Star Trek Picard : Critique 2.09 Hide and Seek

Date : 02 / 05 / 2022 à 16h30
Sources :

Unification


STAR TREK PICARD

- Date de diffusion : 29/04/2022
- Plateforme de diffusion : Prime Video
- Épisode : 2.09 Hide and Seek
- Réalisateur : Michael Weaver
- Scénaristes : Matt Okumura & Chris Derrick
- Interprètes : Patrick Stewart, Alison Pill, Isa Briones, Evan Evagora, Michelle Hurd, Santiago Cabrera, Jeri Ryan

LA CRITIQUE FM

Question du moment : est-il possible de faire encore pire ? Et chaque semaine, la production de Star Trek Picard répond avec un grand sourire : OUI... J’ai le bras tuméfié à force de m’être auto mutilé en me pinçant. Je ne pouvais pas croire au triste spectacle de cet épisode tant il y a de choses abracadabrantesques cette semaine.

Et cela commence dès le pré-générique. Rios et sa nouvelle famille constatent la téléportation des soldats de la Reine Jurati entre le chateau Picard et le vaisseau. Fuyant l’envahissement de la Sirena, ceux-ci retrouvent miraculeusement, en 30 secondes, Picard et Tallinn de l’autre côté, et ce, au nez et à la barbe des soldats. D’ailleurs que ceux-ci soient assimilés ou pas n’a strictement aucun impact ni intérêt. Bref, quand la suspension de l’incrédulité est appelée aussi fortement dès les premières minutes d’un épisode, cela promet pour la suite. De ce point de vue là, je n’ai pas été déçu...

En fait, le titre de l’épisode décrit bien la pauvreté du scénario. Cache-cache, c’est bien ce que font les protagonistes pendant la quasi-totalité de l’épisode. Pourquoi pas... Mais il y a une condition première pour que cela marche. Il faut une variété de décors, la sensation que les personnages arrivent à s’éloigner assez de la menace, pour que le tout soit crédible. Or, en l’occurrence, rien, mais absolument rien ne fonctionne.

Dans le château, la production n’a qu’un salon, une cuisine, une chambre, 2 caves et 2 couloirs à montrer. Faire croire qu’il y a une chance de se cacher est une opération vaine. Idem à bord de la Sirena, le jeu de cache-cache avec l’Elnor holographique est strictement impossible dans un si petit vaisseau. Bref, quand il est matériellement impossible de croire à ce qui est montré, tout s’écroule comme un château de cartes.

Et que dire de la disparition de Soong à la fin de l’épisode. Si celui-ci veut rejoindre Los Angeles pour le climax de la semaine prochaine, il doit prendre un train Intercités ou un TER Bourgogne SNCF depuis La Barre jusqu’à Paris avant de prendre un avion pour Los Angeles. Autant vous dire qu’il faudrait la durée de 3 épisodes supplémentaires pour que cela soit crédible.

Sur le fond, l’épisode me semble avoir 2 buts. D’abord, clore les révélations sur la famille de Picard et le sort de sa maman. C’est, à la limite, la partie qui m’a le plus intéressé cette semaine. La seule scène qui trouve grâce à mes yeux, c’est le souvenir de Picard qui refait surface et qui est raconté alors qu’on voit l’action en marche arrière. Merci à Patrick Stewart d’arriver à la raconter en limitant au maximum le pathos qui aurait pu couler à flots.

Second but, reconnecter l’épisode avec ce qui aurait dû être la substantifique moelle de cette saison 2, l’évolution des Borgs vers une nouvelle forme. Car, rappelons nous la fin du premier épisode. Picard donnait l’ordre d’autodestruction du vaisseau alors que les actions de la Reine Borg, en ne tuant pas les officiers sur la passerelle, semblaient être en totale contradiction avec la nature même des Borgs.

Il n’est pas difficile de prévoir, la semaine prochaine, que Picard et cie se retrouveront à nouveau à bord de l’USS Star Gazer et que la décision de Picard sera l’inverse. Pas d’autodestruction, le masque de la reine Borg s’ouvrira et on découvrira que c’est Jurati. Bref, un superbe premier épisode, 8 épisodes de remplissage et un épisode final qui va redéfinir les relations diplomatiques entre 2 anciens belligérants aux mœurs soit disant irréconciliables. Voici ce que je prévois comme bilan de cette saison. Soupirs...

Reste une question dont je n’ai pas la réponse. Tout ce remue-ménage temporel va conduire en définitive à quoi ? Particulièrement avec la dernière réflexion de la Reine Jurati en fin d’épisode sur le destin de Renée Picard... Est ce qu’en faisant ça, la Kurtzman Trek Corporation reconnaît-elle implicitement que l’ensemble de sa production depuis le premier épisode de Star Trek Discovery ne se passe pas dans la même ligne temporelle que les autres séries Trek  ? Ou, plus sûrement, est-ce de la bouillie intellectuelle qui ne repose sur aucune logique ? Yves, pleeeeease, éclaire nous !

LA CRITIQUE YR

Malheureusement, Frank, même en conjecturant les hypothèses les plus capillotractées, le "radeau Picard" prend tellement l’eau de toute part qu’il est devenu impossible de lui éviter un cuisant naufrage.
Et tandis certains esquifs ont pour devise « fluctuat nec mergitur », Secret Hideout proclame toujours vaillamment : « avoir touché le fond vous pensiez, mais pire encore la suite sera ».

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse exhaustive du contenu (fatalement riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

Tandis que Picard 02x08 Mercy annonçait la venue en force sur le CSS La Sirena de la reine Jurati, d’Adam Soong, et des vétérans des forces spéciales plus ou moins borguisés, c’est sans grande surprise que l’option la plus rapide (et facile) aura été privilégiée par le script. Le verrouillage des commandes de téléportation permettant une prise de contrôle à distance, le groupe d’assaut a donc débarqué immédiatement, à la fois à l’intérieur et autour du vaisseau, équipé des lasers verts si caractéristiques des Borgs. Sauf que ces derniers ne proviennent pas d’implants oculaires cybernétiques… mais de leurs armes, soit un upgrade impossible à justifier tactiquement et à expliquer sur des armes à feu contemporaines (tant des lasers de visée de couleur verte seraient handicapants pour tirer la nuit). Évidemment, le tape-à-l’œil cool a toujours été un argument suffisant dans les productions Secret Hideout...
Les nouvelles troupes d’élite de Jurati ont beau s’être matérialisées par dizaine dans les 50 mètres (selon le script même si c’est visuellement le double) de parc séparant le vaisseau du château, Rios et sa nouvelle petite famille de 2024 traverseront cette étendue les doigts dans le nez pour rejoindre Picard, Tallinn, Seven et Raffi arrivant tout juste par téléportation nébuleuse.
Après quelques tirs échangés avec les soldats conduits par Adam Soong (et équipés de pétoires explosives à la Judge Dredd), Cristóbal sera atteint au bras puis téléporté avec Teresa et Ricardo dans l’appartement de Tallinn aux USA, suite à quoi ce mode de transport sera verrouillé à distance par la Romulienne à la demande de Picard pour empêcher Rios, blessé (et quand bien même soigné), de revenir au combat. Malgré la situation tragique où les vies individuelles des héros devraient être secondaires face à la portée cosmique des enjeux, papy Jean-Luc veille d’abord au confort physique et surtout sentimental de son fils spirituel. Il faut dire qu’un huis clos tranquillou avec la belle doctoresse ne se refuse pas, et le futur de la timeline peut bien attendre…

L’essentiel de l’épisode se déploiera alors sur deux fronts principaux : d’une part dans le château et ses galeries souterraines où Picard et Tallinn tenteront de semer Soong et ses troupes, et d’autre part dans le vaisseau où Raffi et Seven affronteront la reine Jurati et ses séides. Mais des deux côtés, avec une certaine symétrie, ce sera aussi et surtout un parcours mental pour Jean-Luc comme pour Agnes… enfonçant ainsi toujours davantage la série dans un psychologisme nombriliste où la factualité tangible d’un univers cohérent comptent bien moins que des introspections égocentrées (et larmoyantes) sans cesse sorties du chapeau (des scénaristes).

