Star Trek Strange New Worlds : Critique 2.08 Under the Cloak of War

Date : 31 / 07 / 2023 à 16h30
Sources :

Unification


STAR TREK STRANGE NEW WORLDS

- Date de diffusion : 3/08/2023
- Plateforme de diffusion : Paramount+
- Épisode : 2.08 Under the Cloak of War
- Réalisateur : Jeff W. Byrd
- Scénaristes : Davy Perez
- Interprètes : Anson Mount, Ethan Peck, Rebecca Romijn, Jesse Bush, Christina Chong, Celia Rose Gooding, Melissa Navia, Babs Olusanmokun, Carol Kane et Paul Wesley

LA CRITIQUE FM

Quelle sensation étrange après avoir visionné ce nouvel épisode de Strange New Worlds… Celle de retrouver l’état dans lequel je me trouvais, avant 2005 et l’arrêt de Star Trek Enterprise, lors du visionnage de certains épisodes. Celle d’avoir de la matière à réfléchir.

Je pense que c’est acté que Paramount a clairement demandé à Secret Hideout, à l’initialisation de Discovery, une franchise plus orientée action que réflexion d’où l’incompréhension persistante entre les différents fans.

Personnellement, je n’ai jamais compris pourquoi Star Trek devait choisir entre action et réflexion. Il m’a toujours semblé possible d’associer les deux. Et l’épisode de cette semaine amène de l’eau à mon moulin.

Under the Cloak of War nous donne à voir des séquences ultra spectaculaires de guerre vues du côté des médecins de Starfleet. Ces flash-backs sont des moments de tensions extrêmes où visuellement, les écrans à la Mandalorian, rehaussent le caractère désespéré du moment. Ces souvenirs donnent de la matière à la relation particulière qui unit les personnages joués par Babs Olusanmokun et Jess Bush. Ils interprètent à la perfection les tourments de Joseph M’Benga et Christine Chapel.

Ces séquences spectaculaires font écho à ce qui se déroule dans leur tête alors qu’ils reçoivent à bord de l’Enterprise le Klingon responsable des tueries sur la planète J’Gal. Si le climax du scénario est l’écart entre la légende qui est racontée et la vérité historique, la vraie question que pose l’épisode est plus profonde. L’esprit humain, peut-il vraiment faire table rase du passé ? La réponse à cette question change définitivement la vision qu’on peut avoir du docteur M’Benga.

Toute la problématique est contenue dans le dialogue final entre Pike et M’Benga. C’est tout à l’honneur de cet épisode de laisser au téléspectateur d’avoir sa propre réflexion sur les événements. Comme de si bons Star Trek l’ont fait par le passé...

LA CRITIQUE YR

Ce qui démarque probablement le plus Strange New Worlds des autres séries live de Secret Hideout, c’est sa politique systématique de pillage méthodique et décomplexé de toutes les productions Star Trek antérieures à 2009, la rapprochant en ce sens pas mal de la série Lower Deck avec laquelle elle vient justement de se payer un cross-over moins contrenature qu’il n’y parait. Raisons pour lesquelles ces deux NuTrek réussissent en général à davantage faire illusion…

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse exhaustive du contenu (fatalement riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

Samples et algorithme

SNW 02x08 Under The Cloak Of War n’échappant pas à la règle, voici l’algorithme micro-combinatoire de la semaine :
- L’ex-général ennemi Klingon Dak’Rah, fils de Rah’UI, connu pour être le "boucher de J’Gal", s’est amendé et s’est converti à la paix, devenant ainsi transfuge au sein de l’UFP ➜ ST TNG 03x10 The Defector où l’ex-amiral ennemi romulien Alidar Jarok, responsable du massacre des avant-postes de Norkan, s’est amendé et s’est converti à la paix, devenant ainsi transfuge au sein de Starfleet.
- Mais la rancune des humains envers Klingons rend difficile la venue à bord de l’USS Enterprise du "criminel" repenti Dak’Rah, celui-ci cherche à se racheter mais sa sincérité et ses intentions réelles sont contestées par plusieurs de ses victimes directes, Joseph M’Benga et Christine Chapel, et par association Erica Ortegas ➜ ST VOY 01x15 Jetrel où la rancune des Talaxians envers les Haakonians rend difficile la venue à bord de l’USS Voyager du "criminel" repenti Dr. Ma’Bor Jetrel, celui-ci cherche à se racheter mais sa sincérité et ses intentions réelles sont contestées par une de ses victimes directes, Neelix.
- Le "bad blood" entre le Dr M’Benga et Dak’Rah rend leur relation tendue, haineuse, dangereuse (un médecin pouvant aussi bien soigner que tuer) tandis que le capitaine Pike, conscient du problème, se révèle bien impuissant (malgré ses ordres et ses conseils) ➜ ST ENT 02x21 The Breach où le "bad blood" entre le Dr Phlox (Denobulan) et Hudak (Antaran) rend leur relation tendue, haineuse, dangereuse (un médecin pouvant aussi bien soigner que tuer) tandis que le capitaine Archer, conscient du problème, se révèle bien impuissant (malgré ses ordres et ses conseils).
- Moyennent des flashbacks deux ans auparavant (donc avant la première saison de SNW), tout remonte à la Federation-Klingon War de 2256-57 (durant la première saison de DIS) où Joseph M’Benga et Christine Chapel ont fait l’expérience traumatisante de la médecine de guerre dans la Cité des tentes de la lune de J’Gal face aux impitoyables Klingons, les héros en sont revenus changés, avec des PTSD indélébiles et peu compréhensibles pour ceux qui n’en ont pas fait eux-mêmes l’expérience dans leur chair ➜ ST DS9 05x04 Nor The Battle To The Strong durant la Federation-Klingon War de 2372-73 (durant la quatrième saison de ST DS9) où Jake Sisko a fait l’expérience traumatisante de la médecine de guerre dans l’hôpital de fortune d’Ajilon Prime face aux impitoyables Klingons, le héros en est revenu changé, avec un PTSD indélébiles et peu compréhensible pour ceux qui n’en ont pas fait eux-mêmes l’expérience dans leur chair.
- L’oppression étouffante d’un état de siège (de J’Gal) près de la colonie d’Athos (en 2257), la violence sans fard des pires fronts de guerre, les sacrifices individuels des soldats de Starfleet pour leurs familles et pour l’ensemble de la société civilisée. Avec en face la barbarie du général Dak’Rah et de ses warlords de subordonnés (le général Gra’Val, le commandant Kiff, le capitaine Ruh’Lis). Plein de braves y ont trouvé la mort (le lieutenant andorien Va’Al Trask, l’enseigne Inman), d’autres ont été mutilés (l’enseigne Alvarado éviscéré…) ➜ ST DS9 07x08 The Siege Of AR-558 qui relatera l’oppression étouffante d’un état de siège (de AR-558) dans le système Chin’Toka (en 2375) : la violence sans fard des pires fronts de guerre, les sacrifices individuels des soldats pour leurs familles et pour l’ensemble de la société civilisée. Avec en face la barbarie des Jem’Hadars et des "Houdinis". Plein de braves y ont trouvé la mort (la lieutenante Larkin, le crewman Kellin…), d’autres ont été mutilés (l’enseigne Nog amputé…).
- Mais dans le "présent" de 2259, l’heure est à la diplomatie… et aux dîners mondains à la table du capitaine Pike. Le désormais ambassadeur Dak’Rah (ambassadeur de la Fédération !) est en tournée, et il s’efforce de séduire l’équipage de l’USS Enterprise en brisant les idées reçues sur les Klingons, en faisant du charme et de l’esprit, et en relatant ses exploits en faveur de la paix. Mais derrière la retenue polie et les sourires forcés (par ordre de Starfleet), ceux qui connaissent la face obscure des Klingons rongent leur frein dans l’ombre, ne rêvant que de ravaler pareille autosatisfaction et faire la peau à ces sadiques endimanchés. Et malheureusement Dak’Rah finira par être assassiné (par un officier de Starfleet) ➜ Au début de ST VI The Undiscovered Country en 2293, l’heure est à la diplomatie… et aux dîners mondains à la table du capitaine Kirk. Le chancelier Gorkon (au Klingon High Council !) est en tournée, et il s’efforce de séduire l’équipage de l’USS Enterprise A en brisant les idées reçues sur les Klingons, en faisant du charme et de l’esprit, et en relatant ses exploits en faveur de la paix. Mais derrière la retenue polie et les sourires forcés (par ordre de Starfleet), ceux qui connaissent la face obscure des Klingons rongent leur frein dans l’ombre, ne rêvant que de ravaler pareille autosatisfaction et faire la peau à ces sadiques endimanchés. Et malheureusement Gorkon finira par être assassiné (par deux équipiers de Starfleet).
- Dak’Rah est mu par le désir de prouver à tous et en particulier à son "ennemi" M’Benga qu’il avait toujours cherché à réduire les cruautés et protéger les civils innocents. C’est pourquoi il prétend avoir tué lui-même ses très sadiques warlords (Gra’Val, Kiff, Ruh’Lis) quitte à gagner la réputation infamante de "Butcher of J’Gal" auprès de ses compatriotes. Mais après une séance de maïeutique avec M’Benga, la réalité se révélera moins noble et valorisante pour Dak’Rah… ➜ ST DS9 06x11 Waltz où Gul Dukat est mu par le désir de prouver à tous et en particulier à son "ennemi" Ben Sisko qu’il avait toujours cherché à réduire les cruautés et protéger les Bajorans. C’est pourquoi, il prétend avoir multiplié durant l’occupation de Bajor les initiatives et les réformes les plus généreuses quitte à s’opposer au pouvoir cardassien. Mais après une séance de maïeutique avec Sisko, la réalité se révélera moins noble et valorisante pour Gul Dukat…
- Dak’Rah dissimulait un lourd secret. Il s’était avéré incapable (apparemment par lâcheté) d’arrêter lui-même la folie meurtrière de Gra’Val, Kiff, et Ruh’Lis responsables d’avoir décrétés officiellement ennemis tous ceux qui n’étaient pas guerriers klingons, impliquant le massacres de tous les civils (Klingons inclus) de J’Gal. Alors lorsque M’Benga est venu lui-même assassiner à l’arme blanche (et grâce à la potion magique Protocole 12 qui rend super-fort) les trois warlords en tant que "ninja" des services spéciaux de Starfleet (mais à son initiative après avoir refusé les ordres de missions transmis par feu Va’Al Trask), Dak’Rah a profité de la situation pour s’attribuer la paternité de ces "exécutions" pour mieux dénoncer la criminalité klingonne et devenir un objecteur de conscience au bénéfice de la Fédération. Mais M’Benga n’a pas supporté cette réappropriation de ses propres actes (qu’il jugeait criminels) à des fins pacifiques et l’imposture prédicatrice qui en a résulté. Alors il a mortellement poignardé le Klingon ➜ ST DS9 01x19 Duet où Aamin Marritza, simple documentaliste dans le camp de la mort cardassien Gallitep, se considère coupable de n’avoir rien fait (par lâcheté pense-t-il) pour stopper les atrocités perpétrées contre les Bajorans. Alors, après l’occupation, il a décidé d’emprunter les traits (par chirurgie esthétique) du principal coupable, le criminel de guerre Gul Darhe’el, afin de se faire délibérément arrêter par les Bajorans, et s’offrir en sacrifice à la justice des victimes pour pousser les Cardassiens à mieux expier leurs crimes devant l’Histoire, puis renaître différents. Mais le Bajoran Kainon n’a pas supporté l’exposition médiatique du (prétendu) bourreau de Gallitep. Alors sans attendre le procès, il a mortellement poignardé le Cardassien.
- Joseph M’Benga était à l’origine un agent des black op’ (d’où son expertise en combats rapprochés). Par la suite, il est devenu médecin, mais il n’a jamais réussi à complètement se défaire de ses réflexes de "justicier des basses œuvres". Au contact prolongé de l’ambassadeur Dak’Rah, les traumas de J’Gal sont revenus hanter M’Benga, il a fini par y succomber en assassinant cet ex-criminel de guerre malgré la protection légale que lui offrait la Fédération. Mais la loyauté de sa compagne de combat/trauma, Chapel, n’en sera pas altérée. ➜ ST TNG 04x12 The Wounded qui met à l’honneur le capitaine Benjamin Maxwell qui fut un des combattants les plus décorés durant les Federation-Cardassian Wars (2347-2366). Par la suite, il est devenu un explorateur aux commandes de l’USS Phoenix. Mais au contact des Cardassiens, les traumas de Setlik III (où toute sa famille fut tuée) sont venus hanter Maxwell, et il a fini par y succomber en tuant un équipage de 650 Cardassiens suspectés de trafic d’armes malgré la protection légale offerte par l’armistice. Mais la loyauté de son compagnon de combat/trauma, Miles O’Brien, n’en sera pas altérée.
- Après avoir mortellement poignardé Dak’Rah, tout en bénéficiant du faux témoignage de Chapel (qui réussit à faire passer un meurtre pour de la légitime défense), M’Benga viendra faire la leçon sur son expérience des noires réalités de l’âme qui ne méritent aucun pardon, afin d’édifier le naïf Christopher Pike ➜ ST DS9 07x16 Inter Arma Enim Silent Leges, où après avoir piégé et compromis l’intègre sénatrice romulienne Kimara Cretak (en l’exposant à une condamnation à mort), tout en bénéficiant du soutien implicite de l’amiral William Ross, Luther Sloan (de la Section 31) viendra faire la leçon sur les cruelles lois naturelles de l’univers dont il est chargé de protéger la Fédération et son idéalisme, afin d’édifier le naïf Julian Bashir.

