Foundation : Critique 2.06 Why The Gods Made Wine

Date : 24 / 08 / 2023 à 20h00
Sources :

Unification


FOUNDATION

- Date de diffusion : 18/08/2023
- Plateforme de diffusion : Apple TV+
- Épisode : 2.06 Why The Gods Made Wine
- Réalisateur : Alex Graves
- Scénaristes : David S. Goyer (histoire) & Jane Espenson (dialogues)
- Interprètes : Jared Harris, Lee Pace, Lou Llobell, Leah Harvey, Laura Birn, Cassian Bilton, Terrence Mann, Nimrat Kaur

LA CRITIQUE YR

Foundation 02x06 Why The Gods Made Wine est composé de pas moins de cinq arcs, quoique non paritaires. Pour certains, dérivés des précédents de Foundation 02x05 The Sighted And The Seen, mais pour un autre, imbriqué. Et ce dernier sera fatalement le plus mémorable étant donné son issue... définitive.
L’ambition n’est pas seulement grande par la construction du récit mais aussi par sa complexité et sa profondeur...

A

Sur Ignis, Gaal et Salvor découvrent les us de la communauté de Mentalics (en VO ou mentalistes en VF) et tentent de s’y intégrer. Hardin nouera notamment des échanges empathiques et télépathiques avec le jeune Josiah, croisé dans l’épisode précédent et portant une cicatrice emblématique en travers de la gorge. Un partage mental de souvenirs révélera le poids de ses souffrances, et l’horreur du sort réservé à ses semblables sur sa planète d’origine. Considérés comme des "monstres de l’espace", tous les membres de sa famille furent égorgés devant lui, et le garçon n’échappa au charnier dans lequel il fut jeté mourant... que grâce à l’intervention providentielle et quasi-superhéroïque de Tellem Bond (venue spécialement le chercher et le sauver). Dès lors, il est aisé de deviner quelle forme de loyauté — à la vie à la mort — cette dernière est parvenue à forger auprès de ses sujets (qui lui doivent tous plus que leur existence) pour construire cette "utopie" sur Ignis.
Josiah expliquera qu’entre mentalistes, le comble de la politesse est de dévoiser (en VF ou "unvoicing" en VO). C’est-à-dire ne pas exprimer vocalement ses pensées mais mentalement... en se laissant guider par un "identifiant" (en général musical) unique pour chacun. Quant aux rêves, ils peuvent atteindre les autres, donc être "mutualisés". En somme, Ignis tend vers un collectif télépathique structuré en réseau, où l’intimité est susceptible d’être violée et l’individualité diluée.

Tellem révèlera que les humains craignent les mentalistes non seulement pour leurs pouvoirs mais davantage encore pour leur savoir... car iceux connaissent aussi bien les secrets individuels que les secrets d’état, leur existence même en fait des témoins gênants. Dès lors, il existe deux façons de les traiter : soit en les persécutant, soit en les divinisant. Mais paradoxalement selon elle, la seconde option n’est pas meilleure que la première. Cette sagesse n’est cependant qu’apparente, car la voie prônée par Bond n’est autre que le développement séparé, c’est-à-dire l’apartheid, voire davantage... comme la suite de l’épisode va le révéler.
Rien d’étonnant alors que Seldon n’ait pas reçu le même accueil chaleureux que ses deux accompagnatrices. En réalité, il sera d’emblée ostracisé par la communauté d’Ignis, perçu comme un être inférieur et indésirable. N’ayant dès lors plus le contrôle sur rien, il se retirera seul sur le littoral pour pêcher. La seule qui daignera lui rendre visite dans son "exil", c’est Salvor entre deux patrouilles (un vieux réflexe terminusien). Mais leurs (nombreux) échanges seront d’une maturité et d’une finesse remarquables, presque inattendues...

Entre autres choses, Seldon entérinera verbalement le lien d’intrication quantique entre les deux Prime Radiants (le sien et celui du Sanctuaire), formant en réalité un seul objet indissociable quelle que soit la distance qui sépare les deux composants (voilà enfin de la mécanique quantique bien comprise !), crédibilisant donc très scientifiquement la somme d’informations disponibles dans les premiers épisodes de la seconde saison (comme le suggérait déjà Foundation 02x04 Where The Stars Are Scattered Thinly).
Hari révélera également qu’e-Seldon #1 fut programmé pour ignorer l’existence d’e-Seldon #2 et de la Seconde Fondation, car celle-ci doit se cantonner à une contremesure uniquement potentielle selon l’évolution sur le temps long de la Première Fondation après la chute de l’empire. Ce qui réinsère la psychohistoire dans une mathématique de SF (en non de fantasy), avec l’existence d’un actuaire pour gérer la part de risque et d’incertitude (et non d’un déterminisme ou d’une prédestination infaillible). Partant, le Plan Seldon apparaît bien comme un complexe jeu d’équilibres, de régulations et de contre-pouvoirs anticipés sur la très longue durée (la fiabilité d’un système dans le temps étant toujours fonction de la quantité de contremesures successives et interdépendantes). Donc en substance comme dans le cycle littéraire.