Ainsi donc, comme si les donjons médiévaux-fantastiques de Picard 02x07 Monster (eux-mêmes inspirés par ceux de Discovery 03x11 Su’Kal) n’avaient pas déjà assez discrédité le personnage vedette de ST TNG, Picard 02x09 Hide And Seek en remet une couche bien grasse pour lever le voile sur le sort final de sa mère bien aimée. Pendant les deux tiers de l’épisode, le "présent" de 2024 se confond donc avec le "passé" du début du 24ème siècle où, de hantises projectives en épouvantes gothiques, de trains fantômes en reconstructions mémorielles, le spectateur finit par découvrir le sort funeste d’Yvette Picard. Son fils avait fini par céder aux supplications et aux sanglots de celle-ci derrière la porte de sa chambre où son père Maurice l’avait enfermée. Nuitamment, le jeune Jean-Luc avait donc récupéré la clé-squelette derrière une brique amovible et avait ouvert la porte pour s’allonger à côté de sa mère. Mais ce dernier endormi, Yvette s’est levée, et ayant pu sortir de sa chambre — la porte étant resté ouverte — elle est allée se pendre un beau matin dans le jardin d’hiver du château… où elle avait appris à son fils à lever les yeux ("look up") pour contempler les étoiles…
Reconnaissons à la mise en scène de cette tdouloureuse révélation le bénéfice d’une certaine élégance et originalité, prenant le parti le relater la tragédie à la manière de Tenet (2020), partant de la découverte par le fils du corps inanimé de sa mère (auréolé d’une lumière matutinale)… pour arpenter "ensuite" la flèche du temps en sens inverse — comme l’aura fait Jean-Luc lui-même tant de fois sous l’emprise de la culpabilité — jusqu’à sa décision séminale et fatale… d’ouvrir la porte ! Dans une autre série, par exemple une libre adaptation de Jane Eyre de Charlotte Brontë ou de Don’t Look Now de Daphné du Maurier, une pareille séquence aurait eu toute sa place, elle aurait même pu être poignante comme miroir de la cruauté intrinsèque du 19ème siècle…
Hélas, dans le contexte particulier de la jeunesse de l’homme des lumières de l’utopie trekkienne du 24ème siècle, ce parti pris devient contreproductif tant il réussit à avoir absolument tout faux, qui plus est de la plus insultante des manières.
Oui, faux, parce que Fédération est ici précipitée dans les abysses de l’obscurantisme, avec une médecine tellement archaïque (ou cruelle) que les familles n’auraient d’autre choix que de recourir à des séquestrations incertaines à domicile pour protéger les leurs tout au long de leur vie. De l’absence de traitement efficace des pathologies mentales à l’absence d’accompagnement professionnel de la souffrance (aussi bien d’Yvette que de Jean-Luc ensuite), c’est une régression de la société à un état médiéval voire antique. Mais visiblement, les productions d’Alex Kurtzman ne sont jamais avares pour fouler aux pieds tout ce qu’il peut y avoir d’utopique dans l’héritage roddenberro-bermanien : l’UFP se confond culturellement avec les USA, sa politique génocidaire flirte avec celle du Troisième Reich, et désormais son immaturité sociale renvoie aux heures les plus primitives de l’Histoire !
Faux, parce que la culpabilité prétendument jamais surmontée de Jean-Luc (voire occultée par lui) que tente de vendre Picard 02x09 Hide And Seek est foncièrement incompatible avec les concours de sélection d’une institution aussi élitiste et pointue que le Starfleet du 24ème siècle, à fortiori pour la crème de la crème appelée à commander des vaisseaux suffisamment puissants pour anéantir des civilisations entières. Non contente de faire toujours davantage passer l’institution pour une idiocratie, cette initiative ridiculise en même temps l’empathe (et télépathe) Deanna Troi qui a pourtant accompagné fidèlement les quinze ans de capitainerie de Picard aux commandes des USS Enterprise D et E. Cela implique en outre un authentique déni de représentation de ST TNG… car en aucune circonstance, même les plus viscérales (comme après son assimilation par les Borgs dans ST TNG 04x02 Family ou lors du décès de son frère Robert et de son neveu René dans ST Generations), Picard n’avait révélé la moindre once de culpabilité irrésolue quant à son enfance et/ou sa famille.
Faux, parce que la mort d’Yvette Picard encore jeune (durant l’enfance de Jean-Luc) contredit directement ST TNG 01x06 Where No One Has Gone Before… où le capitaine de l’USS Enterprise D avait bel et bien reconnu sa mère âgée durant l’expérience transcendante aux confins de l’univers (où les pensées les plus intimes se matérialisaient). Oh, le script de Picard 02x09 Hide And Seek s’est bien essayé à une lantern magique d’un nouveau genre… en tentant de justifier cette vision par l’aveu que Jean-Luc aurait mentalement fait vieillir sa mère pour se cacher à lui-même qu’elle serait morte… l’imaginant en veille dame lui offrant une tasse de thé (sic) !!! Sérieux ?! Soit un procédé qui transforme le fan service en perversion. Si la série Picard avait une quelconque véracité in-universe, dans ST TNG 01x06 Where No One Has Gone Before, aux confins de l’espace où le subsconscient s’incarne (à l’instar de Forbidden Planet), c’est la fin tragique (par pendaison) d’Yvette qui aurait dû apparaître à Jean-Luc (comme les viols à feue Tasha Yar) et non une vieille dame suscitant une réaction attestant (sans ambiguïté aucune de son existence à cet âge avancé. Lorsque quelqu’un perd un proche aimé, à fortiori durant son enfance, le défunt peut le parfois le "hanter" durant sa vie future, mais uniquement en conservant l’aspect et l’âge au moment de sa mort, ainsi figés pour l’éternité. Pour faire vieillir ainsi mentalement sa mère, il eût fallu que Jean-Luc souffre d’une vraie psychose, c’est-à-dire qu’il n’ait pas mentalement conscience à l’âge adulte que sa mère était morte durant son enfance. Mais cela reviendrait à transformer le héros de ST TNG en Norman Bates ! Fameux pour le plus éminent capitaine de Starfleet !
Et voici comment le #FakeTrek pourrit absolument tout le Star Trek historique avec une "anti-Midas touch"... Dès lors, la meilleure façon de limiter les dégâts est encore de conclure à l’évidence, à savoir que la timeline de ST TNG ne peut aucunement être celle de Picard… comme en atteste également l’absence complète de son frère Robert dans les flashbacks "thérapeutiques" (Yvette s’étant contentée d’y faire verbalement allusion par « while your brother toils away at school » durant un "souvenir" dans Picard 02x01 The Star Gazer).

