For All Mankind : Critique 4.07 Crossing The Line

Date : 28 / 12 / 2023 à 22h00
Sources :

Unification


FOR ALL MANKIND

- Date de diffusion : 22/12/2023
- Plateforme de diffusion : Apple TV+
- Épisode : 4.07 Crossing The Line
- Réalisateur : Maja Vrvilo
- Scénariste : Andrew Black
- Interprètes : Joel Kinnaman, Toby Kebbell, Krys Marshall, Edi Gathegi, Cynthy Wu, Coral Peña, Tyner Rushing, Svetlana Efremova, Wrenn Schmidt, Daniel Stern, Jodi Balfour, C.S. Lee, Lev Gorn, Robert Bailey Jr.

LA CRITIQUE YR

À l’instar de FAM 04x06 Leningrad, FAM 04x07 Crossing The Line débute aussi par une routine martienne. Mais au rythme d’un obsédant Night On The Sun de Modest Mouse, l’ambiance n’est plus la même : voilà sept jours que les employés de Helios sont en grève et la colonie est en berne !

Toutefois, cette cessation d’activité générale (dans le cadre d’une action de "unionization") se déploie en amont de toute opération astronautique (spatiale), puisqu’elle porte sur la production de carburant (de l’argon liquide) au sein même du complexe de Happy Valley. La déviation de l’astéroïde Goldilocks sur une trajectoire de mise en orbite terrestre nécessite 125 tonnes d’argon, or seuls 44 tonnes ont été extrait. Et dans le faible délai imparti, il n’existe aucune alternative (de type approvisionnement ou renforts terrestres). Ce qui met les grévistes en position de force pour dicter leurs conditions.
À la table des négociations, Danielle Poole et Palmer James d’un côté vs. Samantha Massey et Edward Baldwin de l’autre. Ce dernier a épousé la cause gréviste avec un aplomb confondant. Survivant, opportuniste, orgueilleux assurément, mais sans même avoir besoin d’être caméléon ou métamorphe en la circonstance. Car tout militaire obéissant et astronaute rigoureux de la NASA qu’il fut (dans ses vies antérieures), l’assurance autotélique d’Ed en faisait un contestataire dans l’âme (comme bien des pionniers aéro des sixties). Pour qui aurait oublié ou idéalisé le personnage, il suffit de revoir la première saison de FAM. Et fatalement avec l’âge, et son lot de frustrations et de désillusions, cette tendance n’a fait que s’accentuer à l’extrême.
Ajouté à cela, les atouts uniques de connaître comme personne la partie adverse (à la fois Helios dont il fut l’effigie médiatique durant une décennie et Danielle qu’il a formée et avec qui il est allé au feu), de n’avoir peur de personne, et de n’avoir plus rien à perdre… et Ed apparaît comme l’allié idéal pour pousser l’avantage (« - Jusqu’où es-tu prêt à aller, Ed ? » / « - Et toi, qu’est-ce que tu es prête à perdre ? »), presque taillé sur mesure voire prédestiné pour tenir ce rôle de co-leader et tacticien des insoumis. Et cela sans même devoir capitaliser sur les performances d’acteur (au demeurant très convaincantes) de Joel Kinnaman.
Alors oui, comme cela a été exhaustivement analysé dans la critique précédente, la conscience (et aussi la fierté) de classe en prend un coup. Mais hé, nous sommes ici dans une extension des USA (car même si Happy Valley se veut internationale, le principal employeur Helios est bien étatsunien avec son siège à Houston comme l’a très pertinemment souligné le Soviétique Leonid). Et la culture syndicale américaine, bien différente de l’européenne, est d’essence libertarienne avant d’être socialiste…

À la fin du premier round, lorsque Ed supplantera momentanément Samantha pour reformuler les revendications des grévistes, il assénera par une punchline bien sentie un knockout verbal à Danielle : « On veut que tu descendes de ton fichu trône et que tu nous traites équitablement ». Par cette synthèse, Baldwin réussit à parfaitement emmailloter les légitimes revendications des grévistes dans ses griefs personnels… au demeurant compréhensibles aussi. Car même s’il avait commis la faute professionnelle de dissimuler ses défaillances physiques pour s’agripper le plus longtemps possible à son poste de vétéran, Poole a de son côté une désagréable tendance à abuser de ses prérogatives en se comportant en gouverneure autonome (allant jusqu’à jouer d’une autorité sans partage et sacraliser ses propres décisions).
Du coup, il y a quelque chose de jouissif à voir désormais le "vieux réac" se tenir du côté de la justice sociale… tandis que la SJW autoproclamée et attitrée de la série — toujours si satisfaite d’elle-même — se voit catapultée du mauvais côté de la balance. Sans pouvoir dire que la grève a été détournée par Ed à des fins personnelles, il a quand même réussi un joli combo : mettre sa "vista" au service des défavorisés et se payer le kiff de faire enrager Danielle ! Un trip exutoire dans lequel bien des spectateurs se projetteront sans effort...
Au passage, cette séquence apporte la confirmation on screen que l’humanité de FAM a développé un cycle énergétique autarcique en extrayant de l’atmosphère de Mars de l’argon (1,9%) puis en le destinant (sous une forme liquide) à des propulseurs ioniques performants de type VASIMR — qui mettraient en effet dans notre réalité Mars à la portée de la Terre en 39 jours tout en offrant une belle latitude pondérale (au contraire des actuels propulseurs à base de propergols ou de poudre).