Durant ces riches échanges avec Salvor, sera également abordé tout le volet causal et moral des erreurs en cascade qui ont conduit à la présente situation. Le bénéfice stratégique de devenir martyr pour une cause, de créer un mythe par des cycles de morts et de résurrections, la force motrice et télique des religions...
Hari précisera également les raisons de sa propre rancune envers Gaal pour avoir piégé sa conscience dans un néant durant 138 ans (rancunier on le serait à moins, car une telle horreur est difficilement imaginable !), alors qu’elle avait les moyens de le prévoir (et donc de le savoir) si seulement elle avait réfléchi au précédent que constituait le premier voyage en cryosommeil depuis le Deliverance et l’arrivée d’e-Seldon #2 sur le Raven dans Foundation 01x05 Upon Awakening.
Mais Seldon aura aussi l’équité de faire remonter le "péché originel" à Raych qui lui avait hypocritement caché sa relation sentimentale/intime avec Gaal, expliquant son agissement irrationnel en dernier ressort (et lourd de conséquences dramatiques). Si Hari avait été avisé en amont de cette situation, il aurait ajusté sa stratégie, car il aurait pu anticiper l’interférence des sentiments, dans la mesure où un homme avec attache ne se sacrifie pas aussi aisément qu’un homme sans attache. Seldon a même poussé jusqu’à se culpabiliser de ne l’avoir pas vu, s’estimant lui-même sujet à ses heures à la "pensée magique" (comme tout le monde quoi). Clairvoyant.
Mine de rien, avec son brio habituel, Jane Espenson vient juste de résoudre (et donc de faire disparaître) une des plus grosses incohérences (et négligences) de la première saison, à la fin de Foundation 01x02 Preparing To Live. Ainsi, rétrospectivement, ladite incohérence n’était pas dans la série (externalisme), mais dans le comportement même de Raych (internalisme). Non seulement, il n’était pas taillé (pas plus que ne le sont heureusement la plupart des gens) pour perpétrer un meurtre de sang froid (quand bien même consenti et "mieux" demandé par la victime), mais en plus, il n’avait pas été honnête sur son lien avec Gaal (qui faussait l’engagement total que cet acte irréversible exigeait). Alors lorsque celle-ci s’est pointée au moment même de l’assassinat (que déjà Foss n’assumait pas), il a disjoncté ! L’illustration même de l’impact du facteur humain, le premier des imprévus, la mère de toutes les déviations. Et dire qu’il aurait suffi que Raych ait le courage de révéler à Hari l’existence de cette relation...
Il y a presque une dimension méta dans cette rétrospection : où comment le soap intempestif peut nuire au destin de l’humanité. À méditer...cum grano salis.

Nourrissant déjà des projets déloyaux à la fin de Foundation 02x05 The Sighted And The Seen, la leader communautaire se révèle une manipulatrice de compétition, digne des Talosiens de ST TOS 00x01 The Cage.
Elle jette immédiatement son dévolu sur Gaal en raison, d’une part de son pouvoir precog unique (qu’aucun autre mentaliste ne semble posséder), d’autre part de son innocence et de son ressentiment "romantique" envers Seldon (donc aisée à téléguider pour la reformater à son image).
Mais en même temps, derrière ses airs débonnaires et ses larges sourires, Bond se révèle aussi raciste (et revanchiste) envers les humains dépourvus de pouvoirs qu’Erik Lensherr (Magneto) sans Charles Xavier ou que Sebastian Shaw (Dr. Klaus Schmid) dans l’univers des X-Men.
Et tandis que Tellem jouera les initiatrices perverses (entre Tanis dans ST VOY 02x10 Cold Fire et Robert dans Romance de Catherine Breillat) pour révéler le pire de Gaal (y compris un potentiel télékinétique ne demandant qu’à éclore), Hari verra immédiatement clair dans le jeu de la leader mentaliste. Il tentera d’avertir sa "belle-fille" et sa "petite-fille" de l’impossibilité de faire la moindre confiance en quelqu’un capable d’altérer à volonté et reconstruire mentalement toutes les perceptions de la réalité.
Mais telle Cassandre, Seldon ne sera pas du tout cru par Dornick. Cette dernière se laissera même séduire par la proposition tentatrice de Bond, à savoir devenir son héritière à condition de s’affranchir intégralement de l’emprise de son ancien "maître" et de l’exclure ! Quant à Hardin, n’ayant pas de passif traumatique, elle témoignera de beaucoup d’ouverture d’esprit (voire de connivence) durant ses nombreux dialogues avec Seldon, mais il aurait fallu davantage de temps pour que cela soit suivi d’effet.

Les heures de Hari sont désormais comptées, la belle planète Ignis sera son couloir de la mort... et son tombeau ! Désigné à la vindicte publique comme ennemi par nature (car humain), sans ressources propres dans ce monde paroxystiquement hostile, il sera rapidement "crucifié" par les mentalistes sans que ni Gaal ni Salvor ne le voient ni ne l’entendent... du fait d’un rideau de fumée déployé devant leurs esprits.
C’est-à-dire que Bond fera mentalement croire — par une pure illusion visuelle — à Dornick et à Hardin que leur ancien "maître" a lâchement pris la fuite aux commandes du Beggar... alors que celui-ci sera en réalité capturé, ligoté, torturé, puis progressivement noyé par la marée océanique montante !

