Star Trek Discovery : Review 2.14 Such Sweet Sorrow Part 2
Seconde partie du final de cette seconde saison de Discovery, l’épisode a clairement un double objectif. Il doit bien entendu clôturer la thématique de l’Ange Rouge, mais, c’était annoncé avec tambours et trompettes par la production et le cast, corriger aussi le tir sur les multiples accrocs à la continuité et l’histoire de la franchise Trek.
Sur l’épisode en lui même, il résume très bien, selon moi, en plus d’une heure (le plus long à ce jour) toutes les qualités et les défauts de la série. Si sa première partie était plutôt calme, se concentrant sur de multiples adieux, cette semaine, on assiste à une action frénétique. Je ne suis pas nostalgique des batailles classiques des séries Trek où les vaisseaux glissent lentement en lançant leurs lasers et torpilles à photons. Mais sur cette bataille finale Discovery et Entreprise contre les vaisseaux de Leland/Contrôle, cela devient très souvent totalement illisible.
Entre la camera qui bouge dans tous les sens, les multiples navettes, drones, mini vaisseaux du contrôle et les explosions incessantes, je vous met au défi en faisant un arrêt sur image de définir qui est qui à l’écran. Cela m’a rappelé le premier épisode de cette seconde saison où Burham et ses amis s’élançaient dans un champ d’astéroïdes pour sauver l’équipage de l’USS Hiawatha. Si cette opération de sauvetage m’avait visuellement énervé, ce n’est pas le cas cette semaine. Illisible peut être, mais j’ai trouvé ce combat désespéré très beau comme le bouquet final d’un feu d’artifice du 14 juillet à la Tour Eiffel.
La réussite de cet épisode passe aussi par son coté émotionnel. Si la semaine dernière, l’avalanche d’adieux était d’une lourdeur scénaristique, cette semaine le tout fonctionne vraiment bien et c’est particulièrement incontestable pour la séparation de Burhnam et Spock. C’est un peu moins vrai pour les derniers instants de l’Amiral Cornwell, pas tant sur l’interprétation en retenue de Jayne Brook et Anson Mount, mais surtout sur la débilité de la situation. Je veux bien qu’on m’explique que, devant Pike, les champs de force étaient diamétralement plus forts que sur le reste du vaisseau, mais une torpille qui élimine un quart de la nacelle aurait du avoir quelques conséquences sur l’intégrité physique de notre bien aimé Capitaine...
Dans les points très positifs, je retiendrais également les multiples sauts de Burnham pour créer les signaux. Cette séquence combine magnificence visuelle et émotion extrême et se termine en apothéose par l’ascension de l’ange Michael avec le Discovery vers leur nouveau futur. Si je pense que Gene Roddenberry, le créateur athée de Star Trek, a du être pris de convulsions dans sa tombe, je dois avouer avoir trouvé cette scène finale de bataille vraiment extraordinaire.
Sur les toutes dernières minutes de l’épisode qui doivent corriger deux saisons de divergences de Discovery par rapport aux autres séries, je pense que les scénaristes sont allés au bout de ce qu’ils pouvaient faire avec des postulats intelligents même si je pense que cela ne suffit pas. Spock déclare vouloir ne plus jamais parler de Michael, dont acte, c’est normal de ne plus entendre parler d’elle dans TOS ou les films. Il suggère à Starfleet de cacher l’existence du Discovery et sa technologie de transport sporique. Bref une sorte de super secret défense respecté ad vitam... Je ne suis pas très convaincu sur le respect strict de cette solution. Et puis Mediapart n’existe-t-il plus au vingt-troisième siècle ? Tyler est nommé directeur de la nouvelle section 31 avec pour objectif de reformer l’organisation, et donc accessoirement en faire ce qu’on a vu dans DS9. Reste deux cas épineux : d’abord sur les apports technologiques hors moteur sporique qui restent bien actifs même si Pike ne veut plus les utiliser sur l’Enterprise. Et surtout le cas des Klingons dont l’Histoire a été totalement altérée par la série.
Si on réfléchi à son futur et ce que je souhaiterais pour elle. Je me félicite d’abord de voir l’ex-impératrice partir pour le futur, ce sera l’occasion d’avoir une future série Section 31 qui ne viendra pas altérer encore plus le passé de la franchise. J’espère que cette troisième saison sera moins axé sur une ligne scénaristique unique mais permettra, au moins sur quelques épisodes, de revenir aux fondamentaux d’exploration de Star Trek et de plus développer les rapports entre le cast principal et les autres interprètes récurrents. Et le tout en gardant ses spécificités propres. Bref prouver que spectaculaire et émotions peut définitivement s’associer avec l’intelligence, l’ADN de cet univers.
Pour autant, je ne sais pas si la série Picard et cette troisième saison qui sonne comme un nouveau départ permettront de réconcilier les irréconciliables fans qui s’affrontent semaine après semaine dans les commentaires de ces critiques. Réponse dans quelques mois...
FM
À l’instar du final de la première saison de DIS, et dans le prolongement de DIS 02x13 Such Sweet Sorrow, ce long final (s’étalant sur 1 heure et 5 minutes) de la seconde saison prodigue la plus opulente des escroqueries intellectuelles. Cette conclusion satisfera le spectateur dès lors que celui-ci se cantonnera à une lecture strictement spectaculaire et visuelle et/ou émotionnelle et soapy des événements. Mais une analyse rigoureuse du fond et des mécanismes narratifs de DIS 02x14 Such Sweet Sorrow : Part 2 en révèlera tant les triches & les sophismes (volontaires) que les inconséquences & paralogismes (involontaires).
À l’aimable attention de ceux qu’une analyse détaillée du script (entièrement retraduit) pourrait légitimement dissuader (par exemple pour s’épargner d’endurer une seconde fois une expérience de visionnage vécue comme désagréable), voici une porte de sortie pour se téléporter directement au bilan.
[Passerelles croisée de l’USS Discovery et de l’USS Enterprise, introduites chacune par un traveling éclair façon teaser de Star Trek 2009]
Saru : « Postes de combat, rapport ? »
Joann Owosekun : « Boucliers au maximum. »
Number One : « Armement prêt à faire feu. »
Christopher Pike [en annonce collective et tandis que des centaines de navettes sortent des deux vaisseaux et inondent l’espace] : « Appel à tous les navires. Ici le capitaine Pike. On a une mission. Faire entrer Burnham et le Discovery dans le trou de ver. La Section 31... nous barre le passage. Quand Burnham sera lancée, l’escadron deux copiera sa trajectoire pour la couvrir et défendre son périmètre. Les escadrons trois et quatre seront la première ligne de défense contre l’armada de la Section 31. Vous attaquerez pour attirer le feu ennemi et gagner du temps. L’Enterprise fera lui aussi diversion le plus longtemps possible. Dès que Burnham sera repérée, il faudra la protéger. Navettes et modules, en formation d’attaque Gamma Six. Escadrons un et trois, coordonnez vos positions pour perturber et cibler les vaisseaux ennemis. Nous sommes Starfleet. Que ce travail soit accompli. »
Christopher Pike [à la passerelle] : « M. Saru, où en est la combinaison ? »
Saru : « La synthétisation et l’assemblage sont en cours. »
Même si cela n’a pas été confirmé explicitement, il ne reste rien du faux suspens de la fin de DIS 02x13 Such Sweet Sorrow : Saru est bien de facto le nouveau capitaine de l’USS Discovery en partance pour le futur. Et Michael Burnham son guide.
[Dans la salle des machines de l’USS Discovery, tandis que les composants de la combinaison sont synthétisés à un rythme industriel et que le personnel est en pleine effervescence.]
Michael Burnham : « N’ajustez pas le composite. Je le ferai manuellement. »
Spock : « Pas de micro-variances. »
Nilsson : « Il faut une clé chirurgicale, pas un coupleur mécanique. »
Paul Stamets : « Stop. Regardez-moi dans les yeux. Il faut purger les injecteurs de silicone après chaque moulage. Regardez ce que je fais. »
Nhan : « La baïonnette de ce capteur d’oxygène est ouverte. Vous voulez la tuer ? »
Lt Nicola : « Merde. »
Burnham : « Laissez. Je m’en occupe. »
Nicola : « Pardon, commandeur. »
[La combinaison est matérialisée sous un flot de rayons lumineux générateurs.]
[Passerelle de l’USS Enterprise]
Pike [à Saru via les com] : « Efficacité maximale, commandeur. Que ce ne soit pas trop long. »
Saru : « Oui. »
Number One : « Quel périmètre sera nécessaire pour accéder au trou de ver ? »
Keyla Detmer [sur l’USS Enterprise] : « Burnham doit rester aux abords de la bataille, à 0,0004 seconde d’arc. »
Number One : « Traduction ? Je ne comprends pas un mot. »
[Début d’un jeu de split double puis triple d’écran]
Keyla Detmer : « Le passage doit être suffisamment étroit pour ne pas happer vers le futur un seul des vaisseaux de la Section, tout en laissant passer notre équipe sans qu’elle soit détruire par l’horizon des événements. »
Saru : « Spock guidera Burnham par radio. »
[Salle des machines de l’USS Discovery]
Burnham : « Reno, où en est le cristal ? »
Jett Reno : « Totalement chargé dans quatre minutes et 18 secondes. »
Burnham : « On peut faire plus vite ? »
Reno : « En bafouant les lois de la physique ? Non. »
[Passerelle de l’USS Discovery]
Gen Rhys : « Commandeur. On a scanné l’armada de la Section 31. Leland est le seul signe de vie. Les autres vaisseaux sont vides. »
Mirror-Georgiou : « Des drones. Saleté. »
Saru : « Bryce, a-t-on pu contacter Starfleet ? »
Bryce : « Les relais sont toujours indisponibles. Je cherche une solution. Mais rien ne passe. »
Saru : « Nous sommes seuls. »
C’est cela oui, Bryce, cherche bien une façon de lancer un "Mayday" à Starfleet... Surtout lorsque le prétendu blocage des relais subspatiaux par Contrôle n’empêche en rien d’appeler à la rescousse l’USS Enterprise... ni d’établir des communications de confort (i.e. 100% soapy) à large bande passante (i.e. holographiques) avec Vulcain... comme l’a exhibé sans complexe DIS 02x13 Such Sweet Sorrow.
Il est temps de se trouver quelques alibis factices de crédibilité en plaçant dans les dialogues quelques citations qui font bien, peu importe que ces dernières soient totalement HS ou qu’elles restent foncièrement incomprises.
Sylvia Tilly : « Un conseil avisé ? »
Saru [prenant son inspiration] : « Sois très subtil, jusqu’à l’invisible. Sois mystérieux, jusqu’à l’inaudible… »
Mirror-Georgiou : « … Ainsi tu seras maître du sort de ton adversaire. Étonnant. Un Kelpien qui a étudié Sun Tzu ? »
Saru : « Je suis surpris qu’une Terranne puisse être surprise par quoi que ce soit. »
Bryce : « Un appel entrant. C’est Leland. »
Saru [après un long silence] : « Vous verrez un visage humain. Mais lui ne l’est pas. Est-ce clair ? »
L’équipage de la passerelle collectivement : « Oui. »
Saru : « Connexion. »
[Contrôle-Leland apparaît sur l’écran panoramique]
Mirror-Georgiou : « Leland, nous parlions de vous. Tout le monde vous hait. Félicitations. »
Contrôle-Leland (sur la passerelle du vaisseau de la Section 31) : « Vous connaissez mon but. Donnez-moi ce que je veux, ou mourez. »
Saru : « Par l’autorité conférée par les lois de la Fédération et de Starfleet, je vous ordonne de vous rendre. Sans négociation ni arrangement. »
Contrôle-Leland : « Dernière sommation. Envoyez-moi les données ou vous serez détruits. »
Mirror-Georgiou : « Selon mon décompte, nous avons plus de 200 vaisseaux. Vous, 30 tout au plus. »
Contrôle-Leland : « Recomptez. »
Et c’est alors qu’une multitude de drones ou de pods se détachent de l’un des vaisseaux de la Section 31, puis de plusieurs ! Devant cette nuée inattendue (rivalisant avec celle de Balthazar M. Edison dans ST Beyond) - gros roulement de tambours - les personnages sont saisis au vif, ils se regardent les uns les autres, la tension est à son comble...
Générique.
Spectaculaire. Mais surtout choquant.
En faisant basculer ainsi sans crier gare le concept maritime trekkien dans un concept aéronautique, la possibilité de convertir – presque à la façon des Transformers des mêmes auteurs – un seul vaisseau d’exploration en une armada polymorphe et à la puissance de feu décuplée (Mirror-Burnham va même jusqu’à comparer le potentiel martial des navettes des USS Enterprise/Discovery aux vaisseaux de la Section 31 eux-mêmes !), en somme à la façon de la flotte de défense coloniale de BSG 2003, voilà qui ruine conceptuellement quarante ans de Star Trek… et pour le coup même cinquante ans en y incluant KTL ! Car si cette possibilité est techniquement possible pour contrer des assaillants plus puissants (en force ou en nombre), alors que jamais elle n’avait été mise en scène en pareille situation de péril, ce sont rétrospectivement tous les capitaines de TOS-TNG-DS9-VOY voire de Kelvin que DIS frappe d’incompétence pour le seul orgasme industriel d’une scène de combat spectaculaire ! Et comme par hasard ce baiser de la mort provient de l’épisode supposé raccorder la série à la chronologie historique et en expliquer tous les trous et tous les viols (selon les annonces tonitruantes d’Alex Kurtzman).
Un cas d’école, lorsque la proposition prequelle est inversée : au lieu de servir et grandir son univers d’appartenance, ce dernier est enfoncé et discrédité pour la propre autopromo du faux prequel. Il est ressort une relation d’exclusion mutuelle : soit c’est DIS qui fait autorité, soit c’est Star Trek.
[Scènes spatiales percées d’échanges radio, puis croisement des passerelles USS Discovery/USS Enterprise.]
Gen Rhys : « De multiples torpilles nous visent. »
Saru : « Manoeuvre d’évitement Delta Cinq. »
Keyla Detmer : « Reçu. »
Pike : « Boucliers avant au maximum. Feu. »
Et c’est alors l’enfer qui se déchaîne. La quantité de tirs de toute part est telle que l’interface de collision forme un dôme, un dioptre lumineux, un horizon des événements sphérique séparant les deux vaisseaux principaux et leur flotte de "chasseurs"… de l’armada des 30 vaisseaux de la Section 31 et leur myriade de drones.
Mais tandis que l’USS Enterprise de la Kelvin timeline s’était fait laminer en quelques secondes par l’essaim de drones lancés par Krall dans ST Beyond, l’USS Enterprise de la Discovery timeline résiste sans faillir, signe d’une flagrante suprématie technologique sur tout ce que avait été montré auparavant sous le label Star Trek.
C’est une telle débauche, une telle saturation de navettes, de pods, de drones, de décharges énergétiques, de tirs de projectiles… que la scène y perd toute lisibilité. L’amas devient amorphe, l’iridescence opaque, la commination abstraite. Au point qu’il est difficile d’imaginer qu’en condition réelle, avec des systèmes de commande manuels, le facteur humain puisse encore avoir une quelconque utilité. C’est là une configuration qui se heurte à sa propre aporie tant elle rend obsolète le pilotage de tout aéronef d’interception. Seule une réponse de type Ender’s Game d’Orson Scott Card y ferait encore sens...
[Sur les deux passerelles, particulièrement secouée.]
Pike [sur l’USS Enterprise] : « Rapport d’avarie. »
Officier : « Brèches section deux, ponts neuf et dix. Sept morts. »
Mann : « Boucliers à 86 %. »
Owosekun [sur l’USS Discovery] : « Boucliers à 82 %. »
Bryce : « Brèche au pont 12. Cloisonnement d’urgence activé. »
[Salle des machines de l’USS Discovery.]
Nhan : « J’ai un panneau de jambe. »
Spock : « Plaque dorsale terminée. »
Burnham : « Il faut ajuster les pièces 1.0, 2.3 et 4.2. »
Stamets : « Je m’en charge. »
Burnham [à travers les com] : « Reno, il nous faut le cristal. »
Reno : « Encore une minute, il est à 98 %. »
[Passerelle de l’USS Enterprise.]
Pike : « À tous les escadrons, visez les drones immédiatement. »
Me Hani Ika Hali Ka Po [surgissant dans une navette et hélant l’USS Enterprise] : « Capitaine Pike, ici Po. »
Pike : « Localisez-la. »
Number One : « Elle vole juste en dessous d’eux. »
Pike [à Number One] : « Passez-la-moi, s’il vous plait. »
Pike [via les com à Po] : « Altesse, qui vous a permis de prendre un vaisseau de la Fédération ? »
Po [à travers les com et sur l’écran panoramique] : « J’invoque l’immunité diplomatique pour avoir volé une navette. »
Pike : « Sauf votre respect, fichez le camp. »
Po : « Capitaine, votre escadron sera annihilé. »
Pike : « Quoi ? »
Po : « Je trouvais les drones étranges. Leurs boucliers ont un réseau réfracté. Ils ne seront pas vaincus en combat individuel. Il faut attaquer deux par deux, à tribord et à bâbord en même temps. »
Pike : « Vous êtes sûre ? »
Po : « Je parierais ma vie. »
Pike [annonce générale] : « Avis aux escadrons. Formation Double Alpha, attaquez les cibles en binômes. Suivez la reine. »
Et alors, la navette de la teen queen guide victorieusement l’escadron de Starfleet dans sa charge contre l’ennemi. Prolongeant le tropisme de la science infuse jeuniste des enfants rois de DIS 02x13 Such Sweet Sorrow (de quoi envoyer enfin Wesley Crusher à l’hospice), la punkette californienne Me Hani Ika Hali Ka Po délivre une leçon d’expérience, de stratégie, et d’ardeur au combat à tous ces officiers croulants de Starfleet. Il était temps.
[Passerelle de l’USS Discovery.]