Hélas, c’est à partir de là que les choses vont commencer à se gâter (un peu)...
Au regard des enjeux planétaires que constitue l’exploitation de l’astéroïde Goldilocks — entérinée durant la conférence de Leningrad — il semblait acquis que les revendications des grévistes allaient être rapidement honorés. Que pèsent en effet la restauration des contrats initiaux des employés de Helios et une amélioration de leurs conditions de travail en regard de gisements presque limitless d’iridium ?
Or aussi surprenant que cela soit, il n’en sera rien ! Malgré l’agitation enfiévrée dans tous les états-majors et les gouvernements, malgré la volonté générale de céder à toutes les revendications salariales et sociales, les négociations resteront dans l’impasse la plus totale… malgré une échéance astronautique toujours plus proche !
Pourquoi donc ? Eh bien parce que depuis la fin de FAM 04x06 Leningrad, la liste strictement socio-économique d’exigences a été curieusement enrichie d’un point relevant d’une toute autre nature, à savoir de géostratégie : la redirection de 2003LC vers l’orbite de Mars et non plus de la Terre !
Qui en internaliste a eu cette inénarrable idée ? Ed ? Samantha ? Le collectif ? Le script se garde bien de le préciser car tous les grévistes semblent y adhérer comme un seul homme — l’épisode ne mettra même pas en scène de débats sur cette question spécifique au sein des "soviets" syndicalistes... y compris dans les moments les plus pessimistes/dépressifs du bras de fer à rallonge (et à rebondissements) !
Même en supposant que l’argument avancé en privé par Ed à sa fille Kelly (si l’astéroïde est renvoyé vers la Terre, Happy Valley deviendrait une base aussi paumée que McMurdo en Antarctique) puisse se défendre (quoique très réducteur envers les potentialités de Mars), et même en faisant l’hypothèse rhétorique (et improbable) que le vétéran multi-casquettes ait profité de son influence sur les grévistes pour tenter de leur vendre cette conviction personnelle… il est totalement invraisemblable qu’elle ait été ainsi adoptée par tous comme une évidence. Parce que la majorité des travailleurs détachés sous contrat, s’étant séparé durant au moins deux ans de leur vie et de leur famille sur Terre pour gagner davantage d’argent, n’ont aucunement développé une "identité nationale" martienne. Leurs préoccupations demeurent celles de tous les travailleurs : strictement matérielle et financière. Et ils ne sont pas stupides au point de ne pas avoir compris qu’une revendication bord-cadre prétendant invalider frontalement toutes les décisions prises au sommet du M-7 de Leningrad serait non seulement vouée à l’échec, mais même carrément suicidaire pour eux !
C’est bien l’idée d’Eli Hobson — et elle seule — d’envoyer 2003LC vers la Terre (assortie du travail de faisabilité réalisé en aval par Margo et Aleida) dans FAM 04x06 Leningrad qui aura sauvé (et donc porté) le projet. Donc imposer officiellement le détournement de 2003LC vers Mars invaliderait purement et simplement l’accord de Leningrad et tout financement par le M-7. De la perspective aussi bien américaine que soviétique, des ROI (retours sur investissements) seulement à l’horizon de 30 ou 40 années ne sont pas viables (preuve au passage que le capitalisme libéral et que le capitalisme d’état peuvent s’entendre comme les gens du monde selon Michel Audiard).