A1

Durant son agonie, Hariton Seldon revivra en accéléré toute sa vie, de ses premiers émois sur Helicon jusqu’à son poste à l’université de Streeling sur Trantor.
Un flasback viscéral au parfum de jugement dernier...

Issu des classes modestes, et violenté par son père, Hari se révèlera surdoué en mathématiques dès son plus jeune âge. Encore gamin, il pressentira des schémas derrière le chaos apparent du monde, au point de modéliser une prédiction stochastique des trajectoires individuelles des ptérosélènes en transhumance (non sans évoquer la charge des gnous dans The Lion King ou celle les gallimimus dans Jurassic Park), puis de la vérifier empiriquement en prenant le risque mortel de se tenir stoïquement sur leur passage !
Devenu adulte (Jared Harris a été numériquement rajeuni pour l’occasion), alors fondamentalement humain et compatissant envers ses semblables, il accèdera au professorat dans la meilleure université d’Helicon. Ses travaux scientifiques à vocation exclusivement humaniste conduiront cependant à des conclusions pessimistes sur le devenir de l’Empire galactique (non sans évoquer l’épisode de ST TOS 02x10 Mirror, Mirror lui-même inspiré par le cycle littéraire d’Isaac Asimov où Mirror-Spock avait calculé avec précision la date de la chute du Terran Empire). Cela vaudra à Seldon d’attirer l’attention de l’empire et de devenir progressivement la cible du cruel "état profond"... via la Dr Tadj, directrice de son université, informatrice consciencieuse du pouvoir central, et défendant pro-activement les intérêts de l’empire — telle une parfaite commissaire politique.
Exposé à une pression croissante, Hari tentera notamment de s’opposer à une ré-affectation à l’université de Streeling sur Trantor (où ses travaux auraient été placés sous la coupe directe du pouvoir impérial), puis à une convoitise irrépressible du premier spécimen de Prime Radiant (un convoitise qui visiblement ne cessera jamais jusqu’aux mentalistes d’Ignis)...

C’est alors que Hari rencontrera une femme exceptionnelle provenant de Calda, Yanna Kine, scientifique spécialisée dans l’analyse probabiliste du 262ème siècle. À travers une communion croissante autour du champ de recherche qui mènera à la psychohistoire, naîtra entre eux un niveau de compréhension, de convergence et d’harmonie comme peu d’humains peuvent espérer en connaître dans une vie. D’où une complète union holistique entre eux, tant professionnelle que privée.
Yanna fera entre autres découvrir à Hari un écrivain de sa planète Calda, Gorik Tarka, qui écrivit « les dieux ont créé le vin pour ceux qui ne peuvent se venger » (d’où l’épisode tire son titre). Derrière son apparente trivialité, cet apophtegme polysémique aurait pu sortir aussi bien du répertoire comique de Plaute que du répertoire tragique de Sénèque car il forme une authentique dialectique de la résistance, et partant, du choix de vie. Le vin (de la consolation voire de la déchéance) allégorise ainsi la ligne de crête faisant le départ entre le combat et l’acceptation.
Mais Yanna sera affreusement assassinée alors qu’elle portait la vie... parce que Hari tint à rester intègre et ne pas céder au chantage impérial. Kine et Seldon avaient poétiquement scellé leur engagement mutuel au travers, non d’alliances de mariage, mais de pendentifs partageant en permanence (et à distance) les signes vitaux du couple, si "bien" que lorsque l’une est morte, l’autre l’a instantanément su.
Hari a ainsi perdu une femme et un futur enfant, assassinés par Tadj — de façon non préméditée parait-il (parce que Yanna ne se serait pas laissée faire) — dans le cadre d’une opération de chantage pour s’emparer du Prime Radiant.
Il y a dans l’articulation de ces séquences quelques fragrances obscures convoquant fugacement le souvenir de pépites connues ou méconnues souvent en prise avec la Guerre froide, comme Das Leben der Anderen (La vie des autres) de Florian Henckel von Donnersmarck (2006), Ошибка резидента (L’erreur du résident) de Venyamin Dorman (1968), Est-Ouest de Régis Wargnier (1999), Counterpart (2017-2019), peut-être aussi à la marge The Maltese Falcon (Le Faucon maltais) de John Huston (1941) et Bridge Of Spies (La pont des espions) de Steven Spielberg (2015).

