Star Trek Picard : Critique 3.10 The Last Generation
STAR TREK PICARD
Date de diffusion : 21/04/202
Plateforme de diffusion : Paramount+ / Prime Video
Épisode : 3.10 The Last Generation
Réalisateur : Terry Matalas
Scénaristes : Terry Matalas
Interprètes : Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Jeri Ryan, Amanda Plummer, Gates McFadden, Michael Dorn, LeVar Burton, Marina Sirtis, Brent Spiner, Michelle Hurd, Orla Brady, Ed Speleers et Todd Stashwick
LA CRITIQUE FM
Il se trouve que je discute souvent de Star Trek avec deux amis, fans de la franchise qui, s’ils sont conscients des problèmes récurrents de scénario et qu’ils ne nient pas les différences flagrantes entre le Star Trek historique avec ce que propose Secret Hideout aujourd’hui, prennent leur pied régulièrement en regardant les différentes séries de Paramount+. C’est d’ailleurs le cas avec ce final de troisième saison de Star Trek Picard.
Et d’une certaine manière, je les comprends. Le plaisir évident qu’a le casting de cette Nouvelle Génération de se retrouver, d’interagir est éminemment communicatif. Pour qui, comme moi, considère que l’arrivée de Seven of Nine dans Star Trek Voyager est ce qui a littéralement sauvé la série, le fait de potentiellement poursuivre l’aventure avec elle dans une prochaine série ou film est une perspective qui peut faire plaisir. D’autant plus qu’en tant que nouveaux personnages, Jack Crusher et le reste de l’équipage principal de l’ex Titan sont interprétés par des plutôt bons acteurs et actrices.
Mais voilà, pour beaucoup d’entre vous, comme moi, la forme est une chose, le fond en est une autre. Je ne peux pas faire abstraction du fait que la résolution de ce troisième final de Star Trek Picard est totalement conforme aux deux finales précédentes : une vraie purge qui nous prend pour des jambons.
Il y a tellement de séries Star Trek qui ont pour fondement une menace énorme pour la Galaxie qu’on finit par ne plus croire en rien et donc ne plus rien ressentir du tout face aux évènements. Vous y croyez aux défenses terriennes qui arrivent à résister à l’ensemble de l’armada de Starfleet pendant autant de temps ? Et d’ailleurs, est ce que Starfleet est abonné à Amazon Prime pour être livré en torpilles à photon pour les balancer pendant des heures sans rupture de stock ? Vous y croyez au fait qu’un vaisseau doit être visible pour pouvoir être contrôlé par leur nouveau protocole de coordination automatique de la flotte ? Vous y croyez à l’Enterprise D, un vaisseau gigantesque, qui s’amuse à faire comme le Faucon Millenium dans les entrailles de l’Étoile de la Mort... euh pardon du Cube Borg ? Vous y croyez à l’anéantissement de l’équipage de ce cube mais comme par hasard les deux seuls survivants en dehors de la reine amochée sont exactement à l’endroit où sont Riker et Worf ?
Le scénario de cet ultime épisode est tellement n’importe quoi que je suis resté de marbre comme anesthésié par tant d’imbécilités. A la limite, le seul truc qui m’a semblé un peu sensé, c’est la place de Jack Crusher sur le nouvel Enterprise G. Si on prend pour principe que la majorité des officiers expérimentés ont certainement trouvé la mort lors de la borgification des jeunes, Starfleet est donc en besoin urgent de recruter et de placer aux postes importants les survivants les plus prometteurs.
Comme prévu, la cantoche de Star Trek a oublié de servir du poisson aux scénaristes et producteurs de cette daube. Conséquence logique : amnésie totale des évènements de la seconde saison de Star Trek Picard. Non seulement, Queen Jurati n’a pas montré ses implants Borgs pour essayer de sauver ses amis. Mais en plus, ils ont annihilé la destinée et rédemption de Q. Vraiment un cas d’école à étudier par des étudiants scénaristes pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Seule une scène a trouvé grâce à mes yeux, c’est le tournoi de Poker à la fin de l’épisode. Seul moment où j’ai retrouvé quelque chose qui pouvait relier vraiment la série au Star Trek que j’ai aimé. Quelle tristesse...
LA CRITIQUE TB
Si l’on résume cette troisième saison (et la série Picard en général), on serait en droit de dire que le voyage fut au mieux peu mémorable, plus basiquement inutile, et au pire un gâchis douloureux de plus au compteur très chargé de Secret Hideout. Reste que tout ceci nous a conduit à ce moment, ce final. Alors faute d’avoir eu un voyage qui en valait la peine, la destination méritait-elle de rester devant son écran semaine après semaine ? Bien simplement, non, car les miracles et les contes de fées n’existent pas, surtout en écriture. Si le fil rouge s’arrête ici, ce sera non sans, une nouvelle fois, une cohorte d’incohérences (envers ST et envers Picard), de questions de fond sans la moindre réponse, le tout dissimulé par un Niagara de fan-service pour que, surtout, on ne se préoccupe de rien d’autre. Bien que moins cheap que le précédent, cet épisode final reste fort médiocre et sans le moindre fond trekkien, comme nous allons le voir ensemble.