À bord du CSS La Sirena, la reine commence par récupérer sur le cadavre de sa précédente incarnation la super-combinaison permettant visiblement de déployer des tentacules multifonctions… pour assimiler, transpercer, constricter (façon boa) voire même guérir (cf. ci-après).
Mais assez rapidement, la conscience de Jurati se rappelle à la reine… et contrarie ses projets. Notamment en activant sur La Sirena un holoprogramme de feu Elnor… car ce vaisseau dispose d’un système permettant de créer un hologramme à l’image de quiconque y aurait mis les pieds. Alors admettons que des systèmes de scans automatisés permettent de reproduire physiquement n’importe quel visiteur, voire même des capacités physiques dont l’intéressé aurait pu faire preuve à bord. Le problème, c’est que Picard 02x09 Hide And Seek veut faire accroire que La Sirena est également capable de reproduire holographiquement la personnalité et la conscience du sujet, comme s’il s’agissait d’une résurrection. Or ceci ne serait envisageable que si les équipements techniques disposaient de capacités télépathiques… ou à défaut si Elnor avait vécu suffisamment à bord pour fournir un profilage comportemental émulable en construct. Or aucune de ces deux conditions ne sont réunies, ce qui outre d’être très incohérent, revient en réalité à "dumper" la sentience des individus… ridiculisant par cette seule triche quarante années de questionnements ontologiques trekkiens.
Mais aussi TGCM que ce soit, aucun doute, Elnor est reproduit à la perfection par les projecteurs holographiques du vaisseau… Car aussitôt matérialisé, nous retrouvons le sabreur psychopathe des premiers épisodes de la seconde saison… qui transperce, tranche, décapite avec une jouissance à peine dissimulée tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. Mais tuer par défaut (même lorsqu’il est possible de faire autrement) et en tirer de la satisfaction (voire une glorification) constituent visiblement les nouvelles normes du Starfleet-by-Kurtzman puisque Raffi et Seven en font de même de leur côté, en poignardant avec beaucoup d’application un des soldats d’Adam Soong (un meurtre totalement gratuit puisque celui-ci avait été pleinement maîtrisé), avant d’en téléporter délibérément quatre autres directement dans les cloisons du vaisseau ! De la bien belle ouvrage dans l’art kurtzmanien de l’assassinat de masse, pour être gore et cool à la fois. Et puis faut bien dire que ça défoule...
La définition de "l’humanisme" selon Secret Hideout depuis 2017 s’exprime donc une nouvelle fois par un jeu de massacre sans pitié, entre Battle Royale et Saw. En outre, nul héros ne s’inquiète de l’impact sur la timeline des assassinats brutaux — quasi-industriels — de tant de ressortissants de 2024. Et pas un protagoniste n’envisage des options moins irréversibles, alors que rien ne laisse penser pourtant qu’il ne soit pas possible d’inverser une "borguisation" qui semble au maximum légère, au minimum incertaine (la plupart de ces mercenaires ne paraissant pas assimilés du tout). Pour mémoire, les grandes différences par rapport à ST First Contact sont que : #1 près de trente ans se sont écoulées en chronologie interne (on pourrait donc supposer que Starfleet a perfectionné ses protocoles de dé-borguisation), #2 les humanoïdes assimilés dans le huitième film ne participaient aucunement de l’intégrité historique de la timeline, #3 l’assimilation pratiquée par la reine Jurati semble au pire très light voire inexistante.
Ah oui, c’est vrai, il faut se répéter que seule compte Renée Picard, car dans les univers aristocratiques VIP-only des productions Secret Hideout, la vie ou la mort des gueux anonymes n’a strictement aucun impact sur la trame temporelle...

De Picard 02x06 Two Of One à Picard 02x08 Mercy, la reine borg avait été puissamment retconée sur les terrains de la force (herculéenne) et de la célérité (en time-lapse). Mais il suffira qu’holo-Elnor se dresse face à elle pour rétablir l’équilibre, comme s’il ne s’agissait finalement que d’esbroufe ou d’inconséquence scénaristique... à géométrie variable selon les besoins de chaque scène. Il serait possible d’en dire autant pour les renforts militaires qui ne présentent aucune caractéristique physique supérieure (dans l’hypothèse où certains d’entre eux seraient tout de même un minimum assimilés). Certes, l’hologramme pourrait avoir été lui-même upgradé pour matcher ses adversaires, mais les interminables bastons chorégraphiées renvoient davantage aux affrontements impliquant Mirror-Georgiou dans la seconde saison de Discovery qu’à un quelconque duel de titans façon Clark Kent versus Zod dans Man Of Steel (2013).
Toujours est-il que la réplique holographique d’Elnor finit par triompher en duel singulier. Mais alors que la reine est complètement à la merci à la fois de l’holo-elfe, de Seven, et de Raffi... ces derniers hésitent inexplicablement à porter l’estocade finale... et se lancent dans un bavardage contreproductif. Certes, Agnes était peut-être encore dans son corps, mais il aurait pourtant suffi d’utiliser les phasers pour paralyser la reine, à défaut la blesser, pour ensuite la ligoter afin d’endiguer la considérable menace qu’elle représentait. Un comportement qui souligne le lourd deux poids deux mesures de la série selon que vous soyez puissants ou misérable, c’est-à-dire VIP ou non. Les héros n’avaient pourtant eu aucun scrupule à assassiner tous les humains embauchés par Soong voire partiellement borguisés alors qu’ils n’étaient pourtant pas davantage responsables que Jurati (peut-être même moins d’ailleurs au regard de la complaisance "teen soap" de cette dernière dans Picard 02x06 Two Of One). Évidemment, comme dans tous les mauvais nanars, le "vilain" met à profit le bla-bla des pieux héros pour renverser la situation... et faire durer artificiellement la menace.
Mais la contre-offensive de l’adversaire n’est pas plus crédible que la molle passivité des protagonistes. De quelques "coups de tentacules", la reine fait disparaître holo-Elnor alors que sa nature holographique aurait dû l’immuniser contre de telles vulnérabilités matérielles (mais si cette méthode est si efficace, comment se fait-il que la reine ne s’en soit pas servi durant la trop longue ordalie qui a précédé ?), puis elle désarme Raffi et blesse mortellement au ventre Seven (là encore, tenant toutes deux Jurati en joue, les doigts sur les "détentes" de leurs phasers, elles auraient dû avoir le temps de tirer, à croire que l’inertie de Jean-Luc est une maladie contagieuse...).