Saru : « M. Rhys, phaseurs sur visée automatique. Puissance maximale. »
Rhys : « À vos ordres. »
Saru : « Owo, activez les générateurs d’urgence. »
Owosekun : « Boucliers à 70 %. »
Mirror-Georgiou : « Leland ne nous détruira pas tout de suite. Il volera les données et réduira le Discovery en pièces détachées. »
Saru : « Avez-vous quelque chose d’utile à dire ? »
Mirror-Georgiou : « Invitez-le à bord. »
Saru : « Quoi que vous ayez à l’esprit, ce n’est pas une mission à double objectif. La première priorité est de mettre le Discovery et Burnham à l’abri. »
Mirror-Georgiou : « Vous, peut-être. Mais vous me connaissez assez pour savoir que je ne laisse rien au hasard, surtout pas mes vengeances. »
Reno [débarquant sur la passerelle] : « C’est bon. Le cristal est entièrement chargé. »
Saru : « Enseigne Tilly, accompagnez-la. Assurez-vous qu’il parvienne intègre à Burnham. »
Reno [à Tilly] : « Il veut dire au cas où l’une de nous claque en route. »
Saru [à Reno et Tilly] : « Dépêchez-vous. »
Reno : « J’y vais, lâchez-moi la grappe… Capitaine. Lâchez-moi, capitaine. »
Les combats font de plus en plus rage, et les vaisseaux de la Section 31 se déploient désormais autour de l’USS Discovery en le ciblant prioritairement…
Ce terrain d’affrontement spatial convoque les idiosyncrasies des jeux RTS de type Tower Defense, les vaisseaux principaux se comportant en tourelles (presque) immobiles et déchargeant de façon bourrine par leurs tirs de phasers continus tout leur potentiel énergétique. S’il subsiste dans ce rapport de force primaire une once de stratégie, celle-ci est exclusivement portée par les unités mobiles, c’est-à-dire par les escadrons de chasseurs (en navettes et en pods). Le hic, c’est qu’à part de les évoquer dans les dialogues et de figurer un incessant (et illisible) mouvement brownien, l’épisode ne s’intéresse en aucune manière au dogfight en lui-même, à ses techniques, ses stratégies, et ses risques réels. Loin de Battlestar Galactica 2003 qui avait su dépeindre et humaniser la condition des pilotes pour qui chaque sortie au feu était une expérience viscérale de vie et de mort, Discovery cherche juste à en mettre plein la vue. Dès lors, l’abstractisation et la déshumanisation sont totales, tout comme la vacuité stratégique, à tel point que les navettes-chasseurs des USS Discovery et Enterprise pourraient sembler automatisées et se confondre avec les drones du camp adverse de Contrôle. Un message anti-trekkien éloquent.
En somme le pire des deux mondes en somme : DIS 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2 trahit les fondements opérationnels de Star Trek mais sans y gagner pour autant la richesse astronautique de BSG 2003 (ni même de Star Wars).
[Passerelle de l’USS Enterprise.]
Number One : « Que font-ils ? »
[Perplexité générale devant la stratégie de Contrôle.]
Pike : « Ils veulent affaiblir les boucliers du Discovery. »
Pike [à Number One] : « Puissance maximale sur les déflecteurs tribord. Positionnez-nous entre les drones et le Discovery. »
Number One : « À vos ordres, capitaine. »
[Tandis que l’USS Enterprise tente de faire bouclier de son châssis, l’USS Discovery encaisse une quantité invraisemblable de tirs.]
Keyla Detmer [sur l’USS Discovery] : « Boucliers à 54 % et en chute libre. »
Pike [sur l’USS Enterprise] : « Lieutenant Mann. Visez le plus gros navire et son générateur de bouclier. »
Mann : « Oui, capitaine. »
Pike : « L’armada reçoit des messages de Leland depuis ce vaisseau. »
[Transport en urgence de la combinaison du Red Angel à travers les coursives de l’USS Discovery.]
Burnham : « Le hangar à navettes a été évacué ? »
Nilsson : « Oui, commander. »
Stamets : « La boîte d’encastrement est prête. Et la dernière pièce ? »
Spock : « Là. »
[Une charge explosive traverse l’énorme vide de cube Borg à travers lequel circulent les turbolifts de l’USS Discovery et explose à proximité du couloir où se trouve la combinaison du Red Angel.]
Spock : « Michael ? »
Burnham (groggy) : « Ça va. Et toi ? »
Nilsson [à Stamets] : « Ça va ? »
Stamets : « Oui. »
Burnham : « Est-ce que tout le monde va bien ? Reno ? »
Reno : « Je suis un chat. Il me reste cinq vies. »
Tilly : « Ça va ? »
Stamets [ajoutant un ultime composant à la combinaison avant de s’écrouler, blessé] : « Tout roule. »
Burnham [horrifiée] : « Non ! Commandeur. »
Tilly : « Mon Dieu, c’est pas vrai ! Non, non ! »
Reno [tendant le cristal temporel à Burnham] : « Prenez ça. »
Reno [aux autres] : « Conduisez-le à l’infirmerie. Je nettoie ça, pour que personne d’autre ne soit empalé. »
Tilly [à Stamets porté à l’infirmerie] : « Ça va aller. »
Spock [haussant progressivement la voix en s’adressant à Burnham hébétée] : « Michael. Michael. »
Burnham [se reprenant soudain] : « Allons-y. »
Les combats continuent de plus belle...
L’épisode a beau commodément zapper le sort et même l’humanité de ces pilotes de navettes-chasseurs, se pose tout-même la question cardinale des ressources, des effectifs, et des compétences. Avec l’annonce explicite dans les dialogues de 200 astronefs engagés, étant donné qu’ils proviennent tous de l’USS Discovery et de l’USS Enterprise (vu que les protagonistes n’ont sollicité aucun renfort de Starfleet malgré leurs échanges holographiques avec Sarek), cela signifie que le vaisseau de Pike accueille entre 100 et 200 navettes, soit bien davantage que celui rebooté de la Kelvin timeline ! Pour mémoire, dans TOS, les vaisseaux de Constitution Class (à laquelle est supposé appartenir l’USS Enterprise ne disposaient que de quatre navettes dans leur hangar.
En outre, si l’on se fie à TOS 00x01 The Cage supposé se dérouler trois ans avant, les effectifs de l’USS Enterprise se limitent à 203 personnes (un nombre qui sera porté à 430 dix ans après sous la capitainerie de Kirk dans TOS), tandis que l’USS Discovery accueille 136 membres d’équipage. Étant donné les personnels requis pour faire fonctionner les vaisseaux principaux (a fortiori en période d’attaque et de combat spatial), et l’absence totale on screen (aussi bien dans DIS que dans le reste du Trekverse d’officiers de Starfleet spécialisés dans la chasse, d’où sortent donc les 200 pilotes des escadrilles de navettes ? Les deux tiers des deux équipages sont-ils aux commandes des navettes ? Cela ne se remarque absolument pas à l’écran...
[Passerelle de l’USS Enterprise.]
Cornwell : « Boucliers ? »
Number One : « À 60 %. Discovery, à 38 %. À ce rythme, nous ne tiendrons plus longtemps. »
Pike : « Ce n’est pas encore fini. Continuons de privilégier l’attaque. Qu’ils viennent à nous. »
[Dans l’infirmerie de l’USS Discovery, prises d’assaut par d’innombrables blessés hurlant de douleur.]
Infirmière : « L’Infirmerie est surchargée. »
Dr. Tracy Pollar : « Blessés de classe quatre, ici. Classe 3, dans le couloir. »
Autre docteure : « Perte de stimulation corticale. »
Pollar [à Saru via les com] : « Quelqu’un vient nous aider ? »
Pollar : « Eh, j’ai besoin du lit. »
Saru [via les com] : « Désolé, Docteure. Tout le monde est occupé. Faites de votre mieux. »
Pollar [se répondant à elle-même] : « Non, c’est le moment d’en faire le moins possible. »
[Dans le hangar à navette vide de l’USS Discovery, devant la combinaison du Red Angel dressée.]
Spock [à Burnham] : « La combinaison est prête. Et toi ? »
Spock : « C’est ta mère et c’est toi. Aie foi en vos accomplissements. »
Burnham [qui fixe la combinaison droit dans les "yeux"] : « C’est le cas. »
Spock place solennellement le cristal temporel dans le logement dédié au dos de la combinaison. Puis, sous l’égide d’une musique épique, la combinaison s’ouvre, Burnham se place devant elle, et celle-ci se déploie automatiquement sur elle en quelques secondes à la façon d’un exosquelette sortis des derniers animes mécha nippons. Burnham est alors comme enivrée par son augmentation high tech et la rencontre avec son destin. La relation fusionnelle "avataresque" entre le pilote et sa combinaison lorgne plus que jamais vers Neon Genesis Evangelion...
Burnham [sous l’effet euphorisant de la combinaison] : « Bon sang. »
Spock : « Tu seras leur cible. Je prends une navette pour t’escorter jusqu’au périmètre. »
Burnham : « Quoi ? Tu devais me guider par radio. Tu ne me protégeras pas comme ça. »
Spock [autoritaire] : « Nous n’avons pas le temps de débattre. Ne discute pas. Je regagnerai le Discovery quand le trou de ver sera ouvert. »
Spock [devant Burnham à la fois incrédule et pleine de reproche] : « J’ai dit... »
Burnham : « J’ai entendu. Tu as intérêt. »
[Sous une musique mélodramatique, Spock initie alors un salut vulcain auquel répond symétriquement Burnham, renvoyant aux flashbacks de l’enfance des personnages, mais aussi à la fin de ST II The Wrath Of Khan (déjà pompée par la fin de ST Into Darkness).]
Spock [à Michael] : « Reste dans mon sillage. »
[Spock entre dans une navette tandis que Burnham se dirige vers l’espace illuminé par les combats.]
Spock [via les com avec la passerelle du Discovery] : « Discovery, ici Spock. Préparez-vous à abaisser le bouclier pendant 3,5 secondes à mon signal. »
Saru [à Spock] : « Compris, lieutenant. »
Saru [via les com à l’USS Enterprise] : « Capitaine Pike. On s’apprête à baisser nos boucliers. Une couverture de votre part serait très appréciée. »
Pike [sur l’USS Enterprise] : « Comptez sur nous, Saru. »
Pike : « Appel général. »
Officier : « Oui, capitaine. »
Pike [s’adressant à tous les vaisseaux] : « Burnham aura besoin de deux minutes et 47 secondes pour être à une distance de sécurité et ouvrir le trou de ver. Formez une escorte tactique autour d’elle. Protégez-la du feu ennemi. Formez un cocon autour d’elle jusqu’à ce qu’elle parvienne à destination. »
Po : « D’accord. Si elle n’arrive pas assez loin pour ouvrir le trou de ver, c’en est fini de nous tous. »
Saru : « Abaissement du bouclier dans cinq... quatre... trois... deux... Maintenant. »
Forte de sa combinaison de Red Angel, Burnham se dirige vers ce qui est devenu un espace probabilisé modélisé par le processus de Wiener, puis elle se lance vers la large ouverture du hangar à navette dans un copié-collé des scènes d’orbital skydiving dans ST 2009 et surtout de spacediving dans ST Into Darkness, mais aussi dans le pilote de DIS.
Le Star Trek kurtzmanien ne cesse ainsi de se singer lui-même autour d’un même refrain supposé être le summum du spectaculaire de la SF. Si ce n’est que la loi de la surenchère oblige à en foutre davantage "plein la vue" à chaque fois au risque de sacrifier toujours un peu plus de vraisemblance. Ainsi, sous une musique paroxystiquement grandiloquente, le héros en titre (Baby-Kirk à l’origine, Mary-Sue désormais) plonge dans un espace gouverné par la théorie du chaos, puis le traverse auréolée de son escorte personnelle de navettes, réalisant un impressionnant rase-motte au-dessus de l’USS Enterprise, et échappant aux milliers de tirs par seconde de Contrôle comme dans un jeu vidéo Shoot ’Em Up chorégraphié.
Même si cela avait été moins spectaculaire, n’aurait-il pas été plus fiable (et donc plus crédible) pour la survie de Burnham et la réussite de la mission de la téléporter elle et sa combinaison directement hors du périmètre de champ de bataille ? La baisse des boucliers n’aurait pas été davantage handicapante, et cela aurait en outre évité à Spock de quitter l’USS Discovery pour ne jamais plus y revenir...
À force de tout miser sur le visuel, 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2 en oublie également un ressort stratégique essentiel : les boucliers occulteurs dont disposent les vaisseaux de la Section 31 (même si la disponibilité de cette technologie contredit à la fois la chronologie de TOS et la première saison de DIS) !
Comment se fait-il alors que Contrôle n’en fasse pas usage pour prendre l’avantage sur ses adversaires ? Si sa nuée de drones s’était rendue invisible, le rapport de force aurait été bien plus déséquilibré encore !
Et en retour, puisque les héros ont désormais accès aux données de la Section 31 (grâce auxquelles ils construisent la combinaison du Red Angel), pourquoi ne tentent-ils pas de s’équiper eux-mêmes de boucliers occulteurs ?
En outre, le bouclier occulteur personnel dont dispose Me Hani Ika Hali Ka Po dans Short Treks 01 Runaway (et qui n’est pas forcément de la même nature que ceux de la Section 31) aurait peut-être pu constituer un allié précieux.
Mais là encore, nul n’y a fait référence tant Discovery est inconséquente envers elle-même.
Ordinateur de bord de la navette empruntée par Spock : « Densité de débris stellaires supérieure à la densité nominale de 72 %. »
Ordinateur de bord audible depuis la combinaison de Michael : « Recherche de coordonnées locales nominales. »
[Soufflée par une explosion à proximité, Michael perd un instant la maîtrise de sa combinaison.]
Spock : « Michael. »
Burnham : « Ça va. J’y arriverai. »
Pike [sur la passerelle de l’USS Enterprise] : « Aux groupes de combat, formez un mur face à l’armada. Maintenez la protection. Le Discovery et l’Enterprise passent devant. Personne ne passe tant que Burnham progresse. »
Owosekun [sur la passerelle de l’USS Discovery] : « Commandant, quelque chose s’est téléporté à bord quand nos boucliers étaient désactivés. »
Contrôle-Leland débarque alors sur la passerelle de l’USS Discovery, et tel un Terminator T-1000 invulnérables aux tirs, il descend les officiers les uns après les autres… exactement comme dans le flashforward de Burnham au début de DIS 02x13 Such Sweet Sorrow lorsqu’elle avait touché pour la première fois le cristal temporel.
Cette scène est triplement invraisemblable.
Non seulement, elle l’était déjà à la base dans l’épisode précédent : pourquoi le personnel de la passerelle ne téléporte-t-il pas Contrôle-Leland directement dans l’espace ? À défaut, pourquoi nul n’exploite le talon d’Achille (de la vulnérabilité à la magnétisation) découvert par Spock pour arracher les nanites du corps de Leland ? Enfin, pourquoi Saru ne met pas à profit ses aptitudes physiques très supérieures (et désormais dépourvues de toute peur) pour contrer Contrôle-Leland, alors qu’avant même le vahar’ai qui est supposé l’avoir transformé en super-prédateur, il surclassait en force et en rapidité n’importe quel autre humanoïde connu (cf. Saru sur Pahvo dans DIS 01x08 Si Vis Pacem, Para Bellum) ?
Mais la répétition quasi-invariante de cette scène (Michael n’est cette fois plus sur la passerelle) n’en est alors que plus inexcusable puisque ayant eu connaissance de ce possible futur, Burnham avait tout le loisir de l’anticiper et le prévenir en faisant prendre à l’USS Discovery toutes les mesures susmentionnées pour "cueillir" d’emblée Contrôle-Leland dès sa téléportation à bord. Mais rien de tel : Mary-Sue ne semble avoir prévenu personne, de nombreux équipiers sont tués, et c’est toute la mission qui se retrouve sottement en péril... puisque désormais Contrôle est à bord du vaisseau détenant les archives de la Sphère et s’embarquant malgré tout pour le futur !
Finalement en amont, comment se fait-il que le déroulement de l’attaque de la passerelle par Contrôle-Leland soit si différent entre la précognition de Burnham et la réalité, alors que la seule divergence causale réside en l’absence de l’héroïne : lorsque celle-ci est à bord, le T-1000 massacre tout le monde... mais en son absence, il ne tue que quelques officiers puis quitte la passerelle ! Est-ce un autre effet (en creux cette fois) du Burnham-centrisme cosmique ?
Nhan (tirant sur Contrôle-Leland quittant la passerelle de l’USS Discovery en verrouillant la porte derrière lui) : « Il vient pour les données. Restez ici. »
Mirror-Georgiou : « Sûrement pas. »
Amin (sur la passerelle de l’USS Enterprise) : « Capitaine. Leland s’est téléporté à bord du Discovery. »
Cornwell : « Pour envoyer une équipe, on doit baisser nos boucliers. »
Pike : « Le Discovery aussi. »
Cornwell : « On ne peut pas faire ça, Chris. »
Pike : « Je sais. »
Mirror-Georgiou (à la poursuite de Contrôle-Leland et s’adressant à Nhan) : « Je vais contourner les codes d’accès. Vous, accédez au mécanisme de verrouillage. »
Saru (à Mirror-Georgiou) : « Quand entrerez-vous ? »
Mirror-Georgiou : « Dans cinq minutes. Moins si on nous laisse faire. »
Owosekun : « Commandeur. Boucliers à 38 %. »
Saru : « Tenez bon, lieutenant. »
Owosekun : « À vos ordres. »
Mirror-Georgiou (à Nhan) : « Quand on aura réussi notre effraction, venez faire hurler Leland avec moi. »
Nhan : « Miam miam. »
La passerelle super-high tech du Discovery ne possède-t-elle qu’une porte de sortie ? Ce n’est pourtant pas ce qui a été montré jusque-là. Et ne se trouve-t-il personne d’autre d’opérationnel pour contrer Contrôle-Leland depuis l’endroit où il se trouve ?
[Echappant enfin, quoique curieusement, à la zone de tir, la navette de Spock et la combinaison de Burnham se retrouvent seuls…]
Spock : « Nous somme à une distance de sécurité, Michael. »
Burnham : « Compris. »
Traversant plusieurs débris spatiaux, (résultant de la Battling Control), Michael et Spock décident de se poser sur l’un d’eux. Une initiative pour le moins curieuse lorsque l’on sait à quel assaut sont exposés les autres vaisseaux, un affrontement où chaque seconde compte, et sachant également que le plan (prévu pour ne durer que 2 minutes 47) était d’ouvrir le trou de ver aussitôt que la zone de sécurité sera atteinte.
Visiblement, Burnham se retrouve alors à devoir programmer seule son voyage temporel depuis une interface virtuelle et gestuelle 3D émanant de sa combinaison. On aurait pu imaginer qu’une opération aussi délicate, a fortiori pour un néophyte, aurait pu être programmée en amont et à plusieurs…
Burnham (à Spock et alors qu’elle pianote sur son interface virtuelle) : « Attends. »
Ordinateur de la combinaison Red Angel : « Nombre insuffisant de sommets calculés. Interface temporelle suspendue. »
Burnham (désespérée) : « Ça ne marche pas. La navigation reste bloquée sur le présent, au lieu d’accéder au futur. Pourquoi elle n’accède pas au futur ? »
[Dans la zone de combat, sortant d’une soute d’un vaisseau contrôlé par Contrôle, une torpille à photons est envoyée vers l’USS Enterprise dont elle transperce la soucoupe sans exploser… provoquant néanmoins de nombreux dégâts sur l’USS Enterprise et une série de dysfonctionnements.]