Tout commence par du fan-service, car nous entendons la communication — exclusivement radio, ce qui est assez singulier — du président de la Fédération Anton Chekov, fils de Pavel de TOS (et également interprété par Walter Koenig avec le même accent russe). Toujours ce VIPisme et ce micro-univers unilatéral, à se demander si la galaxie arriverait à fonctionner sans ces êtres providentiels qui passent une vie entière sur les feux de la rampe, à capitaliser tous les postes clés et être les héros de toutes les situations. L’utopie trekkienne reposant sur une élévation globale de l’humanité, elle est décidément absente de cette saison du début à la fin. Passé un discours sur l’espoir d’une originalité inexistante, nous revenons sur la passerelle de l’USS Enterprise D, et le visage empreint d’une gravité de circonstance de Picard.
Faisant un bilan à chaud de la situation, la fine équipe finit par statuer "qu’ils sont la cavalerie". Dans un vaisseau vieux de trente ans et obsolète face à une flotte moderne, parfaitement coordonnée et à la pointe des technologies récentes. Cela équivaut à la charge des cavaliers polonais face aux panzers de Guderian. Pendant que chacun en rajoute dans l’emphase — "si la Terre tombe, tout tombe" et autres poncifs de circonstances —, Picard demandera à Data de rechercher le vaisseau Borg qui coordonne l’attaque, qui le trouvera instantanément dans l’atmosphère gazeuse... de Jupiter… dans laquelle débouche comme par hasard un conduit de transdistorsion. Il n’aura donc pas fallu longtemps pour obtenir des absurdités d’un niveau olympique. Déjà l’écart de taille entre le cube (ou du moins ce qu’il en reste) et l’USS Enterprise D est typique du "syndrome Narada" dans Kelvin. Mais surtout, nous sommes donc censés imaginer et accepter que l’épave Borg (certainement revenue avec Janeway à la fin de Voyager) est restée dans notre système solaire pendant trente ans sans que personne, jamais — hormis des Changelings —, ne réalise sa présence ?! L’idiocratie s’est encore une fois surpassée, cette fois ils ne sont même plus capable de voir ce qui est sous leur nez, c’est fantastique. D’ailleurs, Picard mettra moins de dix secondes une fois en orbite pour repérer le vaisseau, accentuant encore la stupidité de ce twist.
Riker s’étonnera (et nous donc !) de voir un conduit trans-warp dans les gaz joviens. Effectivement, tout le réseau ayant été détruit par une réaction en chaîne amorcée par Janeway dans VOY 07x25+07x26 Endgame, l’intérêt (sans même parler de la logique) d’un conduit unique dans l’orbite de Jupiter est inexistant sur un plan stratégique et logistique. Cela relève ici de l’esbroufe pure, en employant un mot savant pour empêcher le spectateur de réfléchir à ce qu’il regarde. Interceptant le signal émis et identifiant immédiatement Jack, Picard statuera qu’il faut détruire la connexion pour immobiliser la flotte. Donc ces Borgs organiques n’ont aucune autonomie opérationnelle et sont dotés d’une faille structurelle qui les réduit définitivement au niveau d’une armée de zombies, dont la mort du nécromancien suffirait à les mettre hors d’état de nuire. Eux aussi ont, manifestement, eu une "évolution" qui laisse songeur : plus de nanoprobes, plus d’implants, plus de capacités d’assimilation, et en plus il suffit de couper un signal pour neutraliser une armée. Vous vous souvenez de l’époque où les Borgs étaient une menace terrifiante d’efficacité opérationnelle, le moindre drone une menace endémique, implacable et évoquant la symbolique d’un cancer foudroyant ? Bah les auteurs, non.
Pré-générique terminé, passons au plat de résistance, moins digeste encore.
Basculant sur la flotte qui pilonne la Terre, ou plutôt la station orbitale où se trouvait l’amirale Elizabeth Shelby dans l’épisode précédent, les zombies-Borgs nous impressionnent par leur tactique qui consiste... à faire un gros tir groupé avec tous les vaisseaux à l’arrêt ! Zut, ils n’ont pas eu le temps de lire "la tactique pour les nuls", c’est ballot... Nouvelle caractéristique chez eux, ils commentent verbalement tout ce qu’ils font, certainement pour que le public puisse suivre, des fois que nous soyons trop stupides pour y parvenir sans cette béquille. Cela fait deux épisodes que l’on parle de Borgs sans rien qui y ressemble par leur comportement ou leur conception, le cannibalisme est ici à son paroxysme. Seven et son groupe prennent alors d’assaut la passerelle — décidément, on vient sur cette passerelle comme on rentre dans un moulin ! — et prennent les zombies-Borgs au dépourvu. Oui, oui, une race interconnectée avec de multiples paires d’yeux sur les caméras de sécurité se fait surprendre comme une bande de touristes, ces Borgs sont plus terrifiant à chaque minute qui passe. Mais comme tuer, c’est mal quand il s’agit de l’équipage, les tirs, ni stun ni létaux, les téléporteront en salle de transport, par un ingénieux système de Raffi. Sauf que cela atteste en creux que ces Borgs (décidément bien minables) sont dépourvus de boucliers individuels, donc il suffisait encore une fois à Seven d’utiliser ses codes de commandement pour activer les téléporteurs et envoyer tous les infectés en cellule, sans prendre le moindre risque. Sauf que cela nous aurait privé d’une scène de fusillade, donc pas question. La passerelle désormais sous contrôle, Seven prend les commandes et nous rappelle l’évidence : il faut déconnecter l’USS Titan de la Fleet Formation pour pouvoir manœuvrer le vaisseau.