Cette tragédie aura engendré un nouveau Seldon : juge et bourreau tel un vigilante (éliminant la meurtrière pourtant elle aussi victime à sa façon), implacable comme les Shadow Masters, froid comme Trantor, plus calculateur que l’empire (pour désormais conserver toujours une avance sur lui)... mais plus que jamais désireux d’améliorer à terme la condition humaine (grâce à un nouveau champ mathématique). Somme toute, un vrai révolutionnaire dans le sens le plus étymologique (et noble) du mot, mettant le réalisme au service de l’idéalisme au-delà de sa personne. En mémoire de Yanna, il se procurera le livre de Gorik Tarka.
Livré à lui-même, Hari acceptera finalement le poste à Streeling sur Trantor,... MAIS désormais en jouant double-jeu, moyennant un paravent de collaboration, et un redoutable projet en arrière-plan...
Le Plan Seldon — qui devait passer par un sacrifice personnel pour y gagner une forme d’éternité — fut saboté "from the day one" (par sentimentalisme à contremploi) par son disciple et fils adoptif Raych. La naïve Gaal s’est alors retrouvée mêlée (malgré elle) à des enjeux qui l’ont très vite dépassée... faisant d’elle un maillon faible malgré son génie scientifique.
La conscience de Seldon (#2) s’est retrouvée emprisonnée durant plus d’un siècle. Et à peine libérée sur Synnax, elle s’est vu dotée (contre son gré) d’un nouveau corps physique sur Oona (probablement par clonage)... avec son corollaire de vulnérabilité et de mortalité (again).
Tentant malgré tout de rattraper les "imprévus" du passé, Hari partira bien trop tard à la rencontre de la communauté clandestine de mentalistes qui était appelée à former la Seconde Fondation. Tellement trop tard en effet, car 138 ans de rancœur et de haine s’étaient accumulées contre le genre humain (préfigurant déjà le Mulet). Et aussitôt arrivé sur Ignis, Seldon fut considéré comme intrus et indésirable par nature, condamné à mort — ou plutôt exécuté sans procès — pour le seul "crime" d’être humain.

Seldon émergera à peine de cette récapitulation existentielle... pour expirer !
Et c’est par cette agonie implacable, sans rémission possible, que s’achèvera l’arc A1 — enchâssé dans l’arc A — mais aussi l’épisode lui-même. Le fondu au noir final aura ainsi valeur de couperet, à la façon de la dernière scène de Deux Hommes dans la ville de José Giovanni (1973), prenant le contrepied de toutes les conventions sériephiliques usuelles. Car dans la tradition des "redemption épisodes" américains, le héros est confronté à sa vie passée dans la cadre d’une épiphanie... salutaire pour la suite de sa vie. Dès lors, pour que ladite suite existe, le spectateur s’attend toujours à ce qu’un événement miraculeux vienne sauver le protagoniste. En la circonstance que Hari puisse sortir de sa cage à marée avant d’y rester. Mais rien de tel ici, si ce n’est le cruel désert du réel.
Courageux et audacieux... même si le fondateur de la psychohistoire a su se rendre multiple et laisser une empreinte indélébile.
Un acte dramatique tellement relativisant qu’il en est singulièrement original en SF télévisuelle.

A

D’aucuns pourraient estimer que la vulnérabilité de Gaal aux sirènes du pouvoir et/ou promesses d’appartenance (communautaire) ne respecte guère sa typo romantico-idéaliste...
En effet, comment a-t-elle bien pu se laisser berner si facilement par les boniments de Tellem (qu’elle venait juste de rencontrer), ne pas être capable d’entendre la pure logique des avertissements de Seldon, ne pas disqualifier d’emblée un projet aussi gratuitement excluant envers les humains ? C’est en effet choquant, surtout pour ceux qui idéalisaient cette séduisante héroïne depuis que la première saison l’avait vendue comme la perfection féminine incarnée.
Mais la seconde saison de Foundation est celle de la démystification, ou plus modestement la revanche du réalisme. Et la triste réalité est que malgré les 173 années objectives écoulées, il ne s’est pas écoulé pour Gaal plus de quelques semaines en temps subjectif depuis le basculement de sa vie à la fin de Foundation 01x02 Preparing To Live du fait de Raych et en amont de Seldon.
Sa relation avec Hari commençait certes à se reconstruire en huis clos sur le Beggar depuis cinq épisodes, mais malgré la culpabilité, la rancœur affleurait toujours. En fait, c’est à peine si Dornick était entrée dans la seconde phase du deuil (le chemin est donc encore long) ! Puis est venue s’ajouter à cela la vision hautement perturbante du génocidaire Mulet et du meurtre de sa fille Salvor — sortie certes de nulle part sur Synnax mais à laquelle Gaal se raccrochait comme à une bouée de sauvetage telle une survivance de feu Raych.
Dès lors, l’immunité mentale de Dornick n’a pas su résister à une concurrence extérieure (Tellem), qui plus est aussi invasive et intime (télépathie), aussi savamment manipulatrice, impliquant d’être capable de si bien falsifier le réel (au moyen de perceptions sensorielles altérées) et de savoir quels leviers psychologiques actionner (par exemple exacerber le ressentiment et la défiance envers Seldon, rapprocher artificiellement la mère de la fille en révélant à la première l’anniversaire de la seconde...). D’autant plus qu’à aucun moment Dornick n’aurait pu imaginer que le véritable objectif était d’assassiner son ancien "maître" (et en quelque sorte "grand-père"), sans quoi il ne fait guère de doute qu’elle n’aurait jamais laissé faire — comme le prouve d’ailleurs en creux la volonté de Bond de lui cacher la vérité sur ses intentions et ses actes criminels. Par conséquent, si la déception morale est bien au rendez-vous, la vraisemblance psychologique ne fait pour autant en aucun cas défaut ici.
Par surcroît, en amont, il y a un "pattern" qui se dessine depuis le début de la série. En effet, avec son visage d’ange, son brio, ses bons sentiments, et les meilleures excuses du monde (Raych Foss oui), Gaal aura mine de rien systématiquement causé le malheur de Hari. Successivement, elle aura saboté le vaisseau Raven (Cassandre), emprisonné la conscience lucide d’e-Seldon #2 durant plus d’un siècle, empêché sa mission initiale relative à la Seconde Fondation, favorisé du coup (durant 138 ans) la radicalisation anti-humaine des mentalistes d’Ignis (sous l’influence de Bond), initié une chaîne d’événements autocentrés par sa vision precog du Mulet (le seul objectif monomaniaque pour Gaal étant désormais d’empêcher par n’importe quel moyen sa fille de subir le sort de Raych), a guidé Hari vers une planète qui lui sera fatale, fut la cible de la convoitise de Tellem et de ses déchaînements manipulatoires, et finalement elle se sera laissé corrompre par des promesses de pouvoir, quitte à trahir (sciemment ?) et provoquer (involontairement) la mort de Hari.
Dornick sera ainsi progressivement devenue, non seulement le bourreau personnel de Seldon (comme celui-ci le disait lui-même en début de seconde saison), mais aussi l’incarnation vivante de l’imprévu de la psychohistoire. Et cela en conservant probablement son "innocence", ou du moins sa bonne foi. Au fond, c’est le drame persistant de quelqu’un qui n’était tout simplement pas à sa place depuis la fin du second épisode de la série. Soit une étude de cas brillante. Et démystifiant tout vestige de Mary-Sue (si cela était encore nécessaire).