S’apprêtant à achever Seven au poignard, la reine est soudain stoppée dans son geste par Agnes. Le bras de fer mental des volontés atteint alors son paroxysme...
Oui mais... savez-vous comment Jurati reprend le contrôle du "véhicule" corporel ? Eh bien par le "super-pouvoir" de la Niagara Michael Burnham, à savoir les larmes ! Si si ! Nous sommes bel et bien dans le même univers que Discovery. Jusqu’à présent, la série Picard conservait un atout — et un seul — par rapport à son ainée de 2017 : la sobriété relative de l’interprétation, et en particulier d’Alison Pill. Eh bien c’est fini ! Le style Sonequa Martin-Green a mis tous les plaideurs d’accord, et désormais seul le pathos ruisselant et gluant guidera les choix individuels, idéologiques et sociétaux, tout en conditionnant les lois physiques et naturelles. Bref, toute la "magie" Secret Hideout (qui manquait tant aux trekkers depuis plus d’un mois) est de retour.
Et donc, la dopamine et l’adrénaline — secrétées par les émotions fortes comme le karaoké et l’ultra-violence mais aussi la tristesse — avaient permis à la reine de prendre le contrôle du corps de Jurati dans Picard 02x06 Two Of One. Eh bien maintenant, ces mêmes hormones permettent à sa propriétaire légitime de reprendre le dessus. Les mêmes causes dans les mêmes conditions produisent des effets distincts et customisés... selon les besoins du scénario. C’est ça toute la "beauté" de la "signature K". Et tant que Jurati sera triste, les nano-probes borgs seront hors-jeu ! Magnifique ! S’il en avait été ainsi dans le Real-Trek, les drones se seraient tous "auto-dé-borguisés" dès la première cruauté que le Collectif leur aurait imposé.
Quoi qu’il en soit, la reine est prête à écouter pieusement l’homélie chrétienne de Jurati : « faites donc preuve de miséricorde... et vous allez finir par vous aimez les uns les autres bordel de m**** ». Un discours qui très vite se mue en copié-collé de celui de Michael Burnham dans la conclusion mémorable de la quatrième saison de Discovery, à savoir l’éloge du lien, des connexions, et des réseaux sociaux... si vitaux sur Instagram et donc dans le Kurtzverse, supposés par conséquent expliquer le désir maladif de la reine à se connecter aux autres... sans jamais être rassasiée ! Somme toute, elle est une pure junkie à la "bad dope" kurtzmanienne.
Dès lors — et il fallait la trouver celle-ci — la "solution" pour une relation saine et équilibrée d’amour réciproque est de respecter le consentement de l’autre ! Puissant. Selon Agnes, il suffirait donc de laisser le choix aux humanoïdes, car ce ne sont pas les candidatures spontanées d’adhésion au Collectif qui manqueraient dans la galaxie. Ils seraient probablement même plus nombreux encore à se porter volontaires pour cette fascinante expérience de dépersonnalisation en l’absence d’un facteur contrainte pas sexy du tout et ayant valu une réputation épouvantable aux Borgs. Et puis, avec tout ce qu’il y a comme misère un peu partout, il y aura bien du monde à "sauver" (sic) par la "voie borg". Ainsi, cette fabrique du consentement évitera à l’empire de se faire défoncer dans toutes les timelines (petits cubes holographiques qui explosent en illustration).
Eureka ! Ben oui, c’était tout simple : il suffisait simplement d’y penser et de l’expliquer gentiment aux Borgs. Après avoir assimilé des millions de civilisations durant des siècles et s’être nourrie de toutes leurs philosophies respectives, il manquait juste à la reine borg de rencontrer une super-VIP du Kurtzverse pour lui expliquer le vie... et lui faire comprendre que les manières borgs, c’est pas joli joli, c’est même pas bien du tout, et qu’il existe des façons de procéder quand même plus sympas et plus populaires (voire plus hypocrites). Et hop, la cause est immédiatement entendue. La reine guérit donc la blessure létale de Seven (mais au prix d’implants corporels que cette dernière ne connait que trop bien dans sa timeline originelle). Du coup, par reconnaissance strictement autocentrée, celle-ci lui laisse alors en cadeau La Sirena ! Alors, toute occupation cessante, la reine borg (convertie aux actions de grâce et de charité) et sa nouvelle directrice de conscience Jurati se barrent ensemble (c’est-à-dire dans un même corps) pour un voyage de noces spatial, abandonnant les piètres héros à leur bourbier face à Adam Soong et à Q. Mais en guise de lot de consolation, dans un élan de gouroutisation, la nouvelle entité "reine" intronisera elle-même son nouveau sacerdoce en délivrant ex cathedra à Picard (via Seven) une énigme aussi sibylline que cryptique : « La mission ne doit pas être reportée. Pour réussir, il doit y avoir deux Renée. Celle qui vit, et une autre qui meurt. ». Qu’on se le dise !
Nul doute que certains trekkies pourraient voir dans cette métamorphose des Borgs une lettre d’amour à l’idéal roddenberrien : un petit discours moralisant façon leçon de patronage, et abracadabra, le pire péril galactique imaginable se transforme miraculeusement en cyber-armée du salut. Ouais, qu’est-ce que c’est "bô" le #FakeTrek qui se prend au sérieux.

Précisons que comme pour la régression thérapeutique de Jean-Luc Picard, la "transfiguration" de la reine borg a elle aussi absolument tout faux, l’arnaque se doublant même d’une imposture.
Oui, faux, parce que le Collectif Borg n’a jamais été le délire sadique et le fantasme totalitaire d’un seul individu (la reine) qui chercherait désespérément à guérir ses angoisses de solitude en se liant de force à tous les humanoïdes rencontrés de la galaxie, tel un grosbill pathologique (ou parodique). Dans Star Trek, le Borg n’incarnait pas le fascisme ultime dont la reine serait le führer, mais à l’inverse le collectivisme ultime dont la reine était l’émanation et le hub organisationnel (d’où ses nombreuses vies, chaque fois qu’elle était tuée comme dans ST First Contact, le Collectif en produisait une réplique quasi-identique). Mais pris au piège de son idéologie foncièrement individualiste, est-il si étonnant que le "système Kurtzman" soit incapable de comprendre le Borg autrement qu’à travers le réseautage narcissique du monde contemporain et un perpétuel "Burnham-morphisme" de toutes les problématiques, conduisant fatalement aux pires contresens possibles, prenant donc la thèse pour son antithèse et la conséquence pour la cause.
Faux, parce que la société borg est bien trop structurée et pleine — forte de tout le savoir accumulé via sa politique d’assimilation galactique au service de sa quête de perfection — pour pouvoir être influencée par le système de pensée d’un seul individu (Agnes), qui plus est appartenant à une espèce et à une culture ayant déjà enrichi depuis longtemps le Collectif. Formulé autrement, rien de ce que Jurati pouvait proposer ou suggérer n’était déjà parfaitement connu, anticipé, et dépassé par la reine. D’autant plus que ladite proposition était d’une banalité élémentaire (et même consternante) puisque partagée par la plupart des humanoïdes ayant enduré l’assimilation. En prétendant que la rencontre entre Jurati et la reine fait naître une nouvelle forme de vie en work in progress, les auteurs confondent la quête d’un V’Ger dont le vide intrinsèque appelle une transcendance et une entité nouvelle par la "fusion" avec le capitaine Will Decker (dans ST TMP) avec celle d’un Collectif borg sursaturé d’entropie ne laissant donc aucune place à des "fusions" individualisées (avec Agnes). Soit un pur sophisme pour ne pas dire une cuistrerie philosophique.
Faux, parce que rien n’est plus incohérent et insultant envers le Star Trek historique qu’un péril cosmique et existentiel — ayant été mis en échec des siècles durant par tout ce que la Voie Lactée pouvait compter d’intelligence et de sentience — puisse être solutionné par un tour de passe-passe en cinq minutes de guimauve niaiseuse et de moraline glucosée. Cela revient rétrospectivement à ridiculiser les lois naturelles de l’univers lui-même et réduire toutes ses sociétés (Borgs compris) à de vulgaires idiocraties infantiles. Un procédé d’autant plus révisionniste que — pour convaincre la reine durant le "duel mental" — Jurati s’appuie sur une vérité alternative, i.e. un mensonge décomplexé, à savoir que dans toutes les timelines, les Borgs sont systématiquement anéantis car... "trop méchants" ! Outre de reposer sur une puante suffisance moralisante et de suggérer une axiologie universelle (caractéristique de la fantasy et non de la SF), cette assertion est surtout totalement invalidée par l’épisode fondamental ST TNG 07x11 Parallels et plus généralement par des rapports de force réalistes.