Du coté de Jupiter, Data évalue que seulement 36% du cube est opérationnel — ce qui confirme qu’il est actif depuis des années et doté d’une signature énergétique qui aurait dû être repérée il y a belle lurette —, et qu’une balise de transmission réside à l’intérieur. Deanna, elle, sentira Jack entièrement consumé par le collectif. Mais Picard et Beverly ne voudront pas se résigner et affirmeront (par pure bravade et sans le moindre élément factuel) que Jack est toujours là et peut être sauvé. Et quand bien même, Jean-Luc ? La vie de ton fils mérite-t-elle la multitude de vies humaines massacrés à bord de la flotte ou de la Terre à chaque minute qui passe ? On est bien loin de la maturité de TNG et de son Riker qui, confronté pour la première fois à Locutus dans l’inoubliable TNG 04x01 The Best Of Both Worlds, n’avait pas hésité plus d’une seconde avant d’ordonner la seule décision possible : "fire". Que ce soit leur enfant ne justifie pas de sacrifier des centaines d’officiers et risquer l’annihilation de la Terre pour le sauver, c’est un encore une fois une narration faible, égocentrée, manipulatoire, et aux sentiments pour ne pas dire à l’estomac. Et personne parmi les vétérans de cette passerelle iconique ne trouvera rien à y redire, bien entendu. Mais pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, Geordi nous gratifiera d’une absurdité de compétition : localiser la balise va être difficile car le signal est si fort qu’il brouille les senseurs ! Sérieusement ?! On ne peut pas localiser le signal car il est trop puissant ?! Mais par pitié, qu’ils engagent un comité de relecture ! Tout ça pour dire qu’ils sont obligés d’accéder aux systèmes sur place pour trouver la source, ce qui est une précision superflue puisque pour sauver Jack, ils devaient se rendre à l’intérieur de toute façon.
Beverly cherchera une trace de schéma neural humain, afin de trouver Jack, Picard annoncera qu’il y va, et toute la passerelle de vouloir le suivre. C’est vrai que vu qu’ils arrivent à faire fonctionner le vaisseau à six, on n’est plus à trois personnes de moins près. Picard, Riker et Worf seront finalement retenus, Jean-Luc partant dans un « it’s been an honor serving with you all » inutilement emphatique.
Téléportés à bord du cube, le trio trouvera un vaisseau presque fantôme, aux drones absents et décomposés, toute l’énergie et les ressources du vaisseau ayant été redirigées pour maintenir un système prioritaire — mais personne ne pensera à la reine, ce qui est pourtant évident. Accessoirement, on aura d’autant plus de mal à comprendre pourquoi localiser Jack est difficile dans un vaisseau où il n’y a pratiquement plus aucune vie. Picard comprendra par la magie du script, heu, ses souvenirs de Borg, que Jack est « past the Unimatrix array, below the transporter platform », ce qui étonnera toutefois Riker — qui n’est pas au fait que ceci est une repompée totale de The Rise Of Skywalker, le pauvre —, ce qui conduira à un échange ruisselant d’un pathos bien gras, où Picard dira qu’il ne peut plus être leur capitaine car il doit être un père ! Toujours ce nombrilisme des personnages exhibé comme si c’était noble, la démagogie à la sauce Kurtzman est en grande forme. Et rajoutons à cela qu’en situation d’urgence maximale (la Terre risque la destruction à chaque seconde perdue), on prendra plus d’une minute pour se faire des adieux bien larmoyants, les officiers morts pendant ce temps les remercient. Ainsi, Worf et Riker partent chercher la balise (et donc sauver la Terre, eux) pendant que Picard donne la priorité à ses sentiments plutôt que son devoir, encore. Et puis, il prendra bien le temps de dire à Beverly qu’elle a été une mère parfaite — alors que d’un point de vue de la santé de son enfant, elle n’a rien vu le concernant en vingt ans. Une densité de pathos tout simplement malaisante...
Picard trouvera Jack qui, lui aussi, se sent obligé de parler de ce qu’il fait et pense à voix haute. Alors que son père tentera d’établir un dialogue avec lui, le rire de la reine se fera entendre et... WTF ??!!! Une reine hideuse et défigurée, sans prothèses ni implants, suspendue par des câbles à trois mètres du sol, à mi-chemin entre la reine alien dans Aliens et Palpatine dans The Rise Of Skywalker, parlant comme tout sauf un Borg, tel une caricature de vilaine sorcière à la Disney ! Immonde dans tous les sens du terme.
Du côté de l’USS Titan, Raffi informe Seven qu’un vaisseau a engagé le cube Borg, et l’identifie. Seven statuera qu’il faut leur faire gagner du temps en récupérant le contrôle du Titan. Oui mais non, c’est parfaitement inutile, vu qu’elle plus que quiconque devrait savoir que les Borgs priorisent parfaitement leurs objectifs. Donc soit le Big D n’est pas considéré comme une menace et la flotte l’ignorera souverainement, soit il en devient une et toute l’armada se focalisera sur lui, et le Titan n’y changera rien dans un cas comme dans l’autre. On notera toutefois la même débilité opérationnelle dans les deux camps, vu que compte tenu de la vulnérabilité absolue que constitue la balise, mobiliser une portion de la flotte pour protéger Jupiter aurait relevé de la logique la plus élémentaire. Mais attention, car voici venir la seconde absurdité de compétition du jour :
« Seven : So how can we break the automation ?
