Le Poltergeist d’Enfield : La critique du documentaire d’Apple TV+

Date : 24 / 10 / 2023 à 11h00
Sources :

Unification


LE POLTERGEIST D’ENFIELD

- Date de diffusion : 27/10/2023
- Diffusion : Apple TV+
- Épisodes : 1.01 The Happenings (Les faits), 1.02 Forces Unknown (Forces inconnues), 1.03 This Thing (Cette chose), 1.04 Entanglement (Enchevêtrement)
- Réalisateur : Jerry Rothwell
- Interprètes : Christopher Ettridge, Olivia Booth-Ford, Paula Benson

LA CRITIQUE (SANS SPOILER MAJEUR)

En 1977, dans la petite maison du 284 Green Street, dans le quartier d’Enfield, une banlieue pauvre de Londres, vit une famille modeste, les Hodgson (la mère, ses deux filles, et son fils autiste), connaissant une suite d’événements paranormaux qui nécessiteront une enquête de tous les instants, par un duo d’enquêteurs (l’inventeur et membre d’une société d’étude du paranormal, Maurice Grosse, et le reporter photographique du Daily Mirror, Graham Morris), déterminés à comprendre et à prouver, ce qui se passe vraiment derrière ces murs.

Si l’histoire a été très largement exposée en long, en large et en travers, aussi bien dans de rapides documentaires, ou dans des "études" indépendantes", que dans des versions romancées (Conjuring 2 : Le Cas Enfield, ainsi qu’une série télévisée, Le Mystère d’Enfield, jamais ce cas ne fut traité comme dans ce documentaire.

Car le format est terriblement original.
Le générique se lance et l’on voit parfaitement ce qui est fictif, car on peint le décor, on coud les costumes, les accessoires sont déposés, pour récréer, en studio, la petite maison des Hodgson. Mais, toutes les paroles entendues seront réelles, que ce soient les véritables notes de Grosse, ou les voix des enregistrements originaux (les acteurs synchronisent leurs lèvres à ces paroles réelles, parfois un peu sourdes, selon l’endroit et la qualité de captation), ou encore les émissions de l’époque qui couvraient l’événement, et les interviews actuelles des protagonistes encore vivant et ayant voulu participer à ce documentaire.

On nous expose dès le début les faits que l’on attribue immédiatement à une hantise par un Poltergeist (un esprit frappeur). C’est tout du moins ce que pense Maurice Grosse, l’enquêteur principal, qui mit sa vie entre parenthèses pour ce cas vraiment spécial. De sa minutie d’inventeur, mais aussi de son esprit ouvert, on nous présente un enquêteur du paranormal qui va vite devenir obnubilé par l’affaire et tentera de prouver que ses recherches prouvent l’existence de ce genre de phénomène.
Jamais il ne sera mis en doute sa bonne foi. Il paraît évident, avec tous les documents qu’il met en avant, que, personnellement, il ne mystifie rien. Il vérifie toutes les causes extérieures, reste calme et ne gobe pas n’importe quoi, tout en se faisant manger manger petit à petit par sa croyance... il se passe bien quelque chose !

Cette impression de vérité que l’on ressent immanquablement lors du visionnage vient des enregistrements originaux des cris des petites filles, terrifiées, mais aussi par les véritables protagonistes de l’histoire qui racontent ce qu’ils ont vu, et ressenti. Pas de voix off ou d’interview de pseudos spécialistes qui utilisent le conditionnel. Comme des milliers de photos ont été prises à cette époque même, la maison est reproduite à l’identique, et surtout la chambre des fillettes, dont l’ambiance assez glauque n’est contrebalancé que par les posters de Starsky et Hutch et Chapeau Melon et Bottes de cuir, épinglés au mur. Le décor est mélangé avec les photos d’époque, sans que l’on puisse les distinguer, parfois, pas même dans le grain.

C’est donc tout aussi bien une époque incroyable (Londres dans les années 70 !) qui est parfaitement dépeinte aussi, les musiques, les quartiers populaires où s’alignent les mêmes maisons aux briques rouge et à la petite avancée en bow-window, les meubles en teck, la couleur brun orangé prédominante, le tweed, les vieux microphones, les voitures anglaise si typiques, les coupes au bol, et les dents en avant.

Les acteurs, très proches de la simplicité des véritables personnes, et la mise en scène, éloignent particulièrement ce documentaire de ce que l’on peut voir dans le spectaculaire mais absolument faux Conjuring 2. Les époux Warren, y sont présentés rapidement, lors d’une seule séance de spiritisme que l’on retrouve d’ailleurs dans le film d’horreur, en précisant que Grosse était très dubitatif sur leur utilité.

Le documentaire ne tombe pas du tout dans ce piège, on nous parle faits, on entend ce qui se passe, on écoute attentivement les séminaires que porte Grosse pour prouver l’existence de tels phénomènes, mais surtout, on nous expose tout cela pour nous donner les clefs de compréhension, afin que cela repose sur quelque chose de concret.

Je ne vous dirai pas dans quelle direction la balance penche, mais sachez que tout reste ouvert, et que le documentaire est en fait presque plus tourné vers la personnalité et l’humanité des principaux protagonistes que vers le paranormal.

À partir de la fin du troisième épisode, un invité surprise fait son apparition et met le point final à un documentaire incroyablement complet, rythmé et haletant dans l’écriture, plus que dans l’effet facile.

Véritable bijou de présentation à plat, sans que l’on vous enfonce une version dans la gorge plutôt qu’une autre, ce documentaire, très exhaustif, est une occasion unique de se faire un avis éclairé.

Des séculaires sociétés britanniques d’étude du paranormal, de la période du film L’Exorciste, des apparitions d’Uri Geller (les fourchettes tordues, c’est lui) à la télévision, de l’hystérie collective qui enflamma le pays au moment des faits, arrivera-t-on à démêler le vrai du faux ?

Le Poltergeist d’Enfield pourra tout à fait être regardé avant ou après la fabuleuse série Le Mystère d’Enfield (aussi visible sur Apple TV+), et être comparée, à titre d’exercice, au film Conjuring 2, afin de voir ce que le sensationnalisme et les gros sabots d’Hollywood font d’un fait humainement passionnant.

Les 4 épisodes d’une heure seront disponibles à partir du vendredi 27 octobre 2023, sur Apple TV+.

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