Number One [sur la passerelle de l’USS Enterprise] : « Capitaine. Une torpille non détonée a percé la coque. Si elle explose, ça réduira l’équivalent de quatre ponts en poussière. »
Burnham [détectant la situation de l’USS Enterprise depuis son abri et via le zoom intégré HUD de sa super-combinaison] : « Tout ce que j’ai vu... Ça commence comme ça. J’ai vu ce moment en touchant le cristal. »
Pike [sur l’USS Enterprise] : « Où se trouve la torpille ? Elle est active ? »
Amin : « Pont cinq, section deux. Elle est active. »
Pike : « Désactivez les boucliers cinq et deux. Lieutenant Mann. Déployez les sept DOT. »
Mann : « Compris, capitaine. »
Pike : « Qu’ils soient prêts à réparer. »
Sortent alors de plusieurs écoutilles de l’USS Enterprise une dizaine de petits robots volants au look de R2-D2 (quoique pourvus de bras articulés). Une technologie d’auto-réparation cybernétique jamais rencontrée auparavant dans le Trekverse historique, même plus d’un siècle dans le futur, et infligeant rétrospectivement de nombreuses incohérences aux séries précédentes par le non-recours à ces méthodes de réparation lorsque les vaisseaux se retrouvaient endommagés.
Et ainsi pour un petit effet starwarsien vaguement fun et une nouvelle vitrine technologique au seul bénéfice de DIS, c’est à tout le Star Trek originel que l’on nuit sans le moindre scrupule.
Pike : « Amin, peut-on isoler la zone où s’est logée la torpille ? »
Amin : « Une des deux portes est coincée. »
Cornwell : « Nicola, quelqu’un de libre aux Munitions ? »
Nicola : « - Ils sont occupés. »
Number One : « Je vais réparer la porte. »
Cornwell : « Donnez-moi un PADD. Numéro Un, je viens. On désarmera au même moment. »
Cornwell [à Nicola] : « Envoyez-moi les plans de la torpille pour savoir à quoi à affaire. »
Nicola : « À vos ordres. »
Le qualificatif PADD est un anachronisme (de plus). Car même si les tablettes informatiques existent dans TOS comme dans ENT (et depuis le début du 21ème siècle du monde réel), la dénomination "PADD" est inhérente aux tablettes de Starfleet du 24ème siècle.
Owosekun [sur la passerelle de l’USS Discovery] : « Les émetteurs de boucliers cinq et sept sont touchés. »
Detmer : « Si on entre dans le trou de ver sans boucliers, on est morts. »
Rhys : « Si on y arrive… Allez, Burnham. »
Burnham [depuis son débris/abris] : « Spock. L’interface refuse de programmer une date future. »
Spock : « Sans point de destination, impossible d’ouvrir le trou de ver. »
Spock : « Michael. »
Burnham : « Non. Rien. Je suis bloquée alors que j’ai créé les signaux ? On n’a vu que cinq signaux sur sept. Pourquoi aurais-je fait tout ça pour qu’on reste bloqués dans ce moment… et qu’on meure ici ? »
Mirror-Georgiou [sur l’USS Discovery] : « C’est presque ouvert. »
Rhys : « Escadrons quatre à neuf détruits. Nous subissons trop de pertes. »
Detmer : « Échec du système de survie sur les ponts sept à treize. »
Owosekun : « Boucliers à 11 % et en chute. 10 %. Nous sommes maintenant à Neuf. »
Saru : « Puissance maximale aux boucliers. Bascule à tribord, 90°. »
Les tirs intensifs au phaser continuent de plus belle simultanément depuis tous les vaisseaux de la Section 31. Il est invraisemblable que l’USS Discovery et l’USS Enterprise puissent survivre à une telle force de frappe émanant d’une trentaine de vaisseau à la puissance de feu similaire. Dans le Trekverse originel, quelques tirs de puissance équivalente réussissaient à épuiser les boucliers. En outre, DIS ne comprend pas davantage que Kelvin la fonction des boucliers : alors qu’ils ne sont pas épuisés, ils laissent perpétuellement traverser des rayons d’énergie et des projectiles qui endommagent les vaisseaux... alors que dans le Trekverse, les boucliers constituent un "tout ou rien" numérique : tant qu’ils conservent de la puissance, ils ne laissent rien passer ; mais dès lors qu’ils laissent passer, alors ils sont out.
Owosekun [sur l’USS Discovery] : « Énergie en approche. C’est énorme. »
Rhys : « Un vaisseau de guerre klingon. »
Et c’est alors qu’à la stupeur générale, sort de distorsion un gigantesque vaisseau noir, dix fois plus volumineux que tous les vaisseaux de Starfleet présents… au point de boucher l’horizon cosmique ! TOS (aussi bien par ses SFX originels que ceux remasterisés) ainsi que les films et les séries sises au 24ème siècle ont souvent mis en scène des vaisseaux de guerre et des croiseurs klingons. Mais jamais il n’y eut un tel écart de taille et de volume, c’est d’ailleurs une relative équivalence de puissance qui avait permis à l’UFP de ne pas être vulnérable face aux Klingons. Mais c’est plus directement sa première saison que DIS ne respecte pas ici en reproduisant à la hausse l’écart pompeux infligé à Starfleet par l’USS Vengeance de la Section 31 dans ST Into Darkness sans toutefois atteindre l’écart d’échelle du Narada du futur dans ST 2009.
Rhys [sur l’USS Discovery] : « Mais il y a aussi des signatures d’énergie non-klingonnes. »
Saru : « Ce sont des chasseurs Ba’ul. »
Bryce : « Ils nous appellent. »
Saru : « Connectez-nous. »
Bryce : « Oui, commandant. »
Siranna [la sœur de Saru, depuis un chasseur Ba’ul] : « Mon frère. »
Saru : « Siranna. »
Siranna : « J’ai eu ton message. Je ne te laisserai plus te battre seul. »
Saru : « Tu as appris à piloter un chasseur ? »
Siranna : « On était en route quand un membre de ton équipage nous a demandé d’unifier nos efforts. »
Saru : « Qui ? »
Nicola [sur l’USS Enterprise] : « Les Klingons nous contactent. »
Pike : « Sur l’écran. »
Tyler [sur la passerelle du vaisseau klingon] : « Pardon de ce retard. »
Pike [soulagé] : « Vous êtes pile à l’heure. Je vois que vous nous avez amenés de nouveaux amis ? »
L’Rell [sur le vaisseau klingon] : « Ce ne sont pas les termes que j’emploierais. Toutefois, l’Empire klingon se battra toujours pour préserver son avenir. »
Pike : « Ça me va. »
L’Rell : « Le D7 ne va pas tarder, capitaine. S’il vous plait, transmettez-nous les données tactiques sur les vaisseaux ennemis. »
Pike : « Tenez-vous prêt pour le transfert. »
L’Rell [en klingon] : « Tirez sur l’armada. Détruisez tout. »
K’Vort [en klingon] : « Oui, chancelier. »
L’Rell [en klingon] : « C’est un beau jour pour mourir ! »
Tyler et toute la passerelle du vaisseau klingon en chœur [en klingon] : « C’est un beau jour pour mourir ! »
À croire que désormais, cette devise imputée par James Welch aux Amérindiens sioux Lakotas Crazy Horse et Sitting Bull et popularisée depuis par Hollywood est devenue la devise officielle de l’Empire klingon.
Ainsi donc, c’est Tyler qui a rameuté les forces de l’Empire klingon sur les lieux de la bataille. Fort bien. Mais désormais, n’est-il pas d’abord un officier de la Section 31, et n’aurait-il pas dû solliciter en premier lieu le concours de Starfleet Command et de ses 7 000 vaisseaux ?
Mais, stupeur, que voit-on ?! Tyler s’affiche au grand jour devant tout les Klingons du vaisseau de la chancelière, alors qu’il était officiellement mort pour l’Empire ! À la fin de DIS 02x03 Point Of Light, sa tête coupée (en fait celle d’un clone fabriqué en deux minutes par la Section 31) avait été ostensiblement jetée par L’Rell devant son peuple pour réaffirmer son autorité (et son indépendance envers l’UFP) ! Une fois de plus, Discovery se contredit outrageusement elle-même à l’échelle d’une seule saison !
Sur la passerelle du vaisseau de guerre klingon, les guerriers - désormais pourvus de cheveux - ressemblent davantage à ceux du 24ème siècle. Mais cette soudaine pilosité crânienne ne saurait masquer le souvenir vivace d’un volume crânien de xénomorphe (leur valant d’être qualifiés de (pointy-heads Klingons) durant la première saison de la série. Soit une évolution de morphologie en moins d’un an que la série se garde bien d’expliquer, et qui ne les rapproche pas davantage de ce qu’ils sont supposés être à l’ère de TOS sous l’effet du Klingon Augment Virus de la quatrième saison d’ENT.
Saru [sur l’USS Discovery] : « Siranna, les drones veulent intercepter ta flotte. Promets-moi de faire attention. »
Siranna : « Je te promets de me battre en Kelpienne, Saru. Guerriers de Kaminar, calculez le verrouillage des cibles. »
Saru [en communication à toute la flotte et captée par Spock dans sa navette] : « Les Klingons et les Kelpiens se joignent à notre combat. Transmettez-leur les données sur l’armada. Que tous les commandants coordonnent leurs efforts avec nos nouveaux alliés. »
Spock [après réflexion] : « Michael, les vaisseaux Ba’ul sont arrivés ici pilotés par des Kelpiens grâce à ton signal qui nous a conduit sur Kaminar. »
Michael : « Pas maintenant, Spock. »
Spock : « Si, précisément, maintenant. Le but n’était pas que de libérer les Kelpiens, mais aussi de les préparer pour cet instant précis. Chaque signal menait à un élément utile à la victoire. »
Burnham [traversée par des brefs souvenirs] : « Reno, sur l’astéroïde. »
Spock [lui aussi traversé par des brefs souvenirs extraits des épisodes précédents de la seconde saison] : « Boreth, pour acquérir le cristal temporel. Xahea, pour l’unique personne capable de le charger. Et Terralysium, pour avoir un havre de l’autre côté du trou de ver. »
Burnham [très perplexe] : « J’ai vu notre échec. J’ai vu tout le monde mourir. »
Spock : « Le cristal t’a montré un futur possible. »
Burnham : « Pour que je l’évite. Nous avons assumé que j’étais venue du futur pour créer les signaux. Nous ignorions d’où. Mais je pars en fait d’ici, de cet instant. »
Spock : « C’est exact. Pour qu’on avance, tu dois revenir en arrière et provoquer les événements passés. Ce que tu n’as pas encore fait. »
Burnham : « Nous sommes dans une boucle ouverte depuis tout ce temps. Cette fois... j’ai tous les éléments pour la boucler. »
Spock : « Lorsque tu l’auras fait, Contrôle ne pourra pas évoluer. »
Burnham : « J’irai à l’astéroïde pour envoyer le premier signal, et ainsi de suite. »
Spock : « Et tu reviendras ici. »
Burnham : « Et tu crois que nous pourrons alors dans le futur que nous désirons ? »
Spock : « De ça, je ne peux pas être sûr. »
Burnham : « Donc tu me demandes de faire un acte de foi. »
Spock : « La foi seulement en la logique. »
[Convaincue, Burnham reprogramme l’interface virtuelle de sa combinaison pour aller vers le passé.]
Wow. Aucun d’eux n’a jamais accompli le moindre voyage temporel, leur connaissance sur la question se limite à avoir fait synthétiser par l’USS Discovery les schémas de la Section 31 et à convoquer la magie du cristal temporel.
Mais voilà que Spock raisonne en vieux "briscard du temps" avec une expérience plus longue que sa barbe !
Bon terminologiquement, c’est pas encore tout à fait ça, car les personnages parlent de sortir de la boucle temporelle... en la bouclant, c’est-à-dire en l’accomplissant.
En réalité, ce n’est pas une logique scientifique que Spock suit, mais une dialectique strictement propitiatoire dans un système de pensée déiste ou au minimum animiste : le Temps serait une entité bienveillante (un autre "ange gardien » ?) qui protégerait Michael et l’empêcherait d’aller dans la "mauvaise" direction… pour le bénéfice de sa propre existence et du salut des formes de vie de la galaxie. Quitte à contredire frontalement le témoignage cynique de l’archange Gabrielle dans DIS 02x11 Perpetual Infinity->56343]. Et bien entendu, personne n’envisage la simple possibilité que Michael se retrouve "emprisonnée" comme sa mère par la première destination vers laquelle sa combinaison la conduira...
Toute la seconde saison serait en somme un jeu de piste initiatique de fantasy organisé par Chronos himself, et en voici l’ultime épreuve soigneusement encadrée, et réclamant l’ultime acte de dévotion : le saut de la foi !
C’est d’une éloquence anti-trekkienne et anti-SF signée. La logique est devenue synonyme de foi, dixit le Vulcain le plus emblématique de la franchise.
[Sur l’USS Discovery, tandis que Contrôle-Leland tente de s’approprier les archives de la Sphère.]
Ordinateur de bord de l’USS Discovery : « Données de la Sphère introuvables. »
Mirror-Georgiou [échangeant des tirs de phaser avec Contrôle-Leland : « Je sais où elles sont. Leland. Vous avez bonne mine. »
Nhan : « Pour un tas de circuits fourrés dans un sac de viande. »
Mirror-Georgiou : « Une sorte de cyber saucisse. »
Contrôle-Leland : « Femmes. Silence. »
Mirror-Georgiou : « Vous vous souvenez ça ? »
Contrôle-Leland : « C’est un amplificateur de signal quantique. Je vous l’ai donné pour que vous envoyiez les données vers mon vaisseau. Je suppose que vous me le montrez pour... »
Mirror-Georgiou : « … expliquer pourquoi les données sont introuvables. »
Contrôle-Leland : « Où sont mes données ? »
Mirror-Georgiou : « Vos données ? »
Nhan : « Il y a tant de façons amusantes de répondre à cette question. »
[Finalement, Mirror-Georgiou et Nhan s’enfuient en esquivant les tirs de Contrôle-Leland]
Comme dans n’importe quel vieux Schwarzy-des-familles, les protagonistes sortent des vannes dans les moments les plus tragiques et tandis que le sort du monde est en jeu. D’aucuns souriront peut-être, mais l’alibi de l’amplificateur de signal quantique (fourni ironiquement par Contrôle-Leland) n’explique pas comment les héros auront réussi à déplacer (et cacher) les archives de la Sphère... alors que leur résistance (du fait de leur sensience) à tout effacement constitue l’obstacle majeur autour duquel se sont déployées toutes les stratégies depuis six épisodes. Or tout déplacement numérique implique par définition un effacement.
[Sur l’USS Enterprise, à proximité de l’endroit où la torpille à photons s’est logée dans la coque.]
Number One : « La torpille est là. L’entrée est sécurisée. »
Pike [depuis la passerelle] : « Numéro Un, rapport ? »
Number One : « On est sur place. La porte de sécurité est coincée. Le mécanisme est grillé. J’essaie de passer par les relais secondaires. »
Pike : « Amiral, et de votre côté ? »
Cornwell : « L’horreur. »
Pike : « Soyez plus précise, amirale. »
Cornwell : « La détonation secondaire est déclenchée. Je dirais que d’ici 15 minutes, la moitié du vaisseau sera perdue. »
[Dans l’infirmerie de l’USS Discovery]
Une docteure : « Et les blessés du pont 12 ? »
Tracy Pollard : « On va les évacuer. OK ? »
Docteure : « Oui. »
Tilly [arrivant à l’infirmerie et portant avec Nillson l’ingénieur Stamets blessé] : « Dr. Pollard. »
Pollard : « Bio-couchette. »
Tilly : « OK. »
Pollard : « Doucement. En douceur. »
Un tiers dans l’infirmerie : « Dr Pollard ! »
Pollard : « Vous. Le lit deux. »
Pollard : « J’ai besoin d’aide. »
Nillson [à Tilly] : « Je peux m’en occuper. Regagnez la passerelle. Tilly, allez-y. Allez. »
Pollard : « Nilsson, maintenant. »
Tilly [à Stamets avant de partir] : « Pardon, commandeur. »
Hugh Culber [qui apparaît soudain souriant, presque irréel, alors que Stamets en passe de s’évanouir] : « Paul. Salut. »
Stamets : « Hugh ? Mais... »
Culber : « Je sais que tu as très mal. »
Stamets : « Paul. »
Culber : « Tes blessures sont graves. Je te mets dans le coma. Ça ira. Écoute ma voix. Tu peux m’entendre. Je voulais faire de l’Enterprise ma demeure. Tu t’en sors bien. Mais j’ai pris conscience que tu es ma demeure. Donc je suis revenu. Tout... toujours... me ramène à toi. Pardon d’avoir mis autant de temps pour le voir. Tu vas dormir maintenant. Et laisse-moi prendre soin de toi. Je suis ta famille. Où que nous allions après ça, nous irons ensemble. »
Tout le monde est rassuré, le couple vedette de DIS est restauré.
Sauf que c’était un "suspens de Polichinelle" depuis l’origine car le Dr Hugh Culber n’a été ressuscité par la série dans DIS 02x05 Saints Of Imperfection->55984] que dans un but et un seul : celui de cette scène. Lorsque la consécration rime avec la prévisibilité, moyennant des lois naturelles violées pour la seule gloriole du soap.
Burnham [en train de programmer l’interface virtuelle 3D de sa combinaison depuis son abri] : « Sauts programmés. Les cinq. Je crois. »
Spock [dans sa navette] : « Le futur reste à écrire. L’issue peut changer. »
[Un tir atteint alors la navette et l’endommage.]
Burnham [effrayée] : « Spock ! »
Spock : « Pars, Michael ! »
Burnham appuie sur son interface virtuelle pour déclencher la séquence programmée, ses ailes techno-angéliques se déploient, et alors autour d’elle le temps se fige pour laisser progressivement apparaître un trou de ver circulaire telle une stargate, au diamètre croissant, et béant sur les ténèbres dans lesquelles Michael est finalement projetée.
Puis c’est le noir et le silence. S’ensuivent une série de séquences visuelles et sonores directement inspirées par le voyage transcendant de Dave Bowman à la fin du 2001 de Stanley Kubrick quoique fortement mâtiné d’Interstellar de Christopher Nolan et même d’Inception (du même réalisateur). Conduisant tout d’abord Michael à se rencontrer elle-même (comme Cooper) dans l’astéroïde où s’était échoué l’USS Hiawatha. Puis la séquence programmée dans la combinaison conduira passivement Burnham en enchaîner des apparitions éclairs aux quatre localisations spatio-temporelles suivantes des red burst assorties de flashback des événements vécus précédemment dans la seconde saison (mais de l’autre côté du miroir) : Terralysium à plus de 50 000 AL, Kaminar, Boreth, et Xahea… avant de revenir comme une fleur à son point de départ à proximité de la navette endommagée de Spock.