Accessoirement, il serait possible de s’étonner que Salvor et Gaal aient aussi aisément accrédité l’illusion visuelle du décollage — comme si de rien n’était — d’un vaisseau qui s’était pourtant "écrasé" dans Foundation 02x05 The Sighted And The Seen.
Sauf que d’une part, il s’agissait en réalité (malgré son caractère spectaculaire) d’un atterrissage violent, non d’un crash à proprement parler, et l’épisode précédent n’avait pas établi (dans les lignes de dialogue ou par le visuel) que le Beggar n’était plus utilisable, au minimum pour un vol atmosphérique. Faute de précédents et de background dans la série, impossible de savoir quelle est la résistance structurelle des astronefs dans cet univers en pareil cas. Les boîtes noires sont conçues pour survivre à presque n’importe quel choc (ou écrasement) de nos jours, alors pourquoi pas les aéronefs de la Fondation dans plus de 240 siècles ? Et si d’éventuelles réparations étaient nécessaires (comme la coque perforée par les assaillants mentalistes pour capturer les protagonistes), Seldon auraient pu en bricoler quelques-unes, tout comme bypasser les commandes sans l’aval de Salvor...
Mais surtout d’autre part, faire croire quelque chose d’incroyable participe des attributs même d’une vraie manipulation mentale, consistant à ne pas seulement simuler la vision de quelque chose qui ne s’est pas produit, mais altérer également la cognition et la phylaxie mentale, c’est-à-dire enfumer le raisonnement logique et inhiber l’esprit critique... qui en situation normale auraient conduit à rester incrédule ou douter, au minimum à s’étonner et s’interroger. D’ailleurs, il y eut déjà une semblable atteinte de la cognition dans Foundation 02x05 The Sighted And The Seen lorsque Hardin goba le conte de fées vendu par Loron pour la persuader de la survie de Hugo.
Or justement, il faudra attendre Foundation 02x07 A Necessary Death pour que le doute devienne le cœur du propos — confirmant que la construction serialisée de cette seconde saison est pleinement maîtrisée.

Quant à Tellem, en amont de sa volonté (peut-être sincère) de faire de Gaal sa successeuse (ou du moins d’utiliser la ressource précieuse que constitue son pouvoir precog unique), sa motivation obsessionnelle est de mettre la main sur le Prime Radiant... pour pouvoir le détruire.
Ayant compris que Seldon ne savait pas où il avait été dissimulé, le maintenir en vie n’avait plus aucune utilité pour Bond. Seule Dornick possède cette information, mais en dépit des intrusions télépathiques, des voies de séduction, et de la zizanie provoquée avec Hari, elle n’a toujours n’a pas lâché ce secret — un secret qui matérialise ce qui lui reste de loyauté envers son ancien "maître".
Alors en attendant que cette ultime digue lâche, les mentalistes ont certes toujours la possibilité de désosser le Beggar. Mais au 262ème siècle, la technologie peut rendre les cachettes indétectables (multidimensionnelles ?).