Autant dire qu’en introduisant soudain une exigence de nature géopolitique, voire séminale, les grévistes de Happy Valley ne sont pas contentés de placer la barre beaucoup trop haut (genre des exigences salariales inconsidérées), ils sont en fait totalement sortis de leurs attributions et se sont employés à saborder leurs intérêts. Ce qui constitue une vraie incohérence d’écriture, sans bénéfice du doute pour le coup puisqu’elle implique un collectif pluraliste.
Alors tout cela pourra peut-être passer crème si les spectateurs se laissent suffisamment emporter par le mood et la tension sociale pour ne rien questionner et, partant, ne surtout pas chercher à savoir ce qui a bien pu se passer dans le off clair-obscur se lovant entre FAM 04x06 Leningrad et FAM 04x07 Crossing The Line. Un espace inter-épisodes durant lequel ce qui était impensable et illogique dans le contexte d’une lutte salariale s’est inexplicablement (et rétroactivement) mué en nécessité, en évidence, en vérité révélée pour tous... comme si la série avait soudain basculé dans une (nouvelle) réalité parallèle.
C’est à croire que les showrunners se sont tellement projetés dans leurs personnages qu’ils en ont oubliés qui ces derniers étaient vraiment : des travailleurs désireux d’améliorer leur condition au jour le jour, et non des scénaristes désireux de faire progresser à un rythme accéléré la conquête spatiale "for all mankind".
Mais dès lors que cette confusion (impardonnable ?) entre internalisme et externalisme est entérinée et dépassée, la suite de l’épisode se déroule avec la fluidité d’un papier à musique... ou presque.

Étant donné l’urgence, Irina Morozova — animée par un finalisme très soviétique — suggère à son désormais "partenaire" Eli Hobson de court-circuiter les grévistes en confiant conjointement aux astronautes de la NASA et aux cosmonautes de la Roscosmos la charge de démarrer les générateurs d’argon (malgré leur inexpérience en la matière). Néanmoins, grâce à une activiste bien placée et très à l’écoute des rumeurs — Maya Estime —, les contestataires prennent un coup d’avance sur les autorités dans cette partie d’échec martienne. Ces derniers ont ainsi la mauvaise surprise de découvrir que toutes les combinaisons spatiales ont été expulsées hors de Happy Valley, or celles-ci sont indispensables pour rejoindre l’usine à argon (séparée de la "ville"). Les grévistes passent ainsi imperceptiblement de la grève à l’obstruction.
La riposte ne se fait pas attendre : Poole et ses subordonnés vidangent la canalisation (reliée aux cuves de compostage) pour pouvoir rejoindre les générateurs sans combinaison. C’est Palmer James qui conduit — non sans mal — son équipe sur une distance horizontale de 800 m par voie sous-martienne. Mais à l’intérieur de l’usine, une mauvaise surprise les attend : impossible de redémarrer les systèmes ! Bien que n’ayant pas anticipé l’emprunt de la canalisation par la partie adverse, les grévistes avaient en fait deux coups d’avance sur eux, car Maya avait préventivement emporté avec elle l’unique régulateur d’arrivée de gaz.
Mais qu’à cela ne tienne : l’équipe de James est trop impatiente de remettre les générateurs en marche. Alors deux cosmonautes russes, visiblement rompus à la bidouille et au système D, décident de bypasser la pièce manquante en tirant un tuyau de fortune pour rediriger le flux vers le générateur secondaire. Puis les systèmes sont relancés dans un cri de victoire.
Mais l’enthousiasme sera de bien courte durée, car la "rustine" présentera des signes de faiblesse et certains indicateurs vireront au rouge. Malheureusement, aussi bien Danielle en amont que Palmer en aval, mettront trop de temps à réagir pour couper les générateurs... et une explosion adviendra à l’usine ! Ce qui dans l’environnement inhospitalier de Mars s’avérera létal : James s’en sortira avec quelques égratignures, mais malgré tous les efforts du Dr. Dimitri Mayakovsky, Nicks Jennings décèdera, et le lourd bilan comptera également quatre blessés graves, et deux dans un état critique.
Cette catastrophe fera l’effet d’une bombe (littéralement) sur Terre. Au plus grand dam d’Eli Hobson, le directeur adjoint de la CIA, Robert Burks, assimilera cette explosion à un acte terroriste... pour justifier une reprise de contrôle armée de Happy Valley (au moyen de pistolets à balles non létales et de projectiles à impact atténué) et l’instauration de la loi martiale (en activant pour cela les agents infiltrés de son agence ainsi que ceux du KGB). Mais Will Tyler proposera un moyen terme inspiré des événements de 1983 sur Jamestown (cf. seconde saison), à savoir la sollicitation d’une douzaine d’Américains et de Soviétiques déjà sur place, disposant de formation militaire, afin de constituer un service de sécurité chargé de fouiller la base et d’identifier les auteurs de l’explosion (pour prévenir toute récidive). Poole mettra alors en place cette opération de police...