L’essentiel de l’histoire de SNW 02x08 Under The Cloak Of War a donc pu être exclusivement relatée au travers d’une décalcomanie puis collage d’emprunts, modulo une redistribution des noms de personnes et de lieux. Ces dix sources (1964-2005) clairement identifiées ont donc été ouvertement échantillonnés sans valeur ajoutée sémantique, hormis d’avoir :
- transformé le transfuge Dak’Rah — ex-général ennemi et probable criminel de guerre — en... ambassadeur de la Fédération (postulat très peu vraisemblable) ;
- inversé la construction logique du chef d’œuvre ST DS9 01x19 Duet : ce n’est plus un innocent qui reprend à son compte les crimes d’un coupable pour faire expier publiquement les fautes de son peuple (préalable à toute véritable paix), c’est un coupable qui reprend à son compte l’héroïsme d’un innocent de son adversaire pour dénoncer les crimes de son peuple (et ainsi favoriser la paix) ;
- superposé la realpolitik de la Section 31 historique (l’écot que l’idéalisme doit payer au réalisme pour survivre) à un discours libertarien (≈ anar de droite) de vigilante (le droit systémique de se faire justice soi-même car la société bien peu utopique en est incapable).

Analyse

Alors disons-le tout de go, SNW 02x08 Under The Cloak Of War est d’une facture très supérieure en tant qu’épisode de SF à tout ce que Secret Hideout a proposé jusqu’à maintenant. Sans être exceptionnel, il réussit à être peu ou prou au standard des séries mainstream actuelles. C’est-à-dire qu’il n’y a pas une absurdité ou un WTF à chaque minute (donc à défaut d’être pleinement convaincant, il reste possible ici pour le spectateur de suspendre son incrédulité ce qui était quasi-systématiquement impossible depuis 2009), les acteurs pour une fois ne surjouent pas (merci aux excellents Babs Olusanmokun et Jess Bush sur qui l’épisode repose), l’écriture témoigne d’un vrai sens de la gravité dans un épisode qui prend (presque) toute la mesure de son propos (totalement inattendu et inespéré après les bouffonneries d’anthologie que furent les épisodes précédents), la dynamique ne résulte pas seulement de l’opposition à la médiocrité ordinaire de SNW mais également du contraste entre le slow burn du présent et la catharsis du passé, la mise en scène quoique dépourvue de point de vue (c’est de la télé) est néanmoins fine et efficace (pour exprimer notamment les non-dits et les tourments de l’âme), et il y a une inéluctable montée en tension dramatique qui privilégie donc la prévisibilité du classicisme aux twists artificiels (et que ça fait du bien !).

Malheureusement, côté Star Trek, le bilan est à peine "moins pire" qu’à l’accoutumée. Certes la puissance des emprunts au ST historique et leur réassemblage nettement moins inconséquent cette fois permettent à l’épisode de faire illusion pendant au moins une vingtaine de minutes (au maximum une quarantaine pour les moins attentifs). À tel point qu’il serait presque possible pendant un temps polynomial de se croire dans un opus représentatif de ST DS9 ou de ST ENT !
Mais les chiens ne font pas des chats, et fatalement, le naturel kurtzmanien, sorti par la porte, re-rentre par la fenêtre. Progressivement durant l’épisode, brutalement à la fin.