Raffi : Fleet Formation is using a kind of line-of-sight propagation. In other words...
Seven : If they can’t see us, they can’t control us. »
Wow. Même pour l’habitué des standards du FakeTrek, c’est du brutal. L’idiocratie a donc conçu un système capable de contrôler la flotte à distance, mais uniquement à vue !!! Dans l’espace, où, comme chacun sait, on perd le visuel très rapidement tant les distances y sont considérables, au point que simplement établir un cordon de sécurité à la lisière de la Zone Neutre (trop vaste pour maintenir un visuel entre chaque vaisseau) est irréalisable avec ce système "révolutionnaire". Donc ça ne sert vraiment à rien d’autre que de permettre à un ennemi de capturer plusieurs vaisseaux simultanément. C’est au-delà de stupide, la suspension d’incrédulité est juste impossible à maintenir, car rien n’a le moindre sens dans cette histoire !!! Serait-ce le retour du "LiFi" supra-idiotique des Gorns de SNW 01x04 Memento Mori ?
Bref, maintenant que nous avons tous compris que le cloaking device (lui-même dépassé depuis plus d’un siècle et donc aisément repérable) allait pouvoir permettre à Seven de contrer cette technologie pour débile clinique, celle-ci ordonnera de faire des passes sur la flotte entière. Le pilote, disposant encore d’un peu de sens commun, s’interrogera à voix haute sur la pertinence de cet ordre parfaitement suicidaire, et Seven de lui répondre :
« Seven : I’m not asking you to give your life for nothing. I’m asking you to fight for what’s below. Your families, your children. The Borgs have taken our crew, taken our captain. But in this moment, here and now, we are all that is left of Starfleet. »
N’est pas Shepard dans Mass Effect qui veut. D’une, ce sont des officiers qui ont prêté serment de défendre la Fédération, donc il n’est pas nécessaire de parler de leurs familles pour les motiver — encore que vu l’exemple dévoilé par Jean-Luc, ce point soit désormais discutable... —, mais plus simplement de leur devoir. De deux, son subordonné questionnait la pertinence tactique d’attaquer la flotte entière avec un unique vaisseau — alors qu’il serait bien plus utile en couverture et renfort du Big D, par exemple —, ce à quoi ce discours ne répond aucunement. De trois, si la stupidité effarante du Fleet Formation est exacte, alors le vaisseau retombera automatiquement sous son contrôle aussitôt qu’il désactivera son camouflage, avant même d’avoir le temps de tirer. De quatre, attaquer la flotte n’empêchera pas ni ne retardera de façon significative la destruction de la Terre, pas plus qu’elle n’aidera Picard d’une quelconque façon. Donc son speech est aussi absurde que sa stratégie, bravo à Shaw qui a bien déteint sur elle !
Nous retournons à Picard et sa confrontation avec la reine in name only. Cette dernière sortira moult absurdités, se comparant à une mère pour Jack (ce qui poussera Jean-Luc à ouvrir le feu, en vain car elle bénéficie de boucliers, elle), et qu’il ne restait qu’elle dans le vaisseau il y a encore peu. Sauf que la reine Borg a toujours été une émanation du collectif, pas une personne. Ergo, pas de collectif, pas de reine, car aucun partage de pensées, seulement une femme jadis assimilée, désormais seule. Passons. Se sentant très esseulée, et n’ayant rien à assimiler ou nulle part où aller, la seule voix qu’elle put progressivement entendre fut celle de Jack. Elle décida alors que le futur des Borgs n’était plus l’assimilation, mais l’évolution. Si.
Rappelons pour contexte que les Borgs évoluaient par l’assimilation a une vitesse géométrique, et que lorsque Janeway les détruisit, ils n’étaient plus qu’à quelques années, décades au plus, de devenir si avancés que la Fédération elle-même aurait été impuissante à les arrêter. Inversement, sans l’assimilation de la technologie, les Borgs sont au mieux un assemblage de races disparate, vulnérables physiquement et mentalement — il suffit de couper le signal pour qu’ils redeviennent non-Borgs, paye ta menace en carton ! —, et dépourvus de l’arme la plus fantastique qui était la leur : les nanoprobes. Cette "évolution" est, au même titre que celle des Changelings dans cette même saison, une régression massive pour l’espèce, les rendant infiniment moins dangereux. Du grand Secret Hideout, aussi idiot que prétentieux… car réussissant toujours l’exact opposé de ce qu’il proclame.
Riker et Worf trouvent enfin un terminal permettant de localiser la balise si puissante qu’elle en est invisible, et transmettent l’information au vaisseau. Mais en arrière-plan, un drone se réactivera. Comment est-ce possible vu que la reine vient tout juste de dire qu’il ne restait qu’elle depuis des décennies ? TGCS ("S" pour script), revenons plutôt sur la reine. En effet, elle parlera de l’arrangement qu’elle a conclu avec Vadic. Petite question en passant : comment ? Son vaisseau était dans la ceinture de Jupiter, dont même Starfleet, littéralement à côté, ignorait l’existence, mais elles ont réussi à non seulement savoir où chacune se trouvait, mais à rentrer en contact sans que personne ne remarque rien ? Juste une scène qui tienne debout, c’est possible ou c’est décidément trop demander ?