Ordinateur de la combinaison du Red Angel : « Premier signal. Destination USS Hiawatha, date stellaire 1025.19. »
Pike [flashback] : « Ce petit point est le seul à vouloir nous dire où c’est. »
Saru [flashback] : « Un astéroïde interstellaire. »
Owosekun [flashback] : « L’USS Hiawatha, supposé détruit par les Klingons il y a dix mois. »
Pike [flashback] : « La chute a été rude. »
Reno [flashback] : « Je suis la commandeur Jett Reno, ingénierie. »
Burnham [lorsqu’elle avait été gravement blessée et avait vu pour la première fois le Red Angel dans un état mystique]
Ordinateur de la combinaison du Red Angel : « Deuxième signal Terralysium, date stellaire 1027.32. »
Detmer [flashback] : « Dans 64 minutes, l’atmosphère sera irradiée. Ça provoquera l’extinction de toute forme de vie. »
Saru [flashback] : « C’est peut-être la raison de notre présence. Ça n’arrivera pas tant que le Discovery est là. »
Detmer [flashback] : « L’astéroïde a fait dévier les débris de l’atmosphère. »
Ordinateur de la combinaison du Red Angel : « Troisième signal Kaminar, date stellaire 1035.86. »
Siranna [flashback] : « Tu as rapporté l’espoir, avec ton Ange Rouge. »
Quatrième signal, Boreth. »
Ordinateur de la combinaison du Red Angel : « Planète Boreth, territoire klingon. Date stellaire 1048.66. »
Pike [flashback] : « Un nouveau cristal temporel nous permettrait d’envoyer les données dans l’avenir. »
Ordinateur de la combinaison du Red Angel : « Cinquième signal Xahea, date stellaire 1050.8. »
Pike [flashback] : « Quel rapport entre Xahea et le cristal ? »
Po [flashback] : « Mon incubateur à dilithium. Il reproduira la puissance d’une supernova pour charger le cristal. »
Spock [dans sa navette endommagée, tandis que Michael et sa combinaison de Red Angel vient de reparaître : « Michael ? »
Burnham : « C’est fait. »
Burnham [programmant de nouveau sa combinaison depuis l’interface virtuelle 3D] : « Ma mère a dit qu’elle était piégée 950 ans dans le futur de Doctari Alpha. C’était il y a 20 ans. »
Burnham [en com à l’USS Discovery] : « Discovery, j’entre les coordonnées pour le Quadrant Bêta, Terralysium, dans 930 ans à partir de ce point de lancement. Ça devrait nous conduire là où nous avons besoin d’aller… »
Saru [depuis la passerelle de l’USS Discovery] : « Les fluctuations quantiques du trou de ver vont compliquer le suivi de votre position. Comment nous guider ? »
Burnham : « Avec un signal. Le sixième. Comme l’étoile polaire. Suivez-le jusqu’à moi de l’autre côté. »
Saru : « Bien reçu, commander. »
Une expérience de hard SF qui - quoique pompée sur d’illustres ainés - aurait été saisissante... si elle n’avait pas été traitée en accéléré comme pour régurgiter au pas de course et à la façon d’une check list des classiques de la SF...
Mais le plus problématique tient à la mécanique temporelle elle-même qui explose de nouveau (c’est-à-dire comme dans chaque épisode) les records précédents de non-sens.
Creusant le sillon d’une entité Temps sentient qui guiderait les héros, Chronos empêche ici Burnham d’utiliser sa machine à voyager dans le futur tant qu’elle ne s’est pas acquittée au préalable d’une dette causale : celle de générer elle-même les cinq red bursts qui l’ont conduit jusqu’à ce moment précis. Heureusement que le Temps jalonne le parcours de Mary-Due de détrompeurs et de garde-fous… quitte pour cela à générer une timeloop sans cause première et sans condition de sortie : en effet si ce sont les seuls cinq premiers signaux qui ont conduit Burnham à générer en retour lesdits cinq signaux, alors ceux-ci ne possèdent aucune cause qui ne soit causa sui, ce qui constitue la forme aporétique du Pogo Paradox (ou paradoxe de prédestination, figurant généralement au nombre des expériences de la pensée destinées à déconstruire (ou tourner en ridicule) le voyage temporel lui-même.
À cela s’ajoute l’irrespect de la série envers ses hypothèses de départ, notamment la nécessité de recharger le cristal après avoir accompli tout voyage temporel. Or ici, Burnham en accompli cinq enchainés (la conduisant même à l’autre bout de la galaxie aussi instantanément qu’en spore drive) puis un sixième pour en revenir, avant d’en entamer une septième vers le futur avec l’USS Discovery dans son sillage.
De même, la combinaison initiale employé par sa mère Gabrielle et qui n’était pourtant pas moins perfectionnée ni finalisée aura ancré au point d’arrivée la combinaison et son porteur. Commodément, Burnham ne subira pas le même sort, réussissant même d’emblée à voyager dans le temps avec un confort et une précision que ne connaîtront jamais ni Kirk ni Picard dans le futur, et qui ne pourrait rivaliser qu’avec l’USS Relativity du 29ème siècle ou l’agent spatiotemporel Daniels du 31ème siècle (dans lequel se rend justement l’USS Discovery). La magie de la fantasy sera toujours plus performante que la science de la SF.
Mais le plus troublant probablement est la manière dont les auteurs ont oublié eux-mêmes des éléments déterminants ayant pourtant été mis en scène dans la seconde saison. Ce petit pèlerinage pré-conclusif dans les moments clefs de la saisons 2, flirtant parfois avec le clip show et assurément destiné à capitaliser sur la nostalgie des spectateurs, s’est bien gardé d’exhumer un moment inexplicable de la saison 2 dans DIS 02x06 The Sounds Of Thunder et que la brève visite touristique en combinaison de temporelle de Burnham ne saurait en aucun cas justifier : à savoir le deus ex machina sorti de nulle part et qui a neutralisé l’ensemble de système défense avec lesquels les Ba’uls s’apprêtaient à exterminer les Kelpiens du fait du viol éhonté de la Prime Directive par l’équipage de l’USS Discovery. Ce n’est pas cette combinaison conçue vingt ans auparavant qui disposait d’une puissance de contrefeu supérieure à celle-de l’USS Discovery (et jugée alors par lui comme provenant au minimum d’un lointain futur), a fortiori sachant que Burnham n’y a même pas songé en programmant ses visites éclair dans le passé. Alors faut-il en déduire que ce deus ex machina était Gabrielle (qui pourtant ne dispose pas d’une combinaison temporelle plus avancée que sa fille), ou bien la série suggère-t-elle sciemment qu’il y aurait un troisième voyageur temporel impliqué (à la façon de poupées gigognes), voire une véritable entité divine (Chronos lui-même par exemple) qui protègerait les héros (et aussi les victimes de leurs irresponsabilités) ?
En pratique, le raisonnement sur lequel Spock a basé sa déduction sur la nécessité pour Burnham d’accomplir cinq voyages dans le passé pour pouvoir en effectuer un dans l’avenir demeure particulièrement douteux. Car si DIS avait pris place dans un univers réaliste, c’est sur les 7 000 vaisseaux de Starfleet, ainsi que sur tous les vaisseaux des centaines de civilisations membres et alliées de la Fédération que la lutte contre Contrôle aurait dû s’appuyer, et non sur l’intervention improbable des compatriotes de Saru qui, quelques semaines avant, étant encore des animaux d’abattage (et ce depuis des millénaires)… mais qui en un coup de baguette magique (l’équipement principal dans DIS) seraient devenus une armada de voyageurs spatiaux, pilotes, et vaillants guerriers vitaux pour la Fédération (au point de devoir en susciter l’existence par un paradoxe temporel) !
Avec ce passage de l’âge de pierre au FTL en quelques jours, le médiocre Battlefield Earth de L. Ron Hubbard est ici battu sur son propre terrain.
Pareille configuration prêterait à rire s’il n’était pas éthique de se demander ce que sont devenus dans l’affaire les Ba’uls (dont l’ancien "bétail" domestiqué semblent avoir récupéré et maîtrisé en quelques semaines toute la technologie spatiale), et s’il n’était pas pragmatique de contester la vitesse avec laquelle les Kelpiens ont acquis l’expérience du combat et du pilotage spatial aussitôt leur vahar’ai collectif accompli… Tant qu’à faire, DIS tente-t-elle de nous faire accroire que tout Kaminar a été unifié et que les Kelpiens et les Ba’uls ont batti une utopie trekkienne en un mois... dans un bac à sable ?
[Sur l’USS Discovery, l’affrontement avec Contrôle-Leland se poursuit, et celui-ci poursuit Mirror-Georgiou et Nhan au lance flamme.]
Contrôle-Leland : « Où sont mes données ? »
Mirror-Georgiou : « En Enfer. »
L’ex-impératrice Terran se lance une nouvelle fois dans une démonstration d’art martial dont l’actrice a fait sa spécialité à Hong-Kong, et elle prétend ainsi tenir tête mano a mano à un cyber-humain disposant de la force et de l’invulnérabilité d’un Terminator T-1000. Il est évident que Discovery a perpétuellement cherché à valoriser les talents chorégraphiques de Michelle Yeoh, mais ici la durée de l’affrontement, la puissance de frappe de l’humaine, et sa résilience à tous les coups portés par un cyborg fait perdre aux propositions SF toute leur crédibilité. Surtout lorsque dans DIS 02x12 Through The Valley Of Shadows, Contrôle-Gant avait asséné à Burnham (lorsqu’elle découvrit "qui" il était devenu) : « If you touch that phaser, I’ll cross the room in 0.8 seconds and break the metacarpals in your hand. » ! Dès lors, Burnham - qui pourtant sait aussi se battre - n’a même pas tenté de rivaliser physiquement avec Contrôle-Gant. Comment rendre alors cette réalité compatible avec les affrontements rituels entre Mirror-Georgiou et Contrôle-Leland ?
Il en résulte que le spectacle de pancrace infligé par DIS 02x14 Such Sweet Sorrow : Part 2 oscille entre l’ennuyeux et le risible.
[Sur la passerelle de l’USS Discovery] :
Owosekun : « Brèche dans la coque, zone quatre. Je m’occupe des boucliers. »
Detmer : « Je m’occupe de la gravité. »
Owosekun : « Commandant, les boucliers ne répondent pas. »
Saru : « Bouclier défaillant zone quatre. Y a-t-il quelqu’un de disponible parmi l’équipage ? »
Tilly (via les com) : « Je suis en zone quatre. Je vais remplacer la matrice pour réactiver les boucliers. Je dois juste fermer les yeux. »
Saru : « Quoi ? »
Tilly : « Je ne l’ai fait qu’une fois, les yeux bandés et ivre. »
Saru : « On a besoin des boucliers. »
Tilly : « Je sais. »
Ordinateur de bord de l’USS Discovery [annonce générale] : « Panne des systèmes gravitationnels. Panne des systèmes gravitationnels. »
Ces instabilités gravitationnelles permettent d’introduire un peu de piquant dans l’interminable duel entre Contrôle-Leland et Mirror-Georgiou qui se poursuit ainsi sur les murs, puis au plafond... en somme comme dans ST Into Darkness et dans ST Beyond.
Contrôle-Leland : « Ça n’a pas à être aussi difficile. »
Mirror-Georgiou : « Quand ça n’est pas difficile, je m’ennuie. »
Ordinateur de bord : « Gravité rétablie. »
Et bien entendu, celui que Mirror-Georgiou réussit à terrasser… se régénère en quelques secondes lorsqu’il reçoit un coup de phaser-désintégrateur en pleine poire.
Ce "combat de titans" se poursuivra, tel un refrain, durant toute la seconde moitié de l’épisode, sans aucune vraisemblance de résilience ni de tactique… alors que Contrôle-Leland aurait dû être neutralisé au moment même où il s’est téléporté sur l’USS Discovery... ou bien Mirror-Georgiou aurait dû trépasser au premier coup reçu de Contrôle-Leland.
Mais le plus aberrant est qu’à aucun moment Contrôle-Leland ne met un terme à cette séance stérile de sport de combat rituels (et HS pour une IA) en lançant simplement son flot de nanites à l’assaut de Mirror-Georgiou comme le fit Contrôle-Gant sur Michael Burnham dans DIS 02x12 Through The Valley Of Shadows->56697#yr]. Là, il n’y aurait eu aucun Spock pour neutraliser les nanites par voie magnétique. Et à travers Mirror-Georgiou, Contrôle aurait rapidement découvert la localisation des archives de la Sphère. Mais exactement comme dans DIS 02x13 Such Sweet Sorrow, les forces en présence font en permanence les choix les moins efficaces et les moins logiques, ce qui est d’autant plus choquant venant d’un IA présentée depuis une demi-douzaine d’épisodes comme l’ultime menace pour toutes les formes de vie dans la galaxie.
[Sur l’USS Discovery, dans la section – i.e. la salle de briefing – transpercée par la torpille à photons.]
Cornwell : « Bon sang. Le régulateur intermix matière-antimatière est toujours pleinement fonctionnel. Je ne peux pas le désactiver. »
Number One : « Reprogrammons le système de guidage. Peut-être que des ordres contradictoires le feront s’arrêter et changer de cible. »
Cornwell : « Vous êtes certaine qu’il n’y a pas moyen de reprogrammer la porte blindée à la place ? »
Number One : « Hélas, non. »
Number One [à Pike] : « Capitaine, les plans A et B ont échoué. On en est au stade de la prière. »
Pike [via la com] : « Comme pour tout aujourd’hui. Combien de temps reste-t-il ? »
Number One : « Moins de 5 min. »
Pike [à Number One] : « Revenez à la Passerelle pour me relever, Una. »
Pike [à Cornwell] : « Amirale, faites de votre mieux pour faire gagner du temps à Burnham. J’arrive tout de suite. »
Cornwell [tendant la main à Number One en signe d’adieu] : « Attendez. »
Number One [lui rendant la politesse en lui serrant le bras] : « Amirale. »
[L’amirale Cornwell porte alors son regard sur une commande manuelle du blast door…]
Pike [dans le turbo-lift] : « J’arrive à la salle de briefing. »
Number One : « Reçu. Prête à vous assister. »
Pike : « Merci, Numéro Un. »
Pike [ayant rejoint l’amirale Cornwell] : « Transférons l’antimatière dans des capsules. »
Cornwell : « Trop risqué. »
Pike : « Et si on reprogrammait le système de guidage ? »
Cornwell : « J’ai essayé. Dans 90 secondes, ça explose. Il y a un levier d’urgence pour la porte. Je peux l’actionner de l’intérieur et sceller cette pièce du reste du vaisseau. »
Pike : « Non. »
Cornwell : « On n’a plus le temps. Quand ce voyant changera, la torpille explosera. Tout le monde sur la Passerelle, peut-être même tout le monde sur ce vaisseau, mourra. »
Pike : « Vous mourrez. Ceci est mon vaisseau. Ma responsabilité. »
Cornwell : « Ce n’est pas ainsi que votre histoire s’achève. Et je crois que vous le savez. »
Pike : « Si mon avenir doit être autre, ça n’explosera pas tant que je suis là. »
Cornwell : « Peut-être pas. Mais combien en payeront le prix si vous vous trompez ? »
Pike : « Kat. »
Cornwell : « Partez. C’est l’heure. Et Chris... Quoi que vous réserve l’avenir, vous le surmonterez. »
[L’amirale Katrina Cornwell abaisse résolument le levier de fermeture manuelle du blast door, et attend stoïquement la mort debout… tandis que Pike regarde impuissant de l’autre côté du hublot de la porte blindée. La torpille s’embrase emportant l’amirale et une partie de la soucoupe de l’USS Enterprise, tandis que Pike reste indemne de l’autre côté du pare-feu.]
Saru [depuis la passerelle de l’USS Discovery] : « Discovery à Enterprise. Ça va ? »
Pike : « Oui. Mais on a perdu l’amirale. »
[Choc et consternation sur la passerelle de l’USS Discovery.]
Une scène quadruplement artificielle d’invraisemblance.
Pike reste paralysé devant le sacrifice de l’amirale... alors qu’une simple téléportation intra-vaisseau après la fermeture de la porte mais avant l’explosion de la torpille aurait pu sauver Cornwell ! Cette tactique évidente aurait d’ailleurs dû être immédiatement considérée sans fausse pudeur dès lors qu’il existait un mode de fermeture manuel de la porte, mais en se focalisant sur une procédure n’impliquant la mort de personne : la téléportation bien sûr, ou alors à défaut un robot réparateur articulé étant donné qu’ils sont légion sur l’USS Enterprise revu et upgradé par DIS, au pire un système de corde et de poulie synthétisable en une minute. Et pourquoi n’avoir pas envisagé non plus la téléportation dans l’espace de la torpille elle-même ?
Mais il fallait bien que le final de la seconde saison compose l’opéra d’un sacrifice personnel, hélas sans s’en donner les moyens. Dès lors, l’opéra devient une opérette, et c’est aussi artificiel et forcé que la mort d’Airiam dans DIS 02x09 Project Daedalus.
Dans la conception même de l’USS Enterprise, s’il est cohérent d’avoir doublé un automatisme d’un système manuel, n’est-il pas absurde de l’avoir fait d’un seul côté ?
Mais en amont, ce qui pose un très sérieux souci de crédibilité, c’est l’idée même qu’une simple porte fermée à deux mètres puisse faire la différence entre une vaisseau partiellement détruit et un vaisseau entièrement détruit par une explosion... étant donné le pouvoir destructeur à l’échelle moléculaire d’une torpille à photons, ne respectant rien de ce qui se trouve à proximité (un fait largement documenté dans un demi-siècle d’Histoire trekkienne).
Qui plus est, une blast door comportant une surface vitrée transparente à travers laquelle Pike peut contempler tel un voyeur le spectacle de désintégration/fusion à quelques mètres sans être inquiété, cela implique une fois de plus de devoir s’interroger sur la supériorité technologique de l’USS Enterprise discoverienne, matérialisée ici par l’invulnérabilité de matériaux inconnus même à l’ère de TNG mais dont il est alors bien peu cohérent que le reste du vaisseau (et notamment sa coque) ne soit pas directement équipé (façon volets du 25ème siècle dans VOY 07x25+07x26 Endgame), ce qui dispenserait de l’emploi de boucliers énergivores.
[Sur la passerelle du vaisseau de guerre klingon.]