SNW 02x08 Under The Cloak Of War prend le parti de revenir sur un élément improbable inventé par la série Discovery. Si assumer une continuité interne (même au sein de l’édifice bancal du NuTrek) est en soi une initiative estimable, l’expérience a montré qu’entériner trop explicitement ce que Discovery a bricolé (dans son bac-à-sable) est généralement "a ses risques et périls", au minimum contreproductif.
Or il est question ici de revisiter (par des évocations, des conséquences et même des flashbacks avec écrans LED gigantesques façon The Mandalorian) la guerre entre la Fédération et les Klingons sur laquelle s’appuyait la première saison de DIS. Pour mémoire, une guerre ayant permis aux Klingons de prendre l’ascendant sur la Fédération au moyen d’une technologie (les boucliers occulteurs) qu’ils ne pouvaient pourtant posséder puisque Starfleet n’en connaissait pas l’existence dix ans après (cf. ST TOS 01x08 Balance Of Terror) ; une guerre impliquant des Klingons orques ou xénomorphes qui n’étaient aucunement compatibles (ni par leurs caractéristiques physiques, ni par leurs valeurs, ni par leur comportements) à quoi que ce soit que la franchise ait montré avant (à un quelconque moment de l’histoire) ; une guerre dont l’existence même est contredite à cette période de la chronologie par plusieurs répliques (en plein ou en creux) de la série originale (notamment dans ST TOS 01x27 Errand Of Mercy, ST TOS 02x13 The Trouble With Tribbles, et ST TOS 03x11 Day Of The Dove) ; une guerre dont le déroulement même était profondément illogique (les Klingons ont interrompu leur offensive alors qu’ils étaient en train de gagner, et les causes de l’interruption de la guerre furent exactement celles de son déclenchement… même si la saison a tenté de le dissimuler en changeant hypocritement les "règles du jeu" en cours de route).
Si encore SNW 02x08 Under The Cloak Of War avait eu pour pieuse ambition (à la manière de ce qu’auraient fait Manny Coto, Brannon Braga, ou Ronald D Moore) de tenter d’expliquer ou de crédibiliser tout ce non-sens discoverien. Mais rien de tel, l’objectif pour les showrunners de SNW étant uniquement de se servir d’un contexte belliqueux (celui-là en valant bien un autre) pour infliger à deux personnages du main cast (M’Benga et Chapel) de nouveaux traumas tout cuits fraichement sortis du four (car ils avaient le malheur l’un comme l’autre d’avoir résolu leurs traumas initiaux dans plusieurs épisodes précédents et ça ne pouvait donc plus durer ainsi...). Décidément, Le FakeTrek n’est plus l’exploration de la "planète de la semaine", mais du "trauma de la semaine".
Pire, ce faisant, SNW n’a rien fait de mieux que d’infliger au worldbuilding laissé déjà exsangue par DIS des inconséquences (et incohérences) supplémentaires (comme si cela ne suffisait pas en l’état). Les derniers épisodes de la première saison de DIS (DIS 01x14 The War Without, The War Within et DIS 01x15 Will You Take My Hand ?) avaient établi que la Federation-Klingon War s’était déroulée entre 2256 et 2257, avait duré neuf mois, moyennant un tiers de la flotte de Starfleet détruite, et presque 20% du territoire de l’UFP occupé par l’Empire Klingon. Mais voilà que SNW 02x08 Under The Cloak Of War révèle qu’il y a eu pas moins de 100 millions de mort du côté de la Fédération durant cette guerre ! 100 millions ?! Mais est-ce que les auteurs mesurent vraiment la signification des chiffres qu’ils sortent, ou s’agit-il d’abstractions qui ne réclament pas davantage d’implications que de les taper sur un clavier ? La Seconde guerre mondiale avait duré six ans et elle a causé en tout environ 50 millions de morts (ce qui était déjà un record). Rien que pour perpétrer l’innommable Shoah avec ses six millions de morts, il fallut au Troisième Reich des moyens techniques et humains considérables sur de nombreuses années. Alors pour arriver à 100 millions de mort en seulement neuf mois (sur une durée bien moindre en réalité car au moment de DIS 01x07 Magic To Make The Sanest Man Go Mad on ne dénombrait en tout "que" 10 000 morts), une industrie d’extermination systématique (de type camps de la mort) n’y aurait pas suffi. Il aurait fallu que les Klingons recourent, non pas seulement à de puissantes armes atomiques orbitales, mais à des "planet killers" (à la façon de la super-arme xindie de ST ENT) étant donné que la plupart des colonies de la Fédération sont peu peuplées.
Pourtant, rien dans la chronologie trekkienne ultérieure ne suggère de tels moyens techniques, ni d’ailleurs une quelconque idéologie exterminatrice à grande échelle chez les Klingons… Ils sont certes d’un naturel violent et peuvent en arriver à des massacres lorsqu’ils sont emportés par leur berserk, mais de là à planifier froidement le génocide des populations civiles à l’échelle galactique, ce serait trahir gravement leur typo. Mais il est vrai que les productions Kurtzman ne sont pas étrangères à ce genre de révisionnisme. Tablons cependant ici plutôt sur une de ces inconséquences dont elles sont encore plus coutumières...
Or comme pour emphatiser l’incohérence de cette révélation "comptable" de SNW 02x08 Under The Cloak Of War, M’Benga vient à déclarer lui-même dans l’épisode que cette guerre a occasionné relativement peu de changements territoriaux (un parsec d’espace ou deux) ! En somme, exit toute arme planétaire, et même probablement de destruction massive. Alors quid, matériellement parlant ? Avant ce retcon grandiloquent de SNW, la fin de la première saison de DIS suggérait que ladite guerre (2256-57) avait surtout pris la forme de batailles spatiales. Or Starfleet a beau posséder pas mal de bâtiments, ce ne sont pas 400 équipiers maximum par vaisseau et quand bien même dix fois plus par station qui finissent cumulativement par atteindre 100 millions de personnes !
En outre, avec un nombre aussi écrasant de victimes, comment expliquer qu’il n’y ait eu ni impact, ni conséquences, ni traces perceptibles dans la seconde saison de DIS (l’année suivante 2257-58) ni dans la première saison de SNW. 100 millions d’âmes, comme s’il ne s’agissait que d’une comptabilité abstraite, sans effet aucun sur la diégèse... car ne comportant aucun VIP ! Somme toute, on retrouve bien là l’esprit de ST 2009 avec ses six milliards (!!!) de victimes vulcaines... mais dans une ambiance festive car seul importait que les sept VIP recastés de ST TOS se fussent bien retrouvés à la fin.
Enfin, à vouloir ressusciter un ressort de Discovery dans Strange New Worlds, cet "enchâssement" direct n’est à l’avantage de personne, ne faisant que mettre davantage en exergue l’étendue des incohérences et les incompatibilités entre les deux séries... aux showrunners pourtant (communs). L’indignation du public les avait poussés à réviser leur copie quant à l’aspect xénomorphe (et à dire vrai embarrassant) des pseudo-Klingons de la première saison de DIS... mais sans être fichus de fournir le moindre commencement d’explication internaliste à leur métamorphose brutale ni bien sûr de se conformer à la chronologie de leur évolution dans le True Star Trek. Mais pour aggraver encore davantage les choses, SNW n’a pas le courage d’assumer à l’écran ce à quoi ressemblaient vraiment les Klingons dans la première saison de DIS ! Et c’est ainsi que dans l’un des derniers flashbacks de M’Benga, sa confrontation meurtrière avec celui des trois warlords le plus difficile à tuer (selon lui), à savoir le capitaine Ruh’Lis révèle que ce dernier possédait la même morphologie que Dak’Rah dans SNW 02x08 Under The Cloak Of War ! Or cela se déroulait pourtant pendant la première saison de DIS, précisément entre DIS 01x09 Into The Forest I Go et DIS 01x14 The War Without, The War Within. Prouvant une fois de plus que le FakeTrek kurtzmanien ne cesse de se contredire lui-même, selon les cas par médiocrité, par paresse, par malhonnêteté intellectuelle (et donc volonté de manipulation), et ici par… lâcheté. Pas facile en effet d’assumer quelques années après lorsqu’une production est aussi mauvaise... Mais ce qui est le cas pour DIS aujourd’hui le sera pour SNW demain.

Toujours est-il qu’après une guerre majeure de cette envergure, que l’un des plus "infameux" généraux du camp opposé fasse défection et soit accueilli comme transfuge par l’UFP, c’est à peu près crédible. En revanche, qu’il soit promu ambassadeur de la Fédération, c’est juste n’importe nawak ! Car cela supposerait qu’un criminel de guerre ennemi, associé à des massacres de civils, soit directement devenu citoyen de l’UFP (une institution pourtant utopique et éclairée). Puis sans transition, sur la seul bonne foi présumée de ses déclarations, qu’il ait été appelé aux plus hautes responsabilités politiques (à savoir porter symboliquement l’image et représenter les intérêts de la Fédération sous la protection d’une immunité diplomatique), nonobstant tous les risques de sécurité (au regard de son background) et l’indignation morale que sa turbo-promotion ne manquerait pas de susciter auprès des innombrables victimes (et il faut dire que sur ce plan, en avançant des chiffres aussi démesurés, SNW 02x08 Under The Cloak Of War aura tendu le bâton pour se faire battre). Voilà qui est particulièrement difficile à avaler...
Puisque Secret Hideout affectionne tant les parallèles intempestifs entre l’UFP et les USA, prenons quelques exemples... Bien que les États-Unis soient loin d’être aussi exemplaires de la Fédération de ST, et bien que Wernher von Braun fut loin d’avoir une responsabilité comparable à celle de Dak’Rah dans les crimes de guerre de son pays, ce transfuge de l’Allemagne nazie (bénéficiaire de l’Opération Paperclip) aura tout de même mis cinq ans pour gagner un poste de responsabilité technique (mais secrète) aux USA, dix ans pour obtenir la nationalité américaine, et vingt-cinq ans pour devenir directeur adjoint de la NASA. Idem pour Kurt Heinrich Debus. Par ailleurs, aurait-il été imaginable que le maréchal Erwin Rommel, ou l’amiral Karl Dönitz, ou encore le maréchal Gueorgui Joukov soient devenus ambassadeurs des États-Unis, qui plus est dès 1946 ou 1947 ?
En outre, le cas de Dak’Rah ne respecte aucunement la diachronie internaliste de l’univers Star Trek. À savoir que les jalons majeurs de l’Histoire résultent de lignes de forces lourdes, causalement hautement contextualisées, et non interchangeables dans la chronologie juste parce que ça arrangerait les showrunners. C’est en ce sens que seul un concours de circonstances particulier (la destruction de Praxis) permit une entente inédite — et supposée alors impensable — entre Spock et Gorkon en 2293. Le début de ST VI TUC avait explicitement établi qu’il s’agissait d’un "game changer" sans précédent, et du fait d’un état de guerre froide permanent entre Fédération et Empire Klingon dans les décennies précédentes, les deux parties ont eu de grandes difficultés à s’ouvrir à un logiciel aussi nouveau, à dépasser les barrières culturelles/conceptuelles. Et voilà que SNW 02x08 Under The Cloak Of War sort de son chapeau 34 ans avant un haut dignitaire klingon qui serait devenu — presque avec désinvolture — ambassadeur de l’UFP au lendemain d’une guerre génocidaire !!! Ben voyons. On ne s’y prendrait pas autrement si l’on voulait ridiculiser le sixième film de la franchise, contredire la situation géopolitique antérieure (notamment dans de ST TOS/TAS), et même par extension... faire un grand tort à Worf dans ST TNG et ST DS9 par "voie de banalisation". En effet, en quoi Worf sera-t-il un pionnier inaugurant une nouvelle voie au 24ème siècle si Dak’Rah l’avait précédé (et à à un poste plus prestigieux encore) plus d’un siècle avant ?
Dans une certaine mesure, il est de même pour le Dr Joseph M’Benga qui est inexplicablement supposé connaître, pratiquer, et maîtriser en 2259 le Mok’bara (un fait apparemment banal car ça n’étonne même pas Dak’Rah)... alors que les non-Klingons ne semblaient même pas connaître cet art martial klingon plus d’un siècle après en 2367 dans ST TNG 04x14 Clues. Plus généralement, il y avait encore une profonde ignorance des spécificités culturelles et paradigmatiques klingonnes dans ST TOS (2266-2269), et c’est à partir de 2268 dans ST TOS 03x11 Day Of The Dove que la klingonité aura commencé à se livrer aux humains (dans ST ENT 02x19 Judgment, l’expérience d’Archer était strictement personnelle...).
Mais là encore, c’est le syndrome même des anachronismes "lamineurs" de Kelvin, consistant à réunir par magie à une même époque tous les accomplissements sociologiques et scientifiques qui avaient initialement demandé des siècles pour germer et éclore. Soit toute la différence entre univers sujet à la pesanteur et aux conséquences sur le temps long, et univers où rien ne compte ni ne coûte vraiment au-delà du divertissement de l’instant.