Cet enchaînement est à peu près crédible, mais il faut malgré tout se risquer à quelques remarques :
- Il peut sembler étonnant que l’intégralité des combinaisons spatiales aient été transportées par les grévistes hors de Happy Valley sans que le staff (NASA/Roscosmos) ne le remarque. De plus, il ne peut vraiment s’agir de l’intégralité, puisqu’il fallait aussi employer des combinaisons pour réussir ce coup.
- Étant donné le niveau de performance des grévistes, l’emploi de la canalisation aurait pu être anticipé, d’autant plus que c’était le corollaire de la subtilisation du régulateur d’arrivée de gaz par Maya.
- Palmer et même Danielle se sont abandonnés à un criminel manque de professionnalisme en relançant les générateurs en l’absence de régulateur d’arrivée de gaz, sur la seule foi d’un bricolage improvisé et non testé au préalable.
- Burks, Hobson, Tyler et même en aval Poole ont ordonné une bien curieuse recherche aux saboteurs à travers Happy Valley, alors que c’est pourtant l’irresponsabilité et l’incompétence de l’équipe de Palmer qui est responsable de l’explosion dans l’usine. James aurait-il cherché à dissimuler ce qui s’est réellement passé sous sa supervision ? Même si Estime porte une responsabilité légale dans la confiscation du régulateur d’arrivée de gaz, cela reste un acte d’obstruction (dans le cadre d’une grève) et non de sabotage (et encore moins de terrorisme) puisqu’en l’absence de ce composant, les générateurs ne pouvaient être rallumées ni l’usine être mise en danger.
- Après l’explosion, les combinaisons spatiales étant toujours inaccessibles, le rapatriement des grands blessés à travers la canalisation pourrait être quelque peu capillotractée, étant la difficulté pour effectuer le parcours en étant pleinement valide.

En parallèle de ces événements, Dev Ayesa est enfin arrivé sur Mars, accompagné de Kelly et Alex... envers qui le PDG de Helios tiendra le rôle de cicérone enthousiaste dans la capsule Hopper 3 durant la rentrée atmosphérique.
Si les retrouvailles entre le père et la fille Baldwin seront chargées de tous les douloureux passifs des saisons précédentes, le petit fils sera indifférent voire hostile au grand-père...
En accueillant Ayesa — qui s’apparente pourtant à un chef d’état à l’échelle du M-7 —, Poole sera surtout préoccupée par l’affirmation de son autorité sans partage, expliquant sans ambages qu’elle est la seule cheffe. Une attitude caricaturale confirmant la désagréable sensation d’abus de pouvoir qui caractérise Danielle depuis son retour sur Happy Valley (et que lui reproche explicitement Ed).
Tandis que la coalition des grévistes est traversée de sérieux tiraillements (Massey ayant des scrupules à poursuivre l’action en raison des victimes de l’explosion alors que Baldwin demeure inflexible comme à son habitude), Dev débarque en pleine réunion tel l’arbitre des élégances. Et avec le flegme auguste et l’expérience patronale d’un Steve Jobs, il vide l’action sociale de ses effectifs sans pour autant la satisfaire !
Admirez le pro : il délivre d’abord une pieuse leçon de realpolitik sur les lois du marché, sur les réalités économiques, et surtout sur l’absurdité irréaliste de l’exigence de détournement de l’astéroïde vers Mars (visiblement sans le "providentiel" Ayesa, aucun de ces "Bisounours" n’en avait conscience). Puis, avec de la farine blanche, il trace une ligne blanche, et aux cent premiers qui la traverseront, il fait une proposition corruptrice à laquelle peu auront la force de caractère et l’intégrité de résister (amélioration de la sécurité de travail, revalorisation à 40% des contributions retraite, meilleure assurance santé, offre d’actions Helios, prime de quatre fois le salaire donc un million de dollars chacun, amnistie pour toutes les actions menées). Autant dire que dans un piétinement de dignité, le combat cesse faute de combattants. Mais voir, un à un, chaque protestataire rentrer honteusement dans le rang tels des moutons, ce sera un moment aussi réaliste que douloureux de piétinement de classe. Ne resteront sur le pont que les deux meneurs et trois irréductibles.