Évidemment, le spectateur pourra toujours rester sceptique et/ou tenter de se rassurer face à l’insatisfaction laissée par tant d’iniquité "in your face".
Après tout, Seldon est réputé avoir de nombreuses vies (tel le proverbial félin), avec des plans dissimulés dans d’autres plans, et en se démultipliant lui-même virtuellement à sa mort. Donc bien des surprises restent encore possibles dans les épisodes suivants...
Peut-être n’est-il pas vraiment mort noyé sur Ignis, et qu’il s’agissait d’un simulacre dans le simulacre (en poupées gigognes) provoqué par les mentalistes pour faire accoucher son esprit (l’évocation de Macoda Mesa par Tellem était clairement un "trigger" télépathique...).
Ou peut-être est-il bien mort (le plus probable). Mais il n’est alors pas exclu que l’inhumaine Kalle ait conservé sur Oona une copie numérique de la conscience d’e-Seldon #2 dans Foundation 02x03 King And Commoner, car l’ombre de cette mathématicienne du passé savait peut-être les risques pour un humain de fouler le sol d’Ignis...

B1

Les envoyés diplomatiques de la Première Fondation (Poly Verisof et la Brother Constant) débarquent sur l’écrasante Trantor après un voyage en FTL dans un grand transporteur civil de l’empire. L’épisode fera vivre aux spectateurs, à travers les yeux de ces voyageurs, l’émerveillement de la "première fois" devant cette planète-monde... et ses anneaux ("arches") proprement cyclopéens.

Après avoir pris la décision de jeter toutes ses réserves de "vordaline dust" (une drogue dont il est junkie), Verisof confessera à Constant — dans un monologue d’une rare lucidité — avoir de l’admiration pour la grâce de ceux (comme Poly) qui parviennent à croire sans avoir vu (Constant et sa génération n’ayant jamais rencontré le "Prophète") par rapport à ceux qui croient sans effort (tout cuit dans le bec) parce qu’ils ont vu de leurs yeux (Poly et les pionniers de la Fondation témoins de la Première Crise). Soit l’hommage que la croyance rend à la foi (à supposer un écart de degré voire de nature entre ces deux vocables).
Et c’est ainsi que contre toute attente, la "religion" — lancée pourtant sur une base scientifique par la Première Fondation — n’échappe pas (elle non plus) à une inflation rationnelle. Elle s’inscrit donc, tel un ultime maillon hybride, dans une chaîne multimillénaire de débat spirituel et métaphysique qui agitait déjà le Christianisme primitif (depuis cercle des Douze jusqu’à Paul de Tarse), puis trouva des échos dans de célèbres disputatio/controverses/querelles (Pélage vs. Saint Augustin, Jésuites vs. Jansénistes...), avant que de devenir le cœur de la l’apologétique et de la théodicée catholique. Plus récemment, ce même débat fut renouvelé et modernisé avec l’émergence des relations épistémologiques entre science et foi, par exemple à travers les écrits de Pierre Teilhard de Chardin (cf. Science et Christ) et de Jean Guitton (cf. Dieu et la science)...
Ce qui inviterait à une reformulation davantage en prise avec l’évolution diachronique de ce débat, à savoir : l’hommage que la connaissance (Poly) rend à la croyance (Constant). Et la première est effectivement fondée à envier la seconde, davantage méritante et rassérénante, du moins dans la grammaire de la foi.
Or il se trouve que pour un athée assumé ayant développé un univers agnostique (SF véritable oblige), Isaac Asimov n’avait pourtant jamais fait l’économie des questionnements — et mêmes des casuistiques — métaphysiques et ontologiques inhérents aux systèmes mythologiques et religieux y compris non déistes (comme composants psycho-sociologiques, culturels, et stratégiques). Autant dire que l’adaptation audiovisuelle témoigne ici d’une fidélité troublante et inespérée à cette facette méconnue du cycle littéraire, sans pour autant concéder un quelconque glissement épistémologique à la fantasy.

Mais ces passionnantes introspections "théologiques" sont brutalement interrompues. Car les deux Terminusiens se font violemment arrêter et "techno-camisoler" (à la façon de "terroristes" comme Azura Odili) par la police impériale dès leur première nuit sur Trantor.
Était-ce vraiment là l’objectif d’e-Seldon #1 ? Offrir en pâture au pouvoir impérial — et à ses audits neuronaux (qui peuvent mettre au jour les pensées les plus intimes) — deux des plus éminents sujets de la Fondation (qui en connaissent donc tous les secrets) ?!
Mais ne préjugeons pas...

B2

Hober Mallow sort de l’hyperspace aux coordonnées programmées par e-Seldon #1 pour... ne rien y trouver si ce n’est le vide cosmique !
Mais soudain, son jumpship Spirit se faire éperonner par un gigantesque vaisseau inconnu. L’aventurier est accueilli en son sein par comme ses occupants humanoïdes flottant en apesanteur !
Il s’agit en fait d’un vaisseau-ruche (en VF ou "Home-Swarm" en VO) de Spacers, ces humains génétiquement modifiés par l’Empire pour gérer les voyages en FTL en restant pleinement lucides pendant que l’espace est courbé, mais formant de facto une "race d’esclave" depuis 600 ans...
La stratégie d’e-Seldon #1 commence à prendre forme : réunir dans une alliance secrète toutes les victimes systémiques de l’Empire galactique, du moins celles qui représentent un atout par leur positionnement stratégique et leur latitude d’action.