La deuxième saison de SNW a infligé au Dr Joseph M’Benga un complet retcon — de ceux dont le FakeTrek use et abuse.
En effet, le M’Benga de la première saison était un innocent médecin, surtout préoccupé par le devenir de sa fille Rukiya atteinte de cygnokemia, et donc contraint de la garder en permanence "sous la main" pour la maintenir en stase en la dématérialisant clandestinement dans la mémoire-tampon d’un téléporteur. Mais dès lors que ce trauma-là fut résolu à la fin de SNW 01x08 The Elysian Kingdom, il fallait bien lui en trouver un autre. C’est ainsi qu’en prévision de ce SNW 02x08 Under The Cloak Of War se voulant le clou de la saison (il faut voir les notes stratosphériques qu’il récolte sur les agrégateurs états-uniens probablement par contraste envers la plaisanterie animée qui précède et la plaisanterie musicale qui suit), la seconde saison a rétroactivement transformé Joseph en ancien commando des forces spéciales, super-guerrier de légende, quoique honteux, quitte à le rendre totalement incompatible avec le personnage homonyme (mais pas du tout alter ego) de ST TOS (à l’instar de Christine Chapel désormais tout aussi alternative).
Ce reboot hypocrite a débuté dans SNW 02x01 The Broken Circle où :
- M’Benga dévoilait soudain des talents phénoménaux en combat rapproché au point de former la responsable de la sécurité La’an !
- Le médecin utilisait une drogue (de sa composition et nommée Protocole 12 selon ce que dévoile SNW 02x08 Under The Cloak Of War) permettant de se transformer en Obélix pour liquider à main nue un équipage complet de Klingons (en somme comme les Augments de ST ENT 04x04 Borderland), mais rendant rétrospectivement incohérente son non-emploi dans tous les ST chronologiquement ultérieurs.
- Il fut révélé que Joseph avait participé en 2256-57 à la Battle of ChaKana sur J’Gal, dont le présent épisode se veut l’écho. Mais vu ce que les flashbacks en révèlent, cette configuration ne cadre pas du tout avec la charge (secrète et clandestine) que représentait à cette époque Rukiya (notamment en ressources de téléportation). Et il parait impensable que M’Benga l’ait fait venir sur le front…
Malgré les divergences actées de typos entre SNW et ST TOS, cela n’empêche probablement pas les showrunners de songer à la façon d’expliquer comment le médecin en chef de l’USS Enterprise durant les "années Pike" se verra invisibilisé dix ans après en médecin adjoint du même vaisseau durant les "années Kirk". Alors effectivement, quelques meurtres occasionnels devraient certainement réussir à justifier — à force — cette petite rétrogradation. On a le sens des causalité chez Secret Hideout…
Dès lors, si l’intérêt de SNW 02x01 The Broken Circle semble être réhaussé par SNW 02x08 Under The Cloak Of War, c’est parce que le premier n’existe en fait que pour servir le second. Le champ d’une saison est bien l’extension maximale de la continuité by Kurtzman... mais au prix de retcons et de reboots à gogo envers les saisons et séries précédentes. C’est donc toujours un système de Ponzi, mais désormais à des échelles variables pour être moins détectable.

Au passage, d’autres WTF potentiels méritent d’être signalés :
- La référence d’Ortegas au Dalaï-lama pourrait être considérée comme anachronique, car divers indicateurs suggèrent qu’à l’ère trekkienne, les figures tutélaires de la plupart des religions contemporaines sont devenues obsolètes, ou du moins ont largement perdu de leur influence.
- Comment se fait-il que le cuistot attitré de toute la seconde saison de SNW, c’est-à-dire Christopher Pike himself, cuisine "comme par hasard" du Jambalaya, la spécialité de Joseph et Benjamin Sisko dans ST DS9 ? (Un fan service aussi stérile que gratuit.)
- Pourquoi Dak’Rah marche-t-il avec une canne ? Alors qu’il n’a visiblement aucun problème de jambe puisqu’il se bat sans difficulté au Mok’bara... au point d’avoir chaque fois le dessus sur M’Benga. Une coquetterie ?
- Sur J’Gal, le QG ennemi est accessible en marchant simplement depuis les arrière-lignes ! Cette configuration ne brille pas par sa crédibilité, surtout lorsque ça bénéficie "comme par hasard" à un camp mais pas à l’autre.
- Il est curieux que tous les flashbacks de M’Benga le conduisent toujours à J’Gal nuitamment. Difficile d’expliquer que cette lune reste perpétuellement dans les ténèbres même si elle est en "tidal locking".
- Avant de partir au front sur J’Gal (pour un voyage sans retour), le lieutenant Va’Al Trask supplie M’Benga de lui fournir la drogue de sa compositions à base d’adrénaline et d’analgésique, le Protocole 12. Mais le médecin refuse au motif que ce n’est pas bon pour la santé. Voilà un argument absurde et même indécent dans un pareil contexte. Parce qu’être tué est encore plus mauvais pour la santé. Or lorsqu’on sait que ce produit permet de matcher en force voire surclasser les Klingons (qui sont naturellement plus forts que les humains), on ne fait pas le difficile en temps de guerre si ça peut faire le départ entre la vie et la mort. À dire vrai, cette potion devrait même être obligatoire (ou du moins disponible) pour tous les soldats de Starfleer partant combattre les Klingons afin d’égaliser les chances. Mais M’Benga a fait la chattemite... et Va’Al Trask a été tué ! Par contre, lorsque lui (Joseph) est parti combattre à son tour (ou plus exactement estourbir Gra’Val, Kiff, le capitaine Ruh’Lis), il n’a pas manqué de s’injecter du Protocole 12 ! Belle mentalité : "faites ce que je dis mais pas ce que fais".
- M’Benga utilise sur le front de J’Gal la technique qu’il emploiera à bord de l’USS Enterprise durant la première saison de SNW pour préserver la vie de Rukiya. C’est bien l’invention de Scotty sur le Jenolan en 2294 (mais portée à la connaissance de la société seulement en 2369 dans ST TNG 06x02 Relics) que SNW se permet d’éventer en partie ici avec 35 ans d’avance. Déposséder les protagonistes du ST historique de leur paternité constitue aussi un viol de continuité…
- Pourquoi ni M’Benga ni Chapel ne songent à rematérialiser temporairement l’enseigne Alvarado le temps d’évacuer par téléportation (un à un apparemment) les rescapés de Starfleet coincés sur le front. Étant donné l’état critique d’Alvarado (les boyaux à l’air), le matérialiser quelques minutes avant de le téléporter à nouveau dans la mémoire tampon, cela aurait certes comporté un risque, mais cela lui aurait malgré tout offert davantage de chances de survie (en attendant d’être évacué vers un hôpital spécialisé) que d’effacer purement et simplement (et donc irréversiblement) son emprunte du buffer de téléportation. Mais n’est-ce pas une façon de fabriquer artificiellement du PTSD comme DIS 02x09 Project Daedalus fabriquait du deuil (Airiam) ?