En aval, le fake est également de la partie. Tout le processus de "négociation" entre la reine Jurati et Seven est une pure fumisterie, un sommet à la fois d’inconséquence, d’irresponsabilité, et d’égoïsme.
En effet, en sauvant simplement la vie de Seven, la reine ne donne là aucune preuve recevable de métanoïa ou de "conversion". Car d’une part, Jurati a surtout invoqué l’amour que la reine aurait jadis éprouvé pour Seven, et d’autre part, elle se contente de guérir une VIP qu’elle a elle-même blessé. L’autocentrisme affectif de ce geste n’atteste donc pas en soi d’un quelconque "rachat" sur le terrain moral et évolutionniste, le pire criminel aurait pu en faire exactement autant (envers une personne à laquelle il serait intimement attaché et/ou pour donner un gage de bonne conduite en réparant tactiquement un tort qu’il aurait lui-même causé). Depuis quand les psychopathes génocidaires sont-ils pardonnés et rédimés pour avoir juste sauvé la vie d’un de leurs proches ? C’est à croire que Star Wars : Episode VI Return Of The Jedi a vraiment fait jurisprudence aussi bien en SF que dans le monde réel.
Dans tous les cas, cette "démo" de foire ne pouvait en aucune manière justifier que Seven laisse Jurati libre, et encore moins qu’elle lui offre en blanc-seing son vaisseau du 25ème siècle ! Car non seulement, la reine borg 2.0 continue de représenter un considérable risque d’assimilation pour l’humanité dès 2024 (et à n’importe quel autre moment d’ici 2401), mais elle constitue également un non moins considérable facteur d’altération de la timeline à l’échelle de la galaxie entière (e.g. les civilisations extraterrestres ayant des liens entre elles avant même le First Contact de 2063 comme en témoigne la présence de la Romulienne Tallinn sur Terre ou encore de la "survey team" vulcaine dans Picard 02x08 Mercy).
En outre, comment Jurati peut-elle se porter garante de quoi que ce soit sachant que sa prétendue "persuasion" de la reine est intervenue dans un moment d’impuissance voire de vulnérabilité, c’est-à-dire lorsque sa "moitié" borg avait perdu (momentanément) tout contrôle. Autant dire que l’hypothèse d’une duplicité de la reine aurait dû être au minimum considérée. Et puis de la perspective de Seven et Raffi, comment savoir que c’était bien la reine qui guérissait (et non Agnes), puis que c’était bien Jurati qui s’engageait (et non la reine) ?
Enfin, vu la façon dont la reine a pourri la timeline sur Terre depuis plusieurs épisodes, notamment en téléguidant Adam Soong contre Renée Picard (davantage encore que ne l’avait initialement fait Q) et en embauchant (voire en assimilant) une escouade de soldats d’élite (que les héros ont dû massacrer), c’est particulièrement gonflé de se prévaloir d’avoir changé... pour finalement se casser sans demander son reste en privant ainsi les protagonistes des seules ressources futuristes (La Sirena) capables de protéger ce qui reste de ligne temporelle et permettre de repartir vers futur !
Agnes se souvient-elle seulement qu’elle s’était lourdement justifié (dans Picard 02x06 Two Of One) d’avoir "charitablement" laissé la reine borg entrer en elle pour permettre à ses compagnons de voyager dans le temps (malgré l’incohérence envers les expériences temporelles multiples de ST TNG/DS9/VOY) ?
L’équilibre du duopole Jurati/reine n’est visiblement pas respecté à travers cette décision, et brader le seul vaisseau spatial capable de distorsion au 21ème siècle contre la vie d’une VIP (lorsque le futur de la galaxie entière est en jeu) n’est aucunement un "fair trade". Les scénaristes ont-ils seulement conscience qu’ils discréditent-là (au-delà de toute rédemption possible) les pseudo-héros en les laissant abandonner l’astronef qui devait assurer le salut de l’humanité à une reine borg au seul motif qu’elle a fait mine de s’amender durant cinq minutes on screen ?! Ou comment jouer le futur cosmique sur un acte de foi ou un jeu de dés !
Rien d’étonnant alors que, telle une Bajorane recevant une vision des Prophets à travers un orbe, Seven s’incline benoîtement devant l’indéchiffrable énigme que lui délivre l’oracle borg pour toute coda à la fin de l’épisode, sans même la questionner ni exiger un éclairage intelligible. La fin du futur a beau poindre, rien n’est plus sacré que les quêtes initiatiques crypto-campbelliennes désormais initiées par les néo-Borgs.
Cerise sur le gâteau, lorsque Picard et Rios assistent depuis le château au décollage de leur vaisseau, loin d’y voir un cauchemar, ils sont presque indifférents ! Manifestement, personne dans la fine équipe ne conteste vraiment le choix autocentré de Seven, personne n’y voit un complet pigeonnage. Nul ne s’étonne non plus de l’effondrement de tout le paradigme Borg en seulement quelques minutes, nul ne doute de la parole de l’une des plus grandes criminelles de l’Histoire galactique. Tous entérinent aussi que le rétablissement de la timeline kurtzmanienne est bien moins prioritaire que l’assouvissement des besoins pressants (fuite et dérobade) de la reine borg. Et bien sûr pas un héros n’a une pensée pour les dizaines d’indigènes de 2024 qu’ils ont joyeusement massacrés, seul importe leur propre groupe "d’élus" (quoique la disparition d’Agnes Jurati... OSEF !)
Bref, le nawak dame le pion au nawak en flux tendu, et les couleuvres à avaler deviennent de plus en plus grosses, nombreuses, et indigestes...
Nous sommes donc ici à la fin du pénultième épisode de la seconde saison, et les héros se retrouvent encore moins bien loti qu’à leur arrivé en 2024 dans Picard 02x03 Assimilation. De quoi laisser la désagréable impression d’une saison entière développée pour rien, avec une sérialisation aussi vaine et creuse que la carence de propos et de sens (entre le VIP-exclusivisme auquel tous les enjeux sont rapportés, la "psychanalyse" factice et discréditante de Jean-Luc, le "retournement" artificiel et puéril de la reine borg...).