Mais il y a encore mieux après, car elle explique que par la réécriture de l’ADN — donc un truc qui aurait dû être repéré par le personnel médical depuis un moment —, les Borgs n’ont plus besoin de consumer matériaux et chair, mais peuvent enfin se reproduire. Et l’assimilation, c’était du nougat ? On convertissait n’importe quel être vivant en drone opérationnel en quelques heures, ce qui constituait la plus efficace méthode de reproduction jamais vue, et on échange ça pour des drones qui vont devoir faire des bébés à l’ancienne ? Quelle fantastique évolution et quel gain extraordinaire pour eux, vraiment. Entre ça et la perte de leurs implants, ça devient une bête espèce organique avec un esprit de ruche. On en tremble...
Et pour finir sur le pompon, la reine dira que le but des Borgs n’est désormais plus l’assimilation, mais l’annihilation. Un vague parfum de Daleks dans les mauvais jours : l’extermination jeuniste de tous les non-assimilables (ayant plus de 25 ans). Donc ce qui était un but systémique de perfection structurelle s’est mué en une vulgaire et stupide volonté de tuer tout le monde. Plus de but, seulement du nihilisme de pacotille. Et les Changelings, indépendamment du portail de script qui leur a permis de tomber sur la reine, ont passé une alliance avec elle ? Eux, qui étaient viscéralement xénophobes, et voulaient soumettre tous les solides par crainte que ceux-ci ne les détruisent, auraient pactisé avec une femme dont l’objectif avoué, et revendiqué, est l’annihilation de toute forme de vie hormis la sienne ? Franchement, est-il possible d’écrire plus mal que cela ? Avec Kurtzman, on ne sait jamais...
Du côté de chez Riker, ils subiront l’attaque des drones, et Worf ira jouer de son épée car cela fait trop longtemps qu’il n’a pas démembré quelqu’un. Blessé, il donnera son arme à Riker en lui disant d’en sortir la poignée, qui n’est rien d’autre qu’un phaseur caché dans la garde. L’évolution et l’efficacité de toutes les races régressent, maintenant un Klingon utilise le corps à corps contre un Borg plutôt que de tirer au phaseur car : "swords are fun". Du coup, pendant que Worf est hors de combat, Riker alignera les drones comme à la foire, vu qu’ils n’ont aucun bouclier, achevant de faire passer son frère d’armes Klingon pour un parfait abruti.
Refaisons un point sur Seven et son plan pour neuneus, qui depuis tout à l’heure, fais des passes où le vaisseau sort de camouflage, tire sur la flotte et se re-camoufle rapidement. Une vague nuisance à l’échelle d’une flotte entière, mais qui poussera pourtant les Borgs à diviser leurs ressources — du jamais vu pour l’espèce qui a toujours agit de façon entière, par ordre de priorités, quitte à subir des pertes — pour localier le Titan. Notons, incohérence supplémentaire, que les Borgs arrivent à progressivement anticiper les apparitions du vaisseau par algorithmes prédictifs, à viser et passer très près de toucher le Titan, mais que Fleet Formation est, lui, incapable de reprendre le contrôle. Ce système est plus nul encore à chaque péripétie.
Pendant ce temps, le cube passera en mode de combat et ouvrira le feu sur le vaisseau. Beverly ordonnera de riposter et, forte d’un USS Enterprise D équipé miraculeusement de torpilles de dernière génération, causera des dégâts impressionnant au cube. Ce qui confirme que bien des vies auraient été sauvées si l’équipe avait ouvert le feu dès son arrivée et que le Titan était venu en renfort au lieu de jouer les ballerines invisibles. Certes, cela aurait condamné Jack — qui s’est condamné tout seul en fonçant chez la reine, soit dit en passant — mais de mémoire, « the needs of the many outweight the needs of the few », non ? Passons. Data, grâce aux renseignements fournies par Riker, trouvera que la balise est... en plein cœur du cube. Oui, pour en arriver à ce résultat parfaitement évident, c’était bien utile d’attendre une demi-heure et de nous expliquer idiotiquement que localiser la balise était trop difficile. Geordi statuera qu’il est impossible de naviguer en plein cœur de l’Étoile de la Mort, heu, du cube, mais Data dira qu’il a un "gut feeling", lui disant que lui, il peut le faire. Et simplement rappeler que, de par sa vitesse et sa puissance de calcul, il est capable de prouesses qu’aucun humanoïde ne peut accomplir ? Non, ça ferait trop SF et pas assez baroudeur de l’espace, sans doute... Et dans une séquence qui rendra interloque quant à l’absence de procès pour plagiat de la part de Disney, le Faucon Millenium, heu, le Big D, s’élancera à travers le cube pour atteindre sa cible.