FAM 04x06 Leningrad annonçait sans grand suspense que l’initiative syndicaliste transgressive de Baldwin — mais néanmoins "true" à sa typo libertarienne écorchée et tannée par les années — allait se révéler payante, au minimum dans une perspective de reconversion. Le survivant de tous les chantiers de l’espace ne pouvait que rebondir... à nouveau. Et puis, c’est la loi du running gag : en vertu de l’autorité dont elle s’infatue, Danielle évince périodiquement ce "vieil emmerdeur" d’Edward par la porte, mais il réussit ensuite toujours à revenir par la fenêtre.
Cependant FAM 04x07 Crossing The Line aura tout de même fait prendre à Baldwin une direction inattendue. Son trip syndicaliste fut certes revanchard et opportuniste au départ, mais il est progressivement devenu sincère voire viscéral par la force du combat collectif (comme en témoigne son incorruptibilité totale durant la cruelle "épreuve de la ligne blanche"). Cette expérience sera néanmoins de courte durée car elle se révélera surtout un litmus (douloureux mais éclairant) de la véritable allégeance d’Ed : désormais moins militaire, moins astronaute, moins syndicaliste, et moins enquiquineur que... Martien de cœur ! Mais dans sa tête pleine de tumultes et de colères, flottant tel un animal instinctif entre des rivages incertains, il ne le savait pas vraiment lui-même quelles étaient les sources exactes de sa volition. Seul un autre Martien d’adoption — Dev — pouvait le voir et le lui révéler.
Bien sûr, il ne faut pas être dupe : chez l’un comme chez l’autre, ces "identités martiennes" ne sont que des constructions mentales (et des complaisances intellectuelles) destinées à masquer des motivations profondes moins glorieuses (pour mieux les supporter). Or il est évident — et ce depuis FAM 04x01 Glasnost — que Baldwin appréhendait de revenir sur Terre, où non seulement il a perdu son fils Shane et sa femme Karen, mais où l’attendait le cimetière des légendes périmées (le sort ingrat de tous les mutilés de guerres et héros au physique défaillant). Dès lors, il ne cessait de reporter son retour au grand dam de Kelly et sa belle-mère russe. La stratégie de fuite d’Ed prenait prétexte de tout, et cela confirmerait l’hypothèse formulée dans la critique précédente, à savoir que son ralliement à la cause syndicale n’était pas seulement motivé par sa soif de "vengeance" (contre Poole) et ses sensibilités libertariennes, mais aussi par le désir de s’enraciner, non pas seulement dans ses fonctions, mais aussi dans sa nouvelle vie extraterrestre. Une façon de solder un passé terrien douloureux et de s’épargner un futur terrien peu enviable, pour y substituer une nouvelle virginité martienne (bien moins chargée de fantômes). C’est le sens même d’un nouveau départ, quand bien même au crépuscule de son existence. Mais qu’importe finalement les moteurs secrets ou inconscients de l’agir. Depuis que l’homme est homme, chaque immigré a ses raisons de partir et ne jamais revenir — bonnes ou mauvaises, nobles ou triviales, courageuses ou lâches — mais cela ne change rien à la construction qui en résulte. Parce que les pieux mensonges, à force d’être racontés à soi-même et aux autres, finissent par devenir des vérités.
Donc OK, on dira que le cœur de Baldwin est désormais sur Mars... tant la pureté édénique de cet astre permet d’y projeter une espérance utopique. Et il en est de même pour Ayesa. Mais aussi pour le petit Alex (pour le coup d’avantage au propre qu’au figuré).

Quoi qu’il en soit, c’est en s’incrustant dans sa chambre en pleine séance de vélo d’appartement — première fois d’ailleurs que l’on voit un astronaute de Happy Valley faire du sport alors que ça devrait être très fréquent —, Ayesa viendra confesser à Baldwin son véritable objectif en achetant un à un les grévistes : rasséréner et donner des gages de confiance aux nations du M-7, et séparer le "bon grain" de "l’ivraie".
Ainsi, ceux (dont Ilya Breshov et Luka Gurino) qui se sont laissés corrompre y ont gagné peu ou prou les avantages matériels qu’ils réclamaient (multiplication des primes, intéressements aux actions de Helios, etc.) à défaut d’un syndicat.
Mais les seuls à avoir gagné l’estime du PDG visionnaire sont les rares (cinq en tout dont Samantha Massey) qui ont résisté à son chapelet de tentations et qui ne se sont pas laissé acheter par lui. Un jeu pervers dont Dev admet lui-même qu’il aurait pu y trouver un plaisir ludique si cela ne révélait pas les faiblesses et les bassesses de la nature humaine.
Et ladite estime vaut embauche, ou plutôt enrôlement à un autre niveau, à un niveau régalien ! Le premier à avoir été ainsi démarché et sollicité est Baldwin, c’est dire la considération et la confiance que lui voue Ayesa. La rancune initiale se métamorphosera en véritable épiphanie à la découverte du réel projet du PDG de Helios : mener une opé clandestine pour voler l’astéroïde Goldilocks afin d’offrir un avenir à la Planète rouge ! En somme, une désobéissance voire une sécession comme acte de baptême de la jeune nation martienne ! Cette annonce sera décochée tel un uppercut, et emphatisée par le tube rap X Gon’ Give It To Ya de DMX qui se tapera l’incruste dans le générique final.
Ainsi débute la cinquième vie de l’inusable Ed : après avoir successivement été pilote militaire de la Navy, astronaute pionnier de la NASA, symbole astronautique du privé, lanceur d’alertes et syndicaliste (une simple plateforme de lancement), le voici maintenant rebelle et révolutionnaire de la cause martienne.
Samantha qui a révélé une semblable intégrité (et force de caractère) sera-t-elle invité, elle aussi, à rejoindre les "comploteurs-voleurs" de ce nouveau "front de libération" ?
Toujours est-il que Dev et Ed sont désormais "partenaires" dans le cadre d’un "game changer" qui fera trembler la Terre et changera la face de Mars...