C’est évidemment à la 44ème minute du timecode que culmine la dramaturgie de l’épisode par le climax cathartique qui résout la montée en tension ininterrompue depuis le début. Sauf que cette acmé rime avec frustration, car "comme par hasard", une cloison diaphane s’interposera entre la caméra et le théâtre du drame, ne permettant donc pas aux spectateurs de voir qui durant la dispute verbale entre M’Benga et Dak’Rah a véritablement saisi (ou voulu saisir) en premier le d’k tahg (poignard klingon). Chapel, elle, prétendra avoir tout vu, et son témoignage — porté par les accents apparents de la sincérité — innocentera M’Benga. Mais étant donné leur lien forgé sur le front, la super-infirmière aurait pu tout aussi bien mentir pour couvrir son collègue. Une sacrée comédienne, aussi bien l’actrice que son personnage, tandis que l’épisode cultive une ambiguïté énigmatique volontaire...
Or ce voile faussement "pudique" n’est pas la caverne de Platon, c’est le foulard d’un prestidigitateur. La finalité est de se dérober aux devoirs qui incombent à la diégèse, c’est-à-dire d’enfumer le spectateur afin de lui interdire tout exégèse sérieuse.
Et c’est bien là que le bât blesse…

La proposition trekkienne implique l’utopie de l’UFP et la maturité collective de ses ressortissants. Ladite utopie peut être éventuellement parfois égratignée (par réalisme), mais pas systématiquement trahie ou piétinée… sinon ce n’est plus Star Trek (selon la définition même de son auteur originel) mais une SF lambda.
En revanche, il n’y a rien d’anti-trekkien en soi à ce qu’un épisode mette en scène un meurtre perpétré par un ressortissant de la Fédération, un officier de Starfleet, et même — pourquoi pas — un protagoniste du main cast. Tout dépendra de la manière dont cela est traité, de ce que cela révèle, et des objectifs de la narration. L’UFP est l’antithèse d’une société totalitaire, les individus sont donc libres, et un état social utopique (dépourvu de pauvreté, de classes et de préjugés) ne met pas pour autant totalement à l’abri des dérapages individuels. Le True Star Trek n’a jamais été naïf, et il ne fut pas avare de crimes endogènes : certains indéfendables (le Dr. Tristan Adams dans ST TOS 01x10 Dagger Of The Mind, le gouverneur Kodos de Tarsus IV alias Anton Karidian et sa fille Lenore dans ST TOS 01x12 The Conscience Of The King, le capitaine Ronald Tracey dans ST TOS 02x25 The Omega Glory, le capitaine Garth Of Izar dans ST TOS 03x16 Whom Gods Destroy, le lieutenant Chu’lak dans ST DS9 07x13 Field Of Fire…), d’autres polémiques (à l’exemple du capitaine Benjamin Maxwell dans ST TNG 04x12 The Wounded, de Jadzia Dax dans ST DS9 02x19 Blood Oath et de la capitaine Kathryn Janeway dans ST VOY 03x22+04x01 Scorpion), et quelques-uns défendables quoique pas forcément légitimes (l’amiral Erik Pressman dans ST TNG 07x12 The Pegasus, Benjamin Sisko dans ST DS9 06x19 In The Pale Moonlight, Luther Sloan dans ST DS9 07x16 Inter Arma Enim Silent Leges…).
Conformément à cette tradition, que le vétéran (comme M’Benga) d’un conflit armé, sous l’effet d’un PTSD ou par désapprobation rationnelle d’une décision politique/juridique de l’UFP assassine froidement celui qu’il estime coupable de crimes de guerre, cela pouvait faire un vrai sujet trekkien, à condition en amont que le caractère pleinement criminel de cet acte soit assumé à l’écran, et en aval que ses conséquences réelles soient équitablement exposées (avec arrestation, verbalisation dialectique, répercussions de la mort de Dak’Rah, débats et procès…), a fortiori sur plusieurs épisodes étant donné l’implication d’un personnage du main cast. En somme, un traitement bénéficiant de la même honnêteté intellectuelle que la thématique du Maquis au travers de ST TNG et ST DS9
Malheureusement, SNW 02x08 Under The Cloak Of War se dérobe à tous ses attendus, et cela même avant le meurtre prétendument expiatoire…

Malgré une morphologie s’apparentant aux Klingons de la TNG-era ou plus exactement de ST VI TUC, Dak’Rah n’a le comportement d’aucun d’eux, ni même de ceux de ST TOS. Malgré ses "ridges" frontales, le personnage interprété par Robert Wisdom possède plutôt les caractéristiques du Californien très porté sur les happenings et les afters. Et alors que ses anecdotes de paix (et non de guerre) rencontraient pas mal de succès auprès de l’équipage de l’USS Enterprise (à quelques exceptions près comme Ortegas), il a suffi que Rah croise pendant le dîner officiel M’Benga pour détecter dans son expression et ses yeux hostiles un vétéran de J’Gal. Alors plutôt que de l’éviter prudemment (ou à défaut contenir intelligemment les interactions) pour prévenir un accident (ou une pub contreproductive pour sa com), Dak’Rah a focalisé toute son attention sur lui presque comme si c’était le coup de foudre. Dès leur première rencontre sur le vaisseau, il a alors tenté de socialiser au travers de séances de Mok’bara (le judo klingon), d’en appeler à une fraternité d’armes (sérieux ?) pour effacer les rancœurs du champ de bataille. Bref, le Klingon s’est lancé à cœur perdu dans une bromance et/ou un partenariat public pour les conférences de paix (sur le thème de deux anciens ennemis du champ de bataille qui travailleraient ensemble).
De son côté, au lieu de décourager les "avances" du Klingon, M’Benga a passivement laissé faire… mais sans pour autant laisser de prise à une quelconque dynamique d’empathie et d’entente. Il a même été assailli par des flashbacks de plus en plus graphiques du front de J’Gal deux ans avant, venant nourrir une haine rentrée croissante. Dès lors, ce qui pouvait ressembler à une bonne opportunité de communication pour l’ambassadeur (du moins selon un entendement très humain) s’est transformé en un harcèlement malsain. Dak’Rah — dépourvu de toute la psychologie et de la sensibilité à fleur de peau des Klingons — ne remarquera aucun des signes pourtant éloquents de la perte de contrôle de M’Benga en sa présence… alors que paradoxalement Pike l’aura détecté (mais sans rien faire pas même affecter des gardes du corps à l’ambassadeur) et Una aussi (en faisant toutefois prendre au vaisseau un raccourci via la nébuleuse de Chantico afin de débarquer l’ambassadeur au plus tôt). Qu’à cela ne tienne, Dak’Rah se transformera progressivement en François Pignon dans L’Emmerdeur (1973) de Francis Veber et Edouard Molinaro, s’accrochant maladivement à Ralf Milan, enfin à M’Benga, sans rien sentir ni comprendre à la situation !
Et lors de la dernière visite de l’ambassadeur à l’infirmerie, Joseph — presque désespéré — le suppliera de s’en aller… décuplant donc chez celui-ci (comme de bien entendu) le désir de s’imposer et de prendre racine. Alors M’Benga n’aura d’autre choix que de balancer à Dak’Rah le mensonge qu’il s’employait tant à dissimuler et sur lequel il a bâti sa légende de "faiseur de paix" : il n’est pas le "Boucher de J’Gal" ! C’est le brave docteur qui était allé lui-même tuer au poignard ses trois lieutenants génocidaires pour en protéger les victimes civiles, tandis que Dak’Rah les laissait faire (voire les soutenait). Mais ce que M’Benga a vécu comme infamant (la manière dont la guerre l’a transformé), le Klingon en a postérieurement fait une fierté et un acte de ralliement à la Fédération. Faisant donc de Dak’Rah un imposteur opportuniste et de Joseph… un témoin gênant.
D’aucuns seraient peut-être tentés de détecter une fragrance de Music Box (1989) de Costa-Gavras dans ce coup de théâtre, mais eût-il encore fallu pour cela qu’il existe un lien initial d’estime de M’Benga pour le Klingon (ce qui n’est pas le cas, car le médecin connaissait toute la vérité depuis le début) et surtout que la société dans son ensemble ignore tout des crimes de guerre de Dak’Rah (or tout le monde le savait au bémol près de son absence de rôle dans l’exécution de ses subordonnés).