De retour chez Seven, la station (sur laquelle était concentrée le feu de toute la flotte depuis le début) sera enfin détruite, et nous d’apprendre qu’ils s’agissant des défenses planétaires. Donc le générateur de boucliers protégeant la planète était placé devant le bouclier. Là, c’est au niveau de la saison 8 de Games Of Thrones, et ses trébuchets placés en première ligne. Quant à imaginer qu’une seule station constitue l’intégralité des défenses de la Terre, c’est là aussi si inepte stratégiquement qu’il vaut mieux parler d’autre chose. La flotte commencera à viser toutes les cités importantes de la planète simultanément, ce qui impliquerait que nos héros ont une minute, peut-être deux, pour renverser la situation avant que des morts par centaines de millions ne soient dénombrées. Parallèlement, le Titan perdra son cloaking device, car les Borgs enfermés se sont libérés (en ouvrant une porte de sécurité à main nues, allons donc...) avant d’aller saboter le dispositif. Le vaisseau, visible, encaissera de multiples tirs et Seven admettra que privé de camouflage, le vaisseau est "dead in the water". Donc tout ce qu’aura accompli le capitaine Seven, c’est de chatouiller l’ennemi et se prendre une dégelée. La classe, Kirk, mort en demandant « did we make a difference ? », serait très impressionné.
Picard lui, en aura marre de parler avec le truc qui prétend être une reine Borg et s’emploiera à débrancher les câbles connectés à son fils. Aucun champ de force, drone ou tir ne l’en empêchera, pas plus que la reine qui jactera jusqu’au moment où elle ressentira l’Enterprise atteindre la balise. Plutôt que de tirer immédiatement — on rappelle que toute la Terre est actuellement en train d’être visée —, ils observeront que détruire la balise provoquerait une réaction en chaîne qui détruirait le cube et tout le monde à bord, ce qui les fera hésiter, mais passées trente très précieuses secondes, ils admettront que sauver la galaxie est plus important. Trop aimable, mais pendant qu’ils hésitaient, le Terre aurait dû être rasée, donc merci pour rien, en fait. Mais histoire de perdre davantage de temps, Riker dira qu’il doit aller chercher Picard, et Deanna de lui répondre qu’il n’aura qu’une minute après la destruction de la balise pour pouvoir être téléporté.
Au moment où il le rejoindra, avec Worf que ses blessures n’empêchent pas de marcher, Picard — qui est à plusieurs minutes d’eux, donc la Terre a eu le temps d’être détruite une seconde fois, sans forcer —, ce dernier décidera de se connecter à son fils, via un câble qu’il s’enfoncera dans le cou. Sauf que fiston est actuellement connecté à la reine et aux milliers d’officiers zombies-Borgs, donc il devrait être noyé dans la masse, mais non, il trouvera Jack immédiatement et tout seul. C’est vraiment plus ce que c’était, le collectif... Là, Picard tentera de convaincre son fils à coup de pathos plutôt que de lui rappeler qu’il s’apprête à exterminer la Terre, et Jack de se masturber sur la perfection qu’il vit actuellement. Il est difficile d’imaginer un échange plus nombriliste dénué de toute hauteur de vue en pareille situation, et réussir une telle confrontation sans la moindre ligne de dialogue trekkienne est une sorte d’exploit pervers de l’écriture.
Geordi ordonnera enfin de tirer les torpilles, mais maintenant que la balise est désormais détruite, Jack ne semblera pas au courant, alors qu’il vient de perdre la connexion avec son collectif. Donc Picard poursuivra dans le pathos ("what else ?") et le prendra dans ses bras. S’en suivra un clip show, dégoulinant de bons sentiments, des moments qu’à vécu Jack avec son père tout au long de cette grosse semaine passée avec lui — c’est tellement plus fort que de penser aux milliards de vies sur Terre. Et c’est là que Jack se réveillera, s’arrachera ses câbles et enlèvera celui de son père. Riker fera ses adieux à Deanna en parlant dans le vide, mais histoire de plagier Star Wars jusqu’au bout, Troi se muera alors en Princesse Leïa, et, à l’aide son aptitude d’empathie transformée par le script en GPS, localisera Luke, heu, Riker, alors que les senseurs n’y parvenaient pas. Geordi ne veut sans doute pas l’admettre, mais les pièces détachées qu’il a trouvé pour les senseurs étaient vraisemblablement complètement grillées, ce qui expliquerait qu’ils ne soient jamais foutus de localiser quoi que ce soit précisément. Donc tout le monde sera téléporté et sauvé in extremis — est-il ici quelqu’un qui en aura douté ?
Mais malgré le fait que la balise soit détruite et Jack déconnecté, les zombies-Borgs seront toujours opérationnels ! Oui, il fallait bien finir sur une incohérence de plus, car c’est seulement à l’explosion du cube Borg que les possédés redeviendront instantanément eux-mêmes. De la pure fantasy, la reine étant ici l’équivalent du nécromancien évoqué tantôt. La menace écartée, tout le monde se tombera dans les bras pour les retrouvailles…
Mais c’est alors que le spectateur remarquera qu’il reste vingt minutes de métrage ! Autant dire qu’il va falloir se farcir un interminable épilogue de pur fan-service, dégoulinant d’autosatisfaction boursouflée, se shootant au nostalgia porn et à l’orgasme narcissique, à en faire passer le reste de la saison pour pudique en comparaison. En somme du pur Discovery sucré et débagoulant… puissance dix.