La déroute est ainsi absolue. Et pourtant, l’inventaire des turpitudes est loin d’être complet. La traditionnelle rubrique des incohérences factuelles en "bullet points" mérite donc d’être réouverte :
- Picard 02x09 Hide And Seek confirme de toute évidence le "worst case scenario" envisagé dans Picard 02x08 Mercy. En effet, avant d’être "convertie" par Jurati, la reine suit un plan totalement inconséquent, à savoir vraiment chercher à engendrer la timeline de la Confédération… qui ne laissera pourtant aucune chance à l’Empire Borg (contrairement à celle de la Fédération). Les auteurs auront beau se couvrir comme à leur habitude d’une lantern (en faisant dire à la reine que maintenant qu’elle connaît l’avenir, elle saura éviter aux Borgs de disparaitre), il n’en demeure pas moins que la stratégie suivie est totalement nonsensique. Le protocole d’efficacité maximale toujours priorisé par les Borgs aurait impliqué que la reine mette à profit la vanité et la crédulité d’Adam Soong (ainsi que la chair à canon "livrée" par lui) pour lancer une assimilation de l’humanité dès 2024. Mais rien de tel, la reine cherchera juste à poursuivre le plan de Q contre Renée Picard (quitte à contredire l’objectif même du voyage dans le passé qu’elle avait consenti et permis dans Picard 02x03 Assimilation) avant de mettre le cap sur le quadrant delta au motif qu’elle gagnerait ainsi 400 ans supplémentaires pour agrandir le Collectif (sic), soit un argument assez absurde par sa circularité puisque ledit Collectif et la reine y existaient déjà ! Toujours est-il qu’elle se fait ainsi l’instrument de sa propre perte... en pleine conscience !
- Si le titre de l’épisode pourrait faire penser à ST TNG 01x10 Hide And Q (quoique sans réel rapport de contenu, d’autant plus que Q est en congé cette semaine), Hide And Seek fait surtout référence au jeu de cache-cache autour duquel se déploient les flashbacks d’enfance de Jean-Luc, mais surtout le jeu mortel auquel se livrent les héros et le groupe d’assaut de la reine Borg et de Soong. On notera cependant qu’il est très curieux que Jean-Luc enfant ait découvert seulement vers onze ans (âge du comédien Dylan Von Halle) le principe même du jeu de cache-cache. L’objectif est certainement de souligner à quel point Picard aura eu une enfance anormale…
- Le plan de Picard pour égarer Adam Soong et ses hommes dans les caves du château est risible. Même dans les catacombes parisiennes de plusieurs centaines de kilomètres, il ne s’est jamais trouvé durant plusieurs siècles d’Histoire qu’une seule personne (Philibert Aspairt) pour s’y perdre. Alors dans la cave privée d’un petit château, quand bien même pourvue de passages secrets et/ou de champignonnière, et avec tout l’équipement (en partie borguisé) dont dispose Adam, le script fait vraiment passer Picard pour un imbécile ou un complet gâteux.
- Cette fuite en avant de Picard et Tallinn dans les souterrains du château pour tenter d’échapper à Soong et ses séides est d’autant plus absurde qu’il suffisait à la Romulienne d’employer sa téléportation nébuleuse pour disparaître et se matérialiser n’importe où sur Terre. Mais évidemment, il fallait que Picard erre le plus longtemps possible dans le château pour continuer à explorer les donjons médiévaux-fantastique de son passé... Lorsque l’internalisme est sacrifié sur l’autel de l’externalisme le plus voyant.
- Par extension, ce même outil de Tallinn aurait pu être utilisé pour téléporter temporairement toutes les troupes de Soong et de la reine dans un coin perdu de la planète (par exemple dans un désert ou en Sibérie), ce qui aurait évité de devoir les massacrer (en attendant de trouver un moyen de les dé-borguiser). Mais il est vrai que hacher, transpercer, empaler, ou décapiter est tellement plus cool dans un authentique #FakeTrek...
- Alors que Picard 02x04 Watcher en avait mis plein la vue en révélant que Tallinn avait la technologie de prendre le contrôle de n’importe quel humain (façon Agent Smith dans Matrix), pourquoi n’emploie-t-elle pas ce procédé redoutable pour neutraliser le groupe d’assaut, au minimum ceux qui menacent directement Picard dans le château ?
- Étant donné les enjeux majeurs (altération tragique de timeline, possible borguisation de l’humanité…), comment se fait-il qu’il ne vienne jamais à l’esprit de la supervisor Tallin d’appeler ses collègues (voire employeurs) à la rescousse (et ils sont visiblement nombreux sont Terre vu la longueur numérique de leurs immatriculations). Toute cette belle organisation prétendument omnisciente des Supervisors n’a-t-elle pas conscience qu’elle aura totalement échoué dans sa mission générale au point d’y perdre sa raison d’être (y compris rétroactivement) si la timeline est irréversiblement bousillée ?
- Le CSS la Sirena "ressuscite" sous forme holographique le corps et — grosse incohérence TGCM — l’esprit d’Elnor, mais il est curieusement équipé du même émetteur holographique mobile que l’EMH de ST VOY ! Or celui-ci n’est non seulement pas nécessaire à bord de ce petit vaisseau (car intégralement équipé d’émetteurs holographiques fixes), mais plus grave, il n’est pas supposé exister dans un vaisseau du 2401 de la timeline de la Confédération. Car il s’agit-là d’une technologie provenant du 29ème siècle et rapportée par le capitaine Braxton dans l’exceptionnel diptyque ST VOY 03x08+03x09 Future’s End. Or en l’absence de Fédération, d’EMH, et d’épopée de l’USS Voyager dans le quadrant delta, ce croisement temporel n’a vraisemblablement pas pu avoir lieu dans la timeline engendrée par Q. Faut-il croire que la technologie de la Confédération du début du 25ème siècle matche celle de la Fédération du 29ème siècle ? Rien ne le suggère pourtant par ailleurs (sans quoi les voyages temporels seraient aussi aisés que de traverser la rue). L’objectif de cet artéfact anachronique était probablement de permettre à la reine de désactiver holo-Elnor dès lors que les scénaristes le jugeraient utile… Quand l’internalisme se justifie uniquement par l’externalisme
- Lorsqu’elle tente mentalement d’émouvoir la reine sur le "pouvoir de l’amour" et ses sentiments passés pour Seven Of Nine (cf. ST VOY), Jurati oublie visiblement que son interlocutrice provient d’une autre timeline (celle de la Confederation) dans laquelle jamais elle ne connut Seven puisque celle-ci n’y fut pas assimilée. Mais ça tombe bien, puisque la reine semble elle aussi confondre les timelines ! La série Picard mélange donc les souvenirs de vécu personnel avec le super-pouvoir de "transtemporal awareness" de la reine depuis le début de la saison (dans le cadre de l’un des nombreux retcons la concernant) ! C’est à croire que la reine accumulerait simultanément le vécu de toutes les reines dans toutes les timelines pour un retcon encore plus omniscient et mégalo ? Il en fut déjà de même dans Picard 02x06 Two Of One avec la nostalgie de la reine pour Locutus... alors que dans sa timeline, jamais Picard ne devint Borg !
- La seconde saison de Picard ne manque décidément jamais une occasion de "dystopiser" davantage la Fédération et Starfleet (tout comme elle ne cesse de salir le héros vedette de ST TNG). Ainsi, lors de l’un de ses nombreux dialogues buddy avec Raffi, Seven révèle qu’à son retour dans le quadrant alpha après la septième saison de ST VOY, elle avait bien tenté d’intégrer Starfleet, mais qu’en dépit de ses compétences exceptionnelles (notamment pour devenir capitaine) et du soutien appuyé de l’amirale Janeway (jusqu’aux menaces de démission), les portes de l’institution lui sont resté implacablement fermées du fait de son passif borg. D’où son engagement dans les Fenris Rangers... Le désir d’affliger Starfleet d’une politique de discrimination (dont ne souffrent même pas les institutions militaires contemporaines occidentales) est manifestement tellement grand chez Kurtzman que cela rentre même en contradiction directe avec ce que la première saison de Picard avait établi. En effet, Icheb n’était pas moins un ex-Borg que Seven, mais sans toutefois présenter des compétences aussi uniques qu’elle et sans même appartenir à une espèce membre (ni même connue) de la Fédération. Et pourtant, Picard 01x05 Stardust City Rag avait clairement montré qu’Icheb avait intégré Starfleet après son arrivée du quadrant delta jusqu’à atteindre le grade de lieutenant (avant de connaître un destin tragique). Résultat : en une simple réplique, Picard 02x09 Hide And Seek aura réussi à ruiner l’un des plus fameux bénéfices sociologiques de la série ST VOY ! Le #FakeTrek ne se refait pas...
- Le plan séduction de Rios a réussi au-delà de toute espérance, puisque à peine arrivée dans l’appartement de Tallinn, Teresa s’est carrément mêlée de mécanique temporelle du 25ème siècle (avec autant de naturel qu’elle utilisait spontanément les équipements médicaux — le "neural oscillator" — de ce même futur) rien que pour tenter de convaincre Cristóbal que son destin était peut-être de finir ses jours à ses côtés au 21ème siècle ! La bagatelle devient sérieuse. Mais pour la première fois depuis son arrivée en 2024, Rios a cette fois privilégié son devoir envers l’uniforme (regagné en début de saison)… alors que même papy Picard le poussait dans les bras de sa dulcinée malgré les enjeux apocalyptiques. Seulement pour cela, il lui faudra réactiver la téléportation nébuleuse désactivée à distance (par Tallinn), ce que Cristóbal réussira à faire sans difficulté. Or il s’agit pourtant-là d’une technologie totalement inconnue des ressortissants de la Fédération du 25ème siècle, au même titre que les aliens d’où elle provient...
- Malgré les temps passé dans l’appartement de Tallinn, et le sous-armement de ses compagnons sur le front de La Barre, il n’est pas venu à l’idée de Rios de s’équiper dans l’armurerie (pourtant très fournie) de la Romulienne. Marivauder avec Teresa était visiblement prioritaire…
- Même remarque pour Seven, Raffi et holo-Elnor qui massacrent les soldats (possiblement drones)... mais jamais ne s’emparent de leurs armes. Un ritualisme ordalique ?
- Dès sa réactivation par hacking, la téléportation nébuleuse matérialise Cristóbal précisément devant le sicaire s’apprêtant à flinguer à bout portant Picard sur les ordres d’Adam Soong, ce qui permettra au fils de sauver le père spirituel. Mais l’enchaînement tombe tellement à point nommé, à la façon d’une si parfaite chorégraphie à des milliers de kilomètres de distance que c’est surtout l’artificialité qui frappe ici... et tue toute suspension d’incrédulité. Surtout que pour la circonstance, Rios est quasiment transformé en super-héros multifonctions : d’abord hacker de génie, puis gladiateur de compète qui te démolit à main nues (et le bras droit éclaté en sus) plusieurs bad ass des forces spéciales (qui plus est potentiellement borguisés).
- Autant Jurati aura réussi à "exorciser" la reine pour la rendre "bonne et amie des hommes" en seulement quelques minutes d’échanges (virtuels), autant Picard s’avérera bien incapable de convaincre Soong qu’il s’est fait posséder par ladite reine. Il est navrant que les "exploits" si démonstratifs de l’une ne viennent pas au secours des insuffisances lamentables de l’autre, ne fût-ce que pour défaire ce qui a été fait.
- Toujours est-il que lorsque Adam retrouve Jean-Luc au moment précis où il sort des souterrains (en effet, il suffisait de l’attendre à la surface comme pour les rats), celui-ci se révèle plus inopérant et dépassé que jamais ! Entre son argumentation lénifiante, et sa complète inertie dans les scènes d’action, cela fait franchement pitié. Le pire étant probablement le moment où le généticien donne l’ordre d’exécution et son homme de main met longuement en joue le font de Picard de son laser vert. Totalement résigné, ce dernier ne réagit même, attendant probablement avec sérénité l’intercession salvatrice d’un destin cheaté. Mais le comble est que cette criminelle passivité semble contagieuse car Tallinn demeure tout aussi inerte et indifférente… alors qu’elle est bourrée de technologies permettant de neutraliser les menaces existentielles et renverser totalement les rapports de force. Puis lorsque Rios se téléporte et affronte en combat rapproché — malgré sa lourde blessure au bras — les gorilles à la solde de Soong, il ne vient pas davantage à l’esprit de Picard et/ou de Tallin d’assister leur champion. Le personnage vedette de ST TNG est littéralement devenu une momie, à peine spectateur des événements dans la série qui porte pourtant son nom. Et la Supervisor est frappé de la même léthargie… tout en restant une boîte à outils inépuisable (et un joker insondable) au gré des besoins scénaristiques. Dans ces scènes affligeantes et même embarrassantes, Picard 02x09 Hide And Seek aura réussi l’impensable : faire pire encore que Discovery !
- À l’instar de Culber dans la quatrième saison de Discovery, Tallinn s’est progressivement autoproclamé psy, et elle émaille les épisodes de laïus condensant tous les clichés relatifs aux méthodes de développement personnel. Ce qui situe le niveau de caractérisation de la série.
- Mais si Tallinn avait eu une quelconque efficacité ou utilité durant Picard 02x09 Hide And Seek, elle aurait veillé — forte des technologies incroyables dont elle dispose — à ne pas laisser Soong disparaître après l’extermination de ses troupes. Mais il fallait bien que cette traque stérile se boive jusqu’à la lie… L’épisode suivant nous montrera donc probablement comment Soong — désormais dépourvu de téléportation — va devoir emprunter un TER Bourgogne-Paris avant de gagner Roissy...
- Lorsque Savant-fou Ier (du nom) était apparu dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon, sa culpabilité envers Kore et sa relation équivoque avec Q était susceptible d’offrir un potentiel de caractérisation ne demandant qu’à être approfondi. Mais curieusement, Adam Soong a réussi à perdre le peu d’intérêt qu’il pouvait éventuellement avoir au fil de ses apparitions dans la série. Et in fine, dans ce neuvième épisode de la saison, le généticien a franchi un Rubicon : il est dorénavant juste une ordure-parce-que de blockbuster calibré, un "vilain" mégalo auto-caricatural de comics, un personnage-fonction faisant gravement injure à Brent Spiner — interprète pourtant brillant. Dans toutes les œuvres dignes de ce nom, les personnages s’épaississent et se nuancent avec les épisodes et le temps... à l’exemple d’Arik Soong dans la quatrième saison d’Enterprise ; mais Picard réussit "l’exploit" de suivre exactement la courbe inverse ! À chaque opus, les personnage se vident davantage de leur substance, comme autant de baudruches qui se dégonfleraient. Le naufrage de la série touche vraiment toutes les strates du développement...
- (...)