C

En présence du Conseil galactique au complet, Brother Day organise dans une vaste arène bondée une fastueuse cérémonie publique, d’abord pour rétablir le culte de l’impératrice Winoset (mère de Cléon Ier) en dévoilant une immense statue à son effigie, mais surtout pour enterrer officiellement la dynastie génétique... sous un tonnerre d’applaudissement.
Mais à cette occasion, officiellement introduite comme future impératrice, la reine Sareth du Cloud Dominion prendra la parole tel un tribun populiste, et s’autorisera à tenir une harangue presque humaniste, adressant même des promesses de redevabilité au peuple, au grand dam de Cleon XVII (proprement coincé par les circonstances).
Est-ce une velléité sans lendemain ? Ou bien est-ce l’avant-goût d’une évolution réelle fissurant le despotisme absolu de l’empire... mais accélérant peut-être du coup sa chute étant donné la rancœur populaire accumulée (selon les jurisprudences historiques de Louis XVI et de Nicolas II) ?
Parce qu’en abandonnant la mécanique presque cybernétique de la dynastie génétique, l’empire renoue avec le classicisme de tous les empires historiques du monde réel, caractérisés par leurs inéluctables effondrements.
À chaque épisode, Sareth révèle davantage son courage, son esprit de bravade, et sa volonté — quand bien même vengeresse en mode "plus rien à perdre" — de bouleverser l’immuable ordre établi.

Conclusion

Foundation 02x06 Why The Gods Made Wine, c’est d’abord l’expérience infernale d’une autre Talos IV... mais bien plus dangereuse avec un simulacre mortel.
Puis c’est le choc provoqué par les chefs d’œuvre La rivière du hibou (An Occurrence At Owl Creek Bridge) de Robert Enrico (1961) et Jacob’s Ladder (L’échelle de Jacob) d’Adrian Lyne (1990)... mais s’abattant sur l’un des personnages récurrents — si ce n’est le personnage central et cardinal — de la série, qui plus est dans sa version la plus humaine (physiquement et mentalement) !
Il y avait tellement de promesses dans Foundation 02x05 The Sighted And The Seen, tant par l’alchimie naissante entre les protagonistes du Beggar que par l’espoir de corriger ce siècle perdu pour le Plan Seldon. Mais elles auront toutes été ruinées en moins de temps qu’il ne fallait pour s’en rendre pleinement compte. C’est le retour en force du réalisme, dans ce qu’il peut avoir de plus dérangeant.

L’épisode relate avec un sens de l’économie — et donc une efficacité — stupéfiant(e) la vie tragique du fondateur de la psychohistoire depuis son enfance sur Helicon. Une vie qui s’achèvera sur Ignis de façon si imprévue et avec une telle brutalité que les spectateurs seront littéralement cueillis !
Hari voulait changer le monde. Mais il aura été kidnappé, torturé, puis mis à mort dès sa seconde escale par pur racisme. Non pas un racisme contemporain (basé sur l’apparence physique), mais le racisme d’un futur lointain (basé sur le pouvoir de l’esprit). Un racisme institutionnel et systémique d’une communauté confite en dévotion et pleine de charité pour l’identité (ses semblables mentalistes)... mais foncièrement haineuse et criminelle envers l’altérité (les humains)... en riposte et en représailles (amalgamantes) à des siècles de cruauté de l’Empire galactique.
Pour mémoire, le racisme sous toutes ses formes (y compris des formes qui n’existent pas dans notre monde contemporain) était activement (mais subtilement) dénoncé par le grand Isaac au travers de toute son œuvre littéraire. Il n’avait pas attendu pour cela le wokisme à la mode. Et ce fut d’ailleurs l’un des points de convergence qui valut à Asimov d’apporter son soutien constant à Star Trek et son amitié à Gene Roddenberry.

