresses » pour reprendre les mots de Serkis. Que cela soit entre une scène ou des humains affectionnent un bébé chimpanzé ou un autre passage ou Kodi Smit-McPhee donne un cour de lecture au lieutenant orang-outan de César, le film veut laisser entendre que la cohabitation est possible.
Andy Serkis tient à signaler qu’il n’y a pas de méchant dans le film, les hommes sont montrés comme souffrants et les tensions qui peuvent en découler avec les singes ne sont que liés à l’instinct de survie. Contrairement à bien d’autres films post-apocalyptiques, l’humanité n’est pas jugée.

Mais il faut dire qu’à la vue de ces extraits, on ressent clairement plus d’empathie envers les primates. Weta Digital a encore frappé, les singes sont effroyables de sincérité. Un sens aigu du détail est présent. Des regards profonds, une ride ici, un craquèlement sur le visage, une blessure par là, certains poils qui se sont pris de la peinture tribale, d’autres non... le studio de Peter Jackson démontre encore un grand savoir-faire en la matière.
A cela, on rajoute le travail apporté au comportement des singes ainsi qu’au jeu d’acteur. Comme pour King Kong, Andy Serkis et les autres comédiens ont longtemps observé des singes pour en reproduire la gestuelle et le comportement. Mais là où La Planète des Singes : l’Affrontement franchit une étape, c’est quand il est question du langage. Ou se souvient du « NO » hurlé par César dans les Origines, ainsi que de sa punch-line finale. Ici, les singes sont passés à la vitesse supérieure. Ils ont développé entre eux un langage des signes mêlés à quelques grognements. S’ensuit de véritables dialogues sous-titrés qui nous font vraiment reflechir en général sur ce que peuvent bien se raconter des singes entre eux. Seul César semble prédisposé pour l’instant à maîtriser le langage articulé. Sa voix, tranchée et gutturale, fait tout simplement froid dans le dos, les mots qu’il prononce sont brefs et choisis avec soin. Un extrait nous a montrés une scène de pourparlers sous tension entre les singes montés sur chevaux et les humains. La réaction de ces derniers face aux mots prononcés par César sont comme la notre, on est effrayés. Un mélange de peur et de fascination qui nous prendrait le ventre si il nous était donné de voir un jour un véritable chimpanzé prendre la parole. On y croit à 200%. Comme pour Gollum, Andy Serkis a grandement travaillé sa voix pour le rôle.

L’alliance de la force technique de Weta Digital et de tout ce processus linguistique renforce grandement cette empathie envers les singes. A tel point que l’on se demande si les sous-titres sont vraiment nécessaires. Les quelques mots de César, la gestuelle, les expressions et la mise en scène peuvent suffire à la compréhension de l’histoire. Cependant, il est difficile avec ces quelques extraits de répondre à cette interrogation. Si les dialogues simiesques se révèlent encore plus construits que ceux des extraits, l’usage des sous-titres semble sommes tout à fait justifié.

Entre deux anecdotes (incluant celle d’un cinéma londonien qui diffusait les Origines pendant les émeutes de 2011 et qui a eu un black-out au moment où les singes se rebellent), Andy Serkis n’a pas négligé le fond du film. Il déclare avant tout qu’il s’agit d’un film sur la condition humaine. Toutes recherches effectuées aujourd’hui sur des singes servent qu’en fin de compte à en apprendre plus sur nous-mêmes. Le travail de l’équipe du film suit un peu la même idée. « Nous avons fait nos recherches pour pouvoir mieux incarner ces singes pour pouvoir ensuite mieux parler des humains. » César, lui-même nous fait poser beaucoup de questions. Élevé par les hommes, c’est tout simplement un humain dans un corps de singe. C’est son humanité qui lui a permis de prendre le contrôle des autres singes et c’est son humanité qui l’a poussé à se rebeller. Il est fier d’être un singe mais ses sentiments de paix, son amour de sa tribu et ses éventuelles décisions guerrières sont tout à faits humaines.

A suivi, une séance de Q&A ou Serkis a bien évidement parlé de la motion capture en général. Elle est pour lui « une autre manière d’enregistrer », il prendra un rôle normal de la même manière qu’un rôle de mocap. C’est pour lui un excellent moyen de capter les émotions et cela peut apporter bien plus que de jouer de simples créatures. A l’éternelle problématique du manque de reconnaissance de l’Académie des Oscars envers ce genre de rôle, Serkis ne pense pas qu’il devrait y avoir une catégorie de nominations propre à la mocap. Il ne semble pas se soucier d’être reconnu ou non par les Oscars, « faire de la motion capture est déjà un prix en soi pour moi, ça m’a permis de voyager dans la Terre du Milieu ou justement de devenir un singe. » Il évoque aussi la performance de Scarlett Johansson dans Her qu’il a trouvé absolument géniale alors qu’on ne la voit jamais à l’écran. Une simple question de temps avant que l’Académie ne se mette à nominer les acteurs se cachant derrière Gollum, Smaug ou les Tortues Ninja ? Sans tout de même oublier les équipes d’effets spéciaux qui permettent de repousser les limites de cette technologie, ceux-ci ayant déjà néanmoins leur Oscar.

Quoiqu’il en soit, lorsque vous verrez César sur grand écran, à la tête de son armée de singes avec son regard reconnaissable entre tous, vous le rangerez dans votre tête aux cotés de William Wallace, Spartacus, Léonidas, Stacker Pentecost et de tous ces autres leaders du cinéma que vous voudriez bien suivre jusqu’en enfer. Et qui se cache derrière ce singe conquérant ? Un simple acteur anglais dont le visage peut passer inaperçu dans la rue mais dont ses rôles ont marqué à jamais l’imaginaire du ce début de XXIème siècle.

Primates que nous sommes, La Planète des Singes : L’Affrontement, on l’attends de pied ferme.



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