Cet inventaire à la Prévert (ou presque) pourrait se prolonger encore longtemps... Mais à quoi bon ?
La paradoxe cependant est que si ce neuvième épisode est d’une richesse record en matière de "foutage de gueule", il est dans le même temps d’une indigence non moins record en termes de sémantique et d’intrigue. Mais s’il parvient à faire microscopiquement avancer la diégèse qui était proprement encalminée dans un quasi-surplace depuis Picard 02x04 Watcher, aucun des enjeux, ni des mystères, ni des fils rouges scénaristiques de la seconde saison n’auront pour le moment été expliqués ou résolus, pas même commencé à l’être... et dépit des nombreuses conjectures du public qui réussissent parfois à meubler les vides abyssaux.
En définitive, Picard se sera contenté de faire du remplissage tout au long de la deuxième saison (exactement comme Discovery dans sa quatrième), et charge au dernier épisode (ici le dixième) de tout solutionner par lui-même. Preuve que tout cet imbroglio imbitable aurait pu tenir en deux épisodes, et peut-être même que la densité d’incohérences et de contradictions y aurait finalement été moindre — les showrunners n’ayant pas les capacités intellectuelles de construire des intrigues au-delà d’un seul épisode (et encore !), ce qui est plutôt ironique dans un business model exclusivement sérialisé.

Malgré une brève fulgurance de mise en scène (le moment Tennet quoique HS), la forme de Picard 02x09 Hide And Seek laisse franchement à désirer, instillant même souvent une sensation cheap voire fauchée : une même troupe de comédiens qui se redistribue circulairement et avec consanguinité tous les rôles à toutes les époques (sous couvert prétexte de filiation de sosie), un personnage-titre fantomatique et éteint au point de devenir embarrassant, des effets spéciaux plus clinquants que réalistes, des filtres bleus et des fonds verts très perceptibles... difficile de croire qu’il s’agit d’une production premium en 2022. Mais où est donc passé le colossal budget ? Pour payer Patrick Stewart à faire de la figuration, les scénaristes à écrire avec leurs pieds, les dix executives producers à ne rien foutre ?
La série Halo, pourtant une adaptation médiocre et produite également par Paramount+, met une énorme claque à Picard (et à Discovery) sur tous les plans, en particulier par son visuel plantureux et dépaysant qui garantit a minima une expérience sensorielle de SF (le minimum syndical à défaut d’intrigue).