Une issue complotiste ou plutôt comploteuse (genre le PDG Dev aurait lui-même téléguidé la grève en imposant via son "agent d’influence" Ed la revendication impossible du détournement de 2003LC vers Mars) n’aurait pas été narrativement élégante (ni contextuellement très crédible), mais elle aurait au moins évité la franche incohérence. Cette hypothèse-là reste néanmoins exclue car la scène finale de l’épisode (sur le vélo) établit bien que Baldwin n’a été manœuvré par personne (si ce n’est son orgueil blessé et son sens libertarien de la justice) et qu’Ayesa a juste tiré opportunément profit de la situation avec son habituelle maestria en psychologie socio-économique.
Malgré tout, FAM 04x07 Crossing The Line se garde commodément d’expliquer l’origine (et la raison) de la révision unilatérale des contrats par Helios dans FAM 04x06 Leningrad, survenue "comme par hasard" la veille d’une mise à contribution majeure de son personnel face à un enjeu civilisationnel historique. En internaliste, on ne sait toujours pas qui a pris en amont cette initiative nonsensique tant elle était contreproductive selon la grammaire même du libéralisme... au point d’être l’élément déclencheur — ou du moins renforçateur — de la grève au pire moment astronautique possible.
Gageons donc que derrière les gros câbles de la téléologie externaliste, il n’y a pas un acte manqué de la part des scénaristes pour transformer en creux Dev Ayesa en super "puppet master" qui serait un tel génie de l’ingénierie sociale qu’il aurait su chirurgicalement programmer à distance la chaîne précise d’événements survenue sur Happy Valley dans cet épisode et le précédent. Car pour anticiper que la révision des grilles salariales allaient fuiter avant l’opération de redirection de 2003LC grâce à Baldwin qui se transformerait pour l’occasion en "lanceur d’alerte" puis carrément en gourou en capacité d’imposer à tous les grévistes une exigence proprement suicidaire afin de permettre in fine à Dev de s’ériger en sauveur tout en sélectionnant par cette voie les premiers martiens de cœur... eh bien comment dire... ça résoudrait certes l’incohérence, mais ce serait un coup de billard à trois trente bandes... faisant presque passer en comparaison Marco Inaros de The Expanse et Hari Seldon de Foundation pour des amateurs.

Histoire de clarifier la répartition des torts superposés/collisionnés (ou pas), s’il ne faisait aucun doute dès FAM 04x06 Leningrad que le ressort de la grève allait être un bref passage scripté de JdR (comme il en a toujours été des grèves chez RDM à l’exemple éloquent de BSG 2003 03x16 Dirty Hands) pour faire advenir avec un minimum d’effort narratif quelque basculement et/ou glorification — ici le pouvoir résolutif presque magique du deus ex machina Ayesa et la nouvelle mutation de Baldwin — cette astuce (pour ne pas dire pirouette) diégétique demeure en elle-même aisément pardonnable car statistiquement inévitable. En effet, aucune œuvre au long cours, pas même les plus grandes, sans exception, n’y aura échappé.
Pour autant, cela n’implique pas que le parcours personnel de Dev puisse en lui-même être pris en défaut. Il n’a en fait jamais été psychologiquement ou sociologiquement incohérent, ni inintéressant pour le développement du récit (comme analysé ici ou ).
À l’inverse, cela ne rend pas excusable l’invraisemblance de plomber gratuitement les négociations salariales par une condition HS foncièrement dirimante, ni la prestidigitation de l’avoir introduite l’air de rien — off screen — entre deux épisodes... et ce dans le seul but de servir de rampe de lancement au partenariat entre Dev et Ed. Une faute narrative qui dépasse la facilité du simple passage scripté initié par FAM 04x06 Leningrad et dont la responsabilité est portée par le seul FAM 04x07 Crossing The Line (cf. ici et ).