Le capitaine a reçu à bord de l’USS un dignitaire majeur à double casquette (à la fois un ambassadeur de la Fédération et un ex-général klingon), avec des consignes de protection très strictes de Starfleet (tenir notamment à l’écart le personnel impliqué dans la dernière guerre avec les Klingons). Et pourtant Pike manque comme par hasard à toutes ses obligations de commandant puisque : #1 il ne fait pas protéger l’ambassadeur 24h/24 (il ne le fait même pas protéger du tout !) par ses officiers de sécurité (dont il ne manque pourtant pas !) alors qu’il n’ignore pas les tensions à bord (notamment avec le Dr M’Benga) puisqu’il en parle périodiquement avec ses collègues ; #2 il n’anticipe pas les risques de faire se croiser les anciens belligérants, il ne cherche à aucun moment à protéger (ni isoler) les traumatisés de guerre sous sa responsabilité, il oblige M’Benga et Chapel à prendre part au dîner officiel avec l’ambassadeur alors que leur présence n’est d’aucune utilité et qu’elle bafoue même en partie l’ordre protocolaire (puisque l’infirmière est bien moins gradée que l’ingénieure en chef Pelia pourtant non invitée !), et il laisse avec passivité Joseph et Dak’Rah entrer dans une spirale relationnelle dangereuse et autodestructrice. À un tel niveau de négligence, cela s’apparente à du sabotage, à une volonté délibérée de laisser advenir la tragédie. Par conséquent, conclure que Pike n’est pas à la hauteur de ses fonctions serait un euphémisme. Il faut dire que dans cette seconde saison de SNW, Christopher semble avoir progressivement troqué sa casquette de capitaine contre celle de chef cuisinier. Ceci explique probablement cela, mais quelle curieuse involution...
Étant donné que le passif opérationnel (et traumatique) de M’Benga durant la guerre UFP-Klingons était versé à son dossier, les nombreux signes d’instabilité qu’il a manifesté depuis l’arrivée de Dak’Rah aurait dû lui valoir — dans une force militaire crédible — d’être temporairement relevé de ses fonctions et confiné préventivement dans ses quartiers. Si ce n’est par le capitaine Pike (de facto démissionnaire), au moins par la XO Chin-Riley (qui est directement cheffe du personnel) ou par un autre médecin de bord (même subordonné). Hélas, contrairement à l’USS Enterprise de ST TOS (qui embarquait logiquement plusieurs médecins), l’USS Enterprise de SNW possède des locaux bien plus vastes pour un personnel bien plus réduit. Aucun autre médecin que M’Benga n’est jamais apparu on screen, et son personnel se limite à… l’infirmière Chapel (qui le surclasse dans tous les domaines de compétences). C’est bien beau le VIPisme, mais parfois, la crédibilité en souffre...
Même impéritie envers Christine elle-même dont le comportement erratique n’a pas échappé à Spock. Peut-être aurait-il pu l’aider au moyen de techniques vulcaines (cf. ST ENT), y compris le mind meld (à la faveur de leur intimité récente) ? Mais entre une absence totale de psychologie chez Spock (qui se comporte encore comme un ado humain) et l’auto-emmurement de Chapel (qui refuse toute aide de quiconque n’ayant pas vécu la même trauma qu’elle), il en résulte un dialogue stérile de sourds.
De son côté, Joseph prétendait ne plus vouloir interagir avec Dak’Rah tant sa seule présence lui rappelait un passé qui le hantait (et lui faisait honte), mais il a comme par hasard sorti et ouvert le caisson dans lequel il conservait précieusement le d’k tahg avec lequel il tua Gra’Val, Kiff et Ruh’Lis. Et c’est comme par hasard le moment où l’ambassadeur lui rend visite (au mépris de son évident refus de le voir). C’est encore comme par hasard le moment que choisira M’Benga pour lui révéler être le seul au monde (avec lui) à savoir la vérité inavouable sur la mort des trois warlords, sous-entendant qu’il pourrait le dénoncer publiquement et ainsi ruiner toute son action. C’est lors comme par hasard que Joseph s’écartera de la mallette pour exhiber la preuve médico-légale de ses assertions tout en laissant le poignard traditionnel klingon exercer son emprise inconsciente sur l’ex-général. Et comme par hasard, Dak’Rah continuera à insister pour embarquer le médecin sans sa croisade de paix… en point de venir le toucher à la manière d’un harcèlement sexuel.
En fait tout s’est passé comme si, avec l’encouragement pro-actif de l’équipage de l’USS Enterprise et en particulier du capitaine Pike, les deux antagonistes avaient — l’un comme l’autre — vraiment tout fait pour se piéger mutuellement, pour se pousser à bout, et pour que ça se termine en tragédie selon une pulsion de mort. Soit le prototype même d’un drama très artificiellement amené par la narration — la main externaliste bien lourde des auteurs venant une nouvelle fois piétiner tout semblant d’internalisme.
Finalement, le montage a délibérément caché aux spectateurs la scène du crime comme si les détails étaient sans importance, alors qu’en pareil cas, les détails sont justement essentiels pour comprendre les causalités exactes, pour faire la lumière sur les motivations et faire le départ entre culpabilité et innocence. L’hypothèse (peu probable) d’une licence artistique ou d’un caviardage à l’usage d’un classement TV-PG n’exonérerait en rien le parodie d’enquête qui a suivi, entre La’an si paranoïaque d’ordinaire mais qui se borne ici à confirmer l’évidence (le d’k tahg comporte en effet le sang des quatre Klingons), la (prétendue) témoin Chapel dont la déclaration est aussi suspecte que celle de M’Benga lui-même (du fait de leurs antécédents communs à J’Gal), et pire que tout, la complaisance allongée du capitaine Pike offrant le moment le plus "indigne de ses fonctions" depuis le début de la série au nom de l’horizontalité et du copinage ! Joseph n’est ni arrêté, ni même relevé de ses fonctions, ses seules déclarations suffisent (de la "légitime défense" parait-il), et la suspicion de pure forme dont il fait l’objet est aussitôt dissoute dans du performatif voire de l’idéologie.
En somme, la figure tutélaire qui incarne l’idéal institutionnel trekkien ferme les yeux sur un meurtre potentiel voire le cautionne en creux. Soit le symptôme états-unien très classique (donc anachronique ici) de confusion entre justice et pardon, d’autant plus impropre en la circonstance que le suspect ne cherche même pas à se faire pardonner puisqu’il ne reconnait rien. Celui-ci ne se remet à aucun moment en question, ment au minimum sur sa possession du d’k tahg et sur son rôle dans la mort des trois warlords, et il a même le culot de profiter de son impunité pour faire la promotion du vigilantisme !

Alors derrière le voile de l’enfumage (aussi bien la vitre diaphane de l’infirmerie que de la réunion artificielle des conditions pour que ce drame se produise), comment comprendre ce crime ? En huit hypothèses (dont certaines sont davantage vraisemblables que d’autres et qui ne s’excluent pas forcément toutes mutuellement) :
- #1 Dak’Rah était-il tellement illuminé par son projet pacifiste à contremploi et en même temps tellement dépourvu d’intuition et de psychologie qu’il ne s’est pas rendu compte être progressivement devenu pour M’Benga une incitation vivante au meurtre ?
- #2 Ou à l’inverse, la métanoïa de Dak’Rah était tellement profonde (suite à ses crimes de guerre passés, suite à sa lâcheté face au "ninja" humain, suite au mensonge sur lequel reposait en partie son jeu diplomatique actuel) qu’il voulait en finir avec la vie, mais comme les valeurs klingonnes ne permettent pas le suicide actif direct (cf. par exemple ST DS9 04x15 Sons Of Mogh), alors il a fait de M’Benga son Mauk-to’Vor (avec succès mais sans le lui demander franchement).
- #3 Ou encore, sachant que Joseph en savait trop et refusait d’offrir son appui, Dak’Rah a compris qu’il représentait dorénavant une menace pour son image, et il donc profité de la présence du d’k tahg à côté pour l’assassiner, mais dans un réflexe de légitime défense du médecin, l’arme s’est retournée contre lui.
- #4 Ou plus trivialement, le Klingon avait-il une attirance physique non assumée pour l’humain qui s’est pulsionnellement muée dans l’infirmerie en tentative de viol, auquel cas Joseph était-il simplement en situation de légitime défense dans une affaire de droit commun (et de mœurs) ?
- #5 Côté M’Benga, était-ce simplement un trop plein, une pulsion vengeresse à laquelle il a exceptionnellement cédé face à l’indécente autosatisfaction publique de Dak’Rah et au harcèlement indécent auquel il se livrait en toute impunité (le PTSD serait alors "l’excuse" du médecin) ?
- #6 Joseph a-t-il "disjoncté" parce qu’il avait été dépossédé par Dak’Rah de la paternité de ses propres meurtres, et que ceux-ci avaient été transformés en faits de gloire du seul fait de provenir (officiellement) d’un Klingon, rendant le médecin auxiliaire d’une inversion à laquelle il lui fallait absolument mettre un terme ?
- #7 Était-ce une action préméditée de la part de M’Benga pour faire venir à lui le faux "Butcher of J’Gal", puis le provoquer en le menaçant de l’exposer (pour imposture) tout en lui mettant un d’k tahg (à la fois arme et preuve) sous le nez, et finalement "terminer le travail" (qu’il avait entamé sur le front deux ans avant) sous le couvert d’un alibi pénal ?
- #8 Ou en globalisant/amalgamant, et avec un poil de provocation, serait-il possible de considérer qu’il existait une vieille relation d’amour-haine (Eros et Thanatos) entre ces deux hommes qui se ressemblaient tant sans l’admettre, et ce fut simplement une dispute virile ayant mal tourné, ce qui relèverait (presque) du crime passionnel (ou de l’accident) ?

Beaucoup d’hypothèses donc (chacune possédant une signification et des implications bien différentes…) qu’un Star Trek authentique et surtout intellectuellement honnête auraient scénaristiquement embrassé. Mais comme ni le montage visuel ni les dialogues ne permettent vraiment de savoir qui s’est saisi en premier du d’k tahg pour poignarder l’autre (or cette intentionnalité est le fondement même de la détermination de la culpabilité), la seule connaissance de l’identité de celui (M’Benga) qui a porté le coup final létal n’est pas un élément suffisant pour juger au-delà du doute raisonnable dans un état de droit.
Mais dans le même temps, l’enchaînement tendancieux des événements, les passifs "criminels" (au sens humain) de Dak’Rah (qu’il soit sincèrement repenti ou pas), sa tension croissante en présence du "jeu altruiste et repentant" de l’ambassadeur (le médecin était devenu une "cocote minute sous pression" prêt à exploser malgré son calme apparent), l’exacerbation du mobile de M’Benga durant tout l’épisode (via les flashbacks nombreux, les échanges de conspirateurs avec Chapel…), le dévoilement du d’k tahg incriminant par Joseph (juste au "bon" moment pour le passage scripté), le flagrant-délit de mensonge éhonté durant l’enquête bidon finale (M’Benga dissimule son passé et fait croire sans effort à ses collègues de Starfleet que Dak’Rah avait rapporté dans ses bagages l’arme du meurtre des trois warlords alors qu’elle appartenait au médecin)… tous ces éléments à charge convaincront (dans l’ordre de l’intime conviction) 90% des spectateurs que le médecin du main cast s’est non seulement fait justice lui-même (mais sans l’assumer devant ses pairs), mais a en outre employé pour cela une méthode de pousse-au-crime digne d’un tueur professionnel sans scrupule mais indigne d’un officier de Starfleet (tout en gémissant sur la façon dont J’Gal l’aurait transformé, la bonne blague).
Auquel cas, mine de rien, M’Benga a construit le crime parfait, au nez et la barbe de la "lumineuse" Starfleet. Avec cependant la complicité active du script et d’un artifice de la mise en scène. Comme il n’y a ni preuve ni investigation sérieuse (le déclaratif du suspect suffisant bien puisque c’est un VIP après tout), il y aura toujours un doute. C’est ainsi qu’en aval le personnage se paye un meurtre de sang-froid sous l’impunité de la légitime défense. Et c’est ainsi qu’en amont les auteurs peuvent se payer impunément une belle apologie du vigilantisme (que n’aurait pas renié un Paul Kersey dans Death Wish ou un Dirty Harry Callahan) en guise de péroraison, laissant littéralement à quia Pike (et donc ce qui reste de Starfleet à travers lui)... alors qu’il y aurait eu tant à répliquer (si les dialogues avaient été vraiment dialectiques et/ou brillamment écrits).
En prenant ainsi le parti du discours final de M’Benga sans être comptable du (probable) crime de celui-ci, l’épisode sort de sa neutralité épistémologique (donc aucun dilemme moral possible) tout en bénéficiant d’une "plausible deniability" (pour se couvrir face aux trekkers mécontents qui n’auraient pas été dupes du procédé). Derrière une apparente ouverture qui ferait mine de laisser à chaque spectateur le choix de se positionner, la morale de l’épisode — en réalité impérative — est au mieux décliniste au pire nihiliste.