Seldon n’aura donc jamais cessé d’être la victime, directe ou indirecte, de l’empire. La psychohistoire qu’il a développée — aidé de feue sa merveilleuse compagne Yanna pour le très quantique Prime Radiant — n’avait d’autre but universaliste que de sortir l’humanité galactique (et pas seulement les humains stricto sensu) d’un cycle d’actions-réactions déconstructives sans fin.
Mais cela impliquait une planification sur le temps long, bien au-delà de la longévité humaine, postulant de se détacher des individus spécifiques (et des émotions de l’instant) pour ne considérer que la loi des grands ensembles, les lignes de force, les flux et la big picture (à la façon des historiens mais aussi des scientifiques, les deux disciplines étant ici réunies).
Mais rien ne se sera passé comme prévu, tant l’imprévu et la déviation sont les corollaires même du Plan. Hari a agonisé seul, face à un univers aussi indifférent que ses deux jeunes "disciples", qui ont fait l’effet ici d’être en carton... ou en pâte à modeler (Gaal surtout).
Cependant, la mort infamante de Seldon (e-Seldon #2) — définitive ou pas — provoque le même choc sur les spectateurs que celle du "vertueux" Eddard ’Ned’ Stark dès la première saison de Game Of Thrones (dans GoT 01x09 Baelor). Ce n’est certes pas la première fois que des œuvres audacieuses font mourir un personnage principal dès le début de leur "run" (Psycho d’Alfred Hitchcock dès 1960, The Walking Dead, Game Of Thrones...). Mais c’est bien loin d’être la norme, donc cela reste encore transgressif et anti-mainstream.
Mais dans un univers empreint d’un sens aigu des causalités, ce malheur aura certainement des conséquences aussi lourdes que durables... Et si ça se trouve, la cause seldonienne pourra se frayer un chemin inattendu, et se voir même renforcée, conformément aux mécanismes psychosociologiques que Seldon a lui-même énoncés quelques heures avant de trépasser. Toute les formes de douleurs (individuelles et collectives) sédimentent les paradoxes historiques et forment l’épine dorsale des mutations coperniciennes.

Néanmoins, pour l’heure, il ne reste strictement rien de la prétention et de "l’infaillibilité" du deus ex machina seldonien, impuissant, humilié, martyrisé, assassiné.
Il ne reste rien non plus de la "perfection" des Mary-Sue de la première saison, en particulier Gaal, frappée d’indignité pour corruptibilité et intéressement personnel, pour s’être fait instantanément "retourner" contre son idéal originel (la psychohistoire et Seldon) par la première mentaliste rencontrée.
La Seconde Fondation potentielle est aussi nauséabonde que l’empire lui-même, selon une loi naturelle tristement véridique (les victimes de la violence injuste la perpétuent à leur tour...).

Mais attention aux jugements absolutistes, univoques et définitifs. Parce que malgré sa criminalité et ses manipulations, Tellem Bond reste une bienfaitrice pour les siens. Si toutes les vies se valent, elle en a sauvé d’innombrables, peut-être même davantage que Seldon, Gaal et Salvor à ce stade du récit... Donc aussi abjecte que soit la fin de l’épisode, Foundation ne laisse aucune prise au manichéisme ordinaire. Ce n’est pas tout blanc tout noir, même face au racisme haineux, même face aux meurtres gratuits, tant la réalité est en nuances de gris, mais aussi en étiologie et non en sémiologie.

Cette palinodie redoutable est plus que jamais de l’Isaac Asimov en esprit, alors que la factualité de la série s’éloigne pourtant plus que jamais du cycle littéraire ! Un fascinant paradoxe... mais qui révèle mieux que jamais le parti pris de cette adaptation audiovisuelle impossible.
Et que nous sommes désormais loin de la masse presque critique d’absurdités — généralement concentrées autour de la Jackass Phara — de trop d’épisodes de la première saison...
Mieux, Foundation 02x06 Why The Gods Made Wine vient brillamment solutionner plusieurs incohérences antérieures dans la série : non seulement l’excès d’informations actualisées dont disposait le Prime Radiant rapporté par Salvor en début de seconde saison, mais également le comportement irrationnel de Raych Foss au début de la première. Bravo !

Presque à chaque opus, le cœur SF se voit gratifié par l’exploration d’un "nouveau monde étrange". En l’occurrence ici la planète Helicon (enfin !), ayant la particularité de partager son atmosphère avec une lune de basse orbite. L’expérience est envoûtante, entre les conjonctions qui provoquent des états d’apesanteurs ponctuels et localisés (flotter au clair de lune !) et les cycles du vivant qui se partagent entre ces deux astres en symbiose : le troupeau de "moonshrikes" ou ptérosélènes prenant son envol sur Helicon pour migrer saisonnièrement vers la lune, c’est juste "wow" !
Un écosystème subjuguant comme s’il sortait d’une vision poétique de pure fantasy, et pourtant porté par une rigueur de pure Hard-SF ! Pareille équation est si singulière... et pourtant tellement asimovienne (cf. Foundation’s Edge), y compris par-delà le cycle de Fondation (cf. Nightfall, The Gods Themselves...).

En évitant le piège du "tout explicatif", Foundation 02x06 Why The Gods Made Wine s’en remet à la puissance de l’évocation et à l’éloquence de l’image, il relate en seulement une heure (il en aurait fallu le double chez bien des concurrents !) — et sans jamais donner l’impression de se précipiter — une histoire déstabilisante et anticonformiste d’une densité record, s’étageant sur une multitude de lieux et d’époques, et à laquelle la verbalisation d’une critique ne peut rendre pleinement justice.
Magicienne de l’intelligence et du verbe, la signature Jane Espenson n’est pas usurpée, elle semble faire ici la synthèse polymorphe de ses multiples collaborations édificatrices (Ronald D Moore, Joss Whedon, Russell T. Davies...).
L’exercice est une pure master class... comme savait si bien l’être The Expanse quasiment à chaque épisode.

NOTE ÉPISODE

NOTE ADAPTATION

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