Arcane : La critique récapitulative de la saison 1

Date : 06 / 11 / 2024 à 16h00
Sources :

Unification


ARCANE

- Date de diffusion : 07/11/2021
- Plateforme de diffusion : Netflix
- Épisodes : 1.01 à 1.09
- Production : Fortiche, Riot Games
- Voix VF : Alice Taurand, Adeline Chetail, Bernard Gabay, Boris Rehlinger, Maïk Darah.

Avec pour toile de fond la région de Piltover et les profondeurs du district de Zaun, deux Championnes, deux sœurs, se battent dans une guerre où font rage des technologies magiques et des perspectives diamétralement opposées.

LA CRITIQUE

AVANT PROPOS :

La première saison de cette fantastique série animée est déjà loin, mais, comme la seconde et dernière arrive tout bientôt, il nous fallait vous rappeler (si cela était nécessaire) en quoi Arcane était si particulier.

Tirée d’un jeu vidéo de type MOBA, nommé League of Legends, culte depuis longtemps, la série du studio français Fortiche s’attache à exploiter le monde Runeterra créé par Riot Games autour de ses héros, ses personnages principaux, dotés d’armes exceptionnelles, que l’on peut incarner dans le jeu.

Netflix avait eu le nez creux en signant l’accord de diffusion de cette série qui faisait déjà grand bruit bien avant sa sortie, grace à de nombreux teasers savamment orchestrés.
Il y a trois ans, nous découvrions alors une série animée incroyable, qui chamboula tout sur son passage.

L’HISTOIRE DANS SON ENSEMBLE :

Arcane suit les aventures de deux sœurs, Jinx et Vi qui habitent dans la ville basse, où l’air est à peine respirable, et où les plus pauvres (sur)vivent grâce surtout à la débrouillardise. La ville haute, est, beaucoup plus opulente mais fortement gardée.

On découvre alors tout un monde urbain, très riche par ses architectures et par la population qui l’habite.

La Cité de Piltover, splendide ville, Capitale du Progrès grâce à ses découvertes scientifiques, à l’ambiance steampunk a trop longtemps mis de côté ses plus démunis pour ne pas risquer de contaminer la partie "saine" de la ville.

Notons au passage que jamais dans la série, on demandera au spectateur de connaître le matériel source, tout étant parfaitement amené, par l’histoire, sans avoir à verbaliser quoi que ce soit.

L’HISTOIRE EN PARTICULIER :

Le récit, vu à travers les deux mondes, est porté par deux duos de personnages, les sœurs Vi et Powder (la petite protégée qui deviendra grande), et les scientifiques, et amis, Jayce et Viktor. Tous deux évoluent dans des environnements qui ont leurs codes, leurs avantages et leurs dangers. Cette structure "bi-bicéphale" démultiplie les visions que le spectateur aura de la situation et des lieux, surtout si l’on considère tous les autres personnages plus secondaires qui gravitent autour.
Ces personnages ont TOUS une importance à un moment donné, et le grand tour de force a justement été de ne pas en faire juste des faire-valoir, mais bien des acteurs, à proprement parlé, des événements. Chose incroyable, même les forces de l’ordre (sorte de Stormtroopers), auront leurs réactions, leurs caractères. Leur design, leur écriture n’est pas en second plan, ils sont traités comme nos héros.

UNE SÉRIE INSPIRÉE :

L’univers steampunk, ses zeppelins et ses mécaniques fumantes, sont bien entendus inspirés de nombreuses œuvres sur le sujet.
Plus précisément, Piltover pourrait ressembler à ces capitales européennes qui furent, d’une manière ou d’une autre, les phares de la civilisation, Paris, la ville Lumière, en tête (la partie pauvre, Zaun, pourrait en être les banlieues, la Zone). Toutefois, la structure aristocratique pourrait aussi faire penser au Londres Victorien. La structure ville-haute, ville-basse est un classique de la SF et de la Fantasy. Pourquoi ne pas penser à Gunnm dont la série emprunte par ailleurs bien des aspects ?
Des onces de Rétro-futurisme et d’art déco finisse de donner vie à une ville très vivante, dont beaucoup de détails (les monuments) rappellent très subtilement les différentes factions et événements du jeu.

Au niveau des costumes, des salles cyclopéennes du Palais, du Conseil, des forces de l’ordre, on reconnaîtra Star Wars et Dune bien entendu.