En imputant le d’k tahg (maculé du sang de toutes ses victimes) à feu Dak’Rah — sachant qu’il n’y aurait désormais plus personne pour contester cette version mensongère des faits — M’Benga se décharge définitivement de ses meurtres des trois warlords klingons sur le défunt ambassadeur, alors que celui-ci ne demandait justement pas mieux de son vivant, renforçant ainsi ironiquement la "légende" de celui qui lui faisait tellement horreur…
Prendre prétexte de l’appropriation des trois meurtres (a priori légitimes) perpétrés par M’Benga (en temps de guerre) pour dénier a priori à Dak’Rah toute sincérité et, partant, tout utilité à son apostolat de paix, c’est une posture à la fois dogmatique et courtermiste
- Déjà, Joseph prétendait souffrir le martyr d’avoir ce sang sur les mains, or voir ces actes dont il avait tant honte servir une cause humaniste aurait dû au contraire l’aider à surmonter son trauma par un bénéfice social inattendu. Il s’est pourtant comporté comme si ses crimes étaient copyrightés au point d’assassiner le pirate puis lui céder ses droits après sa mort ! Mais WTF quoi ! À l’image du pseudo-trauma lui-même. S’il était un pro des black ops et un assassin émérite dans sa "vie antérieure" (pré-médicale), M’Benga avait franchi le "Rubicon moral" et avait été "transformé" bien avant la guerre de 2256-57. Et l’assassinat des trois warlord Klingons restait une opération militaire légitime à finalité prophylactique (sauver des vies civiles), qui plus est suffisamment "naturelle" pour que Joseph l’entreprenne à son initiative, seul (sans aucun renfort) contre plusieurs guerriers klingons (rien que ça !), et… la réussisse ! Du coup, son obsession autocentrée pour "la guerre qui transforme" est une comédie qu’il se joue à lui-même et/ou public vu qu’il était déjà depuis longtemps un professionnel accompli du meurtre, sa comédie de "prude effarouchée" qui aurait perdu sa "virginité morale" du seul fait de Dak’Rah sonne particulièrement tartuffe, et son trauma-fonction colle assez mal au passif redoutable dont SNW tente de l’affubler depuis le début de la deuxième saison (mais pas avant).
- Ensuite, l’éventuelle hypocrisie ou sincérité de Dak’Rah ne conditionnait guère le bénéfice collectif de son action depuis la fin de la guerre (il n’y que les régimes totalitaires qui prétendent entrer dans la tête des gens, les états de droit et a fortiori les utopies se contentent des actes). Quand bien même Dak’Rah aurait fait preuve de lâcheté ou de complicité en n’éliminant pas ses lieutenants, quand bien même il aurait sa part de responsabilité dans les massacres des civils, le plus important pour l’intérêt de la Fédération ait qu’il ait embrassé la cause de la paix après la guerre. Et cela M’Benga ne pouvait l’ignorer avant de croiser en live Dak’Rah, désormais ambassadeur. Or l’action publique de ce dernier ne semblait guère gêner le docteur auparavant (il aurait pu le dénoncer via Starfleet si son mensonge sur les trois warlords changeait vraiment la donne). Alors qu’est-ce sa présence ponctuelle sur l’USS Enterprise a-t-elle fondamentalement changé ? Joseph n’était-il soudain plus capable d’endurer stoïquement et en silence durant quelques jours un reflux de souvenirs, alors qu’il avait pourtant parfaitement survécu à la réalité tangible de ces événements des semaines durant il y a deux ans ?! À d’autres…
- Enfin, prétendre que les crimes des Dak’Rah sont trop inexpiables pour lui accorder tout rachat et toute seconde chance (inscrite pourtant au frontispice de la Fédération ce que l’épisode a tout de même la bonne grâce de rappeler par la voix de Pike), lui dénier la possibilité de s’amender et d’évoluer, non seulement c’est anti-trekkien, mais cela constitue en substance une régression à un état antique de l’humanité où même la conversion de Paul de Tarse sur le chemin de Damas n’aurait pas eu sa place. Mine de rien, M’Benga trahit (voire ridiculise) lui-même l’aphorisme qu’il a doctement énoncé à Ortegas en début d’épisode (« à force de faire semblant, ça devient parfois la réalité »).
- Mais le plus choquant peut-être, c’est que le postulat de l’épisode — tout comme le jugement moral porté par M’Benga — ignore totalement l’identité extraterrestre du "prévenu". Quand bien même ce serait raccord avec l’interprétation tapageusement américano-contemporaine de Robert Wisdom (ceci expliquant cela), les Klingons ne sont pas supposés posséder les valeurs de l’UFP et ne sont donc aucunement comptables envers elles (ainsi que le True Star Trek n’avait cessé de le montrer). Les perspectives d’entente avec eux n’en passent pas par des processus procustes "d’évangélisation" puis de "rédemption" qui supposeraient que la moraline est universelle. Si ces préalables relativistes trekkiens (et même simplement SF) avaient été assumés par l’épisode, le cheminement de Dak’Rah vers la Fédération aurait dû être perçu comme inédit et exceptionnel, honorifique et flatteur pour les Terriens et les autres membres, et même le vétéran M’Benga se serait interdit à des critères aussi bassement anthropocentrés pour formuler un quelconque jugement ad personam. Mais le fait qu’il l’ait "condamné" et "executé" ainsi, comme si ça allait de soi, comme s’il y avait un corpus moral commun obligatoire dans toute la galaxie, qui plus est si tôt dans la chronologie de la Fédération, cela témoigne d’un invraisemblable naturel d’arrogance et d’impérialisme au sein de cette humanité kurtzmanienne (qui n’en a même pas conscience). Et c’est également plutôt contradictoire venant d’un "guerrier" aussi expérimenté que Joseph, se prévalant en outre de posséder une aussi grande connaissance de la culture klingonne au 23ème siècle (cf. le Mok’bara...).

Bilan

Pour les besoins de l’analyse, admettons les hypothèses de départ de SNW 02x08 Under The Cloak Of War — aussi invraisemblables et irrespectueuses de l’internalisme qu’elles soient (les 100 millions de morts, le général klingon devenu ambassadeur de l’UFP, l’anachronisme envers ST VI TUC, le retcon du médecin en chef de l’USS Enterprise...).
Eh bien, M’Benga et tous les autres protagonistes de l’épisode — donc les scénaristes eux-mêmes — semblent avoir perdu de vue qu’à la fin de la Federation-Klingon War de 2256-57, les Klingons se sont repliés officiellement à leur initiative, en réalité grâce à une entente secrète (et incohérente mais passons…) entre Starfleet et L’Rell dans DIS 01x15 Will You Take My Hand ?. Mais à aucun moment les Klingons n’ont perdu la guerre, et la Fédération n’était pas en condition de leur réclamer des comptes pour les 100 millions de morts... que SNW 02x08 Under The Cloak Of War a soudain sortis de sa manche.
Il n’y a pas eu de procès de Nuremberg ni de TPI pour les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité de l’Empire Klingon durant la Federation-Klingon War de 2256-57 !
Sachant cela, strictement rien n’obligeait Dak’Rah à s’amender et prendre fait et cause pour la Fédération (au point de passer probablement pour un traitre auprès des siens). Mais c’est précisément l’unique Klingon qui a fait un tel chemin (prometteur) vers l’UFP que l’on a le culot de présenter comme "au-delà de toute rédemption", qui vaut juste d’être exécuté sans avocat ni procès ?! Sérieux ? Mais que pèsent les victimes lunaires de J’Gal par rapport aux 100 millions de victimes, au regard des génocides de masse commis dans le reste de la Fédération par les Klingons... mais que par contre M’Benga se garde bien de vouloir juger.
En revanche, le médecin concentre toute sa haine et assouvit son sadisme sur le seul Klingon qui s’est "offert" avec empathie de lui-même à la Fédération au point de devenir son avocat le plus zélé et même de réciter son acte de contrition (quand bien même imparfaitement) selon un entendement humain ?! Et Joseph ne comprend pas la chance géostratégique que représente cette situation, l’opportunité de pouvoir tirer quelque chose de positif de l’abomination que fut cette guerre ?
Difficile de faire davantage inique et nauséabond. Les leçons de vigilantisme que M’Benga prétend délivrer (pour couvrir ses propres actes) avec grandiloquence et componction à un Pike consentant et résigné — et donc aux spectateurs à travers lui — sont non seulement contextuellement déplacées et dérisoires, mais carrément indécentes.