C’est ici Riker qui narrera les événements, enregistrant son journal de capitaine alors qu’il n’est plus capitaine d’aucun bâtiment.
L’amirale Beverly Crusher, désormais appointée à la tête de la branche médicale de Starfleet, a trouvé un moyen par téléporteur de soigner tout le monde. Elle a également trouvé le comment repérer les métamorphes par ce biais, certainement car un téléporteur n’aura aucun mal à identifier une personne dépourvue d’ADN, comme on se tue à le répéter depuis l’épisode 03x05. Mais même maintenant, ce sera à nous d’imaginer cette explication, car Secret Hideout n’a aucunement l’intention de changer ses habitudes de fins de saisons, même pour clôturer une série.
Il nous apprend aussi que Tuvok a survécu, ce qui nous vaudra un nouveau moment avec Tim Russ, en compagnie de sa vieille amie Seven. Même là, le moment sera totalement cliché et feel good. En effet, alors qu’il commencera par récapituler ses nombreuses infractions, celle-ci l’interrompra juste au bon moment pour faire un mea culpa assorti de sa démission. Évidemment, Tuvok lui donnera un holo-enregistrement de Shaw — les auteurs avaient besoin de leur voix une dernière fois — la recommandant pour le grade de capitaine, ce qui sera immédiatement confirmé et entériné par Tuvok. Sauf que l’on aimerait bien savoir ce que l’officier Hansen a accompli de si exceptionnel, du moins en dehors d’être la fan-favorite Seven. Elle a trahi son capitaine, mais elle a surtout échoué sur tout ce qu’elle a entrepris depuis l’épisode 03x04. Nullissime durant l’abordage de Vadic (même si Shaw était plus lamentable encore), elle vient de passer l’épisode à ne servir strictement à rien ! Elle n’a rien changé à la bataille, n’a pas pensé à aller s’attaquer au cube plutôt que la flotte, et à une minute près, aurait mené à la mort toutes les personnes sous ses ordres. Il est certain que cela mérite au moins, dans l’idiocratie, un grade de capitaine, mais on imagine sans trop de mal le savon que lui aurait passé Janeway du temps de Voyager !
Mais pour continuer de féliciter les médiocres, on verra Raffi recevoir une lettre béate d’admiration de sa famille. S’ils savaient ce qu’elle a fait dans le District 6, ils ne seraient pas aussi fiers…
Mais le plus nauséabond sera de loin les échanges de pommade avec Worf : l’humilité et la pudeur trekkiennes n’auront pas autant manqué depuis Mary Sue Burnham.
Puis nous aurons Data devenu patient névrotique de Deanna, avant de passer à l’épilogue de l’épilogue, un an plus tard.
Après un plan sur Riker, Geordi et Picard faisant leurs adieux à l’USS Enterprise D, nous retrouvons Jean-Luc et Beverly escortant Jack à sa première affectation. Même ce dernier fera remarquer que cela tient du népotisme de recevoir un poste aussi rapidement, après un programme accéléré à l’académie. Oui, Jack, c’en est, et c’est parfaitement honteux dans une utopie et même une simple société éclairée. Alors qu’ils approcheront de l’USS Titan, ladite affectation du fils prodigue, Picard découvrira avec surprise — et nous avec un facepalm — que ce dernier a été rebaptisé Enterprise G pour honorer l’équipe de Picard. Par Q, non ! Par où commencer ? En se scandalisant que l’on rebaptise un vaisseau, chose pour ainsi dire jamais vue dans l’histoire ? Ou que cela efface le nom (et la mémoire) des personnes ayant servi et péri à son bord ? Ou peut-être que le flagship de la flotte a toujours été de la classe la plus lourde, alors que l’USS Titan en est d’une inférieure ? Somme toute, une déchéance infâme. OSEF, tout sur le fan-service nostalgique le plus crasseux, et va comme je te pousse !
Arrivé à bord, et maintenant qu’il est temps de nous faire miroiter le spin-off de cette série honteuse de son début à sa conclusion, nous y retrouvons évidemment Seven en capitaine, sa girlfriend Musiker en Number One, et Sidney La Forge en timonier. Toujours aussi micro, cet univers. Jack, bien qu’étant simple enseigne, s’assiéra à la gauche du capitaine, à sa demande, en tant que conseiller. Du népotisme au carré, donc. Visiblement, le cas de Baby-Kirk dans ST 2009 dans les multivers kurtzmaniens. Ultime teasing sous forme de fan-service, lorsque Raffi demandera à Seven quelle formule elle veut choisir pour son premier ordre entre "engage" et "make it so", celle-ci arborera un air songeur et sera coupée avant de le dire. Putassier et inutile, pour changer.
Enfin, nous retrouverons l’équipe historique au bar buvant le verre de l’amitié, évoquant Guinan et le bon vieux temps. La scène s’éternisera, chacun ici cabotinant à sa manière (Patrick Stewart récitera évidemment du Shakespeare, par exemple), et lorsque l’on pourra penser que c’est fini, cela sera relancé sous la forme d’une dernière partie de poker façon TNG 07x25+07x26 All Good Things. Picard gagnera, Riker perdra, et Star Trek plus encore de tout ceci. Fin.