L’Rell [légèrement blessée durant les attaques et s’esclaffant de rire] : « Je ne pensais ne pas faire couler de sang durant mon règne. »
Tyler [en klingon] : « Tirs de réplique ! Détruisez les agresseurs de votre chancelier ! »
L’Rell [en klingon] : « Dites au D7 de viser les drones qui attaquent le Discovery. Nous festoierons sur les ruines de nos ennemis. »
[Sur le débris spatial tenant lieu de refuge pour Burnham et Spock.]
Saru [via la com] : « Burnham, le temps presse. »
Burnham : « Il est temps, Spock. Regagne le Discovery. »
Spock : « Michael. Je ne peux pas. »
Burnham : « Quoi ? »
Spock : « Mon vaisseau a été touché. Je n’ai plus de moteur. »
Burnham : « Le Discovery peut te tracter. »
Spock : « Même si on avait le temps, ils devraient baisser les boucliers pour me téléporter. Ils n’y survivraient pas. Pas dans cette bataille. Le navire est trop endommagé. Tu dois partir. »
Burnham [choquée] : « Je te retrouve à peine. Je ne veux pas te laisser. »
Spock : « Moi non plus. »
Burnham : « Je t’ai déjà perdu une fois. »
Spock : « Tu ne m’as jamais perdu, Michael. Enfant, j’étais vraiment perdu. La voie de mon père. La voie de ma mère. Tu es arrivée, et m’as montré que je pouvais suivre les deux. Tu m’as trouvé. Tu m’as sauvé. »
Burnham : « Ce n’était pas moi. Ça a toujours été en toi. »
Spock : « Tu es mon équilibre, Michael. Depuis toujours. Et je... J’ai peur de ne pas le retrouver, sans toi. »
Burnham [en larmes bien sûr] : « D’accord. Écoute-moi. Écoute, petit frère. C’est le dernier conseil que je peux te donner. La galaxie est immense. Pleine de gens qui te tendront la main. Tu dois les laisser. Trouve la personne la plus éloignée de toi et tends-lui la main. Tends-lui la main. Laisse-la te guider. »
Spock : « Promis, je le ferai. J’aimerais être certain de ta sécurité. »
Burnham : « Tu le seras. J’enverrai l’ultime signal. Quand on sera passés, je l’enverrai depuis l’autre côté. »
Spock : « J’observerai les étoiles dans ce but. »
Et voilà comment, pour une énième manifestation de mélo soapy larmoyant dans laquelle DIS s’est spécialisée, pour une réplique gratuite et arrivant comme un cheveu sur la soupe, le "Burnham-centrisme" s’érige en origine de la relation culte entre Spock et Kirk… qui ne serait plus une amitié faite de hasard, de circonstance, d’alchimie, d’évolution, et de sociabilité naturelle... mais seulement la réalisation d’une promesse faite à sa sœur ! Quelle trivialité insultante.
En outre, de la même façon que pour toutes les morts de VIP (Airiam, Cornwell...) dans DIS et pour tous les adieux (dont DIS 02x13 Such Sweet Sorrow a composé une symphonie pastorale), l’argument avancé par Spock pour justifier cette séparation (et ainsi faire pleurer Margot) repose sur un sophisme : en effet, se faire téléporter ou réintégrer l’USS Discovery par le hangar (comme Spock le prévoyait initialement lorsqu’il est parti en navette) implique d’exposer le vaisseau commandé par Saru exactement aux mêmes risques : dans les deux cas, il fallait brièvement baisser les boucliers !
Faut-il alors en déduire que Spock n’avait jamais eu l’intention d’accompagner Michael dans le futur ? Si tel était le cas, Burnham aurait dû relever - comme le fait le spectateur - une erreur de logique chez son Vulcain de frère...
[Sur la passerelle de l’Enterprise, Pike est comme insensible aux explosions, encore sous le choc du sacrifice de l’amirale… qu’il aurait pu éviter.]
Spock [via les com] : « Spock à Enterprise. Je n’ai plus de moteur. Je ne regagne pas le Discovery. »
Pike [à Spock] : « Garder votre position, nous allons vous téléporter. »
Pike [à Saru] : « Saru, vos boucliers ? »
Saru [sur la passerelle de l’USS Discovery] : « Tilly, où en est-on ? »
Tilly [dans un tube de Jefferies de l’USS Discovery] : « J’y suis presque ! »
Tilly [réactivant les boucliers] : « J’ai mérité une bière. C’est bon, on peut y aller. »
Owosekun : « Boucliers de retour à 40 %. »
Saru [à Pike via les com] : « C’est plus que suffisant. »
Pike [depuis l’USS Enterprise] : « Téléportation, Spock. »
Spock [dans sa navette endommagée et en vulcain] : « Je t’aime. » [ou un propos équivalent]
Burnham [en sanglots] : « Je t’aime aussi, mon frère. »
Les violons longs d’adieu n’en sont que plus artificiels lorsqu’il apparait que l’USS Discovery recouvre (grâce à la "géniale" Tilly comme de bien entendu) une puissance de boucliers supérieures à celle de l’Enterprise. Dès lors, il n’est plus du tout justifié que Spock soit téléporté sur l’USS Enterprise plutôt que sur l’USS Discovery, puisque les deux vaisseaux sont exposés à de semblables feux nourris de la part de Contrôle et que cette opération de téléportation nécessite dans les deux cas un abaissement temporaire des boucliers. En outre, DIS 02x06 The Sounds Of Thunder avait montré que lorsque cela arrange les scénaristes, il est de toute façon possible de se téléporter à travers les boucliers en red alert.
De surcroît, Spock ayant été directement téléporté par l’USS Enterprise depuis l’abri de fortune où il s’était réfugiée avec sa sœur hors des zones de combat, cela signifie que Burnham aurait été pu y être téléportée en premier lieu par l’USS Discovery sans en passer par une traversée à haut risque du "champ de bataille" spatial.
Enfin, cette scène confirme que les téléporteurs de l’USS Enterprise sont pleinement fonctionnels (et ce malgré l’explosion de la torpille à photons), ce qui confirme qu’il aurait été parfaitement possible de téléporter l’amirale Cornwell et lui éviter une mort aussi criminelle et gratuite que celle d’Airiam.
[Croisement entre passerelles et Burnham dans sa combinaison.]
Pike [sur l’USS Enterprise] : « Commander Burnham, sur votre ordre. »
Burnham [qui déploie ses ailes d’ange ou de super-héroïne avant de dessiner un sillage rouge dans l’espace] : « Burnham à Discovery. Allons-y. »
Saru [sur l’USS Discovery] : « Detmer, pleine puissance. Suivez le signal. »
Burnham dans sa combinaison ailée et auréolée de rouge guide l’USS Discovery vers la future terre promise de blanche vêtue, comme un croisement de Super-Girl et d’Iron-Woman. Et lorsqu’elle plonge vers le trou de ver, elle compose une étoile tricolore (rouge, blanche et bleu) telle la cocarde étatsunienne. C’est beau et patriotique comme Captain America.
Pike [depuis l’USS Enterprise] : « Objectifs à trois point cinq point deux. Dégagez la voie. »
Saru [depuis l’USS Discovery] : « Adieu, capitaine Pike. »
Pike [empli d’émotion] : « Adieu, mes amis. Ma famille. »
Culber [dans l’infirmerie de l’USS Discovery] : « On est en route, Paul. On est en route. »
Arghhh... La série explose ici son propre standard de mélo-pathos-guimauve lorsque le seul personnage qui avait réussi jusque-là à conserver un semblant de sobriété et de stoïcisme trekkien nous la joue soudain à la Burnham ou à la Saru ! Ce "ma famille" à l’endroit de l’équipage de l’USS Discovery est profondément incongru, et qui plus est exprimé par Anson Mount avec une lourdeur gênante... Sérieux ? Pike qui ne fut que capitaine par intérim durant une courte saison de 14 épisodes !
Discovery n’aura décidément préservé la dignité de personne. Il fallait que le seul personnage apprécié des détracteurs de la série soit ruiné à son tour. Ainsi le tableau est complet.
[D’affrontements en traques, les deux duellistes-au-sommet finiront par se trouver en salle des machine… à proximité du reaction cube.]
Contrôle-Leland [désormais avec une voix synthétique et inhumaine, façon Goa’uld, et étranglant Mirror-Georgiou] : « Votre algorithme est le plus prévisible. Vous voulez accéder facilement aux deux atouts les plus précieux du vaisseau. Les données sont dans la console du moteur sporique. »
[Mirror-Georgiou fait mine d’acquiescer avant de reprendre le dessus physiquement, puis pousser par surprise Contrôle-Leland dans le reaction cube avant de l’y enfermer.]
Contrôle-Leland : « Cette cage ne me retiendra pas. »
[Ce dernier se met à cogner dans les vitres du reaction cube et commence à les briser, tandis que Mirror-Georgiou manipule fébrilement une console à proximité.
Contrôle-Leland continue à cogner comme un sourd sur la vitre du reaction cube.]
Mirror-Georgiou : « Cessez votre petit caprice. Finissons-en. J’ai magnétisé le cube sporique. Amusez-vous bien. »
Contrôle-Leland : « Ce n’est pas fini. »
Mirror-Georgiou [avec sadisme] : « En fait, si. Et ça va faire mal. J’aimerais vous entendre hurler, maintenant. »
Contrôle-Leland [terrassé par la douleur et tandis que les nanites échappent de son corps] : « Vous ! »
[Mirror-Georgiou se met à rire avec sadisme.]
Mirror-Georgiou : « Georgiou à passerelle. Je suis à l’Ingénierie. Leland est mort. Contrôle est neutralisé. »
Saru : « Bien reçu, Commander. Nous sommes en route. »
Il en aura vraiment fallu du temps pour que l’ex-impératrice applique le "remède" anti-nanites de Spock dans DIS 02x12 Through The Valley Of Shadows. Mais si elle a réussi à le mettre en œuvre par elle-même, cela signifie que Spock avait partagé l’information. Auquel cas, pourquoi est-ce que cette procédure n’a pas été suivie dès l’arrivée de Contrôle-Leland, et à l’échelle de tout le vaisseau ? Comment un tel degré d’impréparation est-il possible dans Starfleet pour en arriver à devoir dépendre d’un si improbable duel ? L’épisode essaie-t-il de suggérer que la magnétisation était seulement réalisable dans le reaction cube de l’USS Discovery (lorsqu’elle était applicable n’importe où sur le vaisseau de la Section 31) ?
Si ce que déclare à la fin Mirror-Georgiou est vrai, alors cela signifie que c’est Cruella de Vil alias l’impératrice Ming aux multiples génocides galactiques et aux océans de sang... qui a une nouvelle fois sauvé le jour ! La contre-utopique UFP discoverienne doit donc sa victoire sur l’IA Contrôle à la nouvelle super-héroïne/ex-super-vilaine de DIS dont le châssis est aussi résistant que celui d’un cyborg, et qui a retrouvé pour l’occasion avec volupté ses vieux réflexes de Terranne, jouissant de pouvoir torturer son adversaire dans le reaction cube érigé en nouvel agony booth (quitte à en oublier que Leland était lui-même la première victime de Contrôle). Faut-il y voir un énième écho de ST Into Darkness où le "super-vilain" Khan 2.0 s’allie à Kirk pour vaincre le péril de la Section 31 (l’amiral Marcus) ?
Mais en inversant la perspective avec une certaine ironie, n’est-il pas un peu ridicule que la plus grande menace cybernétique de l’Histoire ait été vaincue au free-fight (ou MMA) par une quinquagénaire férue de Kung-fu ?
Par surcroît, déduire l’éradication de Contrôle de la seule mort de Leland, cela revient à ne pas du tout comprendre le caractère décentralisé et pluriel d’une vraie IA, capable de se sauvegarder et de se métastaser dans n’importe système informatique (et même biologique via ses nanites).
Mais s’il suffit de tuer Leland pour éradiquer Contrôle (comme pour la reine Borg, du moins à l’échelle d’un seul Unicomplex), pourquoi Contrôle-Leland n’est-il pas devenu la cible prioritaire des protagonistes, aussi bien son vaisseau que sa "personne" physique ?
Et si Contrôle est réellement vaincu comme l’épisode tente de le faire accroire, pourquoi l’USS Discovery poursuit-il son voyage sans retour vers le futur ? Est-ce juste pour que Mary-Sue puisse retrouver sa mère-qui-lui-manque, quitte à déraciner un équipage entier dans ce seul but ? La question n’est même pas posée, tant les showrunners sont dorénavant impatients de changer de millénaire par convenance personnelle...
Number One [sur l’USS Enterprise et à propos de l’USS Discovery] : « Capitaine, ils ne bougent plus. »
Pike : « Ouvrez le feu. »
Po [contemplant rêveuse depuis sa navette le départ de l’USS Discovery et soliloquant] : « Allez. Allez-y. »
De même, Siranna depuis son chasseur Ba’ul, observe le vaisseau, et chérit la mémoire des retrouvailles avec son frère.
Depuis le vaisseau de guerre klingon, assistant lui aussi à la disparition de l’USS Discovery dans le trou de ver, Tyler convoque mentalement ses étreintes avec Burnham... en présence d’une L’Rell meurtrie (un "snif" pour les amourettes klingonnes contrariées).
Et enfin, sur la passerelle de l’Enterprise, se tenant aux côtés de Pike, Spock se remémore sa complicité d’enfance avec Michael symbolise par un salut vulcain commun.
Et tandis que l’USS Discovery pénètre le trou de ver guidé par son ange et son étoile, ses occupants laissent dans leur sillage une trainée lumineuse comme durant la scène du whormhole effect de Star Trek The Motion Picture, un possible hommage à Douglas Trumbull.
Puis après cet instant de grâce accompagné d’une BO angélique spielbergienne, le trou de ver se referme avec la violence du trou noir ayant avalé Vulcain dans ST 2009.
Devant une pareille célébration de la synergie de groupe entérinant la réconciliation de Spock et Burnham, la "renaissance" de Saru après avoir brisé les chaînes kelpiennes, les secondes retrouvailles entre Saru et Siranna, la réhabilitation de la super-Hitler multi-génocidaire Mirror-Georgiou, la reconstitution du couple gay Stamets+Culber, la coopération de Starfleet et des Klingons face à un ennemi galactique commun, le genèse d’un esprit de famille ayant réunis dans un même amour les équipages de l’USS Discovery et l’USS Enterprise, et tant de sacrifices et d’adieux en série... bref devant autant "d’émotions vraies" qui sont l’apanage des vrais soaps du soir... si l’ensemble du public ne pleure pas à chaudes larmes, alors c’est à désespérer de tout !
Et pourtant...
L’USS Enterprise a été salement amochée, mais Contrôle est vaincu (en apparence du moins), tandis que se fait alors entendre la partition musicale conclusive des dix films historiques de la franchise.
Et c’est ainsi que l’achève l’une des plus longues batailles spatiales de l’histoire du space opera télévisuel, ayant réussi l’(anti-)exploit d’être de tous les records : à la fois la plus friquée, la plus saturée de tirs (matériels et énergétiques), la plus remplie d’aéronefs intercepteurs (navettes, chasseurs, pods, drones...), la moins lisible, la plus soporifique, la plus statique, la plus anti-tactique, et la moins épique ! En somme, un spectacle qui en jette, mais qui demeure totalement irréel.
À ce stade, il serait tentant de se dire que les considérables dégâts infligés par la torpille à photons à la soucoupe de l’USS Enterprise vont conduire Starfleet à remettre en place l’ancienne passerelle de TOS 00x01 The Cage (il y a trois ans) que l’on retrouvera identique dans TOS 01x01 Where No Man Has Gone Before (dans huit ans). Sauf que...
[Plus tard, sur Terre, le Golden Gate Bridge entouré de panneaux solaires (un message écolo ?) annonce San Francisco et Starfleet Command, où des interrogatoires superposés sont menés par un officiel probablement membre du Conseil de l’UFP, mais exclusivement vu de dos...]
Officiel : « Nom, grade. »
Tyler : « Ash Tyler, commandeur suppléant, Section 31. »
Pike : « Christopher Pike, capitaine de l’USS Enterprise. »
Number One : « Numéro Un. Ce sera long ? »
Officier : « Vous avez assisté à l’attaque ? »
Pike : « : Oui. »
Spock : « Oui. »
Number One : « Le Discovery était la cible principale. Nous étions juste un obstacle. »
Officiel : « Date ? »
Spock : « La date exacte est dans les rapports. Le Discovery était endommagé. »
Tyler : « Le moteur sporique a dû subir une panne en cascade lors des combats. »
Pike : « Et ça a fait... »
Number One : « Boum. »
Officiel : « Juste avant la disparition du Discovery, nos capteurs ont relevé des rayons gamma... et des ondes gravitationnelles correspondant à une singularité quantique. Comme vous expliquez ça ? »
Spock : « Je ne saurais le faire mieux que vos capteurs. J’ai vu le Discovery exploser. »
Tyler : « J’ai vu le Discovery exploser. »
Pike : « Ils sont tous morts. »
Officiel : « C’est votre réponse officielle ? »
Number One : « Pour la troisième fois, oui. C’est tout ? »
Officiel : « Le commandeur Michael Burnham. Croyez-vous qu’elle... »
Tyler : « Quoi ? »
Pike : « Elle a fait bien plus que son devoir avant de mourir. La Section 31, par erreur ou malveillance, s’est montrée défaillante. Elle est indirectement responsable de cette catastrophe. »
Officiel : « Nous pensons aussi qu’il faut revoir cette unité. Et peut-être la rendre bien plus transparente. La perte de l’amiral Cornwell et du capitaine Georgiou nous poussent à rendre votre affectation permanente. »
Tyler : « Il y a peu, j’ai dû me battre pour garder l’uniforme. »
Officiel : « Ce dévouement, et votre perspective... Commandeur, on peut dire que vous voyez le monde par un prisme unique, parfaitement adapté à la dualité de la Section. »
Tyler : « Contrôle est pleinement éradiqué ? »
Officiel : « Oui. »
Spock : « La perte du Discovery est tragique mais ne résout pas le problème. Il faut aller encore plus loin pour empêcher que ce scénario se répète. »
Officiel : « J’ai hâte d’entendre vos recommandations. »
Spock : « Règlement 157, section trois. Les officiers de Starfleet ne doivent pas participer aux événements historiques. Toute connaissance des données du Discovery et de la combinaison, est une faille. Certains pourraient ne pas saisir l’importance de cette directive. Pour être sûr que la Fédération ne revive jamais cette menace, tous les officiers impliqués doivent recevoir l’ordre de ne jamais évoquer le Discovery, ses spores, son équipage. Un manquement serait passible de trahison. »
Officiel : « Merci, M. Spock. Nous allons y réfléchir. »
Durant cette séance d’entretiens avec le non-visage anonyme et kafkaïen de l’UFP (renforçant ainsi son coté dystopique), Number One est la seule à décliner son identité comme "Number One", confirmant que soit c’est son patronyme (!), soit un titre tellement infatué et universel qu’il vaut pour tout Starfleet et pas seulement pour son vaisseau d’affectation. Elle serait donc la Number One de tout la flotte ! Le fan service à son acmé.