En somme, après avoir transformé Spock en sous-humain (et en jouet de l’équipage) dans SNW 02x05 Charades, voici maintenant le "Klingon next door", humain comme les autres, et donc jugé selon la même grille, la seule admise dans le FakeTrek.
Bref, aussi bien moralement que tactiquement, il n’y a aucun bénéfice à avoir tué Dak’Rah sans la moindre forme de procès. En revanche, les préjudices peuvent être nombreux, car avec sa mort, c’est une précieuse passerelle intermondes avec une civilisation peu accessible qui est brisée (il faudra probablement attendre 34 ans pour voir advenir la suivante avec le chancelier Gorkon et sa fille Azetbur dans ST VI TUC). En outre, cette mise à mort ne sera peut-être pas sans conséquences dans l’Empire klingon (en dépit du fait que Dak’Rah soit un transfuge). Et avoir assassiné précisément le seul Klingon qui ait osé remettre en question son héritage pour lui préférer les idéaux utopiques de Fédération, voilà un sacré message trekkien !
Et ce faisant, l’épisode escamote adroitement ce qui aurait pourtant dû être l’un de ses principaux enjeux : la révélation de la véritable identité du "Butcher of J’Gal" et ses répercussions possiblement paradoxales à grande échelle.
Mais des conséquences géopolitiques ou sémiotiques, M’Benga s’en moque royalement, car seul lui importe son assouvissement vengeur personnel. Il faut dire que le scénario s’en fiche tout autant puisque SNW 02x08 Under The Cloak Of War ne consacre pas une ligne à la question des possibles effets, ce qui inscrit bien cet opus dans la droite ligne de Bad Robot / Secret Hideout où le micro-univers customisé permet aux protagonistes ne n’avoir jamais la maturité trekkienne de penser au-delà d’eux-mêmes, de leur réseau relationnel, de leurs émotions, et de leur droit à la vengeance. Décidément, rien n’a changé depuis ST 2009.

Pour tout "fond trekkien", l’épisode aura donc proposé l’ambiguïté d’un théâtre d’ombres (ou de marionnettes). Ou comment se payer de la fausse profondeur sans se mouiller. Tout en vendant un discours vigilantesque qui transforme l’UFP en société dystopique appelant une justice parallèle… et Starfleet en un système mafieux gouverné non par la loi (et la même pour tous) mais par les seules sociabilités personnelles. Il en ressort des meurtres dépourvus de répercussions et des permis de tuer, au vu et au su de tous, à condition d’être VIP bien sûr.
Donc l’anti-Star Trek fait une nouvelle fois un carton plein, et c’est du même tonneau que la normalisation de la super-Hitler galactique (l’impératrice Mirror-Georgiou) dans les seconde et troisième saisons de la faketrekkienne Discovery, que la banalisation des désintégrations par défaut au phaser et des décapitations par les sabreurs Elnor et Worf 2.0 dans la non moins faketrekkienne Picard.

Conclusion

Il fut un temps (pré-abramsien) où le simple fait de s’inspirer d’un épisode antérieur de la franchise était considéré dans le fandom comme un sacrilège, le signe d’un manque d’inspiration… même lorsque la variante proposée était aussi réussie que l’original (en général le cas). Que n’a-t-on reproché à (par exemple) ST Nemesis, ST ENT 02x19 Judgment, et ST ENT 03x16 Doctor’s Orders pour leurs quelques points communs avec respectivement ST II The Wrath Of Khan, ST VI The Undiscovered Country et ST VOY 04x25 One ?
Mais rétrospectivement, que ce purisme sorti d’un passé révolu parait dérisoire aujourd’hui. Car depuis l’avènement de l’usine Secret Hideout, c’est désormais par grappes entières que les épisodes historiques sont recyclés pour nourrir chaque épisode de SNW. Pourtant pas un de ces derniers ne parvient à la cheville des originaux. C’est un Minotaure jamais rassasié et produisant juste des excréments en échange de son cannibalisme. Alors, dans le meilleur des cas, il faut s’estimer heureux d’obtenir un étron bien moulé une pâle copie qui ne soit pas plombée par une masse critique d’incohérences. Cas assurément avec SNW 02x08 Under The Cloak Of War.

Hors du cadre internaliste et des paradigmes philosophiques trekkiens, l’épisode est réussi. Il est plutôt crédible sur les grandes lignes, prégnant dans sa construction dramaturgique, avec un propos et un fond — quand même modeste et non trekkien — qui pour une fois ne se limite pas à des truismes tenant sur un post-it, dépourvu des habituels écueils du pathos et du feel good, et il pourrait même s’ériger en porte-étendard du libertarianisme typiquement états-unien… qui n’a cessé d’irriguer en filigrane les productions Secret Hideout (derrière leur façade wokiste) mais sans s’affirmer aussi ouvertement jusqu’à présent. Les masques tombent et ce n’est peut-être pas si mal.
Mais en tant que Star Trek, SNW 02x08 Under The Cloak Of War est une manipulation de compétition, une de plus, quoique plus élaborée que les précédentes — ou du moins du niveau de celle de SNW 01x06 Lift Us Where Suffering Cannot Reach — grâce au recyclage méthodique de dix épisodes historiques majeurs dont il a su se composer des habits de gala. Des habits seulement, car ses hypothèses de départ ne respectent ni la chronologie ni la vraisemblance géopolitique trekkiennes ; le prétendu dilemme moral (qui participe de l’ADN trekkien) n’en est pas un (il a été escamoté par l’ambivalence d’un script et d’une mise en scène qui n’assume pas les implications éthiques de son sujet) ; les vrais enjeux (sociologiques et géostratégiques) passent totalement à la trappe ; l’épisode sort de sa neutralité épistémologique en adoubant (par défaut ou en creux) un comportement au mieux contestable au pire criminel ; plusieurs personnages du main cast se déshonorent (M’Benga par le meurtre, le mensonge et la manipulation, Pike par l’insignifiance, l’impéritie, devenant un capitaine en mousse) ; tout le postulat de l’épisode repose sur un anthropomorphisme d’autant plus émétique qui est supposé aller de soi (jamais questionné par personne même sous couvert de lantern-alibi) ; et finalement la péroraison morale (et le dernier mot) est laissée au vigilantisme… qui ne peut se défendre que dans des sociétés anarchiques et/ou dystopiques, ce qui constitue donc un clou de plus de plus dans le cercueil de l’UFP utopique — la véritable héroïne de Star Trek.

Le grand écart n’est donc plus loin d’être proverbial : l’épisode en lui-même peut prétendre à une note (relativement) élevée, tandis que la note Star Trek mérite sur le fond un zéro pointé.
Malgré tout, pour cette dernière, il ne serait pas équitable de ne pas du tout tenir compte de "l’effort" d’émulation du True Star Trek (dans son intelligence et sa finesse) durant une partie du run. Si la conclusion transforme rétrospectivement tout l’exercice en mystification et en contrefaçon (as usual), l’épisode a malgré tout (et malgré lui ?) temporairement illustré les paroles de M’Benga (mais en "mode fais ce que je dis pas ce que je fais") dans cet épisode-ci et de Pelia dans le précédent, à savoir qu’à force de faire semblant ça devient parfois la réalité ! Cette étincelle (ou fulgurance) émergentiste n’a duré qu’une fraction d’épisode, et c’est bien dommage… Mais tout de même, aussi fugace qu’elle ait été, quelle sensation indicible pour un trekker après dix-huit ans de mort cérébrale ! Évidemment, la dure réalité kurtzmanienne s’est rappelée dans toute son horreur et sa félonie — ou plus modérément dans toute son hypocrisie et ses contresens — à la fin de l’épisode (et même avant).
Mais la madeleine de Proust ne s’est pas bornée cette fois à une saturation racoleuse de gimmicks, de name dropping et d’Easter eggs sponsorisés par Memory Alpha, TrekMovie et TrekCore. C’était une construction éphémère comme l’art du même nom. Ce qui vaut bien un demi-point.

Sans aller jusqu’à voir chez les auteurs une complète "sincérité" (dans le "vouloir dire" et non dans le "faire" étant donné le degré de manipulation et d’escamotage dans le dénouement), les convictions profondément anti-trekkiennes des showrunners se dévoilent et s’affirment néanmoins davantage ici qu’à l’accoutumée, et c’est ce qui explique cette fois un recours bien moindre à la panoplie des diversions et des rideaux de fumée au seul usage des fans et des junkies (fan service, pathos, feel good, fun, coolitude, wokisme, et même WTF faisant le buzz...). Dès lors, cette inhabituelle "dépollution" profite arithmétiquement à la "note épisode", exceptionnellement "élevée" (tout étant relatif).
Alors serait-ce un épisode moins mauvais que d’habitude parce que pour une fois, les showrunners n’auraient même pas cherché à faire semblant de faire du Star Trek ? Si ce simulacre est une telle torture pour eux, l’expérience de cette semaine a dû être aussi exutoire que libératrice... Mais d’une perspective trekkienne, ça ne change finalement plus grand chose, car à choisir entre le "vrai faux", le "faux vrai", et le "faux faux"...
Ce paradoxe révèle en creux à quel point la nouvelle administration en charge de ST depuis 2017 (2009) est d’ordinaire hypocrite et cynique, finalement davantage méprisante des idéaux trekkiens (et des trekkers historiques) qu’elle n’est incapable de produire un programme télévisé regardable (i.e. simplement aux normes contemporaines). Et ce jeu de dupes est au fond le cœur de la tragédie qui frappe Star Trek depuis maintenant quatorze ans.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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