Pas tout à fait, car dans un ultime épilogue (post-générique) de l’épilogue de l’épilogue, Q — pourtant supposé définitivement mort dans Picard 02x10 Farewell — apparaît en gloire à Jack pour le soumettre au même "procès perpétuel" que son père Jean-Luc ! Si la négation obscène du peu de sens de la seconde saison (la pseudo-rédemption de Q) et la promesse d’un pareil disque rayé (Jack qui rejoue Jean-Luc) ne donne pas l’envie irrésistible aux fanboys de se plonger dans l’inévitable spin-off Legacies, c’est à désespérer du pouvoir attractif de la Kurtzmanie… Il faut dire que Picard a sorti ici la grosse artillerie pour son teaser de "succession" : l’assurance que le FakeTrek est bien devenu un Dynasty spatial où rien ne compte vraiment (hormis le destin circulaire de quelques familles de VIP). Miam…
Cet épisode final est la confirmation de tout ce que l’on pouvait attendre à la fin du précédent. Incohérent sur tout, tout le temps, il n’est pas possible de tenir une minute sans qu’une incongruité grossière avec sa propre narration — ne parlons ici même plus du ST historique, ce serait se faire du mal pour rien — ne vienne nous sauter à la figure. Finissant exactement au même niveau que Discovery ¬— et en particulier de ses affligeantes fins de saisons — tout n’est ici que prétexte au pathos, l’autocongratulation et du nostalgia porn, sans même se soucier de raconter une véritable histoire. Cette reine Borg est au moins aussi pathétique que Vadic en Changeling, rien n’est expliqué ou presque et les rares choses à l’être… s’avèrent totalement absurdes. Au moins, nous aurons passé cette semaine la moitié de l’épisode dans un vaisseau avec un éclairage correct, et, ô miracle, sans avoir vu ces satanées coursives. Quelques moments sont visuellement réussis, et la CGI d’un excellent niveau (en tout cas bien meilleure qu’en début de saison).
Les acteurs sont plutôt satisfaisants en soi, mais un pénible effet de masse entraine les spectateurs dans un EHPAD des vanités déchues du showbiz, façon La fin du jour de Julien Duvivier (1939). Exactement comme dans Picard 03x07 Nepenthe, les personnages de ST TNG ont finalement laissé la place à leurs acteurs sur le retour, et tout l’épisode s’apparente à une convention en cosplay, mais en aucun cas à l’épisode d’un authentique Star Trek.
Malgré tout, adressons une mention spéciale à Edward Speleers qui trouve à nouveau — c’en est miraculeux — le moyen d’être presque touchant avec ce personnage lamentable affublé de dialogues nombrilistes… au voisinage de Kirk-Pine dans Kelvin.
Toujours est-il : aucune SF, aucune idée originale, du copié-collé sur Star Wars à de multiples reprises, et le worldbuilding encore une fois cannibalisé et diminué, après cette saison et ce final à son image. Qu’il semble loin, cet épisode 03x04 si improbable (manifestement accidentel) et le fugace espoir qu’il a pu susciter... Et que dire du coté cheap de la saison, nous faisant nous demander régulièrement où a bien pu passer le budget pharaonique de 100 millions ? Pas dans ce final qui, s’il ne semble pas aussi misérable que la moitié de la saison, fait néanmoins pâle figure face à la concurrence. Cette bataille immobile n’arrive pas à la cheville de ses rivales dans The Orville, que ce soit en saison 2 ou 3.
Désormais dans le rétroviseur, cette série ne peut que laisser, à nouveau, le goût amer d’un formidable gâchis. Convoquer autant pour accoucher de si peu est en quelque sorte la carte de visite officielle de Secret Hideout, mais c’est aujourd’hui un cas d’école. Car à quoi bon faire venir l’intégralité du cast historique lorsque l’on n’a rien à raconter ? À force de tout miser exclusivement sur le fan-service le plus pornographique, ils ont oublié, comme d’habitude, de raconter une histoire. Pas un vulgaire synopsis étiré autant que possible pour faire une saison avec le matériau d’une mini-série de quatre épisodes (et truffé d’incohérences, en plus), mais une véritable histoire, comme le faisait Star Trek jusqu’en 2005. Pour qui se souvient de l’extraordinaire troisième saison d’Enterprise, parfaitement filée sur 24 épisodes tout en proposant des histoires originales et riches à chaque fois, la comparaison est si écrasante que Picard n’inspire que la pitié (en étant généreux). N’importe quelle moitié de saison de TNG avait raconté bien plus et bien mieux que les trois pathétiques de Picard réunies, et avec un budget sans commune mesure, par surcroît.
Cette série prétendait offrir un péroraison à TNG et Nemesis (qui pourtant n’en appelaient pas… mais elle n’aura même pas été fichue de prendre place dans leur univers ni de véhiculer un quelconque propos. Fiasco intégral et sans appel. Alors, à présent que Picard est achevée, la seule chose que l’on puisse dire d’elle, ce n’est ni "make it so" et encore moins "engage", mais bien plus simplement : "bon débarras".
L’unique "qualité" de la série Picard est d’être foncièrement jetable. Et donc aussitôt vue, aussitôt oubliée, tels de vulgaires latrinalia dans les toilettes publiques.
Thomas Baudier tient à remercier vivement Yves Raducka pour sa précieuse assistance rédactionnelle en coulisses.
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