Pendant ce temps-là, sur Terre...
Depuis qu’elle a fait son coming out (de transfuge) dans l’épisode précédent, Margo assiste à sa première réunion de Roscosmos sous son vrai nom et en tant que vice-responsable de l’agence spatiale soviétique. Si elle valorise l’ingénieure Tatyana Volkova (avec la gratitude de cette dernière), et bénéficie de l’appui ostensible d’Irina Morozova, elle suscite la défiance et hostilité de plusieurs cadres (notamment un certain Leonid).
Mais elle comprendra vite être réduite à une prise de guerre, à un trophée agité par les Soviétiques sous le nez des Américains pour les provoquer et les rendre berserk, le sort de Madison ressemble de plus en plus à un chemin de croix...
C’est ainsi que le président Feodor Korzhenko oblige Margo — moyennant une pression comminatoire à peine voilée mais ne laissant aucun échappatoire — à repartir aux USA sous immunité diplomatique soviétique comme représente et coordinatrice de Roscosmos dans le cade du projet Goldilocks. Une humiliation indicible pour elle et qui confirme que FAM pousser méthodiquement ses problématiques existentielle et ses drames humains dans leurs derniers retranchements, ce qui revient à toujours faire sortir les personnages de leur zone de confort. Il ne manque plus que la réapparition de Sergei Nikulov (dans FAM 04x08 Legacy ?) et le tableau de la tragédie personnelle de Madison sera complet.
Construite en contrepoint, la psychanalyse de Rosales respire elle aussi la justesse. Si ce n’est que cette dernière agacera plus d’un spectateur. Elle n’a en effet pas progressé d’un iota depuis la fin de FAM 04x06 Leningrad, elle aurait même plutôt régressé en réaction à sa nouvelle exposition médiatique (depuis qu’elle est la représentante et la négociatrice de Helios Aerospace) et la propension des journalistes TV de plateau à davantage sonder son ressenti envers son ex-mentor qu’à l’interroger sur les questions astronautiques. Aleida se montera même progressivement le bourrichon contre Margo dès l’annonce de son retour sur le sol américain, qui plus est avec tous les honneurs diplomatiques, presque comme si de rien n’était. Une impunité que le système axiologique personnel trop peu flexible d’Aleida ne parvient pas à encaisser. Déjà qu’elle se sent intimement trahie, et voilà que "la pire traitresse de l’histoire américaine" (selon Feinstein la leader de la majorité) est obligée (bien malgré elle) à plastronner dans son pays natal, comme pour la narguer à domicile.
Rien d’étonnant alors que Rosales débarque autoritairement sans rendez-vous dans le bureau de Hobson (à la NASA où elle ne travaille plus) pour exiger que ne soit pas accordée d’immunité à son ancienne mentor et qu’elle soit donc arrêtée par le FBI. Tout en comprenant sa colère, Eli plaidera pour la prise en compte de l’indispensabilité scientifique de Margo au bénéfice de l’humanité dans son ensemble. Aleida finira par s’accomoder de cette décision tactique, mais en exigeant de ne jamais la revoir...
En se laissant submerger par une relecture strictement égocentrique de la tragédie de Madison, Rosales dévoile une panoplie de "laideurs" bien humaines, trop humaines : immaturité, ingratitude, inconséquence, imperfectibilité. Désormais, Aleida s’en ouvre explicitement à son mari Victor Diaz et assume carrément regretter que Margo ne soit pas morte ! Elle désire même se venger... de celle à qui elle doit autant qu’à une mère ! Autant dire qu’elle est loin d’avoir les excuses ou les circonstances atténuantes d’Ed à l’encontre de Danielle. Mais ce n’est pas là une carence de réalisme, bien au contraire...
Et Madison atterrit aux USA devant des foules de manifestants haineux, certes légalement protégée, mais pas pour autant à l’abri d’une balle anonyme vengeresse. Le directeur de la NASA himself, Eli Hobson, déroule le tapis rouge à sa prédécesseuse et enfante prodigue de l’Âge d’or : il accueille ainsi en grande pompe Margo au Centre Spatial Molly Cobb avec toute la déférence qu’appelle son auréole duale : à la fois mythe vivant de la conquête spatiale et déshonneur national.

Conclusion

Quoique thématiquement moins riche et moins dense que FAM 04x06 Leningrad, FAM 04x07 Crossing The Line le prolonge avec un grand naturel (tant les évolutions était prévisible) en resserrant sa narration :
- pour la majeure autour de la grève martienne (résolue artificiellement par Dev Ayesa peu de temps après son arrivée pour mieux réaliser lui-même officiellement ce que les contestataires réclamaient officiellement),
- et pour la mineure autour des attracteurs étranges que semblent devenir les fractales Madison (contrainte par l’URSS de repartir aux USA sous immunité diplomatique pour humilier Al Gore) et Rosales (regrettant finalement que sa mentor-à-qui-elle-doit-tout ne soit pas morte et appelant à son arrestation par le FBI).
Et une nouvelle fois, exactement comme FAM 04x06 Leningrad, FAM 04x07 Crossing The Line est plutôt une réussite à petite échelle, mais un relatif échec à grande échelle, tant il trébuche sur les détails... dans lesquels le diable se loge. Il sera donc tout autant possible de s’émerveiller devant une SF conceptuellement aussi recherchée que de s’indigner par la visibilité des câbles que les objectifs externalistes laissent négligemment trainer sur la scène.