La Fédération est carrément prête à confier à un Klingon transformé par ses semblables en humain à des fin d’infiltration, ce qui confirme qu’en dépit des beaux discours de son représentant, aucune leçon n’a été tirée du passé, et notamment pas de l’embauche de l’ex-impératrice du Terran Empire en dépit de son CV inexpiable et sanglant !
Visiblement, Pike, Spock, Number One, et Tyler ont tous accordé leur violon avant de rédiger leur rapport et de se faire cuisiner par les autorités de Starfleet et de l’UFP… Tels les complices d’un "crime parfait" hitchcockien méticuleusement prémédité, au mépris de tous les enregistrements de bord (falsifiés par leurs soins ?), et avec la vanité de croire que les centaines de membres d’équipage survivants (y compris les les Klingons et les Kelpiens), soit s’aligneront comme un seul Borg sur les diktats séditieux des héros (devenus des comploteurs), soit ne seront pas consultés par les inquisiteurs de Starfleet.
Mais le plus troublant dans ce couplet supposé expliquer à lui tout seul les avanies et les opprobres infligés non-stop au Trekverse depuis deux ans, c’est qu’il ne possède pas une once de fondement internaliste. Face à la menace représentée initialement par Contrôle (quoique désormais éliminée mais ayant du coup frappé d’inanité le voyage entrepris vers le futur par l’USS Discovery), et face au danger persistant que représente une Section 31 discoverienne jouant à l’apprenti-sorcier, quel est l’intérêt de faire croire à la mort accidentelle de l’équipage de l’USS Discovery, alors que celui-ci aura au contraire réussi au prix de nombreux sacrifices une opération pleinement autorisée par Starfleet pour endiguer l’évolution sentient de Contrôle ?
Quelle est en outre l’utilité tactique (ou prophylactique) de "tuer" aux yeux de Starfleet et de l’UFP l’équipage de l’USS Discovery alors que celui-ci pourrait parfaitement revenir du futur, non seulement du fait des étonnantes réserves énergétiques du cristal temporel (sept voyages accomplis par Michael lorsque Gabrielle était limitée à un seul à la fois), mais également par de possibles autres moyens futuristes ?
Pire, quel est l’intérêt de classifier "top secret" toutes les données relatives à l’USS Discovery alors que celui-ci n’a en aucun participé causalement des catastrophes qui se sont abattues sur l’UFP et potentiellement sur la galaxie entière ?! Et pourquoi criminaliser le spore drive et toutes les découvertes de l’USS Discovery ? Pourquoi mettre à l’index librorum prohibitorum jusqu’au souvenir et au nom de Michael Burnham alors que l’univers discoverien gravitait pourtant autour d’elle ?
Un contrepied aussi brutal, illogique, et antinaturel envers le pesant tropisme de la série dissimule mal une dialectique manipulatoire, à l’image de toutes ces morts évitables de personnages n’ayant aucune autre finalité que d’être des accessoires tire-larmes.
Et n’existe-t-il pas un artifice plus éhonté que de créer une omerta crypto-sicilienne à l’endroit de Burnham, jusqu’à imposer le silence à ses propres parents adoptifs Sarek et Amanda ?! Étant donné le Burnham-centrisme de tout l’univers de DIS (humaine pionnière élevée selon la culture vulcaine, ayant acquis une place historique indélébile dans la guerre contre les Klingons et sa résolution, fille des scientifiques ayant inventé le voyage temporel, coqueluche de toutes celles et de tous ceux qu’elle aura croisés dans sa vie…), décider soudain que "son nom ne sera plus" relève non seulement de la plus indigne des ingratitudes envers ce que la société lui doit, mais également d’une hypocrisie pour se raccrocher grossièrement au canon, ainsi que d’une marque de mépris envers les fans sincères de la série (car il y en avait). En somme, une confusion entre la causalité de deux saisons de DIS et un alibi de "recollage de morceaux".
C’est enfin la mainmise de l’ineptie complotiste en vogue qui articule toutes les lignes de forces sociologiques et historiques autour de dynamiques de dissimulation, de mensonge, et de cover up, avec la conviction naïve qu’il est possible d’imposer éternellement la loi du secret à une infinité d’individus… Nous y reviendrons…
Spock [journal personnel] : « Journal de bord personnel. Date stellaire 1201.7. Cent vingt-quatre jours depuis ta disparition. Non sans peine, nous avons réussi à cacher le sort du Discovery à Starfleet. Sans ça, ton sacrifice aurait été vain. Nous avons appris que nous ne sommes pas prêts à tout savoir. Nos parents ne seront pas interrogés grâce à leur immunité diplomatique. Ils comprennent que notre silence te protège. Nous avons juré de ne jamais prononcer ton nom devant quiconque. Mais ta présence m’accompagne. À chaque pas, je gagne en assurance dans cet entre-deux. Plus sûr de qui je deviens. Tu me montres la voie, comme jadis. Chaque soir, je guette ton signal dans le ciel. Chaque soir, je me rappelle cette vérité scientifique. Le temps est relatif. Les 124 jours de l’un sont une seconde pour l’autre. La logique peine à l’admettre. Mais pour citer un physicien terrien "L’univers ne me doit pas d’être compréhensible." Je crois que tu as réussi. Je choisis d’y croire. C’est le dernier cadeau que je puisse te faire. Ce n’est pas logique, mais je le porte avec fierté. »
Euh... n’est-ce pas quelque peu contradictoire pour le grand artisan de la politique du mensonge d’état, à savoir Spock himself, d’aller confier ses noirs secrets à son journal de bord personnel ?
Pike [à travers la com de l’USS Enterprise] : « M. Spock, sur la Passerelle. »
Spock [la barbe désormais rasée de près] : « Vous avez détecté une anomalie, capitaine ? »
Pike : « Numéro Un fait les calculs. A priori, c’est le quadrant Bêta. »
Number One : « C’est exact. »
[Spock se dirige vers l’écran panoramique de l’USS Enterprise où figure un point rouge.]
Number One : « C’est confirmé. Le septième signal, à 51 000 années-lumière d’ici. »
Spock [après un échange de regards complices et soulagés avec Pike] : « Je lance l’analyse. »
Pike [à Number One] : « Où allons-nous ? »
Number One : « C’est vous le capitaine, capitaine. »
Pike : « Edrin II aurait une nouvelle lune. »
Number One : « Exact. »
Pike : « Merci, Numéro Un. Allons y faire un tour, dans ce cas. Ça vous dit, M. Spock ? »
Spock : « Oui, capitaine. Voyons ce que l’avenir réserve. »
Number One : « Prêt à passer en distorsion. »
Pike : « En avant. »
Depuis une passerelle totalement reliftée et où un jeune Spock (Ethan Peck), désormais rasséréné et glabre, a retrouvé sa place et son uniforme bleu... l’épisode s’achève alors par un travelling de camera exactement inverse de celui par lequel avait débuté TOS 00x01 The Cage, c’est-à-dire une plongée de recul s’éloignant de la passerelle et du vaisseau. L’USS Enterprise passe alors en distorsion vers un point rouge dans l’espace.
La musique du générique de fin résulte d’un medley ou plus exactement d’une superposition élégante entre la BO de la première saison de TOS et la BO de DIS.
Bilan
Quoique multipliant les hommages à TOS (y compris à son pilote originel) et portant dans les regards toute la connivence de personnages partageant un vécu commun supposé prégnant, cette séquence finale s’apparente en tout point aux conclusions démagos des trois films Kelvin, à la façon de la récitation d’un bréviaire d’Épinal alias Star Trek for dummies. Cela fait maintenant dix ans que l’on ne connait que trop la chanson : on se paye la tête des spectateurs durant tout le corps du film ou durant les deux saisons de la série, puis on se rachète à peu de frais une légitimité durant les dernières minutes. C’est mignon comme des poupées Barbies, aseptisé comme un jeu Mattel, et cliché comme du fan-service : les personnages-marionnettes sont tous à leur place dans leurs uniformes kitsch sur une passerelle totalement "dépoussiérée" et au goût du jour. De quoi se faire presque passer pour une fan-production ultra-friquée qui émulerait les personnages de la série originale entièrement recastés... mais pour accoucher d’un Star Trek sans âme. Quand bien même la distribution serait peut-être plus convaincante que celle des films Kelvin - du moins si l’on s’arrête au seul périmètre de l’USS Enterprise (Pike, Spock, et Number One) venue en renfort de l’USS Discovery durant la seconde saison (dans le cadre d’une opération de séduction des trekkers).
Mais derrière un verbe autoproclamant sa pseudo-profondeur et jonché de citations-en-kit qui font chic, c’est toute l’essence de la vulcanité qui est sacrifiée sur l’autel vendeur de l’émotion-business, du sentiment-placement, et de la foi anxiolytique (d’autant plus pratique lorsque "Dieu" c’est le showrunner...).
Soit le symptôme même de la systémique discoverienne. Un peu plus tôt, l’épisode invoquait pompeusement Sun Tzu (une ritournelle dans la série), mais en se gardant bien d’en comprendre vraiment le sens et d’en appliquer les enseignements...
Quant à l’hypothèse imaginée en cours de visionnage, à savoir que l’explosion de la torpille à photon allait conduire au retour de la passerelle de TOS 00x01 The Cage, ben c’est râpé. Car 124 jours après la Battling Control, l’USS Enterprise a été entièrement réparée, mais elle demeure toujours aussi anachronique que dans la Kelvin timeline...
Inutile de préciser que la "machine à spéculer" est de nouveau relancée au sein de la communauté des trekkers, pour une nouvelle hypothèque sur le Trekverse :
Est-ce que Michael va retrouver sa môman Gabrielle (soap d’abord) ?
Contrôle a-t-il été véritablement neutralisé à bord de l’USS Discovery ou est-ce que le vaisseau en titre ne fait que conduire vers le futur la cause même de l’anéantissement de toutes les vies sentients de la Voie Lactée ? C’est comme pour les trains, une "boucle temporelle" discoverienne pourrait en cacher une autre...
Quel 32ème siècle l’équipage de l’USS Discovery va-t-il trouver ? Celui de l’archange Gabrielle avec une galaxie entièrement vide de vie, ou bien celui de l’agent spatio-temporel Daniels et d’une UFP à l’apothéose de son rayonnement ?
Est-ce que l’USS Discovery ne reviendra vraiment jamais au 23ème siècle ? En d’autres termes, est-ce que Short Treks 02 Calypso est l’épilogue de la série ou un simple chapitre ?
Comment Mirror-Georgiou pourrait-elle devenir l’héroïne d’un spin-off dédiée à la Section 31 au 23ème siècle (d’après les annonces de CBS) si elle demeure au 32ème siècle ? La future série dérivée sera-t-elle consacrée à la Section 31 des années 3100 ou bien n’accueillera-t-elle pas l’impératrice Ming ?
Le déplacement du timeframe de la saison 3 en 3187 est-il une façon de renouer avec le projet originel du créateur Bryan Fuller (viré par Alex Kurtzman) qui voulait initialement faire de Discovery une "série anthologique" dont chaque saison se déroulerait à une période distincte de l’Histoire trekkienne (avec des personnages différents) ?
En ayant "transporté" d’une façon aussi prétexte qu’artificieuse les protagonistes principaux dans un futur ultérieur à tous ceux jamais mis en scène dans le Trekverse originel, les showrunners cherchent-ils symboliquement à corriger l’erreur d’avoir initialement situé la série Discovery durant le timeframe de TOS, pour "accorder" enfin les technologies à l’époque ?
Et comment l’hypothétique UFP du futur (celle de Daniels si elle existe encore dans le Star Trek kurtzmanien) réagira-t-elle en se retrouvant nez à nez avec un vaisseau du 23ème siècle effacé des archives historiques et pourtant bourré de technologies inconnues (ou du moins plus avancées qu’à la fin du 24ème siècle) ?
Alors, après une seconde saison qui semble entièrement connectée à (et converger vers) un "dessein supérieur", qui s’apparente à une gigantesque aire de lancement de l’USS Discovery vers le troisième millénaire, et qui culmine par le bouquet final d’une bataille spatiale (gonflée aux stéroïdes anabolisants des effets spéciaux) s’étendant sur un épisode entier... faut-il véritablement se réjouir, faut-il kiffer, faut-il se considérer ému, faut-il tenir quitte la série, faut-il éprouver un sentiment de gratification ?
Alors que pourtant, rien de ce que met en scène cet opus final ne respecte ce que les deux saisons précédentes de la série avaient posé, ni ne justifie les perpétuelles entorses à la chronologie d’une timeline officiellement présentée comme commune à TOS-TNG-DS9-VOY ?
Le final fait mourir de façon sacrificielle (et mélodramatique) un personnage clef (l’amirale Cornwell) alors que l’histoire relatée ne le justifiait aucunement. Tandis qu’un blast door est un argument bien faible pour protéger ce qui est de l’autre côté de l’explosion de proximité d’une torpille à photons, il aurait suffi de téléporter l’amirale à l’intérieur du vaisseau (site-to-site transport pratiqué depuis ENT), voire l’évacuer en combinaison dans l’espace, ou encore employer un robot de réparation pour fermer manuellement de l’intérieur la très improbable porte 100% invulnérable...
Mais c’est ainsi une constante inconstance de la série, et aussi une constante dans l’inconstance de la série : perpétuellement oublier le téléporteur lorsque celui-ci pourrait sauver des vies ou à l’inverse neutraliser des ennemis.
Le final met en scène un voyage supposé prophylactique et sans retour - donc sacrificiel également - vers le futur, alors que les événements de l’épisode en invalident doublement la légitimité.
Le péril Contrôle contre lequel ce voyage est entrepris s’embarque carrément avec les voyageurs ! Auquel cas le voyage devrait aussitôt être annulé tant celui-ci deviendrait contreproductif voire même aggravant.
Mais on annonce finalement que Contrôle a été éliminé in extremis en même temps que son hôte Leland (ce qui a été confirmé en interview par les scénaristes), auquel cas ce voyage perd totalement sa raison d’être... puisqu’il n’est alors plus nécessaire de mettre les archives de la Sphère sentient "à l’abri" dans un futur inconnu (un postulat en lui-même absurde, mais c’est là une analyse qui fut faite en amont, i.e. dans les critiques précédentes).
Le final assène une nouvelle séance d’adieu larmoyantes entre Burnham et Spock alors que rien dans l’enchainement causal ne le justifie puisque ce dernier aurait pu tout aussi bien (avec les mêmes contraintes et les mêmes risques à puissance de boucliers équivalente) être téléporté à bord de l’USS Discovery comme il a finalement été téléporté sur l’USS Enterprise.
Et comme toujours dans DIS, Mary-Sue s’imagine que le Temps lui-même s’arrête pour lui permettre d’exhiber en gros plan ses émotions et ses états d’âme avec des larmes plus grandes que ses yeux et un cœur gros comme ça. Mais dans le présent cas, chaque seconde où l’héroïne suspend les décisions opérationnelles à son nombril (plus généreux encore que ses larmes et son cœur), ce sont de vaillants officiers de Starfleet qui se font massacrer dans l’anonymat. Mais telle est probablement leur condition naturelle dans un univers de VIP-only...
Le final ambitionne de mettre en scène un "vertige temporel", mais hormis quelques scènes visuellement réussies, la mécanique temporelle tient ici du gag ou... d’un pamphlet en règle contre le genre lui-même ! En effet, la circularité sans causalité exogène forme (involontairement) une "machine à déconstruire le temps".
En outre, toute la problématique temporelle repose ici paresseusement sur un animisme de mauvaise fantasy, et l’épisode ne respecte aucun de ses propres axiomes initiaux (en somme exactement comme le firent successivement DIS 02x10 The Red Angel et DIS 02x11 Perpetual Infinity) :
Les contraintes énergétiques présidant à tout voyage temporel alimenté par le cristal éponyme postulaient une recharge de celui-ci à chaque fois (selon les épisodes précédents relatifs à la combinaison de Gabrielle). Or ici ce sont carrément sept voyages temporels sucessifs qui ont été accomplis par Michael sur la même charge et au moyen d’une combinaison identique !
Ni Spock ni Michael ne s’étonnent qu’il soit possible de multiplier à volonté le nombre de voyage temporel, contrairement à ce qui avait été établi dans DIS 02x13 Such Sweet Sorrow. Dans ces conditions, pourquoi la possibilité de revenir du 32ème siècle n’est pas naturellement envisagée par les héros ? Au moyen de ce même cristal... ou bien d’un nouveau récupéré sur Boreth au 32ème siècle. Sans compter que d’autres technologies du futur pourraient également permettre ce retour...
Burnham revisite les cinq premiers red bursts qu’elle est supposée avoir engendré... mais en restant totalement extérieure à la complétude de leurs causalités. Ainsi, DIS 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2 snobe totalement le deus ex machina de Kaminar à la fin de DIS 02x06 The Sounds Of Thunder que ni Gabrielle ni Michael ne pouvaient être faute d’une telle puissance dans leur combinaison de Red Angel. De même, l’épisode ignore l’origine de la prescience par Spock des sept signaux ayant pourtant structuré toute la seconde saison ! Le paradoxe de prédestination éclate ici telle une baudruche !
Dès son premier voyage temporel au moyen d’une combinaison identique, Gabrielle Burnham s’était retrouvée "ancrée" au point d’arrivée, à savoir Terralysium en 3187. Pourquoi sa fille Michael n’a-t-elle pas connu le même sort ? Au minimum, comment se fait-il que nul n’ait envisagé ce risque (notamment lorsque Burnham a inauguré son Red Angel en plongeant dans son propre passé) ?
DIS 02x11 Perpetual Infinity avait établi que toutes les visions prophétiques de Spock quant aux sept red bursts résultaient des tentatives de communication indirectes de Gabrielle Burnham avec lui. Sauf qu’il apparaît finalement dans ce final que c’est Michael et elle seule qui a fait apparaître ces sept red bursts, qui plus est de façon enchaînée et automatisée, et sans jamais avoir tenté d’établir un quelconque contact télépathique avec son frère ! Alors d’où viennent les visions de Spock ? D’un autre deus ex machina que la série conserve dans sa besace pour le futur ou bien d’une totale inconséquence des showrunners ?