Les thèmes de souillure, d’injection de liquides (Resident Evil), de ranimation des morts par des scientifiques fou (Frankenstein) ou de renaissance (d’une manière ou d’une autre), l’élite gardant les bénéfices de la connaissance en n’hésitant pas à maltraiter les inférieurs dans un monde devenu totalitaire "pour le bien de tous" et qui engendre rébellion et terrorisme, les dangers de la science (et de la magie, confondus), les conspirations de couloir, rappelleront aussi bien des thèmes abordés dans les grands classiques du genre. L’Antiquité, Seven, Massacre à la tronçonneuse, ou même le genre Western auront aussi leur moment de gloire.

Jinx, avec son look rock et peinturluré n’est-elle pas une nouvelle Harley Quinn ? Le privilégié Jayce et son serviteur Viktor ne sont-ils pas Batman et son serviteur ? Et que dire des sœurs devenues ennemies ? Un grand classique de la narration depuis L’Iliade et l’Odyssée !

L’ART DE LA NARRATION :

Mais tout ceci, et c’est bien là l’une des nombreuses forces de la série, n’est pas jeté artificiellement comme un fan service, mais bien plus subtilement pour nous écrire un monde à la fois exotique et connu.
La série navigue avec brio dans tous ces thèmes, au fil d’une écriture précise et sûre, qui si elle exploite quelques poncifs du genre, le fait divinement bien, poussant chaque cliffhanger, chaque arc historique (les neufs épisodes sont en fait une trilogie de 3 épisodes, représentant trois actes) aurait fait l’objet, dans n’importe quelle autre série d’une saison entière. Mais les auteurs d’Arcane avaient un projet bien précis, sur deux saisons, avec un début et une fin parfaitement actés.

Dans le même ordre d’idées, l’antagonisme ne verse jamais dans le manichéisme. Tout se tient et personne n’est foncièrement mauvais.
La série qui peut être gore ou même aborder le sexe, n’est pas pour les enfants, le classement 16+ le clarifiant dès le départ. Mais c’est surtout par sa subtilité qu’elle se tourne vers le monde adulte. Ses thèmes de trahison, de regrets et de nécessité des guerres sont autant de leviers d’une réflexion allant parfois jusqu’au monde philosophique.

Le rythme est aussi parfaitement maîtrisé. Beaucoup de choses qui se passent sont imprévisibles, et montent en puissance avec des cliffhangers extrêmement accrocheurs qui ne se contentent pas de proposer une situation dangereuse, mais à chaque fois d’entrapercevoir de grands changements historique. Le premier d’entre eux, l’explosion provoquée par Powder et les événements qui s’en suivent sont épiques.
Ce point de bascule, où Powder devient Jinx est un moment d’anthologie, bien meilleur que tous ces moments issus des comics.

UNE DIRECTION ARTISTIQUE PARFAITE :

Dès les premières images, on comprend que l’on n’est pas dans n’importe quelle série d’animation. Les dessins (un mélange de 2D et de peinture graphique) sont d’une beauté inouïe (encore supérieur à l’excellent Spider-Man into the Spiderverse). Comment ne pas s’immerger dans le monde que l’on nous offre avec un tel niveau de qualité ?

Chaque plan est parfait, inventif et ne ressemble à aucun autre tout au long de la série de 9 épisodes, à l’exacte opposée des anime actuels produits à la chaîne. Il s’agit d’un exploit, tout bonnement. Les lumières, les couleurs, les reflets, les décors, les textures, les animations extrêmement dynamiques et cinématographiques, tout est PARFAIT, et donne un sacré coup de vieux aux autres œuvres du genre.

Habilement, Arcane ne nous livre que rarement des scènes se combat, qui sont pourtant toute l’action du jeu dont la série est inspirée. Ces scènes, qui, comme le reste de la série deviennent plus dures au fil des épisodes, sont autant de moments épiques et réalistes. Tous les mouvements, sont d’une beauté incroyable. Pas facilement prévisibles dans leur déroulé, ils se mettent même à exploiter les armes emblématiques du jeu. Tout virevolte dans un chaos orchestré de main de maître, et un feu d’artifice d’effets médusant.

Le doublage français est exceptionnel, avec notamment, la splendide idée de caster Bernard Gabay pour incarner l’antagoniste principal (il est la voix française de Robert Downey Jr. et de tant d’autres).

EN CONCLUSION :

La première saison d’Arcane est une réussite complète, comme jamais, dans aucune série, tout format confondu. Ringardisant les autres œuvres tout en en tirant parti, l’animation, le dessin, l’écriture, vous scotcheront fatalement.

Et la seconde et dernière saison sort tout bientôt...

RECAP SAISON 1



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