Si ce n’est que, pour la toute première fois dans la série FAM, le script de FAM 04x07 Crossing The Line est assombri par une authentique manipulation narrative : l’introduction d’une condition factice (exiger de rediriger l’astéroïde vers Mars) sortant du cadre des revendications salariales pour les faire automatiquement échouer afin de truquer la diégèse : permettre à Ayesa de transformer cette crise en "sélection naturelle", à la fois pour promouvoir son "rêve" intime martien et remettre Baldwin au centre du village.
Autant la volonté des auteurs de conserver Ed dans le main cast malgré son âge est courageux (tel un doigt d’honneur à la gérontophobie à la mode), autant rendre le personnage à nouveau pertinent par voie de forcing finaliste (vouloir parvenir à un point de la narration peu importe comment) est regrettable.
Et autant l’idéalisme martien fait pleinement sens pour imposer au forceps l’étape suivante (Mars entité politique et économique) de la conquête spatiale (argument externaliste qui préoccupe les showrunners), autant il n’est aucunement justifié dans le champ internaliste (l’ensemble des grévistes préoccupés par leurs conditions de travail ne pouvaient avoir collectivement placé le curseur à un tel niveau, d’autant plus que c’était l’assurance de tout perdre… du moins sans l’intervention "providentielle" de Dev à la fin).
Pire, par sa non assomption causale dans le script, il est possible de suspecter l’épisode d’avoir introduit discrétos ce glissement paralogique entre FAM 04x06 Leningrad et FAM 04x07 Crossing The Line en espérant que les spectateurs ne le remarqueraient pas. Même si les échelles ne sont aucunement comparables (fort heureusement), c’est en soi un procédé qui aurait davantage sa place dans les productions asylumesques d’Alex Kurtzman que dans les productions référentielles de Ronald D Moore !

Sur le fond (comme sur la forme), l’histoire tient la route et s’avère même captivante.
Le plan retors d’Ayesa (faire mine de satisfaire les décideurs terrestres pour "greenlighter" la capture de l’astéroïde afin de pouvoir le voler au bénéfice de Mars) et sa méthode détournée de recrutement (via les pires procédés libéraux pour briser les solidarités de classes) témoignent d’authentiques audaces épistémologiques, car le cynisme devient ici le moyen et l’idéalisme la finalité (quand bien même potentiellement autocentrée).
Quant à la psycho-sociologie complexe de Baldwin, c’est un sans-faute — et même de la grande facture — aussi bien dans FAM 04x07 Crossing The Line que ça l’avait été dans FAM 04x06 Leningrad.
Dev et Ed vont-ils devenir tous deux les Founding Fathers de Mars, aussi dissemblables et polémiques que Benjamin Franklin et David Ben Gourion ?
Hélas, l’exécution — ou plus exactement la prémisse — de l’arc majeur souffre d’un empressement de plus en plus dommageable, avec tous ses corollaires indésirables (allant des raccourcis lacunaires aux balayages des seules têtes de chapitre). Les showrunners n’ont de cesse d’accélérer par n’importe quel moyen les accomplissements (astronautiques et politiques) de leur uchronie... probablement pour mieux la justifier créativement (voire idéologiquement). Il faut se rendre à l’évidence : le format des dix épisodes par saison tant vanté par la presse et les "milieux autorisés" (au lieu des traditionnels 22 ou 26) accuse ici ses limites...

Il en résulte que FAM 04x07 Crossing The Line est indiscutablement brillant, autant qu’il est artificiel, indéniablement ambitieux mais sans forcément disposer de l’assise nécessaire. Cela tient presque d’une agriculture hors-sol (même si les esprits taquins répliqueraient que c’est raccord avec une SF spatiale).
Il reste cependant probable que la "triche" diégétique à laquelle s’est abaissé cet épisode soit un "one shot", un joker sans lendemain… et non un système comme dans les pires égouts d’Hollywood. Une "triche" d’autant plus excusable sur le fond qu’elle résulte de toute évidence d’un manque de temps polynomial résultant de l’étroitesse narrative des saisons de dix épisodes (de quoi rendre nostalgique de la générosité révolue d’une autre ère télévisuelle). Mais quand même, cela fait un peu tache...
Quoi qu’il en soit, ce qui sauve (en partie) l’exercice, c’est sa touchante sincérité et une soif d’idéalisme qui ne fait jamais l’économie de la realpolitik. En outre, cette quatrième saison de FAM aura eu le grand mérite d’aller à contrecourant des vogues en se délestant (pour partie) des quelques travers des précédentes saisons : bien moins de soap et de wokisme, une URSS sortant enfin de sa seule fonction alibiesque...
Le bilan demeure donc globalement positif à ce stade du récit...

NOTE ÉPISODE

BANDE ANNONCE



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