Comment la mère de Michael (selon son propre témoignage dans DIS 02x11 Perpetual Infinity) pouvait-elle ne pas connaître l’existence des red burst engendrés ultérieurement par sa fille puisque ceux-ci auront été à l’origine de l’ensemble des événements de la seconde saison de DIS sur laquelle Gabrielle a elle aussi influé (par exemple en conduisant la Sphère rouge à rencontrer l’USS Discovery) quand bien même elle en aurait ignoré l’issue (mise en scène dans ce final) si sa capture par les héros a modifié la timeline future dont elle provenait ?
Le final prétend frapper d’omerta les existences de l’USS Discovery et même de l’héroïne Burnham en les présentant comme à l’origine des périls au cœur de la seconde saison. Pourtant, le péril (Contrôle, ses nanites, et son éveil à la sentience) demeure une création de la Section 31 que Starfleet n’envisage pas un instant de dissoudre (un coup dans l’eau et aucune perfectibilité). Burnham, l’USS Discovery, et son spore drive furent à l’inverse les seuls à même de lutter avec des atouts uniques contre ce péril. Les amalgamer aux causalités dudit péril relève au mieux du sophisme, au pire de la manipulation grossière. En réalité, la seule justification de l’effacement légal de l’USS Discovery et de son équipage de l’Histoire relève de la volonté tardive et artificielle de coller à TOS où il n’a jamais été fait mention de ce vaisseau, ni de sa technologie porteuse de révolutions coperniciennes, ni d’une sœur de Spock.
Mais ce faisant, les auteurs confondent leurr motivations externalistes avec les justifications internalistes qu’ils auront été incapable d’impulser.
Leur objectif évident : sortir du "carcan" d’un prequel liminal à TOS pour que DIS puisse écrire sa propre histoire. Et tenter au passage de faire taire toutes les critiques outre-Atlantique qui depuis 2017 n’ont cessé de reprocher à la série (à fort juste titre) de fouler aux pieds le canon trekkien.
Le problème, c’est que non seulement cette initiative par trop tardive n’efface en rien toute les incompatibilités chronologiques laissées derrière (en 2256-2257) ; mais ladite initiative ne saurait non plus faire oublier aux spectateurs que les héros et leurs technologies limitless (le spore drive qui permet de sauter n’importe où dans l’univers, le réseau mycélien magique qui ressuscite, le cristal temporel non moins magique, la combinaison du Red Angel capable d’aller n’importe où et n’importe quand, les archives sentients de la Voie Lactée, les nanites/replicators plus redoutables encore que ceux des Borgs et apparemment non réversibles, un ressuscité dans un corps glorieux, les humanoïdes augmentés cybernétiquement...) proviennent bel et bien de l’UFP du 23ème siècle pré-TOS.
Et bien entendu, le final inflige au spectateur le triste concours de "celui qui a la plus grosse", sans aucune décence ni retenue contextuelle. Ce sont des rayons phasers continus et des millions de tirs qui auront été échangés durant la majeure partie d’un épisode de plus d’une heure, tenant en réalité d’une interminable giga-méga-bataille spatiale... réussissant l’exploit d’être à la fois statique (par sa structure de Tower Defense) et illisible (par sa perpétuelle stochastique brownienne).
Or dans le Trekverse historique et même dans la Kelvin timeline, les boucliers des vaisseaux de Starfleet ne permettaient de résister qu’à une petite dizaine de tirs de force égale. Et ici, les antagonistes sont bien à la base de force équivalente (puisqu’il s’agit de vaisseaux de Starfleet canal Section 31) quoique très supérieurs en nombre (une trentaine de vaisseaux la Section 31 contre seulement deux principaux pour Starfleet).
Les tirs simultanés sont si nombreux qu’ils masquent littéralement le firmament étoilé durant presque tout l’épisode.
C’est du jamais-vu dans le Trekverse même face au Borgs et durant la guerre du Dominion plus d’un siècle après, mais également du jamais-vu dans les space-op concurrents comme Stargate et Star Wars.
Mais les deux vaisseaux du Starfleet discoverien révèlent une résilience proprement inouïe, au rythme tranquille d’une baisse de 10% des niveaux de boucliers toutes les dix minutes d’écran !
Si l’on en juge par les notes obtenues dans les charts US, l’équation est devenue simple : plus grosse est la bataille spatiale, meilleure est la SF ! Soit l’ultime étape de l’infantilisation de Star Trek, dont la "qualité" est désormais mesurée selon la seule grammaire pyrotechnique (SFX/VFX) des blockbusters clinquants.
Quant à l’ambition philosophique à laquelle s’était parait-il attelée la seconde saison de Discovery au dire des showrunners, à savoir le vieux débat "sciences vs. foi", eh bien DIS 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2 botte en touche, possiblement malgré lui. Car si la SF demeure un décorum, le fond est bien celui de la fantasy, et la religion attend en embuscade, tant par les références symboliques dont les dialogues sont truffés, que par les insondables trous et ambivalences narratives. Loin d’une réponse démystificatrice mais relativiste à la façon de DS9, ou d’une orientation subjectiviste et en trompe l’œil à la manière The X-Files, Discovery a fait le choix de se diriger vers la nébulosité à géométrie variable de Lost. Rien d’étonnant lorsqu’on connait les auteurs...
Cette tentative tardive, maladroite, bancale, et artificielle de DIS pour "recoller les morceaux" engendre donc bien davantage de problèmes qu’elle n’en résout. Il n’y a ici aucune volonté de compréhension des spécificités trekkiennes historiques, ni la moindre remise en question intellectuellement honnête de ce qui a été fait dans DIS depuis 2017. Tout à l’inverse, la démarche des showrunners consiste à réduire l’héritage trekkien à un simple marchepied pour leurs projets en rajoutant une épaisse couche de ce qui a toujours été fait depuis le pilote de la série et même depuis 2009, quitte à témoigner d’un mépris à peine voilé pour les trekkers en les présumant aussi aisément subornables. Mais la poussière un peu trop voyante cachée à la va-vite sous le tapis, le tape-à l’œil incontinent de forme, un max d’alibis émotionnels, et des os à ronger conjugués au conditionnel suffisent-ils à faire diversion et à susciter le consentement ?
Ainsi, pour éliminer de l’Histoire officielle l’USS Discovery et son équipage, on impose un USS Enterprise visuellement aussi peu compatible avec TOS que celui de la Kelvin timeline (seules les couleurs de passerelles diffèrent entre DIS et KTL), et qui ne pourrait en aucune façon prendre chronologiquement place entre TOS 00x01 Then Cage et TOS 01x01 Where No Man Has Gone Before.
De façon plus tangible, cet USS Enterprise discoverien dispose de moyens qui n’existeront même pas dans Starfleet plus d’un siècle après dans ST Nemesis (ni même dans la KTL) : à savoir la capacité de résister durablement à des myriades de drones mais aussi à des milliers de tirs à la seconde émanant de vaisseau d’une force technologiquement équivalente (UFP contre UFP) mais bien supérieure en nombre (à 2 contre 30), des arsenaux de robots réparateurs, et la capacité à déployer des centaines de navettes faisaient office d’astronefs-chasseurs groupés en escadrilles et démultipliant les capacités offensives des vaisseaux de Starfleet !
Et d’où l’USS Enterprise (comportant à peine plus de 200 membres d’équipage à cette époque-là) et l’USS Discovery (qui en comporte environ 136) ont-ils trouvé les pilotes de chasse professionnels pour piloter les centaines de navettes qui composent leur force de défense contre les vaisseaux de Contrôle ?
L’USS Enterprise de DIS possède en son sein non seulement davantage de navettes que celles de la Kelvin timeline, mais davantage encore d’intercepteurs que la Death Star de Star Wars ! Un parti pris qui repose sur le paradigme battlestarien de l’aéronavale des porte-avions et non plus sur le paradigme trekkien de la marine des cuirassés. Pour mémoire, il n’y avait que quatre navettes (et sans capacité de chasse) aussi bien dans l’USS Enterprise que dans tous les autres Constitution Class de TOS !
Ainsi, pour effacer l’USS Discovery et ses technologies post-TNG de l’ère pré-TOS, DIS fait de l’USS Enterprise de Pike un vaisseau plus avancé et plus puissant que l’USS Enterprise de Picard ! On y gagne quoi au change (hormis le spectacle) ?
Tandis que le spore drive est effacé des manuels d’Histoire, l’on sort du chapeau la combinaison du Red Angel développée par la Section 31 offrant la capacité de se projeter tout aussi instantanément n’importe où dans l’espace sans même recourir au mycelium network, et l’on déploie la magie des cristaux temporels conférant au très belliqueux Empire klingon la dignité de maître & gardien du temps ! Rien que ça... et tellement pas raccord avec l’identité klingonne définie durant quatre décennies.
Alors que Burnham devient un interdit et un tabou, celle dont nul ne prononce désormais le nom (sans la moindre raison logique) aura dépossédé Spock de la paternité de sa future amitié avec Kirk - tant à l’honneur de l’IDIC - en l’imputant à une promesse d’adieu qui lui aurait été arrachée par sa sœur !
De plus, en créant un rapport de dépendance projectif et de besoin irrationnel (« Tu es mon équilibre ») envers l’humaine Michael à laquelle son "alter ego" non moins humain Kirk serait appelé à succéder (telle la béquille d’un handicapé), Discovery profane l’essence et l’unicité d’un personnage dont le métissage était une force (et non une fragilité), qui s’est construit certes dans la douleur mais néanmoins par lui-même à la croisée de deux mondes, et qui s’est toujours suffit à lui-même, de TAS 01x04 Yesteryear à TNG 05x07 Unification II.
Soit une nouvelle manifestation, une nouvelle illustration de la pire forme qu’un (faux) prequel peut prendre : démolir l’inhérence de l’œuvre qu’il prétend annoncer.
Et pour une classification "secret défense" de tous les événements de la série Discovery, on fait rétrospectivement passer Spock pour un menteur et un manipulateur dans sa future relation avec Kirk dans TOS, où par exemple lorsqu’il découvrira de bonne foi la possibilité du voyage temporel, il ne s’agira là que d’une comédie qu’il jouera. Idem lors de la découverte de l’univers miroir.
Et de même pour de nombreux événements de TOS tellement éventés et "anachronisés" par DIS qu’ils ne peuvent cohabiter dans une même timeline que si les héros de la série originale sont des arriérés ou des has been, et Spock un hypocrite fini.
À croire que la véritable mission que s’est fixé Discovery, c’est de souiller, d’enlaidir, de démolir, de vandaliser rétroactivement tout ce que Star Trek avait été.
Faut-il encore s’étonner que ce soit à l’idéologie déstructurante du conspirationnisme (une plaie contemporaine) que Discovery ait décidé de s’abreuver pour son "grand déballage" final. En accréditant l’idée fausse et démagogique que des complots peuvent être créés par simple décision administrative, qu’il est aisé d’imposer des mutismes collectifs à des fonctionnaires et des militaires, qu’il est vraisemblable d’étouffer les confidences en brandissant la terreur de la trahison, qu’il est acceptable d’enfouir, de mettre sous le boisseau ou sous scellés, qu’il est viable de falsifier les faits, et même d’effacer de l’Histoire des vaisseaux, des équipages, et des individus.
Discovery ressort et exacerbe les mêmes lunes que dans sa première saison : faire toujours davantage de l’UFP discoverienne une dystopie, mais cette fois-ci non par la disgrâce de quelques faucons fascisants se terrant dans les officines les plus occultes de Starfleet, mais du fait même des héros les plus emblématiques de TOS : à savoir Spock, Pike, et Number One, tous unis dans un mensonge sans cause, sans bénéfice, et sans honneur. Avec pour objectif d’effacer des mémoires la vaillante résistance menée - armes à la main - par les héros contre les dérives morbides de leur société. Frappant ainsi d’exil et d’oubli les héros exemplaires (Mary-Sue & co) et accordant l’absolution au véritable ennemi (la Section 31).
Somme toute, la Section 31 discoverienne (ou kelvinienne) a gagné sur toute la ligne, et elle a désormais imposé son anti-modèle à Starfleet et aux héros iconiques de la série originelle, devenus eux-mêmes les orchestrateurs du complot ! Et le comble est que cela parait naturel aux auteurs, tel la voie la plus lumineuse vers TOS ! Le QED laisse ici un goût fort amer, celui de l’imposture systémique.
Mais outre de dénaturer, de salir, de trahir une nouvelle fois la véritable héroïne de Star Trek - à savoir Starfleet ou l’UFP - Discovery ajoute l’invraisemblance à la laideur.
D’une part, lorsque les interdits se bornent à des auto-privations puritaines et non à des nécessités universelles, en l’occurrence des contraintes que la Fédération s’impose seulement à elle-même, cela laisse le champ libre et l’avantage tactique aux rivaux et aux adversaires (Klingons, Romuliens...) qui eux n’ont se pas tenus par des tels dogmatismes et aveuglements. Qu’il s’agisse de l’USS Discovery, du réseau mycélien, du spore drive, des super-nanites/replicators, de la singularité des IA, du cristal temporel, du Red Angel... autant de sujets de pointe qui deviendront fatalement des enjeux pour tous tandis que Starfleet s’exclura sans raison valide de la "course aux armements". Ou comment transformer une société réaliste en une dinette immature.
D’autre part, toutes classifiées que soient appelées à devenir ces informations, l’Histoire a systématiquement prouvé que "nécessité fait droit". Qu’il s’agisse du voyage temporel partiellement "magique" développé par la Section 31 ou du spore drive inventé par Starfleet, les informations n’ont pas été effacées des archives ni de la mémoire des parties impliquées, et pour peu que des événements tragiques surviennent de nouveau mettant en péril la survie collective (telles la Guerre du Dominion réputée la plus meurtrière de l’Histoire connue dans DS9 ou la projection de l’USS Voyager dans le quadrant delta dans VOY), de telles potentialités scientifiques, tactiques, ou stratégiques ne pouvaient qu’être inéluctablement exhumées tôt ou tard. Sauf qu’elles n’ont jamais reparu, ce qui implique une profonde invraisemblance sociologique... ou une divergence de timeline.
En tout état de cause, les invraisemblances/incohérences/inconséquences/contradictions initiales de la série ne sont non seulement pas solutionnées, mais elles se retrouvent même obérées par un festival de nouvelles (le Guinness World Record est encore battu !), et strictement aucune question contextuelle n’est expliquée :
Pourquoi l’USS Discovery n’a-t-il pas exploité son gigantesque avantage stratégique sur Contrôle et sur toutes les ressources de la Section 31 en utilisant son spore drive pour jumper en plein quadrant beta, gamma, ou delta afin de mettre vraiment à l’abri les archives de la Sphère (i.e. à des centaines d’années-lumière de l’espace de l’UFP en distorsion maximale du 23ème siècle) ?
Pourquoi Pike, Bunrham & co ont-ils tous l’obsession depuis plusieurs épisodes d’envoyer les archives de la Sphère vers le futur d’où provient justement la forme la plus génocidaire de Contrôle ? DIS 02x07 Light And Shadows a-t-il été oublié ? Pourquoi nul n’a envisagé l’option d’envoyer ces données-de-toutes-les-convoitises vers le lointain passé (où Contrôle n’existe pas encore) ?
Pourquoi Burnham et l’USS Discovery ne renoncent-ils pas à leur voyage anti-Contrôle vers le futur sachant que leur ennemi Contrôle s’est embarqué avec eux ? Puis pourquoi persistent-ils ensuite à aller dans le futur alors que Contrôle a finalement été vaincu à la fin de l’épisode ?
Pourquoi parmi les forces de l’UFP, seuls l’USS Discovery et l’USS Enterprise se retrouvent engagés dans un combat de survie (voire de la dernière chance) dont dépend l’avenir de la galaxie alors que Starfleet se targue de disposer de 7 000 vaisseaux ?
Pourquoi l’aide d’une poignée de Kelpiens - peuple pourtant pré-warp et n’ayant jamais quitté sa planète encore quelques semaines auparavant - est considérée comme indispensable par Spock et Burnham pour vaincre Contrôle... alors que la Fédération est constituée de centaines de civilisations maîtrisant les voyages et les combats spatiaux depuis des siècles ?
Comment Siranna et les autres Kelpiens post-vahar’ai, sortant à peine de la domestication inconsciente et ne connaissant rien à l’espace ni même à la technologie en général il y a seulement quelques épisodes (à la fin de DIS 02x06 The Sounds Of Thunder), ont-ils réussi en quelques jours à maîtriser les technologies et les vaisseaux Ba’uls au point de devenir des "pilotes de chasse" aguerris et de grands "guerriers de l’espace" ?
Comment se fait-il que le personnel des USS Discovery et USS Enterprise déplore tout du long de ne pouvoir appeler à l’aide Starfleet Command (du fait du parasitage des communications subspatiales par Contrôle)... alors que dans le même temps des communications holographiques personnelles sont établies par Michael Burnham avec Sarek et Amanda sur Vulcain, et tandis que peu après la chancelière klingonne débarque avec ses vaisseaux ? On peut donc tranquillement papoter avec Vulcain mais en revanche pas contacter Starfleet alors que la survie de tous les êtres sentients est en jeu ? Et l’Empire klingon est capable de localiser l’emplacement de l’ultime bataille avec Contrôle mais pas l’UFP ?
Pourquoi l’USS Discovery n’utilise jamais son téléporteur (pourtant alors pleinement fonctionnel) pour sauver des vies (Airiam, Cornwell) et pour éliminer des menaces (Contrôle-Leland) ?
Pourquoi n’avoir pas simplement employé un robot réparateur ou un trigger pour fermer de l’intérieur la blast door ?
Comment un mur et une porte blindée peuvent-ils rester intacts à quelques mètres de l’explosion d’une torpille à photons lorsque dans le même temps cette dernière désintègre un quart de la soucoupe du vaisseau ?
Pourquoi lors de l’attaque initiale de la passerelle de l’USS Discovery (dans le flashforward de Michael durant l’épisode précédent), Contrôle-Leland tue tout le monde, alors que dans l’attaque effective du final, la plus grande partie du personnel survit (alors que les causalités sont quasiment identiques, la seule différence tient à l’absence de Burnham la "seconde" fois) ?
Pourquoi Michael ne prévient pas ses collègues de son flashforward précognitif de DIS 02x13 Such Sweet Sorrow (attaque armée de la passerelle de l’USS Discovery par Contrôle-Leland, torpille à photons qui se loge dans la coque de l’USS Enterprise...) afin d’éviter que ces catastrophes ne se (re)produisent ?
Comment l’amplificateur de signal quantique de Contrôle-Leland a-t-il permis à l’équipage de l’USS Discovery de déplacer les données de la Sphère... alors que tout déplacement immatériel (c’est-à-dire informatique) repose sur une copie puis sur un effacement... justement bloqué par la sensience des archives ?