Conclusion

Aucun doute, cette suite est bien pandémonique et le massacre continue de plus belle...
Récapitulons : il y avait déjà l’icône Picard devenue sénile et hantée par des démons infantiles (incompatible avec son parcours d’officier de pointe) ; Q ayant sombré dans la malveillance pure et l’incohérence ; Guinan inter-recastée (un nouveau concept) promue barwoman en tout lieu (durant quatre siècles) et transformée en rappeuse afro-américaine (militante et woke of course) ; les El-Aurians érigés en espèce omnisciente et omnipotente ; la "bouteille d’Aladin" pour invoquer religieusement le Continuum ; les Soong propulsés en lignée de savants fous (pendant 400 ans) ; la reine borg sujette à un coup de foudre ado de teen soap (et à la ramasse pour assimiler qui que ce soit mais déployant divers super-pouvoirs) pour finalement se transformer en mutante-ferrailleuse-cyber-zombie-fétichiste-SM-brouteuse-de-métaux hantant les cimetières (de bagnoles) ; l’Histoire trekkienne réduite à un affrontement dynastique de VIP aux visages invariants à travers les siècles (selon le modèle parodique des Visiteurs de Poiré mais pris ici au premier degré) ; le First Contact de 2063 une hypocrisie (ou un roman national) ; l’agent Wells le Fox Mulder du (très) pauvre (et il se fait virer du FBI pour défaut de crédibilité aussitôt qu’il réunit des preuves irréfragables) ; le Continuum mourant plus de trois siècles avant d’avoir toujours été éternel ; Q aussi trivial et pathétique face à sa soudaine mortalité que le plus médiocre des humains ; Adam Soong réputé infréquentable (mais avec tout l’establishment à sa botte) et idiot utile par vocation ; Kore se transformant en une péteuse plus qu’ordinaire à la seconde même où elle reçoit d’un inconnu le remède génétique définitif ; les humains intronisés tellement exceptionnels qu’ils forment la seule espèce de la galaxie capable d’évoluer...
Eh bien, la fournée du jour continue à grossir la fosse commune : Picard est devenu un poids mort gâteux ; l’état médical et social de l’utopie trekkienne du 24ème siècle oscille entre le Moyen Âge et le 19ème siècle ; Yvette décédée à un âge vénérable dans ST TNG décède jeune (par pendaison) dans Picard ; Jean-Luc Picard a souffert d’une psychose durant toute sa carrière d’officier en "animant" mentalement sa défunte mère au nez et à la barbe des psys de Starfleet et de la télépathe Deanna Troi ; La Sirena est capable de reproduire à volonté des copies holographiques pleinement sentients des morts ; les héros exterminent par dizaines des ressortissants de 2024 à peine borguisés sans considération aucune pour leur vie ni pour la timeline à restaurer ; en cinq minutes de pathos fourré à la mièvrerie ("c’est pas gentil d’être méchant"), Jurati convainc la reine de changer le logiciel pour lancer la version Disney des Borgs au nom des connexions humaines et des réseaux sociaux (le Collectif demandera maintenant poliment la permission avant d’assimiler) ; Adam Soong est maintenant juste un "vilain" stéréotypé de cartoon ; Seven abandonne de bon cœur La Sirena (et avec toutes les ressources dont disposent les protagonistes pour sauver le futur) à la reine borg 2.0 sur sa seule parole de devenir désormais une "gentille"...
Miam. D’ores et déjà, le final à venir s’annonce être le couronnement cosmique d’un n’importe nawak de compétition... pour une saison qui aura été, non seulement vaine (comme la dernière de Discovery), mais encore plus nuisible à Star Trek... outre d’être très déplaisante à suivre.

Il suffisait juste d’expliquer aux Borgs que mieux vaut préserver les singularités de chaque individu que les absorber dans un collectif, mieux vaut la coopération que l’assimilation, mieux vaut l’amour que la haine, mieux vaut la démocratie que le despotisme, mieux vaut la paix que la guerre, mieux vaut être gentil que méchant… En somme, mieux vaut ne pas être Borg qu’être Borg.
Mais avec une telle collection de truismes tautologiques frappés de trémolos évanescents, est-ce que Picard 02x09 Hide And Seek ne se paye pas ouvertement la tête des spectateurs ? Et un pareil retournement de situation n’est-il pas un crachat sur tout ce qui a été montré et entrepris dans ST TNG et ST VOY, avec pour corollaire de faire passer les héros historiques pour des caves avant que ne vienne une génération messianiques de dei ex machina comme Burnham et Jurati ?
Après la reine borg "assimilée" par Instagram, le pire Nemesis trekkien se révèle… être un épouvantail à Bisounours. Et tout ce scénario s’appuie sur l’intox selon laquelle les Borgs seraient destinés à être vaincus dans toutes les timelines car dépourvus de pitié… comme si seul l’amour pouvait apporter la victoire dans un univers de Hard-SF réaliste ! Alors que ce qui aura réussi à vaincre les Borgs dans certaines timelines — et certaines seulement — demeure les rapports de force, les technologies impliquées et l’intelligence, non le mélo des telenovelas.
En sus, parce que les productions d’Alex Kurtzman sombrent inlassablement dans les mêmes ornières, difficile de ne pas voir le parallèle malsain-sans-en-avoir-l’air entre la reine Borg de la seconde saison de Picard et Mirror-Georgiou des seconde et troisième saisons de Discovery. Dans les deux cas des giga-Hitler de proportions galactiques... mais que les séries de Secret Hideout tentent de rendre sympathiques avant de les "canoniser" selon le catéchisme trekkien. Trop facile, hautement manipulatoire, et dialectiquement nauséabond.
Et pourtant, pourtant… in abstracto, une évolution conceptuelle et paradigmatique des Borgs aurait pu représenter un ambitieux sujet trekkien de SF, moyennant des volets civilisationnels, dialectiques, ontologiques, épistémologiques. Mais encore eût-il fallu pour ça que la problématique soit traitée avec un minimum de sérieux et de complexité, par de véritables auteurs, sur une saison entière, ou mieux, plusieurs. En revanche, in situ, réduire cela à une scène de cinq minutes, expédiée sur un coin de table dans l’avant-dernier épisode, exclusivement motivée par un mélo adulescent girly sorti d’Amour, gloire, et beauté, et moins crédible encore qu’une histoire de Bisounours, c’est bien l’outrage suprême. Et cela quand bien même la reine borg 2.0 non létale apparue à la fin de Picard 02x01 The Star Gazer s’avérerait être la reine Jurati "convertie"... au prix d’une timeline profondément rebootée (tant son existence même durant ces 377 ans serait incompatible avec les événements de ST ENT, ST TNG et ST VOY).

Devant un tel enchaînement non-stop d’idiocraties, de trahisons, de profanations, de viols, d’inanités, d’incohérences, de TGCM, de trous, de WTF, de nawaks, de simulacres, de cuistreries boursouflées... qui dégueulent consciencieusement sur tout le lore trekkien, qui défèquent fièrement sur la notion même de continuité, qui conchient ouvertement toute logique narrative, qui crachent sans complexe sur tout sens dramaturgique... sans pour autant apporter une once de contenu en propre (hors d’un fan-service putassier et dévoyé)… la masse d’incompatibilités internalistes est désormais devenue critique ! Si "bien" qu’elle expulse sans le moindre doute possible Picard — et le Kurtztrek en général — hors de la timeline (voire même hors de l’univers) historique... quoi que puissent prétendre les showrunners de plus en plus hors-sol (pour ne pas devoir avouer publiquement leur échec diégétique et créatif intégral, donc leur impéritie crasse).
Les apagogies sont d’ailleurs plus éloquentes que jamais : par exemple, SI Picard prenait vraiment place dans Star Trek et S’il était vraiment question de la reine borg, cela fait longtemps que les protagonistes ne seraient plus là à se contempler le nombril et gloser sur leurs états d’âmes... ERGO, ce n’est ni Star Trek ni la reine borg. QED.
Mais point d’illusions, ce constat ne rendra aucunement "moins pire" la purge infligée par Picard, assurément l’une des pires séries TV existantes. Simplement, ledit constat préservera vivante la mémoire trekkienne que le parasitaire #FakeTrek vampirise indûment et impunément... Eh oui, on se console comme on peut..

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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