Pourquoi les héros n’ont-ils simplement pas tenté de réitérer l’opération avortée à la fin de DIS 02x11 Perpetual Infinity, à savoir déplacer les archives de la Sphère (puisque apparemment leur sentience avait l’amabilité "d’autoriser" cette opération) dans la nouvelle combinaison synthétisée du Red Angel et l’envoyer à vide (sans Michael) dans le futur ?
Comment Michael a-t-elle réussi a accomplir sept voyages temporels successif avec une même charge du cristal temporel alors que Gabrielle ne pouvait en accomplir qu’un seul à la fois ?
Si le nombre de voyages temporels est finalement extensible contrairement à ce que DIS 02x13 Such Sweet Sorrow a prétendu, pourquoi le retour du 32ème siècle est-il considéré comme impossible ou inenvisageable ?
Pourquoi nul n’a émis l’hypothèse que les technologies fatalement beaucoup plus avancées d’un 32ème siècle épargné par Contrôle permettrait un retour aisé au 23ème (dans ENT, l’agent Daniels du 31ème siècle changeait d’époque comme on franchit une porte) ?
Pourquoi Michael et sa combinaison ne se sont pas retrouvées "ancrées" aux premières coordonnées spatio-temporelles visitées, de la même façon que Gabrielle l’aura été au Terralysium du 32ème siècle ?
Comment les vaisseaux de Constitution Class peuvent-ils posséder dans DIS des centaines d’intercepteurs de chasse alors qu’ils ne disposeront que de quatre navettes chacun dans TOS ?
Comment le paradigme maritime de Star Trek a-t-il pu soudain se transmuter en paradigme aéronaval de BSG 2003, moyennant l’intégration d’escadrons de fighter pilots professionnels au sein de Starfleet ?
D’où sortent les deux cents pilotes de navettes alors que l’équipage cumulé des deux vaisseaux de Starfleet dépasse à peine 300 personnes ?
Comment se fait-il que dans ce final, l’équipage de l’USS Discovery se retrouve presque au complet, alors qu’à la fin de l’épisode précédent, seule une "garde prétorienne" de fidèles était supposée accompagner Burnham dans le futur ?
Et comment se fait-il que les effectifs de l’USS Discovery ne soient pas considérablement grevés par tous les pilotes aux commandes des centaines de navettes & modules de défense (et dans l’impossibilité de revenir sur l’USS Discovery pour les mêmes raisons que Spock) ?
Pourquoi les technologies furtives d’occultation sont-elles totalement ignorées par un épisode qui mise pourtant tout dans la bataille spatiale ? Contrôle aurait logiquement dû utiliser les cloaking shields des vaisseaux de la Section 31, tout comme les héros auraient dû avoir accès au bouclier d’occultation personnel de Me Hani Ika Hali Ka Po.
Si Spock était si affligé de ne pouvoir accompagner sa sœur dans le futur, pourquoi ne s’est-il pas fait téléporter sur l’USS Discovery (lorsque ses boucliers ont été restaurés par Tilly) plutôt que sur l’USS Enterprise (pas moins exposé depuis l’explosion de la torpille à photons) ?
S’il était possible de téléporter à la fin Spock depuis la périphérie de la zone de combat, pourquoi n’était-il pas possible d’y téléporter au début Burnham et sa combinaison (afin de limiter les risques et de gagner un temps précieux) ?
Depuis la découverte par Spock du talon d’Achille (i.e. champ magnétique) des humains "assimilés" par les nanites de Contrôle, pourquoi aucun protocole à effet immédiat n’a été mis en place par Starfleet pour neutraliser les "drones" ?
Pourquoi la magnétisation fatale aux nanites de Contrôle-Leland n’a-t-elle été activée que dans le reaction cube et au terme de l’interminable combat chorégraphié avec Cruella, au lieu de l’être dès le début sur la passerelle de l’USS Discovery ?
Comment Mirror-Georgiou (pourtant "simple" humaine quinqua) a-t-elle pu combattre et survivre si longtemps aux coups infligés par l’humain (Leland) cybernétiquement "reconstruit" par Contrôle ?
Pourquoi Contrôle-Leland s’obstine à se bastonner durant une moitié de l’épisode avec Mirror-Georgiou au lieu de s’emparer d’elle (et de ses connaissances sur l’emplacement des archives de la Sphère) en quelques secondes au moyen d’une vague de nanites/replicators comme avait tenté de le faire Contrôle-Gant avec Burnham dans DIS 02x12 Through The Valley Of Shadows->56697#yr] ?
Alors que DIS 01x08 Si Vis Pacem, Para Bellum avait vendu la grande suprématie de force et de vitesse de Saru, puis DIS 02x04 An Obol For Charon et DIS 02x06 The Sounds Of Thunder l’avaient métamorphosé en super-prédateur dépourvu de toute peur, comment se fait-il qu’à aucun moment (ni dans ce final ni dans les épisodes précédents) Super-Saru n’exploite sa supériorité physique pour combattre lui-même Contrôle-Leland ?
Pourquoi l’existence de Contrôle se limitait-elle au seul corps physique de Leland, alors que par définition une IA invasive est une structure algorithmique décentralisée et dématérialisée, multipliant ses probabilités de survie par cyber-mitose ?
Comment Pike, Spock, Tyler, et Number One prétendent-ils faire croire à l’UFP et à Starfleet que l’USS Discovery a été détruit alors que leur équipage et leurs enregistrements de bord témoignent du contraire ?
Qui était le deux ex machina de Kaminar ayant sauvé les Kelpiens de l’extermination dans DIS 02x06 The Sounds Of Thunder (sachant que les combinaisons Dark Angel de Gabrielle et de Michael ne disposent pas d’une telle puissance) ?
D’où Spock sort-il sa vision anticipée (et ses dessins corollaires) des sept red burst puisque ce n’est ni Gabrielle ni Michael qui l’auront sciemment provoquée ?
Pourquoi avoir officiellement déclaré à l’UFP que l’USS Discovery avait été détruit (alors que son voyage vers le futur était cautionné par Starfleet et qu’il pourrait très bien en revenir) ?
Comment l’UFP et Starfleet ont-ils pu croire les assertions mensongères de Pike, Spock, Tyler, et Number One à propos de l’USS Discovery étant donné le nombre de participants à la bataille, et la quantité d’enregistrements électroniques recueillis par les aéronefs ?
Pourquoi vouloir "classifier" toutes les données relatives à l’USS Discovery et son équipage (alors que la vraie menace provenait de la Section 31 et de sa créature Contrôle) ?
Pourquoi avoir présenté à la fin l’autorité de l’UFP (ou de Starfleet Command) comme un ennemi sans visage à qui il faut absolument mentir et avec qui il faut ruser (alors que l’UFP a toujours été a principale héroïne de Star Trek) ?
Alors que la Section 31 a été lourdement discréditée, comment l’UFP peut-elle décider de nommer un ex-Klingon chirurgicalement transformé pour infiltrer les humains (Tyler) à la tête de l’organisation la plus stratégique de Starfleet par son pouvoir, ses technologies, son intel, et son impunité ?
Comment Ash Tyler peut-il réapparaître au grand jour devant tous les Klingons alors que sa tête avait été offerte en pature par L’Rell à ses compatriotes pour asseoir sa légitimité de chancelière à la fin de DIS 02x03 Point Of Light ?
Pourquoi les Klingons pointy-heads au crâne surdimensionné (confinant à celui des xénomorphes d’Alien) dans la première saison ressemblent-ils davantage aux Klingons du 24ème siècle trekkien dans la seconde saison de DIS ? Comment cette transformation en moins d’un an a-t-elle été possible et pour quelle raison aucun personnage de la série ne la remarque ni ne s’en étonne ?
Comment les Klingons monstrueux limite zombies/momies de DIS deviendront les Klingons anthropomorphes de TOS ? ENT avait fourni la plus parfaite des explications avec le Klingon Augment Virus... que DIS est venu ruiner mais sans offrir la moindre alternative crédible…
Comment expliquer les considérables différences de technologies, de designs, de puissances, et d’apparences des vaisseaux entre DIS et TOS, alors que TOS encadre chronologiquement DIS ?
Comment la suppression de l’holographie sur le seul USS Enterprise de Pike peut expliquer qu’il n’y en ait dans aucun vaisseau de l’ère de TOS ?
Comment expliquer que la technologie d’occultation klingonne employée par la Section 31 et qui fut au cœur de la guerre klingonne ayant mis à genou l’UFP dans la saison 1 de DIS… soit totalement inconnue de Kirk et Spock dix ans après dans TOS ?
Comment se fait-il qu’il n’existe pas de General Order 7 (aller sur Talos IV étant passible de la peine de mort) dans DIS ?
Comment est-il possible que les vaisseaux du Starfleet discoverien puissent parfois téléporter à travers leurs boucliers levés durant les alertes rouges (assurément dans DIS 02x06 The Sounds Of Thunder et peut-être dans DIS 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2) ?
Comment expliquer que l’UFP ait engendré d’elle-même une menace si semblable aux Borgs ("assimilation"/"reconstruction", "struggle is pointless"/"resistance is futile"...) voire plus redoutable encore (nanites s’apparentant à des replicators et aux effet irréversibles)... mais que la rencontre future de Starfleet avec eux représente pourtant un choc civilisationnel sans égal ?
Pourquoi y a-t-il tout du long de la seconde saison de DIS autant de pesantes références religieuses à connotations judéo-chrétiennes dans la société supposée agnostique de l’UFP et de Starfleet ? Rien que dans ce final entre l’officière nommée Amin ("amen" dans de nombreuses langues), les références à la prière (Hail Mary) de Number One cautionnées en renfort par le "bon pasteur" Pike...
Comment se fait-il que nul n’imaginait le voyage dans le temps possible dans TOS et que nul (et notamment pas les Klingons pourtant alliés) n’ait jamais fait référence aux cristaux temporels durant les innombrables problématiques temporelles au sein du Trekverse historique ?
Comment expliquer la normalité de "l’augmentation cybernétique" avant TOS alors qu’elle représentera un paradigme nouveau à l’ère de TNG ?
Pourquoi Sylvia Tilly, si exaspérante aux yeux des spectateurs, est-elle pourtant si populaire auprès de tous ses collègues de l’USS Discovery ?
Comment se fait-il que le monopole de la créativité, du courage, de l’expérience et de l’intelligence soit détenu en large majorité par des femmes et des gamines ?
Pourquoi Michael Burnham, pourtant éduquée en Vulcaine, passe-t-elle son temps à chialer ?
Comment se fait-il que les héros de TOS (Pike, Spock, Number One) portent désormais les valeurs de la Section 31 kelvino-discoverienne et soient devenus des manipulateurs/conspirateurs ?
Comment est-il possible que la si utopique et roddenberriene Fédération en 2254 et en 2265 soit devenue si naturellement dystopique et anti-humaniste entre TOS 00x01 The Cage et TOS 01x01 Where No Man Has Gone Before ?
(...)
Et ainsi de suite...
Car contrairement aux apparences, cette long-list est en fait une short-list ! Il suffit de recenser la totalité des incompatibilités, des contradictions, et des WTF méticuleusement relevés dans mes critiques exhaustives depuis le pilote de Discovery pour constater que, deux saisons révolues après, la série peut se prévaloir d’un mémorable surplace : aucun problème de fond n’a été rationnellement structuré ni expliqué (ni à l’échelle de la série, ni à l’échelle de son univers d’appartenance). Tandis que l’unique crédo des showrunners a été progressivement érigé en mantra : « ne pensez pas, ne réfléchissez pas, ne vous retournez pas, et laissez-nous bercer votre temps de cerveau disponible par des scènes d’actions anesthésiantes et des mécanismes émotionnels enjôleurs... »
Mais à force, la mithridatisation s’invite forcément à la partie, et la suspension d’incrédulité fond alors inéluctablement comme neige au soleil. Et il ne reste alors plus qu’à subir... à subir un mauvais spectacle qui éjecte le spectateur de son fauteuil - ou le perd dans les bras de Morphée - presque dans chaque scène. Un mauvais spectacle où les spectateurs ont toujours plusieurs scènes voire épisodes d’avance sur les héros (le comble pour une série qui capitalise tout sur le "twist pour le twist"). Un mauvais spectacle que, tout au mieux, il ne sera possible "d’apprécier" qu’une seule fois, tant il est appelé à dépérir aux visionnages suivants comme tous les produits de consommation (au lieu de grandir comme les œuvres d’art).
Certes, il sera toujours possible de brandir l’alibi d’une troisième saison qui pourra expliquer tout ce qui ne l’a pas encore été, à l’image d’un crédit à la consommation perpétuel jamais remboursé. Mais les showrunners ont désormais fait suffisamment de promesses électorales pour que les spectateurs soient fondés à juger sur pièce le bilan de leur mandat après deux saisons de DIS.
Or le moins que l’on puisse dire est que la série n’a tenu aucune de ses promesses, et qu’elle n’est jamais aussi exécrable que chaque fois qu’elle se mêle de vouloir raccrocher ses wagons à la chronologie, prodiguer du fan-service, et corriger sur le tard les gouffres, les abimes, et les déchirures béantes qu’elle a pourtant elle-même infligés à la chronologie et au canon trekkien durant ses quelques 33 épisodes depuis 2017.
Comme à chaque fois qu’un des épisodes de Discovery tente de rapiécer la tapisserie trekkienne, DIS 02x14 Such Sweet Sorrow : Part 2 aura juste réussi à aggraver la masse critique d’invraisemblances, d’inconséquences, et de trous scénaristiques. Chaque incohérence très illusoirement résolue se paye au prix d’une avalanche de nouvelles incohérences. Au point que Discovery pourrait prétendre au titre peu envié de Gaston Lagaffe des séries TV.
Et cela en grande partie parce qu’Alex Kurtzman et sa bande n’ont pas le cran d’assumer avoir d’emblée placé leur série dans une autre ligne temporelle ou dans un autre univers... pour de vulgaires questions de royalties séparés sur les produits dérivés et le merchandising.
Dans le business, Discovery est ce que l’on nomme un retcon, et qui plus est un énorme ! Si CBS avait joué franc jeu en 2017 avec le public, les usages de la profession auraient alors été respectés par l’application au Star Trek historique (1964-2005) de l’équivalent du label Star Wars Legends adopté par Lucasfilm Ltd afin de préserver tout ce qui avait été produit avant son rachat par Disney. Sauf que CBS avait la crainte de s’aliéner le canal historique des trekkers. Alors les executives ont tenté de maintenir tant bien que mal l’illusion derrière un rideau de fumée de déclarations politiciennes et de conditionnement social, jusqu’à nier l’évidence s’il le faut, et quitte à ringardiser au maximum la frange de connaisseurs qui refusaient de jouer à ce jeu de dupe. Du coup, outre d’être aussi profond qu’irrattrapable, ledit retcon est devenu totalement hypocrite.
Et malheureusement, après tant d’annonces prétentieuses et d’effets de manche pour tenter d’accréditer l’unité de timeline, se dédire aujourd’hui reviendrait pour Kurtzman & co à devoir avouer leur impéritie, i.e. avoir été incapables depuis deux ans de composer un prequel digne de ce nom, c’est-à-dire un prequel respectant à la lettre un univers préexistant (puisqu’il s’agit d’une réalité figée dans l’ambre internaliste), tout en réussissant à satisfaire les attentes du public contemporain (non seulement par la forme, mais aussi et surtout par le fond et la consistance propre). À l’image de la référentielle série prequelle Enterprise, à l’image de quarante années de Star Trek entre 1964 et 2005 qui avait naguère donné l’exemplarité de la continuité à tous les créateurs d’univers imaginaires, à l’image de Rogue One envers la prélogie de Star Wars, à l’image de Doctor Who qui respecte encore aujourd’hui en lettre et en esprit ses origines sixties.
Il en ressort que Discovery apparaît aujourd’hui bien moins courageuse, bien moins honnête, et bien moins respectueuse encore (si cela est possible) du Trekverse et des trekkers que ne le furent entre 2009 et 2016 les trois films Kelvin... quoiqu’avec un peu de mauvais esprit, iceux pourraient aussi apparaître rétrospectivement comme des sessions de viols destinées à préparer les trekkers à la tournante qui allait suivre.
En tant que parfait parangon des travers majeurs et des illusions les plus trompeuses de la série Discovery, son final DIS 02x14 Such Sweet Sorrow : Part 2 échappe de peu au zéro pointé de sa première partie grâce à un flirt - hélas bien trop timide et si peu personnel - avec la hard SF et son indicibilité.
Toujours est-il que Discovery se prend comme à chaque fois les pieds dans le tapis narratif, ses personnages agissent en dépit du bon sens et de toute vraisemblance. Le déroulement des événements n’est à aucun moment guidé par une logique interne, mais uniquement par les intentions et les lubies des auteurs qui transparaissent à chaque scène. En l’occurrence changer dare-dare et à la schlague d’époque trekkienne, après avoir bousillé en profondeur l’ère de TOS. C’est le niveau zéro de l’écriture, et une authentique entreprise coordonnée de sabotage du matériau existant. Faisant de Discovery l’une des pires séries TV - tout genre confondu - de la longue Histoire audiovisuelle ! De quoi être très pessimiste lorsqu’on sait que c’est à cette même équipe de Pieds Nickelés qu’échoit aujourd’hui la destinée de Jean-Luc Picard...
Que les auteurs de Discovery ne s’étonnent donc pas d’être jugés sévèrement pas une partie significative du public. Car ils sont comptables non seulement à l’aune du label qualitatif (chargé d’historicité) dont ils se prévalent, mais également à la mesure de toutes les proclamations auto-satisfaites dont ils inondent massivement les médias-relais depuis plusieurs années. Tels de Gros Bills parodiques depuis 2009, jamais ils n’ont cessé de vouloir à la fois le beurre, l’argent du beurre, et le cul de la crémière. En somme les atouts sans les contreparties, les bénéfices sans les investissements, la politique sans les moyens, les droits sans les devoirs. Et c’est ainsi que jamais Star Trek n’a autant ressemblé à une arnaque décomplexée, à la fois intellectuelle, émotionnelle, scientifique, narrative, causale, et internaliste.
Ainsi donc, les showrunners veulent frapper d’omerta Mary-Sue en in-universe ?!
Et si les spectateurs leur répliquaient en frappant d’omerta le Burnham-show lui-même ?
En réalité : 0/5
YR
EPISODE
Episode : 2.14
Titres : Such Sweet Sorrow Part 2
Date de première diffusion : 18/04/2019 (CBS All Access) - 19/04/2019 (Netflix)
Réalisateur : Olatunde Osunsanmi
Scénariste : Michelle Paradise & Jenny Lumet & Alex Kurtzman
BANDE ANNONCE